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mier volume, où l'on distingue les anciennes limites de l'Acadie, et toutes les prétentions des Anglois; ce livre a pour titre Mémoires des commissaires du Roi et de ceux de S. M. Britannique sur les possessions et les droits respectifs des deux couronnes en Amérique. Les commissaires françois soutiennent que l'Acadie n'a été cédée à l'Angleterre que suivant ses anciennes limites.

Du mercredi 17. Le Roi conserve les entrées à M. de Saint-Séverin. Il donna l'ordre hier à M. de Gesvres pour les entrées. Comme il y a entrées des ministres et entrées de la chambre, et que le Roi ne s'étoit point expliqué, M. de Gesvres, qui est ami de M. de Saint-Séverin, lui demanda si ce n'étoit pas celle du ministre ; le Roi y consentit.

Il y a quelques jours que M. le Premier et M. le garde des sceaux présentèrent au Roi 19 petits chevaux d'environ trois pieds de haut et même au-dessous. Il y en a dix noirs et neuf de différent poil; ils sont tous entiers et ont tous leurs crins. M. le garde des sceaux les a tous fait venir de l'île de Métélin, une de celles de l'Archipel. Ces 19 petits chevaux sont destinés pour Mer le duc de Bourgogne. Il y en a beaucoup de cette taille dans l'île; ils sont sauvages et on les prend dans des filets. Ceux-ci jusqu'à présent, au moins quelques-uns, paroissent assez difficiles. Il ont été mis à la petite écurie. M. le Premier en a choisi six qu'il a fait mettre à une petite calèche avec un cocher d'environ douze ans, et un postillon à peu près du même âge. Il les a fait voir aujourd'hui à la Reine, de sa fenêtre sur la terrasse.

Il paroît que si M. de Moranzel accepte Marly, la place de Fontainebleau est destinée à M. Hazon. Tous les grands contrôles, comme je l'ai dit ailleurs, sont de 6,000 livres: Paris, où il y en a deux, le Louvre et les Tuileries; Versailles, où il y en a deux, le château et les dehors, Marly, Meudon, etc. Il y a des contrôles de moindre valeur : SaintGermain, Chambord, etc. Il y en avoit un anciennement

à Monceaux; mais comme il n'y a rien à faire, ou du moins très-peu de chose, on l'a réuni au contrôle de Saint-Germain. On donne pour cela 1,500 livres à M. de Lassurance, outre les 1,000 écus qu'il a comme contrôleur de Saint-Germain. On sait que M. de Marigny, directeur général des bâtiments, est celui de qui tout dépend. Immédiatement au-dessous de lui est M. Gabriel, premier architecte. Il y a une place d'architecte ordinaire que l'on croit qui sera donnée à M. Soufflot, qui est fort estimé de M. de Marigny, et qui a été à Rome avec lui. Ce M. Soufflot est actuellement chargé de la construction de la nouvelle église de Sainte-Geneviève. Outre le premier architecte et l'architecte ordinaire, il y a trois intendants des bâtiments et trois contrôleurs généraux; les trois premiers sont MM. Billaudel, de Cotte et Hazon; celui-ci est contrôleur de l'École Militaire. Les trois contrôleurs généraux sont M. Gabriel, qui a conservé cette place quoique premier architecte, M. d'Isle et M. Mollet. Il y a outre cela un contrôleur des Invalides, mais il est payé sur le fond des Invalides et dépend du secrétaire du département de la guerre.

Du vendredi 19, Versailles. — Il y a quatre ou cinq jours que Mme la comtesse de Brionne accoucha à Paris d'une fille.

Il y a trois jours que M. Lieutaud a été déclaré médecin des enfants de France. Il avoit été appelé en consultation dans la petite vérole de Mer le Dauphin; il est regardé comme très-habile; il étoit médecin de la charité de Versailles.

Le Roi partit avant-hier au soir d'ici pour aller faire médianoche à Choisy; il arrive aujourd'hui à Fontainebleau. La Reine partira demain avec Mesdames.

Avant-hier, il y avoit ici à l'ordre un mousquetaire noir dont la grande volonté pour le service mérite d'être remarquée; c'est M. de Courtomer. Il avoit acheté la compagnie des gendarmes anglois, et en cette qualité il a

commandé la gendarmerie. Il eut une attaque d'apoplexie il y a quelques temps; sa famille et ses amis le crurent hors d'état de continuer le service; ils lui persuadèrent de vendre sa compagnie; il se rendit à leurs pressantes sollicitations. Sa santé étant rétablie, il a été au désespoir d'avoir quitté le service, et pour y rentrer il a demandé à être mousquetaire. Il y a grande apparence que le Roi ne laissera pas longtemps son zèle sans récompense.

M. de Senozan est conseiller d'État à la place de M. Chauvelin; M. de la Galaisière a la place de conseiller d'État ordinaire; M. d'Auriac (1) est continué premier président du grand conseil. M. de Bacquencourt (2), conseiller au grand conseil, a permission de consigner pour être maître des requêtes.

Il est arrivé à Cadix trois vaisseaux, deux de la VeraCruz et un de Carthagène; leur chargement est estimé 600,000 piastres.

M. le duc de Duras arrive à Paris demain ou après-demain.

Le P. Ravago, jésuite, qui avoit été nommé confesseur du roi d'Espagne peu de temps après son avénement à la couronne, fut remercié le 30 du mois dernier. Le roi d'Espagne a nommé pour remplir cette place dom Manuel Quintano Bonifaz, grand inquisiteur, qui refusa il y a quelque temps l'évêché de Cordoue. Le roi d'Espagne a conservé au P. Ravago les honneurs qui sont attribués aux confesseurs, le carrosse que le Roi lui entretient, ses entrées au palais et la place qu'il avoit de conseiller au conseil suprême de l'Inquisition. Il y a grande apparence que les jésuites auroient mieux aimé un traitement moins honorable et que la société eût conservé la place de confesseur du Roi. Le roi d'Espagne paroît être mécontent

(1) Guillaume Castanier d'Auriac, conseiller d'État ordinaire.

(2) Dupleix de Bacquencourt.

des jésuites. On sait que cette société s'est livrée avec zèle au travail des missions et y a fort bien réussi, principalement dans le Paraguay. Une expérience d'un grand nombre d'années a fait connoître aux missionnaires que plus les nouveaux chrétiens avoient de commerce avec les Européens et plus il étoit difficile de les affermir dans la foi. Les mœurs déréglées et licencieuses de ceux qu'ils voyent professer la même croyance les scandalisent et leur font penser que la religion n'est pas aussi sainte qu'elle l'est en effet ; ils ne font pas la distinction de la pureté du dogme avec les abus de la pratique. Cette expérience a déterminé les jésuites à désirer qu'aucun étranger n'entre dans le Paraguay qu'avec leur agrément. Ils se sont chargés de la conduite de ce pays, de l'agrément du roi d'Espagne, et ont grand soin de lui faire payer exactement toutes les sommes qu'il a coutume d'en tirer. Cette conduite a maintenu les habitants du Paraguay dans une grande ferveur, mais elle excite depuis longtemps la jalousie contre les jésuites. Il y a quelques années que le roi d'Espagne et le roi de Portugal ayant eu quelques contestations par rapport à leurs possessions dans l'Amérique méridionale, sont convenus d'un partage de ces contrées, mais il s'est trouvé de grandes difficultés dans l'exécution. Les habitants soumis aux Espagnols n'ont point voulu passer sous la domination des Portugais. Ceux du Paraguay, en particulier, font une grande résistance, ce qui déplaît infiniment au roi d'Espagne, et il attribue cette résistance aux jésuites.

On trouvera ci-après l'arrêt du Parlement d'avant-hier.

Les chambres ont enregistré l'édit de continuation du droit de 4 sols pour livre et arrêté qu'il sera fait au Roi une députation en la forme ordinaire, à l'effet de l'assurer du zèle avec lequel son parlement s'empressera toujours de concourir au succès des vues dudit seigneur Roi pour le soutien de sa gloire personnelle et la défense de l'État, et le supplier de considérer comme un effet du même zèle les réprésentations que son Parlement ne pourra se dispenser de lui faire, lorsque les circonstances le permettront, à l'effet d'obtenir dudit seigneur Roi

la suppression desdits droits, conformément aux intentions de bonté qu'il a toujours marquées à son Parlement pour le soulagement de ses peuples. A l'effet de quoi les gens du Roi ont été chargés de savoir le jour et l'heure que S. M. voudra bien recevoir la députation.

Du samedi 20, Dampierre.

On trouvera ei-après l'extrait des lettres que je recevrai de Fontainebleau pendant le voyage.

De Fontainebleau, le 19.

Le Roi est arrivé après avoir pris un cerf; le second a été pris à Villeroy où le Roi n'a point été; il est revenu ici manger des œufs chez Mme de Pompadour à sa maison; le Roi court demain avec les petits chiens.

Le Roi a dans son petit cabinet un meuble blanc brodé de vert rehaussé d'or. On a doublé le logement du capitaine des gardes. On a mis M. de Livry où étoit le conseil et le conseil où étoit M. de Livry. M. le comte de Gramont a vendu 40,000 livres son régiment à M. de Boufflers le menin; M. le comte de Gramont a une promesse d'être fait maréchal de camp.

De Fontainebleau, le 20. La Reine est arrivée ici avant six heures; elle a été près d'une heure et demie au dîner, qui a été fait sur le grand chemin entre la croix et la vieille poste. Le Roi s'est trouvé dans la chambre de la Reine pour la recevoir.

Du 21. Je viens d'apprendre que M. du Quesne, qui commandoit en Canada et qui a été relevé par M. de Vaudreuil, est arrivé à Brest par la frégate la Gloire, après avoir fait une très-longue route par Terre-Neuve, chemin assez difficile et dangereux, mais qu'il connoissoit; il n'a point été inquiété dans sa route, et il ne savoit rien de l'affaire de M. de Contrecœur. Il dit que les habitants du Canada sont enchantés des secours qu'on leur envoie; qu'ils marquent la plus grande volonté du monde et qu'ils ne demandent qu'à combattre. Ce n'est qu'hier au soir que M. de Machault a rendu compte au Roi de cette nouvelle.

Du 22. - On apprit hier que le vaisseau le Dauphin, de la compagnie des Indes, est arrivé à Brest très-richement chargé.

M. de Moranzel n'a point voulu du contrôle de Marly; il reste ici, et c'est M. Soufflot à qui on l'a donné. On l'a présenté ce matin à la Reine. M. de Montmorin le fils a eu aujourd'hui les entrées de la chambre comme gouverneur de Fontainebleau.

Mme la baronne de Breteuil est accouchée d'un garçon.

Du mardi 23, Dampierre.

Il y a environ deux ou

trois mois qu'on avoit choisi ce qu'on appelle une cham

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