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baissé de 20 à 25, le Roi ne payera que sur le pied de douze et demi au lieu du denier dix (1). On estime que, par cet arrangement, le Roi gagnera environ 2 millions de rente. Il n'est pas' douteux que le denier vingt-cinq deviendra celui de tout le royaume. La ville de Lyon en retirera dans ce moment-ci un profit considérable. Elle paye 900,000 livres tous les ans à la République de Gênes pour emprunt fait à la République, et ce à raison du denier vingt. M. le contrôleur général a mandé que l'on fit le remboursement aux Génois, ou bien la réduction au denier vingt-cinq, réduction qui ne peut manquer d'être acceptée, puisque ce sera encore le denier le plus favorable, suivant ce qui vient d'être expliqué.

Du mercredi 11. — On apprit hier la mort de Mme de Polignac; elle est morte à Paris, le septième jour de sa petite vérole; elle avoit environ trente-cinq ans. Elle étoit fille de feu M. de Louvois (Courtenvaux) et de Mlle de Noailles (Mancini). Elle étoit sœur de M. de Courtenvaux d'aujourd'hui, par conséquent nièce de M. le comte d'Estrées. Elle vivoit dans une grande union avec son mari, neveu de feu M. le cardinal de Polignac. Ils habitoient presque toujours dans une maison de campagne à Claye, à six lieues de Paris. Ils ont eu plusieurs enfants; il ne leur reste que deux garçons et une fille. L'aîné des garçons, dont la figure n'est pas si bien que celle du cadet, est destiné à l'Église; quoique cette raison soit fort souvent décisive en pareil cas, il faut juger que c'est ici une vocation qui s'est trouvée conforme aux désirs de sa famille.

On apprit hier la mort de M. l'évêque de Marseille (Belsunce); il avoit quatre-vingt-quatre ans. Il étoit aimé et respecté dans tout son diocèse; son zèle et ses soins infatigables pendant le temps de la peste honoreront à

(1) C'est-à-dire à 8 pour 100 au lieu de 10 pour 100.

jamais sa mémoire. Livré entièrement aux devoirs de l'épiscopat, qu'il remplissoit avec charité, prudence et édification, il avoit conservé son diocèse en paix. Les entreprises de la justice séculière sur celle de l'Église, qui ont mis et mettent encore tous les jours le trouble dans un grand nombre de diocèses, s'étoient étendues jusqu'à lui. J'en ai parlé ci-dessus dans mon journal. Le respect dù à son âge, sa naissance et sa piété, n'avoient point empèché qu'on ne cherchât à lui donner du chagrin ; on dit qu'il en est mort, et cela est aisé à croire. Tout affecte à quatre-vingt-quatre ans, et d'ailleurs comment un pasteur aussi attaché à l'Église et aussi zélé pour son troupeau, n'auroit-il pas senti la plus vive douleur de l'état présent des affaires?

On trouvera ci-après l'arrêté du Parlement d'hier

L'assemblée des chambres a renvoyé à l'audience du 27 de ce mois la demande des cinq chanoines du chapitre d'Orléans, pour qu'ils ne fussent pas tenus des dettes que leurs confrères ont contractées depuis la saisie de leur temporel. On a ordonné une information à l'occasion des visites faites dans les monastères de Saint-Charles et de SaintLoup, par M. l'évêque d'Orléans, dans le mois de mai dernier. On a décrété de prise de corps le père gardien des Capucins de Troyes, le père Zélon, vicaire, et le frère Jean-Baptiste, quêteur. A l'égard de tous les autres Capucins, ils ont été décrétés d'assignés pour être ouïs, à l'exception des frères Gauthier et Bernard, qui étoient absents pendant la rébellion.

L'assemblée des chambres remise à midi.

Du jeudi 12. Mme de Selles la mère est morte. Son mari étoit trésorier de la marine. Elle laisse deux garçons et une fille. L'aîné des garçons a été intendant des menus plaisirs et a vendu cette charge à M. de Cindré pour acheter celle de trésorier de la marine qu'avoit son père; il a épousé Mile Renard, sœur de Mme de l'Hôpital Sainte-Mesme. Le cadet est conseiller au Parlement, il a épousé Me de Lamouroux, fille du trésorier des États de Languedoc. La fille de Mme de Selles est veuve; elle avoit épousé M. le marquis de Thiers d'Antragues, dont elle a

eu une fille qui a épousé M. du Tillet, président au Parlement.

M. le contrôleur général me disoit il y a quelques jours que le mot de don gratuit n'a pas toujours été observé avec la dernière exactitude, mais c'étoit dans des temps où cela ne faisoit aucune difficulté. Il étoit toujours censé alors que le Clergé donnoit librement et volontairement; et comme ce n'étoit point une question, tantôt on mettoit don gratuit, tantôt on ne le mettoit pas.

Il est parlé dans le second discours de M. de Brou du terme prêt à expirer des contrats de rentes sur l'hôtel de ville. Pour entendre cet article, il faut savoir que le feu Roi ayant besoin d'argent emprunta 10 millions de la ville de Paris. La Ville désira que le Clergé fût garant de cet emprunt; le Clergé souscrivit aux volontés du Roi, qui le désiroit. C'est toujours le Clergé qui a payé l'intérêt de cette somme; cet intérêt a été réduit suivant les réductions qu'ont essuyées les rentes sur l'hôtel de ville; mais comme l'engagement du Clergé n'étoit que pour dix ans, on a soin de le renouveler à chaque expiration des dix années.

