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y a un carré qu'on appelle le cabinet des chiens, qui a tenu lieu d'œilde-bœuf; j'y ai mis, après que la garde-robe a été entrée dans la chambre du Roi, un huissier pour le garder, car avant cela les garcons le gardent. Il n'y entre que les grandes entrées et le service de la garde-robe. Quand l'huissier de la chambre est à cette pièce, les entrées de la chambre et le service de la chambre y entrent; mais les courtisans restent sur l'escalier ou dans la cour de marbre.

Après le lever du Roi, les huissiers de la chambre du Roi vont garder la salle du trône (1), qui devient chambre du Roi, et l'huissier du cabinet s'empare de la porte de cette pièce où le Roi couche, et alors cette pièce devient cabinet du conseil, où les personnes qui ont les entrées du cabinet du conseil entrent. Quand le Roi sort de son arrière-cabinet, alors tout le monde sort de cette pièce, qui devient cabinet des Perruques. Quand le Roi est poudré et accommodé, il entre dans l'intérieur; alors cela redevient cabinet du conseil, et ceux qui ont attendu dans la pièce des chiens restent dans cette pièce où le Roi couche, laquelle change à tout moment de dénomination. Quand le Roi va à la messe le matin, les grandes entrées et tout son service font le tour et vont l'attendre dans le trône; le Roi passe un petit corridor intérieur où il y a une porte qui donne dans la pièce du trône. Il n'y a que le grand chambellan, le premier gentilhomme de' la chambre et le capitaine des gardes qui ont l'honneur de le suivre et les princes du sang qui s'y trouvent.

On présente tous ceux qui veulent être présentés dans la salle du trône; on ne présente pas dans la chambre où le Roi couche. Quand le Roi soupe dans les cabinets, il donne l'ordre dans la pièce des chiens. Quand S. M. soupe au grand couvert, il passe par le petit corridor intérieur; il donne l'ordre dans le trône et va par la galerie chez la Reine; un huissier de la chambre marche avec deux flambeaux d'huissier devant le Roi, depuis la chambre où il couche`jusques chez la Reine, passant par le corridor et le ramenant de même. Les personnes qui ont l'honneur de suivre le Roi ne passent dans le corridor qu'à sa suite; la porte est toujours fermée à double tour quand le Roi y a passé. Quand la Reine vient le matin chez le Roi, elle passe par cette porte; aussitôt qu'on l'a averti, le premier valet de chambre va ouvrir la porte; la Reine s'en retourne comme elle est venue sans personne à sa suite, un premier valet de chambre porte sa queue. Mgr le Dauphin passe par les cours quand il vient au lever du Roi. Mesdames ont suivi le Roi un jour en revenant de la messe, ont passé par le corridor à sa suite, leurs dames d'honneur les

(1) Ou salon d'Apollon, contigu au salon de la Guerre.

suivant et rien de plus. Quand le Roi va le soir chez Mme la Dauphine, et qu'il fait beau, il passe par les cours avec son appareil ordinaire. Quand il pleut, il passe par la salle du trône, traverse les appartements, descend par le petit escalier accompagné de son capitaine des gardes, et de tout ce qui le suit quand il va au grand couvert.

Du mardi 4, Dampierre. -Mme de Luynes reçut à Versailles, il y a trois jours, une visite des officiers en corps de la compagnie de Charost ; ils crurent devoir cette marque d'attention à la mémoire de feu M. le duc de Charost. Ils la prièrent d'aller voir faire l'exercice à pied de cette compagnie à Marly. Mme de Luynes y alla avant-hier; elle y fut reçue avec toutes sortes de politesses. M. le duc de Béthune, qui est fort incommodé depuis longtemps, lui parut en beaucoup meilleure santé; l'exercice et une occupation qui lui plaît peuvent bien y contribuer. Elle vit faire l'exercice pendant une heure et demie; elle me mande qu'on ne peut le faire avec plus de précision ; c'étoit sur la terrasse devant le gros pavillon de Marly. La compagnie lui parut fort belle en hommes; on dit aussi qu'elle est très-belle en chevaux,

Mme de Luynes avoit été ce même jour, le matin, à la suite de la Reine à Saint-Cyr; la Reine a bien voulu y donner le voile noir à Me de la Taille. Le P. Griffet précha à cette cérémonie. Mme de Luynes me mande que le sermon fut très-bon et le compliment à la Reine charmant. La Reine ne revint qu'à deux heures et demie. Mme de Chastellux eut l'honneur d'y suivre la Reine avec Mme de la Tournelle, sa fille, qui n'avoit point encore eu l'honneur de monter dans les carrosses.

