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Jean Petit Rabelais ressuscité. Recitant les faicts et comportements admirables du tres valeureux Grangosier, roy de Placevuide. Traduict de grec en françois, par M. Horry, clerc du lieu de Barges, en Bassigny. Au lecteur :

Après que Rabelais fust mort,
Curieux a voulu revivre

Afin de faire voir ce livre

Qui resveille le chat qui dort.

J. P.

La revue Les Marges a

ANATOLE FRANCE ET RABElais. donné, le 27 février, un banquet en l'honneur du maître Anatole France. De la lettre que notre illustre confrère, retenu par une grippe, adressa aux organisateurs de la fête, nous extrayons cet hommage à Rabelais :

« Vous avez le respect de la tradition; je crois l'avoir aussi et peut-être le peu que je vaux dépend de ce respect. Mais, comme le dit avec nous Joachim Gasquet, la tradition dont nous nous réclamons est celle de Rabelais, de La Fontaine, de Diderot et de Stendhal. »

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LES « LIMBES » DES VÉROLÉS. Les poésies médicales, tirées des Divers rapport d'Eustorg de Beaulieu (1544) et publiées par Mlle Hélène J. Harvitt dans le Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine (avril 1913) contiennent un rondeau qui nous décrit le traitement des vérolés avec quelques détails analogues à ceux que nous rencontrons dans le Prologue du livre II de Pantagruel :

Rondeau d'un paoure vérollé.

Par toi, verolle deshonneste,

Je suis des piedz jusqu'à la teste

Tout nud, près d'un grand feu, graissé,
Eschauldé, bouilly, fricassé

Sans mercy moins que d'une beste.

Et si je me plains et regrette

Mon barbier s'en rit et délecte,

Quoy que soit demy trespassé
Par toy verolle.

Et après (ce faict) on m'appreste

Ung lict chault ou fault que me mette

Troys heures, le corps renversé,

Si couvert de draps et pressé

Que je brusle pis que allumette
Par toy verolle.

Eustorg de Beaulieu connaissait Rondelet, le médecin de Montpellier, ami de Rabelais. Il lui a consacré un rondeau dont le titre est: Soyez rond, Monsieur Rondelet, et le refrain: Soyez rond. J. P.

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RABELAIS ET SON ŒUVRE D'APRÈS LES MANUELS SCOLAIRES. Il y a une question des manuels scolaires, j'entends des manuels de l'enseignement secondaire. Les associations de pères de famille se plaignent des frais causés par les trop fréquents changements des livres mis entre les mains de leurs enfants. Ils pourraient alléguer que ces changements n'ont pas pour excuse le souci de ne donner aux élèves que les notions admises par la science la plus récente. Car, en ce qui touche Rabelais, les manuels scolaires n'apportent pas beaucoup de hâte à enregistrer les résultats de nos recherches. Voici, par exemple, une Histoire de la littérature française, publiée en 1910 par M. Ch.-M. des Granges, professeur au lycée Henri IV (Hatier, éditeur). L'ouvrage se recommande par de substantielles analyses des œuvres littéraires. Mais pourquoi faut-il que l'auteur ait négligé de se tenir au courant de la bibliographie de son sujet? Il écrit, p. 216, que « François Rabelais, né à Chinon en 1490 ou 1495, était le cinquième enfant d'un petit vigneron, qui s'était peut-être établi dans la ville cabaretier ou apothicaire... ». Et encore p. 217 : « G. du Bellay, seigneur de Langey..., lui avait fait donner la cure de Souday, dans le Perche'. >>

L'Histoire illustrée de la littérature française, de MM. Abry, Audic et Crouzet (Didier, éditeur), est mieux informée sur la biographie de Rabelais, qu'elle résume brièvement, mais exactement. L'illustration documentaire, qui fait l'originalité de ce manuel, y est représentée par la reproduction du frontispice des Grandes et inestimables Cronicques, d'un portrait présumé de Rabelais datant du xvIIe siècle, du frontispice du Gargantua

