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et Mazarin. Ambassadeurs nommés. Nouvelles diverses de la Cour. Capture de bâtiments français par les Anglais. M. de Saint-Séverin se retire du conseil d'État. Madame Adélaïde prend le titre de Madame. - Chevaux grecs pour le duc de Bourgogne. Détails sur l'administration des bâtiments. Départ de la Cour pour Fontainebleau. Anecdote sur un mousquetaire noir. Le roi d'Espagne mécontent des Jésuites à cause des missions du Paraguay.

tainebleau. Arrivée nomme une chambre.

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Nouvelles du Parlement.

La Cour à Fon-
Ce qu'on

du marquis du Quesne du Canada.

Élection à l'Académie française et lettre du comte

de Clermont. Vente d'une charge et arrangements. Nouvelles du Ca

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Audience du Roi au

Du lundi 1er. Il y a trois jours que M. de Riche lieu a perdu son procès tout d'une voix. Il n'y a eu qu'un ou deux conseillers qui ont ouvert un autre avis et qui sur-le-champ se sont réunis à la pluralité. M. le maréchal de Richelieu prétendoit que les terrains sur lesquels on a bâti plusieurs maisons faisoient partie des biens substitués par M. le cardinal de Richelieu vendus postérieurement à la substitution. Les acquéreurs ou propriétaires prouvoient que les prix des ventes des terrains ou maisons avoient été employés à payer des dettes antérieures à la substitution. M. de Richelieu prétendoit au contraire que les effets mobiliers étoient plus que suffisants pour payer les dettes. Les propriétaires persistoient dans leur calcul. Si M. le maréchal de Richelieu avoit gagné, cela auroit causé la ruine de plusieurs bons bourgeois, et on prétend que cela lui auroit fait un avantage de 5 millions. On compte que les frais que M. de Richelieu est condamné à payer iront à 150,000 livres; mais M. de Richelieu se flatte de retirer cette somme des poursuites qu'il est autorisé à faire contre les particuliers qui ne se sont pas mis en règle pour justifier l'emploi de leur argent.

On attend aujourd'hui, à Versailles, un courrier de M. le duc de Duras par lequel il demande son rappel.

M. de Montciel, lieutenant-colonel du régiment de cavalerie de la Vieuville, ci-devant Fleury, a été nommé

pour aller à Stuttgard, et M. d'Aigremont, capitaine d'infanterie, pour aller à Trèves. Ils ont pris congé aujourd'hui.

Du mardi 2, Versailles. - Madame, fille de Mgr le Dauphin, est morte ce matin à minuit et demi. Sa maladie a été courte; elle eut un peu de fièvre le samedi; hier à dix heures Mr le Dauphin y étoit encore, à onze heures trois quarts, pendant que la Reine étoit chez Mme de Vil lars; Mme de Butler y monta de la part de Mme de Marsan qui s'étant trouvée mal étoit hors d'état d'y venir ellemême; elle demanda à la Reine ses ordres pour le baptême de Madame, qui en conséquence fut tenue par M. l'abbé de Rohan, fils de Mme la princesse de Guéméné, et par Mme de Marsan, et nommée Marie-Zéphirine.

On sait depuis quatre jours, par les nouvelles d'Angleterre, que M. de Crèvecœur qui commande les troupes que nous avons en Canada, et qui a toujours servi dans ce pays, a remporté une grande victoire sur les Anglois (1); on n'a encore aucunes nouvelles directes de ce combat parce que les Anglois étant maîtres de toutes les contrées maritimes de l'Amérique, sont bien plus à portée que nous d'en avoir des nouvelles. Nous sommes obligés de faire le tour par le golfe Saint-Laurent, et l'action dont il s'agit s'est passée fort loin de Québec, vers le lac Ontario. Tout ce qu'on sait jusqu'à présent, c'est que le général anglois nommé Braddock a été tué, qu'il y a eu un grand nombre d'officiers anglois tués ou blessés, qu'ils ont aussi perdu beaucoup de soldats et qu'on a pris toute leur artillerie, leurs bagages et la caisse militaire. Ces troupes angloises sont le premier renfort qu'ils ont envoyé en Amérique. Il y avoit deux régiments écossois ou à la solde d'Écosse qui ont abandonné leurs officiers et n'ont songé qu'à fuir.

(1) Il s'agit de la victoire de la Belle-Rivière, livrée le 9 juillet et gagnée non pas par M. de Crèvecœur, mais par M. de Beaujen, qui y fut tué, ainsi que le général Braddock.

Du mercredi 3. Le corps de Madame fut transporté hier au soir, accompagné de 12 gardes, aux Tuileries. On avoit d'abord dit qu'on observeroit le même cérémonial que pour feu Mr le duc d'Aquitaine, mais il a été depuis réglé qu'on suivroit ce qui s'est passé pour feu Madame, première fille de Mgr le Dauphin.

Du jeudi 4, Versailles. — Le roi de Pologne est parti ce matin pour Lunéville; il est allé diner à Bondy et coucher à Lusancy. Il a beaucoup de peine à marcher, et sa vue s'affoiblit; à cela près il est en très-bonne santé. Depuis qu'il est ici, la Reine a toujours dîné avec lui; elle le voyoit plusieurs fois dans la journée; elle établissoit son jeu à six heures et demie, et à sept heures elle donnoit ses tableaux à jouer à une de ses dames, retournoit chez le Roi son père et n'en sortoit qu'à huit heures trois quarts. Le roi de Pologne a toujours le même goût pour la perfection des arts et pour les découvertes utiles au bien public. Il est toujours dans le même régime de se lever fort matin, de se coucher à dix heures au plus tard, de bien dîner, de fumer plusieurs fois dans la journée et de ne point souper. Il a été voir ici auprès du grand réservoir, au bout de l'aile neuve, le plan en relief de la nouvelle place; il paroît n'avoir pas trop approuvé le projet. Sa place de Nancy sera entièrement finie cette année pour la maçonnerie et la couverture. Il nous contoit il y a quelques jours que la première idée de cette place lui vint un soir en se couchant. Son premier architecte, le sieur Héré, anciennement manœuvre servant les maçons, qu'il a créé et fait ce qu'il est en encourageant et perfectionnant son talent pour le dessin, étoit à son coucher; il lui dit qu'il lui étoit venu une idée; il crayonna devant lui son projet et lui ordonna d'y mettre des ouvriers le lendemain. Dès le lendemain matin il y eut vingt ouvriers. Depuis ce moment l'ouvrage n'a pas été discontinué et tous les ouvrages ont toujours été payés exactement.

Depuis avant-hier mardi, la Reine ne joue plus et ne doit recommencer à jouer que samedi ; c'est demain que se fera le convoi à Saint-Denis. Il y a une compagnie des gardes françoises aux Tuileries pour le temps que le corps de Madame y reste. Les troupes de la garde à cheval de la maison du Roi sont commandées demain pour le convoi; le corps à Saint-Denis, le cœur au Val-de-Grâce. Il y aura une compagnie des gardes françoises à SaintDenis. C'est Mme la princesse de Conty et Mme la princesse de Chimay (Beauvau) qui conduisent le corps et le cœur. Il n'y a point eu de concert chez la Reine depuis Compiègne; c'est l'usage de la Reine pendant le séjour du Roi son père ici.

Notre victoire en Amérique se confirme toujours de plus en plus et paroît considérable, mais c'est toujours par l'Angleterre qu'on est instruit.

Le Roi, qui ne devoit revenir ici de Choisy qu'aujourd'hui après diner, en revint avant-hier à une heure après midi sur la nouvelle de la mort de Madame; il coucha ici et repartit hier sur les trois heures pour Choisy où il restera jusqu'au samedi; il y retournera mardi prochain jusqu'au vendredi. Il a dit qu'il ne feroit plus de voyages au retour de Fontainebleau que d'aller se promener à Trianon. J'ai vu une lettre où l'on mande savoir de quelqu'un qui est de presque tous les voyages du Roi et à portée d'être instruit de certains voyages, que les voyages du Roi pendant le courant de l'année ne vont pas à plus de 1,200,000 livres de dépenses extraordinaires. Il est vraisemblable qu'on n'y comprend pas Compiègne ni Fontainebleau.

Du samedi 6, Versailles. M. le duc de Tallard est tombé en apoplexie; on l'a laissé plusieurs heures dans cet état sans secours, l'accident n'ayant pas paru aussi considérable dans le premier moment; il est fort mal. M. de Sassenage est parti ce matin; on lui a dit qu'il arriveroit vraisemblablement trop tard.

Une femme de chambre de la Reine, nommée Mile Chatelain, est allée aujourd'hui aux Carmélites pour s'y faire religieuse. Sa place est donnée à la femme du sieur Najac, contrôleur de la bouche de la Reine.

On dit que l'escadre de M. du Guay est rentrée dans nos ports.

On trouvera ci-après les nouvelles du Parlement d'hier.

Les chambres assemblées viennent de décréter d'assigné pour être ouï le curé de Saint-Fargeau, accusé d'avoir prêché séditieusement au sujet des affaires présentes.

On assure que le Clergé ira en députation dimanche à Versailles pour faire ses représentations au Roi contre l'arrêt d'Orléans.

Du dimanche 7, Versailles. Le bail des fermiers généraux finit au mois d'octobre prochain. L'arrangement pour le renouvellement est fait. Il y a actuellement 40 fermiers généraux et beaucoup de sous-fermiers. Dans les 40 fermiers généraux il y en a quatre dont on n'est pas content qui se retirent, restent 36. On en ajoute vingt et on supprime tous les sous-fermiers. Sur les vingt et les quatre qu'il faut remplacer, il y a huit bons du Roi qui auront leur effet; restent seize qui seront choisis par un conseil des fermiers généraux, M. le contrôleur général à la tête. M. le contrôleur général remet aux fermiers généraux le détail de toutes les places subalternes à remplir et a déclaré qu'il n'en donneroit aucune. La ferme générale est augmentée de 10 millions par an; le bail est de six ans suivant l'usage. Dix millions pendant six ans en font 60, et ces 60 millions sont payés sur-le-champ par les fermiers généraux. Le Roi en payera l'intérêt à 4 pour 100; ce sera 2,400,000 livres pour la première année, mais comme pendant cette première année, qui échoira en octobre 1756, les premiers 10 millions d'augmentation seront dus, le Roi ne payera que 2 millions d'intérêt; cet intérêt diminuera de 400,000 livres tous les ans. M. le duc de Tallard mourut hier après midi à Paris.

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