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mangea son bien; sa femme se sépara d'avec lui; elle étoit fort jolie, M. de Jean se ruina au point qu'il fut mis à For-l'Évêque, d'où il n'est sorti qu'après soixante-dix ans, qui est l'âge que l'on sort de prison quand on y est seulement pour dettes. Il eut une fille avant sa séparation. Mme de Conserans étoit fort jolie, comme je l'ai déjà dit; un M. de Mennevillette, homme fort riche, en devint amou reux, mangea beaucoup de bien avec elle, lui donna une terre bien bâtie de 7 à 8,000 livres de rentes, auprès de Champs, nommée Emmery, bien meublée, une orangerie superbe; il lui donna un hôtel magnifique dans la rue Taranne, où loge M. Hesse. Ensuite M. le duc de la Force devintamoureux de Mme de Conserans et lui donna beaucoup. Malgré cela on a vu la vie que menoit Me de Conserans. Elle étoit meublée superbement, mais elle dégalonnoit ses meubles à mesure qu'elle en avoit besoin; elle brûla ses orangers avec leurs caisses pour se chauffer et finit par laisser tomber Emmery. Sa fille n'eut pas une bonne conduite; elle fit un mauvais mariage qu'on fit casser. Ensuite M. de Moda ve qu'on disoit gentilhomme suisse, frère de celui qui est à M. le prince de Conty, l'enleva et l'épousa. Il en est venu une fille qui a épousé M. de Polignac, attaché à M. le comte de Clermont. Il a obtenu une lettre de cachet quelque temps après pour faire enfermer Mme de Conserans, à qui on fit une pension dans un couvent. Il en a fait autant de Mme de Modave à qui on fit aussi une pension dans un couvent. Son mari étoit mort peu de temps après son mariage. C'est elle qui vient de de mourir; Me de Conserans est morte il y a quelques années. Par le soin que M. de Polignac a pris des affaires, il aura un bien considérable; il vient même de gagner un procès de plus de 200,000 livres ; on lui demandoit un million (1).

(1) Ce détail est d'après un mémoire instructif sur Mmes de Conserans et de Modave. M. d'Anjony, ancien lieutenant des gardes du corps qui est retiré

Mme de Persan (la Frézelière), mourut hier ou avanthier à Paris, le septième ou le huitième jour de sa petite vérole. Elle étoit fille de M. le marquis de la Frézelière, lieutenant général des armées du Roi à la tête de l'artillerie, qui a fait une figure et étoit regardé comme un homme principal pour la guerre. Mme de Persan a été fort riche; elle a eu environ 20 ou 25,000 livres de rentes. Sa mère étoit Mlle d'Oisonville. Elle a un frère qui n'a point servi, qui est homme médiocre et a fait un mariage peu avantageux dont il a eu plusieurs enfants. Me de Persan laisse deux enfants, l'un dans la robe qui a épousé la fille d'un conseiller au Parlement et riche; le cadet est capitaine de cavalerie.

Du lundi 20, Versailles. J'ai oublié de marquer que les présidents à mortier sont venus ici séparément, le 3 janvier, faire leurs compliments au Roi; ils ne sont pas venus le dernier décembre ni les deux premiers jours de janvier parce qu'ils ont eux-mêmes beaucoup de compliments à recevoir; c'est leur usage ordinaire de ne pas venir ici avant le 3 janvier.

Le Roi entendit la messe dans la petite chapelle en haut, le 13, pour recevoir le serment de M. de Con

à Paris, a un procès actuellement avec Mme de Polignac par rapport à l'héritage de Mme de Conserans; il prétend devoir prendre le nom de Foix et il l'a même toujours pris dans ses titres. U dit avoir des droits en particulier sur la terre de Mardogne. Cette terre fut vendue il y a trente-trois ans à M. le prince de Conty; M. d'Anjony prétend qu'elle n'a pas pu être vendue. M. d'Anjony prétend que Jean de Foix, seigneur de Conserans, aîné de la maison, n'avoit laissé qu'une fille qui épousa M. de Monléon, homme de condition, lequel fut obligé de prendre le nom et les armes de Conserans; il soutient que cette fille mariée à M. de Monléon est la mère de Mine de Conserans et bisaïeule de Mme de Polignac; mais on croit qu'il se trompe dans ce fait, et que certainement Mme de Conserans, mère de Mme de Modave et aïeule de Mine de Polignac, étoit fille de Mile Pelot, comme il a été dit ci-dessus.

On sera peut-être étonné de ce que Mine de Conserans n'avoit pas conservé le nom de Mme de Jean, mais il est aisé de comprendre qu'étant maîtresse de ses volontés, elle aima mieux prendre le nom de Conserans. (Addition du duc de Luynes.)

dorcet, nouvel évêque d'Auxerre, qui succède à M. de Caylus.

J'ai oublié de marquer aussi la mort de Mme de Wignacourt; elle est morte à Paris, âgée d'environ trente et un ans; elle étoit fille de M. de Bonac et de Me de Biron, et sœur de MM. de Bonac, dont l'aîné est ambassadeur de France en Hollande.

La compagnie des gendarmes anglois, vacante par la démission de M. de Courtomer, fut donnée il y a environ quinze jours à M. le comte de Larmoy, capitaine-lieutenant de la compagnie des chevau-légers d'Orléans, et celle-ci fut donnée à M. de Tracy, sous-lieutenant des chevau-légers Dauphin.

