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tion des esprits en faveur de la France; car lorsque les prisonniers arrivèrent dans des chaloupes, il y eut dans la flotte beaucoup de cris de Vive le roi de France! et l'on avertit le commandant françois de la route qu'il devoit tenir pour s'en retourner et ne pas rencontrer d'autres vaisseaux anglois qui pourroient l'insulter, parce qu'il n'avoit point de passe-ports. Malgré ces précautions qui furent prises par le commandant françois, il trouva deux bâtiments anglois qui le poursuivirent jusque sur nos côtes; il ne put même entrer dans le port de Brest, il fut obligé de relâcher dans un port à huit ou dix lieues de cette ville.

Depuis quelques jours il y a eu un de nos vaisseaux pris par les Anglois ; il se nomme l'Espérance, il étoit percé pour 73 canons et n'étoit armé que de 22. Il a été pris dans la Manche, après s'être défendu pendant plus de quatre heures contre l'amiral Wef; il étoit même au moment de prendre ce vaisseau amiral, qui heureusement fut secouru à temps par un autre vaisseau de la même escadre. Ce vaisseau, commandé par M. de Bouville, revenoit de Québec, où il étoit resté depuis le retour de M. Dubois de La Mothe. Les Anglois l'ont conduit à Plymouth. Comme ce vaisseau étoit fort vieux et criblé de coups on y a mis le feu après avoir retiré les agrès.

J'ai parlé du Te Deum chanté dimanche dernier à Paris. Le Clergé s'y rendit en corps avec les cérémonies ordinaires; le Parlement y étoit en place, le conseil y étoit aussi, la chambre des comptes, etc. On ne pouvoit pas dire que ce fût le conseil en corps, mais le chancelier, le garde des sceaux et plusieurs conseillers d'État. Le Clergé fit les révérences de cérémonie suivant l'usage. Le Parlement et la chambre des comptes se levèrent lorsque le Clergé fit les révérences de cérémonie suivant l'usage. Le Parlement et la chambre des comptes se levèrent lorsque le Clergé entra, et répondirent à ses révérences aussi suivant l'usage. Le chancelier, le garde des

sceaux et les conseillers d'État ne se levèrent point et ne répondirent que par un signe de tête. Cette singularité a donné occasion à des représentations du Clergé, qui ont été faites par M. le cardinal de La Rochefoucauld. Je marquerai ce qui aura été décidé; mais il y a lieu de croire que cette manière de recevoir les révérences du Clergé est une suite de ce que j'ai détaillé ci-dessus au sujet de la visite de cérémonie rendue au conseil chez M. le chancelier par le Clergé, et sur laquelle le Roi a accordé la provision au Clergé. Je renvoye à cet article où l'on trouvera la différence entre une députation du Clergé et le corps du Clergé. Il y a plus, c'est que lorsque la dépu tation du Clergé apporte à M. le chancelier et au conseil les comptes du temporel du Clergé, on peut dire en quelque manière que le Clergé paroît alors devant ses juges. Au lieu que lorsque le Clergé vient en corps apporter au conseil le contrat qu'il vient de faire avec le Roi, il n'est plus question de juges ni de jugement, c'est le premier ordre de l'État auquel le souverain permet en quelque manière de traiter avec lui, et dans ce cas le conseil n'est que le ministère public à qui le Roi a donné ses pouvoirs pour donner la dernière forme au contrat du Clergé; par conséquent, si le conseil est en droit de ne pas se lever dans le premier cas, il paroît démontré qu'il doit se lever dans le second..

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DÉCEMBRE.

Dépenses pour la guerre et la marine.

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Transport de la statue du Roi de Lunéville à Nancy. Nouvelles diverses. Brochure sur les affaires du Parlement et du Grand Conseil.

velles d'Angleterre.

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Arrêté du Parlement, Nou.

Abondance de l'argent à Paris. - NouL'archevêque de Sens élu à l'Académie des sciences; le président Hénault élu à l'Académie des inscriptions, et belles-lettres. Lettre circulaire du clergé aux évêques. velles d'Amérique. - Armements de l'Angleterre. Détails sur le tremblement de terre. Présentation des députés de Lorraine. Ordonnance pour l'augmentation de la cavalerie. L'artillerie et le génie réunis en un seul corps. Difficultés.

Baptême des cloches de Saint-Louis de Ver

sailles.

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Morts. Pertes du commerce à Lisbonne.

au Parlement. Mort de Mlle Briçonnet.

