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Le Roi part aujourd'hui pour Choisy; il reviendra vendredi souper ici et repart samedi pour Bellevue, d'où il reviendrad imanche ici voir Mme la Dauphine et prendre Mesdames; il couchera deux nuits à la Meutte et en partira avec Mesdames, le mardi 1er juillet, pour Compiègne. Il chassera en arrivant. Pendant le petit séjour que le Roi a fait ici, il a bien voulu donner quelques heures à Bouchardon, fameux sculpteur, qui est chargé de faire la statue de S. M. pour la nouvelle place. Bouchardon a modelé ici en terre la tête du Roi.

Du jeudi 26. Le départ de l'ambassadeur de Sardaigne, hier, à six heures du matin, fait une grande nouvelle. Il paroit que c'est la prise et la prompte exécution de Mandrin qui donne lieu à ce départ précipité. L'ambassadeur alla lundi dernier, 23, à Versailles, chez M. Bouillé et fut enfermé trois ou quatre heures avec lui. Avant-hier mardi, il retourna à Versailles; il ne vit que M. Bouillé, et il ne le vit qu'un moment; hier il partit seulement avec deux ou trois domestiques. Il n'y a que peu de jours qu'un de ses enfants, qui n'a que huit ans, est arrivé ici d'Italie. On prétend qu'il avoit demandé, au nom du Roi son maître, qu'on lui remit entre les mains tous ceux qui avoient contribué à la prise de Mandrin, pour en faire telle justice qu'il jugeroit à propos. L'ambassadeur avoit aussi demandé qu'on suspendit l'exécution de Mandrin jusqu'au retour du courrier qu'il avoit envoyé à Turin.On a envoyé d'ici un courrier à Valence pour ordonner que cette exécution fût suspendue, mais il est arrivé trop tard.

Le mariage de M. de Tessé s'est fait aujourd'hui. C'est M. le curé de Saint-Roch qui les a mariés dans sa paroisse ; il a fait une exhortation fort courte et a dit la messe, après laquelle on est monté dans son logement, qui est grand et beau. C'est là que les parents ont signé le contrat, et où l'on a été rendre visite à la mariée et à la famille. Toute la famille et tous ceux qui avoient été priés étoient dans le chœur. La compagnie étoit fort nombreuse; on

avoit envoyé grand nombre de billets pour assister à la` célébration seulement. La noce se fait à l'hôtel de Noailles,, où il y a un grand diner et point de souper. Demain, 'un grand souper chez M. le comte de Noailles, à Versailles. La mariée, qui a quatorze ans, est grande pour son âge, bien faite et a une figure agréable. C'est M. de Froulay, frère du marié, qui a tenu le poêle de son côté, et le second fils de M. d'Ayen du côté de sa sœur. Le mariage s'est fait à midi. La cérémonie s'est passée avec beaucoup de décence et très-dignement.

Du vendredi 27. Il y a deux ou trois jours que le fils de M. le président de Guipeville mourut, âgé d'environ huit ans. On a remarqué une chose assez singulière. dans cette maladie, c'est que cet enfant a crû d'un pied la veille de sa mort. M. le président de Guipeville est de la première des requêtes du palais; il a épousé une fille de M. le président de Nassigny, frère de M. le contrôleur général.

M. Dupleix est enfin arrivé; il a débarqué au port de Lorient et est à Paris depuis trois jours. Il n'avoit pas encore vu hier M. le contrôleur général; il doit le voir en particulier avant que de voir qui que ce soit; il doit même encore après cela voir très-peu de monde pour éviter des propos que l'on fait tenir souvent très-injustement. La grande question est de savoir s'il a travaillé utilement pour la Compagnie, et si les grandes dépenses qu'il a faites étoient nécessaires et avantageuses. Ce qui est certain, c'est qu'il connoissoit parfaitement le pays et les petits souverains avec qui il étoit obligé de traiter, et qu'il a été bien persuadé de l'utilité de ses projets puisqu'il a employé une grande partie de son bien à les faire réussir.

Du samedi 28. Il y a eu ce matin deux agréments de mariage M. d'Asfeld avec Me de Villeperrot, et M. de Rochemore avec Mile de Sourches, fille du grand prévôt.

M. de Waldner (1) a remercié de l'agrément d'un régiment.

Il y eut hier un souper de famille chez M. le comte de Noailles. Il y avoit une illumination aux écuries de la Reine; la mariée paroît réussir fort bien.

Voilà les nouvelles que je reçois du Parlement d'hier,

27:

Les chambres ont converti l'ajournement personnel d'Huart, chanoine d'Orléans, en décret de prise de corps, faute par lui de s'être présenté à la confrontation.

On a ordonné que les récollements vaudront confrontation à l'égard du frère Thomas, capucin de Troyes.

Ordonné aussi que l'on en viendra aux chambres assemblées, sur l'opposition du chapitre d'Auxerre aux changements faits par M. l'évêque d'Auxerre dans le collége de Varsy.

L'assemblée des chambres continuée à la huitaine sur les affaires d'Orléans.

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Du lundi 30. Hier M. l'évêque de Mirepoix travailla avec le Roi.

L'Évêché de Dijon vacant par la mort de M. Bouhier, a été donné à M. l'abbé d'Apchon. L'évêché de Glandève à M. l'abbé de Tressemannes, chanoine d'Aix, parent de M. du Muy. L'abbaye de Fontaine-Daniel, qu'avoit M. l'évêque de Dijon, a été donnée à M. l'abbé Galiffet, grand vicaire d'Aix.