Il y a déjà quelques jours que M. l'abbé de Gouyon, vicaire général de l'évêché de Saint-Pol de Léon, a été nommé aumônier de Madame Adélaïde.

La Reine a été ce matin à Saint-Cyr donner le voile blanc à deux demoiselles de cette maison; l'une est Mlle de Durfort, l'autre Mlle de Dormenan. Mile de Durfort est de la même maison que MM. de Duras. Sa vocation paroît d'autant mieux assurée, qu'elle a refusé un parti considérable; son mariage étoit arrêté avec un homme qui a 40,000 livres de rentes et à qui on en assuroit autant, et les engagements doivent subsister jusqu'au mois de mai prochain. Le père de Me de Dormenan étoit capitaine dans le Mestre-de-camp-dragons; c'étoit un gentilhomme de Franche-Comté fort estimé et très-bon officier. Il fut fait lieutenant-colonel, je crois, du régiment de Septimanie et ensuite colonel d'un nouveau régiment de dragons qui fut formé d'une compagnie de chacun des autres régiments. Il a laissé un fils dont la conduite a été un peu dérangée, et qu'on avoit mis pour quelque temps à Vin

cennes.

La cérémonie a commencé aujourd'hui par une messe basse qu'a dite M. l'évêque de Chartres, ensuite le sermon qui a duré environ trois quarts d'heure. C'est un jésuite

qui a prêché. Mme de Mornay, supérieure de Saint-Cyr, avoit écrit à Mme de Luynes, croyant que Mesdames iroient avec la Reine à Saint-Cyr. On sait que l'usage est que celle qui reçoit le voile blanc baise le bas de la robe de la Reine; elle va ensuite embrasser toutes les religieuses. Mine de Mornay demandoit si ce respect devoit être rendu à Mesdames, la Reine y étant.

La question n'a point été proposée, Mesdames n'ayant point été à Saint-Cyr.

Mme Victoire est entièrement hors de danger.

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Du mardi 21, Versailles. Il y a trois ou quatre jours qu'on a fait voir ici un homme d'une taille singulière ; il a 7 pieds 2 pouces, il n'est àgé que de dix-neuf ans; il est du Tyrol, fort bien fait, ayant un visage agréable; on le porte dans une espèce de chaise ou boîte fermée. Le Roi est parti aujourd'hui pour Bellevue, d'où il reviendra jeudi.

Voilà les nouvelles que je reçus hier du Parlement.

Du lundi 20.

L'assemblée des chambres s'est passée à lire les informations et procédures contre les curés et vicaire de Troyes. Il n'a été rien décidé. L'assemblée remise à mercredi.

Du jeudi 23, Versailles. - Voilà les nouvelles du Parlement d'hier:

Du mercredi 22. — M. le procureur général reçu appelant comme d'abus de l'interdit signifié à la requête de l'archevêque de Paris au sieur Coquelin, prêtre, qui a administré milady Perth.

Ordonné que les récollements des témoins vaudront confrontation contre Ansel, second vicaire de Saint-Étienne du Mont

Ordonné que les papiers trouvés chez Brunet, premier vicaire de ladite paroisse, lors de la perquisition faite de sa personne, en vertu du décret de prise de corps, seront joints au procès pour y servir à telle fin que de raison.

L'assemblée remise à samedi.

Du vendredi 24, Versailles.—Il y a eu aujourd'hui deux demandes d'agrément de mariage, celui de M, d'Étampes

avec Me de Flavacourt, et celui de M. de Maillé (Brézé) avec Me de Jarzé.

Celui de M. d'Étampes a été demandé par M. le marquis de Cany, son oncle et tuteur, et par M. de Puisieux son parent; et de la part de M" de Flavacourt par M. de Flavacourt son père. M. d'Étampes est de la même maison que M. d'Étampes, père de M. de la Ferté-Imbault, mari de Mme de la Ferté Imbault. On sait que M. de la Ferté-Imbault avoit épousé Me Geoffrin. Mme de la FertéImbault, n'ayant point d'enfants, regarde M. d'Étampes comme son héritier; elle lui donne actuellement 100,000 livres; il a outre cela environ 27,000 livres de rentes. Me Geoffrin, qui est fort riche, logera et nourrira les deux nouveaux mariés. M. d'Étampes a un frère.

L'agrément du mariage de M. de Maillé avec M" de Jarzé a été demandé par MM. de Maillé père et fils. On sait que Me de Jarzé est dame de Mme la princesse de Condé. Mme de Renty restera toujours dame d'honneur, et Mine de Jarzé sera gouvernante de l'enfant dont Mme la princesse de Condé va accoucher. La nouvelle mariée sera dame de Mme la princesse de Condé. A l'occasion de ce mariage, M. de Maillé aura la première place qui vaquera dans les grands officiers de M. le prince de Condé, et le régiment de ceux de M. le prince de Condé qui se trouvera vacant. On sait que MM. de Maillé-Brézé ont l'honneur d'appartenir à la maison de Condé. Par cette raison, M. d'Anlézy, qui a été gouverneur de M. le prince de Condé, a assisté de sa part à la demande de l'agrément du mariage.

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Du dimanche 26. Le Roi reçut avant-hier la nouvelle de la mort de la princesse de Bade, par une lettre du prince de Bade qui lui en donnoit part. Ces princes de Bade sont Baden-Baden. Le prince de Bade (Hermann} avoit épousé une Soissons; il eut pour fils le fameux prince Louis de Bade. Louis XIV fut son parrain; depuis, il s'acquit une grande réputation en commandant les

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