Il y a eu, depuis quinze jours environ, une nouvelle élection de supérieure à la maison de Saint-Louis de SaintCyr. Le temps de Mme de Mornay est fini; elle est redevenue maîtresse des novices, et Mme Duhan, qui étoit maltresse des novices, a été élue supérieure.

Le mariage de M. de Mérinville avec Mlle de l'Hôpital se fait aujourd'hui à la Thuillerie, chez M. Boulogne,

grand-père de la mariée; c'est le nonce qui fait la cérémonie du mariage.

Je dois avoir parlé ci-dessus du procès de M. le maréchal de Belle-Isle contre des vassaux de Gisors, qui ont prétendu s'exempter de la mouvance du duché et qui, pour cette exemption, ont allégué des raisons différentes. Il y en a quelques-uns dont les raisons ont été admises et l'exemption reconnue; les autres n'étant pas dans le même cas, M. de Belle-Isle a soutenu son droit contre eux. Ils prétendoient que leurs contestations devoient être jugées par le parlement de Rouen. M. de Belle-Isle a demandé qu'elles le fussent au conseil. Cette affaire y fut rapportée le 3 par M. Boulogne. Il intervint un arrêt dont on trouvera ci-après la copie. Si M. de Belle-Isle n'a pas obtenu totalement ce qu'il demandoit, au moins on lui a accordé le plus essentiel et ce qu'il désiroit principale

ment.

Extrait sur l'affaire de M. le maréchal de Belle-Isle.

M. le maréchal de Belle-Isle a demandé l'enregistrement au parlement de Rouen des lettres d'érection du duché de Gisors, et a rempli toutes les formalités nécessaires. Plusieurs seigneurs de fiefs et habitants et plusieurs officiers royaux ont formé différentes oppositions à cet enregistrement. Le parlement de Rouen a rendu un arrêt le 18 juillet 1752, en conséquence de ces oppositions. M. le maréchal de Belle-Isle a demandé que cet arrêt fût cassé et qu'il fût passé outre à l'enregistrement sans préjudice du droit des parties. Il a représenté qu'il falloit mettre une grande différence entre les oppositions des parties et le fond de leurs prétentions. Des parties opposantes, les uns prétendent devoir être distraits de la mouvance et de la directe du duché de Gisors; les autres, qui sont les officiers royaux, demandent à être indemnisés à cause du tort que leur fait l'érection du duché. M. le maréchal de Belle-Isle répond que toutes les mouvances lụi ont été cédées par des contrats d'échanges dans la forme la plus authentique, et qu'il n'y a que le conseil qui puisse être juge de l'exécution des contrats passés avec S. M. Le même raisonnement répond aux demandes des officiers royaux. M. le maréchal de Belle-Isle a en sa faveur un arrêt du conseil du 1er octobre 1726, qui évoque généralement toutes contestations nées ou à naître, et deux arrêts aussi

du conseil rendus en 1736 et 1752 contre les sieurs Camusat père et fils, qui soutenoient qu'on n'avoit pu faire de leur fief un arrière-fief de la couronne par la cession de la mouvance à M. le maréchal de BelleIsle; enfin il y a deux autres arrêts du conseil de 1750 et 1751 auxquels les officiers royaux ont déféré. Ces arrêts portoient que les titres et mémoires des parties adverses seroient présentés à un commissaire nommé qui en dresseroit des procès-verbaux pour être rapportés au conseil. M. le maréchal demandoit lui-même que les indemnités pour les officiers royaux fussent liquidées, et ce fut sur ses requêtes qu'intervinrent lesdits deux arrêts; enfin M. le maréchal de Belle-Isle a soutenu que la démarche qu'il avoit faite de présenter ses lettres d'érection au parlement de Rouen ne donnoit aucun droit aux prétentions des opposants, parce qu'il s'agissoit de deux objets différents, comme il est dit au commencement de ces mémoires, le fond des prétentions et les oppositions. M. de Belle-Isle n'a jamais demandé au parlement de Rouen de juger le fond de ses prétentions; il savoit qu'elles devoient être portées au conseil; il demandoit seulement l'enregistrement et que l'on n'eût point d'égard aux oppositions. Le parlement de Rouen ayant jugé autrement, il a demandé que l'arrêt fût cassé. Le détail ci-dessus prouve que M. le maréchal de Belle-Isle a sujet d'être content, quoique l'arrêt de Rouen n'ait pas été cassé.

On trouvera ci-après les nouvelles du Parlement du 3 juin 1753 :

MM. les gens du Roi ont donné à l'assemblée des chambres une requête pour informer de ce que le 17 de mai de la présente année 1755, il a été fait un refus de sacrements par l'évêque d'Orléans au lit de la mort au nommé Croye, vitrier, sur la paroisse de Saint-Pierre de Meung près Orléans, lequel est décédé sans avoir reçu les sacre

ments.

L'arrêt a permis d'informer.

MM. les gens du Roi ont donné aussi une requête pour informer d'un sermon scandaleux prêché dans l'église de l'abbaye Saint-Antoine par le nommé Pradine, porte-Dieu de la paroisse Sainte-Marguerite, dans lequel il fut dit, entr'autres choses, que la déclaration du 2 septembre étoit une loi nouvelle obtenue par surprise du Prince; et que ce qu'il y a de bien triste, c'est que l'Église renferme dans son sein des ennemis domestiques qui sont conduits par des prêtres sans ordre et sans mission; puissent-ils être confondus, puissent-ils périr, et comme Coré, Dathan et Abiron descendre tout vivants dans l'enfer. L'arrêt a aussi permis d'informer.

On a entendu le procureur du Roi d'Auxerre aux chambres assem

blées; on a sursis à faire droit sur son affaire, parce qu'on a mandé à la quinzaine le lieutenant criminel d'Auxerre.

On a continué l'assemblée des chambres à midi.

Du samedi 7. Le Roi habite presque toujours à Trianon depuis le retour de Marly. Il y reçut hier la nouvelle du don gratuit accordé par le Clergé. M. de Brou le père, conseiller d'État, avoit déjà fait un discours à l'ouverture de l'assemblée; il en fit un second hier pour faire la demande au Clergé. Il ne prononça point ces deux discours, il les lut. On remarque dans celui-ci le mot essentiel de don gratuit, dont le refus fut la principale cause de ce qui donna lieu à la séparation de l'assemblée de 1750 et à l'exil de ceux qui la composoient. On ne sait point quelles ont été les réponses de M. le cardinal de la Rochefoucauld, parce qu'il ne veut point les donner par écrit. On a seulement remarqué que dans sa réponse à M. de Brou il y avoit à peu près ces termes : que plus les secours demandés seroient libres et volontaires, plus ils seroient fréquents et abondants.

Le président répond toujours que la demande est audessus des forces du Clergé, et ce n'est pas sans raison; elle n'est pas impossible puisqu'on l'accorde, mais le Clergé est déjà fort endetté d'avance; je l'ai expliqué ailleurs. Aussitôt après la demande, on se retire pour délibérer, et comme tout est prévu et concerté, cette délibération n'est que pour la forme. Aussitôt la demande accordée, il part un agent du Clergé ( ce fut hier l'abbé de Jumilhac); il va trouver le Roi en quelque lieu qu'il soit, et quand même S. M. seroit dans son conseil, il a le droit de l'interrompre pour rendre compte de sa commission. Le Roi reçut hier l'abbé de Jumilhac avant que de partir pour la revue de sa maison.

Cette revue étoit dans le Champ de Mars près du jardin de Marly, à l'ordinaire. Elle commença entre quatre et cinq heures après midi et dura jusqu'à sept heures. Les grenadiers à cheval, qui ont toujours la droite de la mai

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