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RÉGIME MÉDICAL

POUR UN PRINCE ADOLESCENT

(1555)

Au cours de l'été 1549, Louis de Gonzague, troisième né de Frédéric duc de Mantoue et de Marguerite Paléologue, âgé de dix ans, s'éloignait de son pays natal pour se rendre à la cour de France. Il partait suivant les conseils du cardinal Hercule, son oncle, qui considérait ce voyage comme un moyen de ramener aux Gonzague la bienveillance du Très Chrétien, bienveillance qu'avaient fortement diminuée les services éclatants rendus à CharlesQuint par le fameux Don Ferrante. On espérait aussi que l'enfant, qui allait devenir page du dauphin François, rencontrerait dans son exil quelque bonne fortune. Cet espoir ne fut pas déçu, puisque Louis fonda en France la maison des Gonzague-Nevers et parcourut une carrière brillante jusque sous le règne de Henri IV.

Le jeune prince de Gonzague, dès son arrivée en France, prit rang et charge de page du Dauphin et vécut dans une étroite intimité avec les enfants du Roi. Au début de l'année 1555, il tomba malade, et l'on craignit un moment qu'il ne devint phtisique. Voici les circonstances de sa maladie, telles que nous les trouvons précisément rapportées dans une lettre de son chapelain et gouverneur, Francesco Borsieri, datée du 13 février':

La maladie de Monseigneur commença le 22 janvier. La veille, pour suivre en compagnie du Dauphin la chasse au cerf que courait le Roi, il avait monté un courtaud nouvellement

1. Fr. Borsieri à Sabino Calandra, 1555, 13 février, Saint-Germain (Arch. de Mantoue, Ambasciatori, Francia; orig.).

arrivé à la maison, dont le trot incommode l'avait complètement éreinté; le soir, il avait mangé sans appétit et très sobrement. Le matin du 22, il se leva à l'heure accoutumée et se mit à étudier sur le texte de Justin l'Histoire des Amazones. Courtoisement, il me vint trouver le livre en main, et, après m'avoir demandé comment je me portais, il me dit en souriant : « Voyez un peu, vous dites que je n'étudie jamais sans éperon; j'ai étudié encore ce matin malgré certains empêchements qui auraient pu m'en dispenser. » Et il me les rapporta. Il me récita sa leçon de manière très satisfaisante, sauf trois ou quatre mots omis... Après dîner, Monseigneur écrivit une lettre ou deux, puis sortit pour accompagner le Dauphin; quand il revint à la maison, il ne se sentait pas bien, comme je le vis, et toute la nuit il eut de la fièvre. Le matin suivant, il ne se leva pas, et on fit venir les médecins : ils lui ordonnèrent de rester au lit, et, ce jour-là, ne décidèrent rien autre. Le lendemain, ils lui donnèrent une potion de cassis; déjà, la nuit précédente, il avait fait certaines matières visqueuses de la couleur du blanc d'œuf, que les médecins nommaient « des crudités »; les matières restèrent de même aspect pendant dix ou douze jours, et j'entendis les médecins parler de choses non digérées et dire qu'ils y retrouvaient la panade intacte. En conséquence, ils résolurent de lui réparer l'estomac, bien qu'ils fussent persuadés que la fièvre augmenterait; ils firent donc préparer de l'eau de fer et la lui donnèrent à boire avec une nourriture spéciale; ainsi, en deux jours, ils lui réconfortèrent l'estomac. Dieu, heureusement, opéra à l'encontre de leurs prévisions et fit aussi diminuer la fièvre : de jour en jour, elle est devenue moins forte, mais n'a pas encore disparu. Ils appellent les matières que fait maintenant Monseigneur «< opilées ». — Je ne veux pas manquer de vous dire tout ce que j'ai appris des médecins. Au début, les urines leur paraissaient grasses : ce symptôme, la difficulté de la respiration, la soif continuelle et les crachats leur semblaient les indices d'un commencement de phtisie, d'autant plus qu'il y avait une petite toux, accompagnée de fièvre lente. Je crois entendre que les remèdes ordonnés maintenant sont pour ce cas. Aujourd'hui même, les médecins ont dit que si Monseigneur ne prend pas ce qui lui est donné pour sa santé, sa maladie sera longue : cela, parce qu'il montre un peu de répugnance à prendre les remèdes. Au moment où j'écris, le

maître d'hôtel m'est venu trouver et m'a dit qu'il avait parlé au médecin qui soigne en ce moment Monseigneur : il lui a avoué franchement qu'il croit que si on ne fait pas une cure convenable, le prince deviendra phtisique, mais que le poumon n'est pas encore ulcéré, pour employer son terme.

Louis de Gonzague se releva de sa maladie, mais il resta faible. C'est alors que son médecin rédigea pour lui l'ordonnance de régime que nous publions ci-dessous : document peut-être unique pour saisir sur le vif la médecine appliquée de cette époque. Le texte est conservé aux archives Gonzague de Mantoue, dans la Correspondance de France, à la date de février 1555: c'est une copie de l'original français, mise en dialecte mantouan par le chapelain Borsieri et destinée à la mère du jeune prince.

L. ROMIER.

REGOLA DEL VIVERE DELL ILLMO ST LODOVICO GONZAGA.

Sarà buono che l'Illmo sr Lodovico tutte le mattine levato che sarà del letto, s' ne vadi alla scrana per far suo servitio per liberare lo corpo suo et la vesica delle superfluitadi. Poi si farà pettenare, si laverà le mani et volto et la bocca et se fregherà li denti con un drappo bianco. Fatto questo potrà dire le sue devotioni, et poi far la corte et essercitio, studiando poi fin' all' hora de desinare.

