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M. le garde des sceaux vint le 5 au soir apporter la nouvelle que la flotte de Brest étoit partie le 3 de ce mois.

Du dimanche 11, Dampierre. Voilà les nouvelles que je reçois de ce qui s'est passé hier au Parlement :

En exécution du dernier arrêt, les gens du Roi ont présenté aujourd'hui aux chambres assemblées un détail plus circonstancié des faits relatifs à leur plainte au sujet du refus de sacrements aux religieuses de la Ferté-Gaucher, diocèse de Meaux, qui sont depuis quelques années dans d'autres couvents du même diocèse.

Sur cette plainte, on vient d'ordonner une information.

On en a encore ordonné une autre sur une affaire arrivée à Langres dont les circonstances sont singulières; voici ce dont il s'agit :

Une fille nommée Renault se présenta à confesse, sur la fin du carême dernier, à un prêtre de Langres nommé Juré. La confession étant à moitié entendue, le prêtre proposa à la pénitente d'interrompre fa confession et de le suivre chez un des grands vicaires de M. l'évêque de Langres. La pénitente ayant obtempéré à la proposition du confesseur, celui-ci, arrivé chez le grand vicaire, a causé un peu de temps avec lui en particulier et après la conversation ayant dit à la pénitente de venir chez lui, qu'il achèveroit de la confesser dans l'église des Ursulines, la fille le suivit; mais comme le chemin pour aller aux Ursulines étoit de passer devant la prison de la justice de M. l'évêque de Langres, le confesseur engagea la pénitente d'entrer dans la prison avec lui sous prétexte qu'il y avoit affaire pour un instant; mais son objet étoit de faire constituer sa pénitente prisonnière; comme de fait elle resta en prison par ordre du confesseur ou du grand vicaire. Pendant plusieurs jours il ne fut pas possible aux parents de la fille de parvenir à la voir; mais enfin une des sœurs de cette fille étant parvenue à savoir de quoi il étoit question, en a averti le procureur du Roi de Langrès, qui en a rendu plainte au bailliage. On a ordonné la liberté provisoire de la fille, et sur le fond le bailliage a renvoyé au Parlement qui a ordonné aujourd'hui l'information. On a ordonné en même temps qu'il sera fait procès-verbal de l'état de la prison et du registre de la geôle pour savoir si cette fille a été écrouée, et si dans cette prison il n'y a pas d'autres prisonniers dans le même cas. On dit que cette fille a été traitée ainsi pour s'être accusée d'avoir mal parlé de M. l'évêque de Langres.

La Sorbonne refuse de se soumettre à l'arrêt du Parlement par rapport aux thèses. M. le chancelier vint hier apporter un mémoire de la Sorbonne au Roi. Voilà en gros et presque dans les mêmes termes ce que contient la lettre du Roi à M. le chancelier qui en a envoyé une copie au syndic.

J'ai examiné le mémoire du syndic de la faculté de théologie de Paris que vous m'avez remis. Je ne veux rien faire quant à présent; mais assurez la faculté et le syndic en particulier que je suis très-content d'eux et que je les assure de ma protection; qu'ils se conduisent avec modération et selon mes principes.

Du lundi 12, Dampierre. - On trouvera ci-après l'extrait d'une lettre de Marly d'aujourd'hui.

Les personnes qui composent le lansquenet après la maison royale sont : Mme la marquise de Pompadour et Mme la maréchale de Maillebois, MM. de Luxembourg, de la Vallière, de Soubise, de Livry, de Chalabre, d'Houdetot, d'Estrées, de Castries, le prince de Beauvau, le baron de Vangle et MM. de Jansen et Laffe, Anglois.

Du mardi 13, Dampierre.-M. le prévôt des marchands a présenté ce matin au Roi l'opéra d'Ajax que l'on va représenter.

Voilà les nouvelles du Parlement d'aujourd'hui :

Les chambres viennent de condamner au bannissement perpétuel hors du royaume, par contumax, les nommés Franc et Duquerron, prêtres de Sainte-Marguerite, pour raison de refus de sacrements par eux fait à Coquelin. Ordonné que l'arrêt sera exécuté par effigie dans le faubourg Saint-Antoine, imprimé, publié, etc.

On a ordonné que le nommé Farelli, prêtre de Saint-Étienne du Mont, impliqué dans le refus de sacrements au chevalier de Vabouse (sic), seroit sommé de se rendre demain dix heures du matin aux chambres assemblées.

Du mercredi 14, Dampierre. On trouvera ci-après les nouvelles du Parlement d'aujourd'hui.

Les chambres viennent de condamner aux galères par contumace, à perpétuité, le nommé Dubois, diacre, qui étoit à Saint-Étienne du Mont lors du refus de sacrements fait au chevalier de Valibouse (sic). L'assemblée est continuée à cinq heures après midi, pour délibérer sur la réponse de la Sorbonne que le syndic doit donner à M. le procureur général à quatre heures.

On trouvera ci-après l'ex

Du jeudi 15, Dampierre. trait d'une lettre que je reçois sur les affaires présentes, Cette lettre est datée de Paris d'aujourd'hui.

Mardi 13 du present mois, on a lu la réponse du Roi a la Faculté assemblée. On a délibéré aussitôt (1); les deux plus anciens docteurs, qui étoient un Carme et un nommé Deshayes, connu pour avoir administré Mlle Coffin à Saint-Étienne du Mont, ont opiné qu'il falloit enregistrer (2). De cent trente-sept docteurs qui composoient l'assemblée, il ne s'en est trouvé que cinq qui aient suivi cet avis, et de ces cinq il y en a eu trois qui ont rétracté leur opinion. Le P. Richer, cordelier, a opiné le premier pour ne pas enregistrer. Il y a eu des docteurs qui ont parlé de la manière la plus forte au sujet de la religion. La conclusion a été qu'on n'enregistreroit pas. Voici les motifs sur lesquels ils se sont fondés :

1o Que l'arrêt ne citoit aucune proposition, pas même aucune thèse dans laquelle on eût trouvé quelque chose de repréhensible et qui pût servir de règle à la Faculté pour la conduite qu'elle avoità tenir dans l'examen des thèses.

2o Que ce qui est contenu dans l'arrêt est contraire à la doctrine que la Faculté a toujours enseignée et qu'elle espère avec la grâce de Dieu enseigner tant qu'elle subsistera.

3o Que l'arrêt ne peut se concilier avec les ordres du Roi adressés en différents temps immédiatement à la Faculté, reçus avec respect et exécutés avec fidélité.

4° Que cet arrêt est contraire à l'honneur de la Faculté, qu'il accuse de peu de vigilance.

En conséquence, hier 14, assemblée des chambres à cinq heures, dans laquelle a été statué qu'on manderoit pour comparoître aujourd'hui, à dix heures du matin, le syndic, le doyen, les six plus anciens docteurs et professeurs de la maison de Sorbonne, avec le grand maître et les professeurs de Navarre, et l'on a ordonné au scribe de la Faculté d'y apporter les registres.

Ce matin ils ont comparu à l'heure marquée, au nombre de dixsept, qui, n'étant que des deux maisons, ne pouvoient être censés représenter la Faculté. M. le premier président leur a dit : « La Cour vous a mandés pour vous témoigner son extrême mécontentement et vous reprocher l'étrange égarement dans lequel vous êtes tombés en désobéissant à l'autorité souveraine et en méconnoissant une loi qui fait la gloire du monarque et le bonheur des sujets, bien éloignés de suivre les exemples de vos célèbres prédécesseurs qui ont toujours donné des marques de leur sagesse et de leur soumission. La Cour ne peut s'empêcher de s'en venger; elle vous donne le temps d'y refléchir, et

(1) Sur l'arrêt du Parlement du 6 mai. (2) L'arrêt du Parlement du 6 mai.

cependant vous défend de tenir aucune assemblée jusqu'à ce qu'il en ait été par elle autrement ordonné. Scribe, passez au greffe avec vos registres, afin qu'on y inscrive l'arrêt de la Cour. Retirez-vous. » Les docteurs se sont retirés, et on a inscrit l'arrêt, qui y restera jusqu'à la première protestation.