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Audience du Roi - La chambre des comptes de Montauban refuse de recevoir un président nommé par le Roi. - Résistance du parlement de Dijon à la déclaration du Roi relative au Grand Conseil. Mort de M. d'Avaucourt. -Changements dans les contrôles. Pensions à Mme des Alleurs et à la maréchale de Lowendal. Divers mariages du maréchal et de la maréchale de Lowendal. — Tapisseries des Gobelins. Contestation entre le comte de Charolais et le prince de Conty à propos de chasse. Le comte de Dunois nommé mestre de camp. Lettre de la Reine. Mort de Mme de Belloy. Projet d'hôpital. Difficultés pour le fauteuil pour les gens titrés chez les princesses du sang. Le maréchal de Belle-Isle nommé commandant des côtes depuis Dunkerque jusqu'à Bayonne. Le tremblement de terre.

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Du lundi 1er, Dampierre. On trouvera ci-après l'extrait d'une lettre que je reçois de Versailles du dernier novembre.

M. de Séchelles dit hier que depuis le commencement de l'année, il avoit porté au Roi le bordereau de l'argent comptant qu'il avoit donné pour la guerre et la marine, et que cela alloit à 100 millions; cela est bien considérable, mais iln'est pas au bout pour les dépenses. M. d'Argenson rendit compte hier à la Reine que le Roi avoit donné à Mme la maréchale de la Mothe 8,000 francs de pension.

Copie de deux bulletins de Lunéville, du 17 et du 20 novembre, sur ce qui s'est passé dans le transport de la statue du Roi à Nancy.

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La statue pédestre de Louis XV partit le 16 de Lunéville, à huit heures et demie du matin, et arriva à Nancy vers les huit heures du soir sans accident. Elle étoit tirée par 32 chevaux et avoit à passer deux ponts sur la Vezouze, un sur le Panon, et deux sur la Meurthe, avec beaucoup de pontceaux sans que rien ait fléchi sous cet énorme poids. Beaucoup de monde à pied et à cheval l'a conduite à sa sortie de Lunéville. Les habitants des villages et toute la ville de Rozières sont venus au passage en si grand nombre que les voyageurs ne pouvoient passer. M. de la Galaisière se rendit hier exprès à Nancy pour donner les ordres nécessaires et relatifs à la cérémonie de l'érection le 26, que l'on veut rendre la plus éclatante et la plus auguste qu'il sera possible.

Du 20 novembre.

J'ai marqué que le 16 la statue pédestre de Louis XV partit de Lunéville à huit heures et demie du matin et arriva le soir à huit heures à Nancy sans accident. Elle y arriva en effet jusqu'à la porte Saint

Georges, mais comme il fallait toute la largeur de la porte pour son entrée dans la ville, on ne l'y introduisit que le lendemain matin, et on se disposa pour l'élever. Le 18, à midi, elle fut posée sur son piédestal à demeure; et de quatre Vertus qui devoient être sur les degrés, une à chaque angle, il y en avoit déjà trois de posées. Le même jour nous reçûmes la nouvelle des heureuses couches de Mme la Dauphine, à l'occasion desquelles on a chanté aujourd'hui un Te Deum dans la chapelle du château dé Lunéville. Si le beau temps qui commence aujourd'hui continue à nous favoriser, la fête du 26 à Nancy sera belle, et il se fait et pour le public et pour le particulier des préparatifs étonnants.

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Du mardi 2, Dampierre. On trouvera ci-après les nouvelles que je reçois de Versailles d'hier, 1er du mois.

Le régiment du Roi étoit dans le milieu de la place à Nancy, il a gagné son procès contre les gardes du roi de Pologne.

Vous savez que M. de Launay a trois filles, sa femme étoit fort amie de M. d'Angervilliers. Les trois filles sont Mme d'Atis; Mme de Toulougon et Mme de Villette. M. de Villette est trésorier de l'extraordinaire des guerres, charge qu'avoit M. de Launay son beau-père. Il avoit une fille mariée à M. de Roissy, neveu de Duvernay, elle vient de mourir aussi bien que son mari, et une autre fille mariée à M. le marquis de Prie. M. et Mme de Villette se sont brouillés et se séparent. M. de Villette donne 25,000 liv. de pension à sa femme, lui laisse ses diamants et les meubles de son appartement; elle ira loger où elle voudra. M. et Mme de Prie restent avec M. de Villette. Mme de Villette est fort amie de M. de Luxembourg, de Mme de la Marck, et de Mme de la Vallière, qui alloient souvent souper chez M. de Villette. M. le prince de Conty a travaillé ce matin avec le Roi. Mme de Baschi (1) a écrit à Mme de Pompadour, mais elle n'entre dans aucun détail; le peu qu'elle dit fait horreur. M. Rouillé n'a eu qu'une lettre qui le renvoie à un premier détail qu'il n'a pas reçu; il compte n'en avoir que samedi prochain.

Le Roi a décidé que le conseil se lèvera pour le Clergé.

- Mme de Langheac vient

Du vendredi 5, Dampierre. de mourir. Son père et sa mère étoient Melun. Elle avoit des biens considérables; en épousant M. de Langheac, elle lui avoit donné par son contrat de mariage la jouis

*- (1) