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avoir une boîte d'or; à Mme de Marsan, sa croix de diamants avec ses reliques; son beau meuble de chenille à Mme de Mazarin, sa petite-fille; trois beaux morceaux de tapisserie qui viennent du cardinal Mazarin, à Mme la princesse de Rohan la jeune; à une bâtarde de son mari et de la Minier, 6,000 livres pour la marier, à condition qu'elle n'épousera ni domestique ni artisan; à sa première femme de chambre, 800 livres de pension; à la seconde, 600 livres et à la troisième 400 livres; à sa femme de garde-robe, 300 livres; trois quarts de sa garde-robe à ses deux premières femmes de chambre; le quatrième quart à sa troisième femme de chambre; des pensions honnêtes à ses autres domestiques; deux chevaux à M. d'Haraucourt (on disoit qu'elle l'avoit épousé); 150 livres de pension au frère Joseph, feuillant; des legs à trois chirurgiens qui avoient eu soin d'elle; 3,000 livres à M. de la Case, son médecin; un legs de 5,000 livres à son procureur; un legs à son intendant. Elle dit qu'elle espère que Mme sa petite-fille étant aussi riche respectera ses dernières volontés, et qu'elle connoît trop la probité de M. de Soubise pour douter qu'il accepte son legs aux conditions qu'elle le lui laisse. M. de Soubise a pris les pleureuses et a drapé. Me de Mazarin laisse 300 livres aux Feuillants, autant aux Capucins, et aux Capucines de même. Elle a été enterrée sans aucune cérémonie à sa paroisse, comme elle l'a ordonné. Elle ordonne qu'on paye toutes ses dettes et donne deux ans à M. de Soubise pour les payer. On ne lui connoît que sa maison qu'elle a achetée; que 50,000 livres de Mme de Courcillon; 50,000 livres que lui doit M. de Soubise; 60,000 livres qu'elle a eues de Me de Tallard et son mobilier; elle avoit pour 25,000 livres de vaisselle.

Du samedi 2, Compiègne.-M. de Chavigny m'a montré une lettre de M. de Vergennes qu'il venoit de recevoir du 2 de juin. Il a été très-bien reçu du Grand Seigneur et de son nouveau grand vizir. Il est très-content de l'idée et de la considération que l'on a de l'empereur de France,

et on lui a donné tous les présents et les honneurs des ambassadeurs, quoiqu'il n'ait présentement que le titre de ministre plénipotentiaire. Le jour qu'il fit son entrée pour avoir son audience, il partit à trois heures du matin. et elle ne finit qu'à midi. Il avoit 400 chevaux à sa suite.

L'on est bien déterminé à faire les derniers efforts pour augmenter notre marine par toutes sortes de voies, encourager et multiplier nos armateurs en supprimant tout droit d'amirauté, et promettant en outre des récompenses proportionnées.

L'on enverra incessamment en Espagne quelqu'un de convenable; on en usera de même envers le roi de Prusse, et on a dépêché un courrier à Constantinople. Ce sont là les trois points d'appui principaux, qui doivent être accompagnés de grand nombre d'autres dans l'Empire, dans le Nord et en Italie. La partie militaire n'est pas négligée.

Hier, les chambres assemblées ont rendu un arrêt qui supprime une thèse de Sorbonne dans laquelle on dit avoir trouvé plusieurs propositions relatives tant à la bulle de condamnation des erreurs de Baïus, qu'au formulaire, qui tendent à soutenir les refus de sacrements. Le même arrêt ordonne qu'il sera informé à la requête du procureur général du Roi contre tous ceux qui ont signé la thèse ou participé à icelle.

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Du dimanche 3, Compiègne. Notre maréchal a reçu de bonnes nouvelles de sa belle-fille; ainsi il ne sera point obligé d'aller à Paris. Il part demain pour aller à Verdun.

Je rouvre ma lettre pour vous dire que le Roi ne veut pas que notre maréchal parte, et qu'il compte le retrouver ici. En conséquence, il a envoyé des courriers pour toutes les postes et les lieux où on l'attendoit. Si on lui avoit dit cela il y a trois jours, cela lui auroit ôté de l'embarras, mais cela est fait.

Du lundi, Versailles. — Le Roi est arrivé ici à midi

et demi, comme il l'avoit dit; il a entré aussitôt chez Mme la Dauphine, où toute la famille royale étoit rassemblée. Ma le duc de Bourgogne est charmant, il a bonne grâce, tourne bien ses pieds, et l'habit de hussard lui sied à merveille. Le Roi a resté une demi-heure chez Mme la Dauphine, ensuite il a traversé la cour pour aller voir ses bâtiments. Le cabinet du conseil est fait pour ce qui regarde la maçonnerie; il sera tapissé pour le retour et servira de passage. Le Roi, après avoir tout vu, a entré dans sa garde-robe, où il a resté près d'une demi-heure. Mer le Dauphin et tout ce qui s'est trouvé dans Versailles l'a attendu dans le cabinet où il couche; M. Rouillé y étoit. Le Roi, en rentrant dans ce cabinet, lui a donné des lettres; n'y ayant ici aucun bureau, M. Rouillé a dit qu'il les alloit envoyer à Compiègne. Aussitôt le Roi a descendu et a monté dans son carrosse, et M le Dauphin a été se mettre à table. Pendant ce temps, le Roi a rentré, soit qu'il eût oublié d'aller chez Mme la comtesse de Toulouse, à qui il avoit donné rendez-vous, soit qu'il eût oublié quelque chose à écrire, ce qui est le plus vraisemblable. Il a fait demander M. Rouillé, qui étoit déjà parti pour Jouy. Il avoit aperçu M. de Verneuil, qui a son cachet, il l'a fait chercher et on l'a trouvé. M. de Verneuil, comme de raison, n'a point voulu dire ce qui s'étoit passé dans ce petit travail, mais il faut qu'il ait été bien court, car à peine a-t-on su chez Mar le Dauphin que le Roi étoit rentré, que M. de Verneuil est arrivé et a dit que le Roi venoit de repartir.