L'essercitio suo sarà di passeggiare in bel luogho a piedi ò a cavallo. Potrà giocare alla palla, ballare et scrimare. Ma è da notare que tutto l'essercitio eccessivo et vehemente gl' è contrario, per il che io non gli lodo nè de saltare nè correre nè de maneggiare cavalli, et sarei di parere che più tosto montasse sopra acchinee che cavalli trottieri.

Il fregarlo la mattina prima che levi gli sarano de grande utilitade. Doppo lo detto essercitio, potrà desinare, sendo reposato, et mi parebbe chel dovesse mangiare tre volte al di, mettendo cinque o sei hore tra un pasto et l'altro; et bisogna chel mastichi bene le vivande prima che mandarle giù, et che se contenti de tre o quattro sorti di vivande al più in un pasto, et che sempre si parti da tavola con appetitto;

Deve usare di pane bianco ben stagionato, di carne di

capretto, vitello, cervetto, capriolo, levoratti, conigli, galline, caponi, gallinotte, perdici starne, fasiani, francolini, grives, otardi grossi, lodole, beccavichi et ortolani;

Si debbe guardare di tutte le vivande di paste senza levame, come zambelli, bozolani, tartari, ravioli, canoncini et simili

cose;

Si debbe guardare della carne di bue, lardo, porco, cigniale, cervio, lievre, ove, anatre, aironi et tutti ucelli di riviera, da trippe et piedi de bestie, dal sangue, beroldi, cervello, fegato et milze, da salcicie et pastizzi, et tutte cose fritte; la carne bollita gl' è migliore che la rostita: il modo que si serva nella vostra cocina è buono;

Porrà mangiare del pesce de riviera corrante, come truite, ombri, lavoretti, luzzi, persiche, et de pesci di mare, come arenghi fresche et suole; si debbe guardare di mangiare pesce senza scaglie, de gambari, tono et simili grossi pesci; la lumaca gl' è contraria, benche il brodo dove sono cotte gli sia buono;

L'ova fresche cotte in l'acqua con lo guscio et senza guscio gli son buoni; l'ova fritti gli sono contrari, et cosi ogni formaggio vecchio et salato;

Porrà usare butero fresco, buon' olio d'oliva, et amandole dolze, per mettere in ordine le sue vivande; al presente io non lo trovo in buona dispositione che nè il latte nè latticini gli siano buoni, et per aventura in estate gli potriano esser buoni;

In la minestra potrà usare biete, scaruola, spinacci, herba brusca, porcellana, herba bianca, boragine, bugolosa, petrosemolo, incorporando le frede colle calde nel brodo della carne, o con esso olio de olivo;

Item della simola, panata, pangrattato, amito, uva passa, orgio passato, rovione passato, con latte d'amandole, zucche con le cime d'herbe di fenocchio, et l'humo potrebbe fare con tre o quattro amandole peste et lo mollo d'un pane et un poco d'agreste et un poco di zaffrano col brodo d'un cappone o galline;

Si debbe guardare da rape, navoni, riso, verze, et da tutte altre herbe et da tutte le radici, come sono pastinache, carotte et simili;

In insalata porrà usere dell' indivia et cicorea bianca, de fiori de boragine, mescolate con menta, panpinella et petrosemolo, con l'herbe più fredde acciò non possano offendere el

suo stomaco; porrà anchor usare radice di cicorea cotta, qualche poco de capari, potrà masticare della bassigia et fenocchio confetto con l'aceto, qualche volta un' oliva per darli appetito, et per guardare chel aceto non gli possa nocere, bisognera mescolarlo con l'olio vergine et uva passa;

Porrà usare della semente d'herba brusca, naranzi, limoni et citroni, pomi, graneti, brugne cotte, uva passa, zibeli et uva passa di Lingua d'occa, amandole et nizuole, et di peri cotti alla fine del pasto;

Debbisi guardare dall' uva fresche, da fichi freschi et secchi, da dattile, cerase dolci, noci fresche et secche, persici et castagne; porrà usare delle fraghe col zuccaro al principio del pasto, moderatamente;

Si debbe guardare di tutti salami, da vivande speciate, da vivande forte, come agli, cipolle, porri, ravinelli, mostarda, fenocchio, latte et basicie.

Per suo bere debbe usare vin bianco et ben chiaro, che non sia dolce, inacquato di buona acqua cotta, o di buona fontana, l'acqua di pozzo gl' è contraria;

Non deve bere assai in una volta, ma poco et spesso, nè apresso lo pasto, nè quando ha dormito senza grandissima sete, nè deve patire nè fame nè sete; tutti gli vini negri et dolci et torbidi gli sono contrari.

Porrà dormire da cinque a sette hore, et star in letto otto hore, debbe andare a dormire tardi, et dormire col capo alto et piedi bassi, sopra uno de duoi lati più tosto che alla rinversa; et non deve dormire doppo lo desinare, et per queste cause et per altre io non trovo buono che travagli colla mente doppo el mangiare, come studiare, leggere et scrivere.

Il troppo caldo et troppo freddo gli è nocivo, et più el caldo chel freddo; et però debbe fare poco essercitio in estate et contraguardarsi ai giorni caniculari et cosi all' automno che gli è contrario; si deve guardare di mettersi ai gran venti, et specialmente il marino et il favonio gli sono contrarii.

Quanto all' essercitio, non potrebbe far cosa più contraria che appresso haver mangiato et avanti che havere digesto far gran essercitio, sia a piedi come correre, saltare, giocare alla palla, o a cavallo, in managiare cavalli et andare alla caccia et

correre.

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