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Du vendredi 16, Dampierre. Mandrin a été arrêté à un endroit appelé Rochefort, sur les terres du roi de Sardaigne ; il a été conduit à Valence, où vraisemblablement il sera jugé.

Mandrin, homme entreprenant, qui a fait tant de mal, étoit entrepreneur pour fournir des mulets lorsque M. de Belle-Isle commandoit l'armée de Provence. Pressé par les troupes détachées à sa poursuite, il s'étoit retiré sur les terres du roi de Sardaigne dans un lieu appelé Rochefort, à trois lieues en avant dans lesdites terres; il falloit, pour pouvoir y aller, passer un ruisseau qui sépare la Savoie du Dauphiné; 150 hommes habillés en paysans ont passé ce ruisseau ayant de l'eau jusque sous les bras. Ces 150 hommes qui avoient l'attention de ne pas marcher ensemble, investirent le château; la porte fut enfoncée, sept ou huit de ceux qui accompagnoient Mandrin qui voulurent résister furent tués, trois de ses principaux chefs furent pris, et lui-même fut saisi, ayant ses deux pistolets à la main, n'ayant point eu le temps d'en faire usage. On dit que cette troupe étoit composée de gens des fermes qui ont agi sans ordre; qu'ils seront désavoués et même peut-être punis. Il convient de tenir ce langage puisque c'est sur les terres du roi de Sardaigne qu'il a été pris.

M. le comte de Coigny vient d'obtenir le gouvernement de Caen, qu'avoit M. le maréchal de Coigny son grandpère.

Du lundi 19, Versailles. - Mme de Montmorin (Villette) présenta hier sa belle-fille (Souvré), qui s'appelle la marquise de Saint-Hérem; elle est grande et bien faite.

M. de l'Hôpital fit signer hier le contrat de mariage

de sa seconde fille avec M. de Mérinville. Ce qui a retardé cette signature, c'est que M. de Mérinville est parent de M. de l'Hôpital, et assez proche pour que les dispenses n'aient pu être données par M. l'archevèque. Les usages ne sont pas égaux dans les diocèses pour les dispenses de parenté. Par exemple, dans le diocèse d'Autun, l'évêque les donne du deux au trois, et cet usage ne se pratique point à Paris; je crois que ce n'est que du trois au quatre. Il est à observer, par rapport aux dispenses, que le degré inférieur emporte le supérieur, c'est-à-dire que du deux au trois est comme du trois au trois, etc.; mais il y a des degrés où les évêques donnent des dispenses à ceux qui ne sont pas en état d'aller à Rome et les refusent à ceux qui ont le moyen de faire cette dépense. Ce qu'on appelle envoyer à Rome n'est pas faire partir un courrier, mais s'adresser à un banquier qui écrit à Rome et en reçoit les expéditions.

M. le duc de Chaulnes présente aujourd'hui les États d'Artois. Ces États se tiennent au mois de septembre ; ils sont venus apporter les cahiers de l'année passée. C'est M. l'évêque d'Arras (Bonneguise), ci-devant aumônier de Mme la Dauphine, qui porte la parole; M. le comte d'Houchin est député de la noblesse. C'est M. Gosse, avocat au Parlement, qui est député pour le tiers état.

Hier (1) il n'y eut ni promotion ni réception de chevaliers. Il y avoit environ 38 chevaliers à la cérémonie, sans compter Msr le Dauphin, ni la maison royale, Mgr le Dauphin, qui est resté à Marly avec Mme la Dauphine, vint le matin pour la cérémonie et s'en retourna diner à Marly. M. le comte de Charolois, M. le comte de Clermont n'y étoient point, ni M. le prince de Dombes, qui est incommodé, ni M. de Penthièvre, qui est toujours dans la plus grande affliction. La quêteuse fut Mme de Talleyrand

(1) 18 mai, dimanche de la Pentecôte.

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