Depuis 1700, le Clergé a donné 252 millions au Roi, sans compter les 16 du moment présent. Ces dons se payent sur-le-champ et ne se font que par des emprunts. Depuis grand nombre d'années, le Clergé n'emprunte jamais qu'il ne prenne aussitôt des arrangements, nonseulement pour payer l'intérêt de ce qu'il emprunte, mais même pour en rembourser le fonds. Ces arrangements ne font aucun tort l'un à l'autre, chacun est distinct et séparé. Des 252 millions, le Clergé en a remboursé 200, et les 52 doivent être remboursés dans l'année 1772. J'ai déjà observé que les 16 millions d'aujourd'hui n'en font pas partie.

Du samedi 14. M. l'abbé d'Ecquevilly mourut il y a quelques jours. Il étoit frère aîné de feu M. d'Ecquevilly, père de celui qui commande aujourd'hui le vau

trait. Cet abbé et son frère étoient tous deux fils d'une Marillac, sœur du conseiller d'État.

Du mardi 17. - On trouvera ci-après les nouvelles je reçois du Parlement d'aujourd'hui.

que

Les chambres ont décrété de prise de corps le curé de Saint-Pierre de Meung-sur-Loire pour le refus de sacrements au vitrier de la même ville. Il est ordonné que l'information sera continuée, dans laquelle Dangleberne, chanoine de Meung, et Mauclerc, secrétaire de l'évêque d'Orléans, seront entendus.

Ordonné que les Réflexions sur la notoriété des faits et du droit seront brûlés par la main du bourreau.

Du mercredi 18. J'allai avant-hier à Conflans voir M. l'archevêque. J'ai trouvé qu'il a toujours la même tranquillité d'esprit. Je ne connoissois point la maison; elle est fort belle, le jardin est bien planté et la vue est charmante. Cette maison, qui est dans Conflans, n'a point de justice; elle est de la justice de Bercy et chargée de 33 livres de cens et rente pour le seigneur de Bercy. Elle appartenoit autrefois à M. de Villeroy; elle passa ensuite au président Verdun; le président le Jay l'acquit du président Verdun en 1641; ensuite Mme de Senecey (la Rochefoucauld) l'acheta; après Mme de Senecey elle passa à M. le duc de Richelieu, père du maréchal de Richelieu. M. de Harlay (Champvallon), archevêque de Paris, l'acquit de feu M. de Richelieu avec les deniers provenant de l'indemnité de la vente du terrain du Louvre, et depuis ce temps elle est restée à l'archevêché.

Je dois avoir marqué, à l'occasion de l'assemblée de 1750, que les frais de ces assemblées sont considérables; entre autres, on donne 15,000 livres au secrétaire d'État qui a le département du Clergé; c'est M. de Saint-Florentin. Les archevêques ont 27 livres par jour, les évêques 24 livres et les députés 15 livres.

C'est dans les différents bureaux de l'assemblée que l'on traite toutes les matières qui peuvent intéresser le Clergé. La règle et l'usage étoient anciennement que

tout bénéfice, soit à charge d'âmes ou non, qui venoit à vaquer dans l'espace de temps qu'on appelle les mois de rigueur, ne pouvoit être donné qu'au plus ancien des gradués; dans l'assemblée de 1740 ou 41, on représenta les inconvénients de cette règle par rapport aux curés, le plus ancien gradué pouvant n'être nullement propre à être curé; l'usage a été changé; on n'est plus obligé de donner au plus ancien gradué, on peut choisir pour les cures un sujet convenable, pourvu que ce soit entre les gradués.

On donne part du mariage de M. le comte de Champagne avec Me de Maridor. M. de Champagne est veuf de Mule de Donges, qui étoit dame de Mme la Dauphine et dont j'ai marqué la mort.

M. de Choiseul, veuf de Me Romanet, épouse Mlle Thiroux de Beauregard (1).

Les articles du contrat de mariage de M. le comte de Tessé avec Mlle d'Ayen furent signés hier à l'hôtel de Noailles. Lorsque Mme de Tessé obtint, à la mort de son mari, la charge de premier écuyer pour son fils, il lui fut accordé en même temps une pension de 10,000 livres sur les revenus de cette charge; mais cette pension ne fut assurée que par un bon de la Reine. M. de Tessé a demandé et obtenu, à l'occasion du mariage, le bon du Roi pour confirmer cette grâce.

Du jeudi 19. - Il y a deux ou trois jours que M. de Beuzeville mourut à Paris; il avoit environ soixante ans. Il étoit maréchal de camp de 1734. Il venoit rarement dans ce pays-ci, quoiqu'il eût épousé une fille de M. le chancelier; il demeuroit ordinairement dans ses terres, mais il est mort à Paris; il laisse au moins deux garcons.

Il y a quelques jours que l'on apprit la mort de M. de Varneville; il étoit de Normandie et y avoit une terre où

(1) De Monregard, d'après la Gazette.

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