1. P. 225, lire Antiphysie et non Antiphysis.

de 1537, du frontispice du Pantagruel de 1537 et d'un autographe de Rabelais. L'œuvre de Rabelais est analysée sommairement; le comique est ramené par les rédacteurs à la « fantaisie » et à la « vérité ironique », la « substantifique moelle » concentrée dans une « théorie de la vie » et dans la «< satire contemporaine ». Au demeurant, l'élève qui étudiera ce chapitre gardera de Rabelais une idée suffisamment juste et précise. Il serait fâcheux pourtant qu'il crût, sur la foi de son manuel, que les Chroniques sont un remaniement d'un vieil almanach du moyen âge; p. 71, que Rabelais doit à Thomas Morus l'abbaye de Thélème; p. 73, que Panurge consulte la Sibylle; et surtout, ibidem, qu'il prît à la lettre cette phrase: Panurge meurt de peur dans une tempête (IV, 18).

J. P.

Le gérant: Jacques BOULENGER.

Nogent-le-Rotrou, impr. DAUPELEY-GOUVERNEur.

POÉSIES INÉDITES

DE

MARGUERITE DE NAVARRE

Malgré les publications et les études de Champollion-Figeac, Génin, Leroux de Lincy, Félix Franck, Abel Lefranc, Parturier et Gohin, les recueils manuscrits du xvIe siècle réservent encore, de loin en loin, aux chercheurs la minime trouvaille de quelques vers de la reine de Navarre. Je voudrais dans les pages qui suivent rassembler un certain nombre de pièces dont l'attribution à Marguerite me paraît être assez fondée.

Un manuscrit de la bibliothèque de Soissons, que l'on peut dater approximativement du troisième quart du xvie siècle, enregistre sous le nom de cette princesse deux prières en vers. La première (ms. Soissons 187, fol. 83 vo-84 ro) est intitulée :

Oraison de la Royne de Navarre a Jesus.

O doux Jesus, mon benoist redempteur,
Je te supply estre mon protecteur

De ces troubles, empeschemens (et) assaulx
Que chacun jour ma [= me] donne l'ennemy
[= l'esprit?] faulx,

Te suppliant par ta benigne grace

Que tu me donne a [= d'] acquerir la place
De paradis aux sainctes destinée,

Y meritant estre predestinée;

Te requerant, doulx Jesus gracieulx,

Que ma pauvre ame puisse monter es cieulx

Et
que des maulx par moy commis vers toy
Pardon me face en usant de ta loy.

(Rimes plates sans alternance.)

REV. DU SEIZIÈME SIÈCLE. ii.

II

On a remarqué dans cette pièce l'allusion à la doctrine de la prédestination des élus; la suivante au contraire (ibid., fol. 84 ro) pourrait nous faire mettre en doute les tendances novatrices de Marguerite, si le titre même ne nous apprenait que cette invocation à la Vierge a été composée à l'intention du roi de Navarre :

Oraison du Roy de Navarre composée par la Royne sa femme.

Vierge doulce et benigne Marie

De noz pechez qui es tousjours marrye,
Vers toy me rendz pour conserver mon âme
Comme celluy qui des tiens se reclame,
Te requerant de cueur devot et triste,
Qu'en paradis me face avoir mon giste,
Et que mes maulx soient remis en obly,
[Car?] autrement trop serois affoibly.
Pardon requiers, et requerir je n'ause
A ton doulx filz, qui grand douleur me cause,
Me recordant des delictz et offence
Qu'ay perpetré en y prenant plaisance;
Et si n'estoit sa parolle divine
Nous promectant ne desirer qu'on fine
En tel estat qu'en faisons le parquoy,
Me mecteroys en tresgrand desarroy.
Mais congnoissant sa divine clemence,
Te supliray en ta belle presence,

Qu'il me soit tel qu'a sainct Paul ou Pierre,
Et que jamais a le servir je n'erre.

(Rimes plates sans alternance.)

Avec François Ier, que son caractère versatile exposait à des influences contradictoires, Marguerite put ne pas se sentir toujours en parfaite conformité de croyances et de sentiments religieux. Mais la profonde affection qu'ils avaient l'un pour l'autre encourageait la confiance, et permettait à Marguerite de parler librement. Aussi se livre-t-elle parfois avec son frère

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