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s'arme ici d'une nouvelle violence contre une constitution affermie tant de fois pour le concours des deux puissances et devenue par là une loi de l'Église et de l'État. Justement occupés du soin de faire jouir l'Église de la protection que lui doit et lui accorde un Roi trèschrétien, les magistrats ne se rendent point juges de la doctrine concernant la religion et l'administration des sacrements. Attentifs à conserver dans toute son intégrité l'exercice de la puissance spirituelle, Is maintiennent l'exécution des articles 30 et 34 de l'édit de 1695 sans cesser néanmoins de veiller, suivant l'esprit et la lettre même de cet édit, à prévenir tout ce qui pourroit être une occasion de trouble et de scandale.

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Du jeudi 24, Versailles. M. de Baudry, intendant des finances, est mort d'apoplexie. Il avoit environ quatrevingts ans; son nom est Tachereau. Il étoit conseiller d'État ordinaire. Il a eu trois filles; l'une a épousé M. de Bercy; une autre a épousé M. le président de Novion; la troisième n'est point mariée, son mariage est arrêté avec M. de Bréhant. M. de Bréhant est veuf; il avoit épousé en premières noces une fille de M. Delpech. Mme de Baudry est Taboureau d'Orval, M. de Bréhant a une fille de son premier mariage avec Me Delpech.

Le Roi a donné aujourd'hui à M. de Séchelles la place de conseiller d'État ordinaire qu'avoit M. de Baudry, et à M. de Tourny, intendant de Bordeaux, la place de conseiller d'État qu'avoit M. de Séchelles.

Avant-hier M. de Verneuil présenta au Roi M. le prince de Nassau-Usingen, dont le fils est au service de France. Il peut avoir quarante-cinq ou cinquante ans.

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Du samedi 26, Versailles. Le Roi a donné depuis plusieurs jours le gouvernement de Blaye à M. le duc de Randan, lieutenant général et commandant en FrancheComté; ce gouvernement vaquoit par la mort de M. le duc de Saint-Simon.

M. de la Tour-Dupin, qui est colonel dans les grenadiers de France, épousa avant-hier Mlle de Monconseil.

Le contrat de M. le comte de Lastic avec Me de Ménars a été signé ce matin.

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Voilà les nouvelles que je reçois du Parlement d'aujourd'hui :

Les chambres assemblées ont rendu ce matin trois arrêts.

Le premier sur une requête de l'exécuteur testamentaire du feu sieur Coigniou, chanoine d'Orléans, à qui les sacrements ont été refusés par le chapitre, à fin de main-levée de la part et portion du défunt dans le temporel saisi, a fait main-levée définitive audit exécuteur et ordonné que la succession Cogniou sera payée.

Le second, sur la requête des cinq chanoines d'Orléans qui ont reconnu la compétence du Parlement et protesté dans le temps contre le refus de sacrements fait par le chapitre à Cogniou, a donné mainlevée provisoire auxdits cinq chanoines de leur part dans le temporel saisi et a renvoyé à l'audience sur la mainlevée définitive.

Le troisième arrêt, rendu sur la requête du chapitre en corps, à fin de main-levée de son temporel, a ordonné seulement mainlevée provisoire jusqu'à concurrence des honoraires des officiers du choeur, et renvoyé le surplus à l'audience.

Du dimanche 27. On trouvera ci-après l'extrait d'une lettre de Brest, du 16 de ce mois, au sujet de l'embarquement.

M. de Macnemara fit signal hier après dînée pour se sentir prêt à partir. Ce signal consiste à tirer un coup de canon et défréter le petit hunier. Défréter, en terme de marine, signifie déplier un peu. Le petit hunier est la voile de hune du mât de misaine. Son intention est de partir le plus tôt qu'il pourra, et ce sera peut-être dès demain.

DÉTAIL DE CE QUI S'EST PASSÉ A BREST POUR L'EMBARQUEMENT
DES TROUPES QUI PASSENT EN CANADA (1).

A Brest, le 16 avril 1755.