M. Gabriel compte que le travail de l'École Militaire ne sera pas totalement interrompu, et assure toujours qu'à Pâques il y aura 224 gentilshommes établis dans ce lieu.

Du mercredi 6, Dampierre. Un homme fort instruit me dit avant-hier qu'étant à Wesel il y apprit que lorsque le roi de Prusse est venu à Wesel il passa par les États de Hanovre; il avoit demandé des chevaux de poste qui l'attendoient dans un bois, fort près de l'endroit où le roi

d'Angleterre faisoit la revue de ses troupes ; quelques officiers genéraux hanovriens, l'ayant su, demandèrent permission au roi d'Angleterre d'aller faire leur cour au roi de Prusse à son passage; il le trouva très-bon. A cette nouvelle, plusieurs officiers subalternes demandèrent la mème permission et l'obtinrent; c'étoit si près qu'ils y allèrent à pied. Jusque-là rien de singulier, mais ce qui l'est beaucoup et très-remarquable dans les circonstances présentes, c'est qu'il n'y eut pas la moindre honnêteté faite de part et d'autre entre les deux rois.

Du lundi 4, Compiègne. On prétend que ce qu'on vient de faire à Dunkerque rend cette place absolument hors d'insulte, et je crois qu'on travaille aux écluses pour rendre au port l'eau qu'il convient pour les plus gros

vaisseaux.

La réforme des voyages et des bâtiments est vraie, ainsi que des opéras de Fontainebleau. A l'égard des chasses et écuries, rien n'est décidé; je crois qu'il y aura de la la réforme. On dit qu'il n'y aura plus d'extraordinaire dans les voyages du Roi, et que ce sera les gens des cabinets qui iront à la Meutte, Choisy et Trianon. Il est sûr qu'il n'y aura plus de voyages de Crécy, ni de Bellevue (1); cela fera un très-bon effet dans les négociations et dans le public.

Du mardi 5. On a continué, au concert de la Reine, l'opéra des Caractères de l'amour, de M. de Blamont. Lundi, 28 juillet, on exécuta l'acte de l'Amour constant ; samedi, 2 août, l'acte de la Jalousie. Hier, lundi 4, ce fut un autre ballet de M. de Blamont intitulé le Caprice d'Erato; les paroles sont de M. Tanevot (2), premier commis de M. de Boulogne; cet acte est imprimé et connu.

M. le duc de Gesvres a reçu ici, à la musique de la

(1) C'est-à-dire chez Mme de Pompadour.

(2) D'après le Dictionnaire des théâtres de M. de Léris, les paroles de ce divertissement sont de Fuzelier.

chambre, un basson et un hautbois étrangers; le basson est un nommé de Vallière, il est Piémontois.

Du jeudi 7, Dampierre. Les personnes qui ont eu l'honneur de suivre le Roi à la Meutte sont M. le marquis de Villeroy, M. le marquis de Croissy, M. d'Ecquevilly, M. le duc de la Vallière, M. le duc de Luxembourg, M. le marquis de Gontaut et M. le prince de Soubise. Il y a eu neuf personnes qui ont eu permission d'aller faire leur cour au Roi à la Meutte chacune un jour, et outre cela M. de Richelieu et M. le comte de Noailles, qui ont permission d'y aller autant qu'ils le voudront.

On trouvera ci-après l'arrêté du Parlement d'hier:

Le syndic de la Faculté de théologie, ainsi que le grand-maître d'études nommé de la Haye, ancien professeur de Sorbonne, grand vicaire de Séez, qui réside à Séez depuis quelques jours, ont été décrétés d'ajournement personnel, et le nommé Bachelet, bachelier de la maison de Sorbonne, qui a soutenu la thèse dénoncée au Parlement et a comparu ce matin au greffe devant M. Tubeuf, conseiller député à cet effet, a été décrété d'assigné pour être ouï.

On ne dit pas que la Sorbonnique de Navarre, qui a été soutenue vendredi dernier, 1er août, ait été dénoncée. On trouvera aussi ci-après copie d'une lettre que je reçois de Paris d'hier.

M. le premier président a envoyé chercher M. le grand-maître de Navarre, ex-syndic de la Faculté, et par arrêté de la Cour l'a prié de faire les fonctions de syndic. Je dis par arrêté, parce qu'on a mis en délibération si on le lui ordonneroit. Il s'est rendu à la demande de M. le premier président, et c'est son attention aux désirs de la Cour qui fait que la Sorbonnique de Navarre ne sera pas dénoncée, parce qu'en sa qualité de maître des études des bacheliers il a signé la thèse, et si on le décrétoit, il ne pourroit faire les fonctions de syndic. Quand nos bacheliers ont vu ce qui se passoit, ils sont allés au nombre de vingt-quatre, aujourd'hui, sans avoir consulté personne, à la maison de Faculté. Cette maison est le lieu où sont les registres et les officiers de la Faculté et où l'on devroit s'assembler aux prima mensis, au lieu de le faire en Sorbonne, s'il y avoit une salle capable de contenir tous les docteurs, et là ils se sont effacés de dessus la liste où ils avoient pris jour pour soutenir leur majeure, et se sont effacés de telle

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