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armées contre ce prince. Le prince Louis avoit épousé une Saxe-Lawembourg; il en eut deux garçons et une fille, qui fut la mère de M. le duc d'Orléans d'aujourd'hui; les deux garçons se sont mariés tous les deux; l'aîné avoit épousé une d'Aremberg, il n'en a point eu d'enfants; et le cadet a épousé une Schwartzemberg, fille de celui qui fut tué à la chasse par l'empereur Léopold ; c'est celle-ci qui vient de mourir; elle ne laisse point d'enfants. Elle avoit été fort jolie. Le prince de Bade, son mari, est parent du Roi du' quatrième au cinquième degré, par sa grand'mère Soissons.

Hier le prince régnant de Nassau-Usingen, frère de celui qui est au service de France, eut une audience particulière du Roi dans le cabinet; il fut conduit par M. de Verneuil, introducteur des ambassadeurs.

Du mardi 28, Versailles. Le contrat de mariage de M. le comte d'Ayen avec Mle de Fresne a été signé ici aujourd'hui. Le Roi dit qu'il n'a jamais vu un contrat de mariage aussi épais et d'un aussi grand détail; et il a remarqué, à cette occasion, que c'est l'acte dans lequel on a plus de liberté de faire des dispositions de ses biens et où il est plus important, par conséquent, de prévoir tous les cas à venir; que cependant on néglige souvent ces précautions, mais que MM. de Noailles n'en avoient pas usé de même dans celui-ci?"

y a eu encore aujourd'hui deux autres signatures de contrats de mariage, celui de M. de Prulay, fils de la dame d'honneur de Mile de Sens, et celui de M. de Maillé. Celui-ci épouse Mile de Jarzé, comme je l'ai dit ci-dessus. M. de Prulay épouse la fille de M. de Noinville. M. de Noinville est Durey; il a eu trois frères: le président Durey, M. de Sauroy et M. d'Arnoncourt. Il avoit une sœur qui a été Me de Laurency. Ce M. de Noinville n'est pas regardé comme homme de lettres, mais il aime les gens de lettres; il a fondé un prix à l'Académie des sciences, qui est une médaille de la valeur de 400 livres.

C'est l'académie qui décide du sujet qui doit être traité. Une pareille fondation coûte 9 ou 10,000 livres, parce qu'il faut compter environ 900 ou 1,000 livres pour le coin de la médaille. L'Académie des sciences, par reconnoissance, a donné à M. de Noinville une place d'associé libre. Le président de Mainières, un des plus vifs aujourd'hui contre la Constitution dans les affaires du Parlement, est le fils de Durey. M. de Sauvigny, intendant de Paris, a épousé une fille de M. d'Arnoncourt. Ces Messieurs avoient aussi deux nièces, dont l'une étoit la première femme de M. Hérault, lieutenant de police, et l'autre étoit la mère de M. le président d'Aligre, lequel a épousé Me Talon.

On trouvera ci-après ce qui s'est passé au Parlement le 27.

Le rapport de l'affaire de Trozes est achevé, mais on n'opinera que mercredi 20.

Sur la plainte rendue ce jourd'hui par le procureur général du Roi du refus de sacrements fait à la demoiselle Coffin par un prêtre de de Saint-Étienne du Mont, il a été ordonné qu'il en sera informé et la malade entendue. Par un arrêté particulier, les gens du Roi sont chargés de s'informer de la situation actuelle de la paroisse de SaintÉtienne du Mont relativement à la célébration de l'office divin et à l'administration des sacrements.

La demoiselle Coffin est sœur de feu M. Coffin, principal du collège de Beauvais, et tante du conseiller au Châtelet du même nom, pour lesquels il y a eu des refus de sacrements et procédures en 1752. Le refus de sacrements fait à la demoiselle Coffin n'est constaté par aucune pièce juridique, elle a seulement fait une déclaration à deux notaires portant qu'elle avoit prié le sieur Brélu de la Grange, notaire, et Desaints, libraire, de requérir pour elle l'administration des sacrements qui lui ont été refusés par un prêtre de Saint-Étienne du Mont, faute de billet de confession. La même déclaration porte que le médecin de la malade étant lui-même indisposé sérieusement, n'a

pas pu continuer de la voir et lui donner un certificat sur le danger de mort où elle se trouve.

Du mercredi 29. Quelques-uns des chanoines d'Orléans décrétés de prise de corps et quelques-uns des prêtres de paroisses de Paris qui ont éprouvé le même traitement s'étoient retirés ici; il y en avoit qui logeoient chez les missionnaires de la paroisse de Notre-Dame. Le Roi leur fit dire il y a quelques jours, par M. le comte de Noailles, que son intention n'étoit pas qu'ils demeurassent ici. Ils vont chercher quelqu'autre lieu à habiter.

Du jeudi 30, Versailles. - On trouvera ci-après les nouvelles que je reçus hier sur les affaires présentes du Parlement.

Du 29.

Les gens du Roi entrés aux chambres ont commencé par rendre compte de l'état actuel de la desserte de la paroisse de SaintÉtienne du Mont, où il ne se trouve que six prêtres ayant des offices, quatre habitués et le séminaire de Lisieux chargé de l'office divin, différents prêtres envoyés par M. l'archevêque pour faire le prône et un seul prêtre inconnu qui change tous les deux ou trois jours, chargé aussi par M. l'archevêque de l'administration des sacrements.

Ensuite ils ont pris des conclusions tendantes au décret d'ajournement personnel contre deux prêtres de Saint-Étienne du Mont sur l'information dans l'affaire de la veuve Coffin.

Ensuite ils ont rendu plainte du refus fait du viatique au sieur Coquelin, prêtre, qui étant revenu à bonne connoissance dans une attaque d'apoplexie pendant laquelle il a reçu l'extrême-onction, a demandé le viatique qui lui a été refusé par les prêtres de Sainte-Marguerite, faute de billet de confession.

Ils ont aussi rendu compte d'une requête présentée au bailliage de Troyes dans laquelle on expose que la paroisse dont M. l'évêque de Troyes s'est chargé de la desserte ne se trouve plus servie; ladite requête renvoyée à la Cour par le bailliage de Troyes.

Arrête qu'un secrétaire de la Cour se transportera dans l'heure à Conflans à l'effet d'inviter de nouveau M. l'archevêque de Paris, de la part de la Cour, de faire cesser les scandales et abus qui continuent dans Paris par le refus de sacrements et de remédier aux singularités qui s'introduisent dans l'administration et desserte de plusieurs pa

roisses.

Les chambres devant s'assembler à sept heures ce soir pour entendre

la réponse de M. l'archevêque à l'effet de prendre sur icelle tel parti qu'il appartiendra.

Réponse de M. l'archevêque.

M. l'archevêque a dit au secrétaire de la Cour qu'il n'est personne qui désire plus ardemment et plus sincèrement que lui le rétablissement de la paix; mais qu'il n'y a pas lieu d'espérer de la voir renaître tant que le Parlement persistera à donner des ordres dans ce qui concerne l'administration des sacrements; que la retraite des prêtres de Sainte-Marguerite et la forme singulière dans l'administration dont le Parlement se plaint sont l'effet des poursuites rigoureuses et des arrêts décernés contre les ecclésiastiques préposés à la desserte des paroisses; qu'au surplus il persiste dans la réponse qu'il a faite le 28 novembre dernier, à laquelle il ne peut rien ajouter, attendu que l'incompétence des tribunaux séculiers en matière de sacrements étant établie par les lois divines et ecclésiastiques, et même par une suite d'édits, déclarations et ordonnances du royaume, ce seroit de sa part donner atteinte aux droits de la religion que d'entrer dans aucun détail qui pût donner lieu de penser qu'il regarde le Parlement comme compétent dans une matière qui appartient uniquement à la puissance spirituelle que l'Église tient immédiatement de Jésus-Christ et de l'exercice de laquelle un évêque ne peut être comptable qu'à ses supérieurs dans l'ordre de la hiérarchie.

Du 29, à six heures et demie du soir. On a remis demain à dix heures la délibération sur cette réponse.

Les chambres ont néanmoins décrété de prise de corps deux quidams prêtres qui ont refusé les sacrements à la demoiselle Coffin.

On a ordonné qu'il sera fait injonction, tant aux prêtres de SaintÉtienne du Mont qu'à ceux de Sainte-Marguerite, de faire cesser le scandale résultant des refus de sacrements à ladite demoiselle Coffin sur Saint-Étienne, et au sieur Coquelin, prêtre, sur Sainte-Marguerite.

Du vendredi 31, Versailles. On trouvera ci-après la nouvelle du Parlement du 30 janvier.

L'assemblée a fini à deux heures.

On n'a point entamé la délibération sur la réponse de M. l'archevêque de Paris, elle est remise à demain dix heures du matin.

La demoiselle Coffin a été administrée par le sieur Deshayes, premier habitué de Saint-Étienne du Mont.

La désertion des prêtres de la paroisse Sainte-Marguerite étant telle qu'on n'a point pu en trouver un hier pour recevoir les injonctions ordonnées par le Parlement, les chambres viennent d'ordonner

cérémonie. M. le comte de Clermont est venu faire sa cour, mais en habit ordinaire; il a eu la goutte, et il n'a point été à la cérémonie. Mgr le Dauphin eut encore hier un petit ressentiment de dévoiement, et n'a été à rien que chez le Roi au retour de la messe. La procession s'est faite dans l'église. C'est M. l'évêque de Langres qui a officié à la grande messe seulement; il n'y a jamais aujourd'hui d'évêque officiant à vêpres. C'est Mme de Coislin (Mailly-Rubempré) qui a quêté; elle a fait des révérences aux chevaliers en revenant du haut de l'église, mais seulement quelques-unes de temps en temps; elle a aussi quêté à vêpres. Le prédicateur a été le P. Griffet, jésuite, dont le sermon a été trouvé très-bon. Le compliment étoit fort bien, peut-être un peu trop long. Le Roi a entendu, immédiatement après le sermon, les vêpres chantées par la grande chapelle, et tout de suite le salut.

Le Roi prit mardi dernier, 28 janvier, le deuil pour la mort de la princesse de Baden-Baden; elle étoit tante de M. le duc d'Orléans. On quittera ce deuil mardi au soir.

La femme de M. de Turpin mourut le 25 du mois dernier; elle n'avoit que 25 ans; elle étoit Lusignan. Je l'ai déja marqué à l'occasion du mariage de M. de Lusignan, son frère, avec Mlle de la Rivière. Les deux mariages furent faits dans le même temps.

M. de Caraccioli mourut aussi le 26 janvier, âgé de cent trois ans; il étoit le plus ancien lieutenant général; il avoit été gouverneur de Briançon et commandant des villes de Mézières, de Charleville et de Sedan. Il parloit françois et italien, mais l'un et l'autre en même temps, de manière qu'on ne l'entendoit pas. Il étoit Napolitain et c'étoit un officier estimé (1).

(1) M Caraccioli a fait un testament. Il avoit 18,000 livres de pension du Roi et 21,000 livres de rente de son bien de patrimoine. Il a laissé une boite d'or à M. de Saint-Séverin, une crèche d'argent à Mme de Balbi. Il laisse tout

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