Les régiments de Guyenne, de Languedoc, de Béarn, de Bourgogne, d'Artois et de la Reine reçurent leurs ordres au mois de février pour partir de leurs garnisons et se rendre en Bretagne dans différents entrepôts, savoir Guyenne à Quimper, le 28 mars, Languedoc à Henaebon dans le même temps, Béarn à Morlaix le 2 avril, Bourgogne à Quingamp le 2

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(1) Cette
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il, Artois le 2 avril à Saint-Brieuc, et la Reine à ême mois. Ces régiments étoient partis, Guyenne

qui contient de si curieux détails, est bien évidemment du (Voyens haut au 9 avril.)

de l'tle de Ré, Languedoc de Bordeaux et Blaye, Béarn de Douai, Bourgogne de Saint-Omer, Artois de Lille et la Reine de Calais. Ils marchèrent par des temps et chemins effroyables. La bonne volonté des soldats soutint leur gaieté, malgré tous ces obstacles; mais leur zèle ne put empêcher qu'il n'en restât un grand nombre dans les hôpitaux. Ils trouvèrent en arrivant de nouveaux ordres pour se rendre à Brest successivement, savoir: Guyenne pour y arriver le 3 avril, Languedoc le 5, Béarn le 7, Bourgogne le 9, Artois le 11, et la Reine le 13. Tous ces régiments, à leur arrivée à Brest, passèrent la revue de M. de Crémille et logèrent le premier bataillon dans la ville et le second au quartier de la marine que l'on avoit fait évacuer et d'où les troupes de la marine étoient sorties pour aller loger à différents villages à portée de Brest, afin de faire place aux troupes de terre. Le lendemain, M. de Crémille fit l'arrangement de l'embarquement en cette forme; chaque régiment prit les armes en totalité, le second bataillon bordant la haie par compagnies et ayant à la queue de chaque compagnie les hommes de bonne volonté. On prit des soldats tirés du premier bataillon pour compléter le second. La volonté des soldats étoit si grande, que l'on ne savoit auquel entendre, et que nous étions obligés de faire sortir des rangs des compagnies du second bataillon des soldats du premier qui s'y glissoient malgré nous. A mesure que chaque compagnie fut complétée au nombre de 40, elle alla à un magasin d'armes déposer ses fusils et en reprendre d'autres à la place, qui, par malheur, ne sont pas beaucoup meilleurs; de là elle se mit en marche pour aller s'embarquer. En arrivant sur le port, elle trouvoit un déjeûner tout prêt àl'endroit où l'on mâte les vaisseaux; ce déjeuner consistoit en pain, vin et viande, le tout fort bon. A mesure que chaque compagnie eut déjeuné, elle s'embarqua et alla à bord du vaisseau qui doit latransporter. On avoit fait venir tous les canots de l'escadre pour porter les troupes à bord des vaisseaux. M. de Crémille avoit ordre de nommer à tous les emplois des officiers absents sous quelque prétexte qu'ils le fussent, et de nommer pareillement aux compagnies des capitaines qui refuseroient de s'embarquer, à moins qu'ils n'eussent les raisons les plus fortes de ne pas s'embarquer, et que quelques-uns de leurs camarades voulussent aller à leur place. Les lieutenants qui se trouveroient dans le cas de ne pouvoir s'embarquer pour raisons suffisantes et bonnes étoient libres de changer avec un de leurs camarades. Le changement qui pouvoit arriver dans les compagnies n'influoit point sur la composition des bataillons. Ils restoient dans le même ordre qu'ils étoient arrivés à Brest. Il y a plusieurs régiments où il s'est fait beaucoup de changements. Le régiment d'Artois est celui qui en a le moins éprouvé, aucun officier n'ayant voulu laisser marcher un de ses camarades à sa place, à la réserve d'un lieutenant qui avoit des raisons les plus es