JUILLET.

Départ de la Cour pour Compiègne. · Mariage. I Nouvelles de la Cour. Nouvelles du Parlement. Pavillon de Mme de Pompadour à Compiègne. Nouvelles diverses. Mme de Pompadour à Séchelles. - Nouvelles du Parlement. De quoi on parle à la Cour. Premières nouvelles des hostilités des Anglais. — Mort d'Helvétius. — Lettre de la Reine. — Spectacles. ——

(1) Le manuscrit porte Valtener. Nous ferons remarquer, une fois pour toutes, que nous rectifions les noms propres chaque fois qu'il nous est possible de le faire avec certitude, mais que dans certains cas la vérification est impossible.

-

Foute de la statue de Louis XV par Guibal et Cifflé. - Arrêté du Parlement dans l'affaire des chanoines d'Orléans. Nouvelles de la Cour. ponse de la régence d'Angleterre aux protestations du gouvernement fran Préparatifs de guerre. Nouvelles du Parlement.

çais.

La Reine à

On rétablit les

Ourscamps. Départ de l'ambassade d'Angleterre. Nouvelle de l'arrivée de nos troupes en Canada. Préparatifs de guerre. fortifications et le port de Dunkerque. Morts.

Arrivée à Lorient des

vaisseaux de la Compagnie. Mort de Mme de Mazarin. Affaire de l'ambassadeur et de l'ambassadrice de Hollande.

ment. Réductions dans les dépenses du Roi.

Nouvelles du Parle

Du mercredi, 2 juillet. - J'ai parlé ci-dessus de ce qui s'est passé à Nancy au sujet d'un arrêt du conseil du roi de Pologne, qui en avoit cassé un de la cour souveraine de Nancy. Le refus qu'a fait cette cour d'enregistrer l'arrêt du conseil avoit fort irrité le roi de Pologne, et cette affaire avoit duré longtemps; enfin l'arrêt a été enregistré.

La Reine est partie ce matin, à dix heures un quart, pour Compiègne. Elle avoit dans son carrosse Mmes de Luynes et de Villars sur le devant, Mmes de Fitz-James et de Talleyrand aux portières. Outre ces dames, il y en a encore eu cinq autres qui ont suivi la Reine dans ce voyage : trois du palais, Mmes d'Aiguillon, de Flavacourt et de Périgord, et mesdames de la Suze et de Brienne.

Le Roi et Mesdames sont partis hier de la Meutte. Le mariage de Mè de Sassenage avec M. de Bérenger s'est fait ce matin à la paroisse Notre-Dame, à midi et demi ; c'est mon frère qui a fait les fiançailles et le mariage, assisté, suivant l'usage, du curé de la paroisse; il a aussi dit la messe. M. de Bérenger n'a plus ni père ni mère; c'est M. de Castellanne qui lui tenoit lieu de père. Il y avoit de son côté Mme d'Orçay, sœur de feu M. de Bérenger, le frère du marié, et sa sœur, qui a épousé M. de Soyecourt. C'est le frère qui a tenu le poêle, et du côté de Mlle de Sassenage c'étoit mon fils. On s'est assemblé, entre onze heures et midi, à l'appartement de M. de Sassenage. Il n'y a point de diner; on se rassemblera à six heures; il y a un souper entre huit et neuf, et les mariés iront loger

dans une maison que M. de Sassenage a achetée dans l'avenue de Versailles, presque vis-à-vis celle de Me de Lauraguais.

Du jeudi 3, Dampierre. Me la Dauphine s'amusa hier à faire habiller devant elle M. le duc de Bourgogne en houzard; cet habillement couleur de rose et argent lui sied fort bien.

On trouvera ci-après les extraits des lettres que je recevrai de Compiègne pendant mon voyage de Dampierre (1).

De Compiègne, le 2 juillet. Mesdames sont venues au devant de la Reine à l'entrée de la forêt, et ont monté dans son carrosse ; elles m'ont fait rester à ma place et se sont mises aux portières. Le Roi est venu voir la Reine à son arrivée.

De Compiègne, le 3 juillet. La Reine, en revenant de la messe aux Carmélites, a été voir le nouvel appartement de madame Adélaïde; sa chambre est magnifique, et il y a de jolis cabinets qui communiquent avec le Roi. De là, la Reine a été chez Mgr et Mme la Dauphine; ils ont une salle des gardes, une antichambre et un salon en commun; de cette dernière pièce on entre dans la chambre de Mr le Dauphin. Il y a un beau cabinet qui communique avec le Roi et beaucoup de commodités. De l'autre côté, Mine la Dauphine a une pièce pour jouer, une chambre admirable, trois croisées sur la terrasse, un joli cabinet, et un autre plus petit avec une porte sur la terrasse; le tout très-bien meublé et prêt à habiter. Le Roi y est venu et en a fait les honneurs à la Reine.

De Compiègne, le 4. — Le fils de Martin, ápothicaire de la Reine, est arrivé aujourd'hui de Chantilly, désolé d'un accident qui est arrivé à son premier garçon, son parent. Dans le moment qu'il venoit de sortir de son laboratoire, il a cassé une grosse bouteille d'esprit-de-vin

(1) Nous imprimons en gros caractères ces lettres de la duchesse de Luynes, parce que pendant toute cette période elles continuent les Mémoires.

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