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sentielles, et qui auroit trouvé dix lieutenants qui demandoient à toute force de le remplacer. Un capitaine de ce régiment, qui étoit mourant à Lille, a été remplacé par le premier lieutenant qui a passé à sa compagnie, et il passera capitaine en second au premier bataillon. M. de Crémille a paru extrêmement content de la volonté que les officiers de ce régiment avoient montrée et de ce qu'il n'avoit reçu aucunes représentations d'eux, quoiqu'il y en eût plusieurs (MM. de la Tour, d'Aligny, Teiffon) qui fussent dans le cas d'avoir des regrets bien légitimes de s'embarquer, et que le zèle seul pour le service du Roi y déterminoit avec autant de joie que s'ils n'avoient eu rien à faire. Le lendemain de l'embarquement de chaque régiment, le premier bataillon est parti pour son nouveau quartier, et il est arrivé un nouveau régiment. Tous les premiers bataillons des régiments embarqués ont été placés dans de très-bons quartiers, savoir: Guyenne au Mans, Languedoc à Niort, Béarn à Saintes, Bourgogne à Saumur, Artois à Alençon et la Reine à Avranches. Il a été distribué en arrivant à bord, à chaque soldat un bonnet, un gilet, une paire de bas, une paire de souliers et quatre chemises. On leur a donné un hamac et une couverture de deux en deux, afin qu'il y en eût toujours la moitié de levés et que par là ils pussent éviter les maladies. L'on a distribué à chaque officier six serviettes, deux paires de draps, deux toiles d'oreiller et une couverture. Les capitaines sont logés chacun dans une chambre, les lieutenants à la sainte-barbe avec les gardes de la marine; tout le monde est nourri à bord et fort bien. En arrivant au Canada, les soldats auront un habit neuf complet, trois chemises, une paire de souliers, une paire de bas, une paire de guêtres et une culotte; ces fournitures seront renouvelees quand il sera besoin; ils seront nourris en détachement et en garnison comme les troupes de la colonie et auront leur paye franche; on leur fournira des cuillers, des fourchettes, des bidons, des gamelles, des tasses, des ciseaux, des couteaux, des aiguilles, du fil et genéralement tout ce qui pourra leur être utile. Les officiers auront d'appointements à commencer du jour de l'embarquement, savoir les commandants de bataillons 5,300 livres par an et la commission de lieutenant-colonel en partant, les, capitaines de grenadiers 3,000 livres, les capitaines ordinaires et les aides-majors 2,700 livres, les lieutenants de grenadiers 1,500 livres, les lieutenants ordinaires 1,360 livres, les souslieutenants et enseignes 1,200 livres ; ils vivront dans les garnisons de Québec, Montréal et des Trois-Rivieres au moyen de leurs appointements. Toutes les fois qu'ils iront en détachement ou que les troupes seront en campagne, on leur fournira tous les ustensiles nécessaires; ils seront nourris, comme les officiers des colonies, sans que pour cela on leur retienne rien de leurs appointements. Les vieux habits des sol

T. XIV.

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dats seront mis en magasin pour les reprendre au retour. Les uniformes qu'on leur donnera là seront différents des nôtres. Ils les laisseront quand ils repartiront. Il y en a deux tout blancs, deux à parements rouges, deux à parements bleus, un de chaque espèce à boutons blancs, et l'autre à boutons jaunes. Le régiment d'Artois sera tout bleu et boutons jaunes; ainsi à la poche près il sera le même.

L'on n'avoit jamais vu un armement où il régnât tant d'ordre et de magnificence. Brest fournit le plus beau coup d'œil du monde; le port est chargé de matelots et de canots; la rade a un air de majesté imposant. Elle est meublée par vingt vaisseaux de guerre ou frégates et deux gabarres dont on verra le détail ci-après :

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L'Entreprenant... 74. En guerre. Dubois de la Mothe, chef d'escadre.

Le Bizarre..

L'Alcide

Le Défenseur..

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64. En guerre. Salvert, chef d'escadre,
64. En guerre. Hocquart, capitaine.
74. En flûte (1).Boissier, capitaine.

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(1) Tous les vaisseaux armés en flûte n'ont tout au plus que le tiers de leur artillerie.'

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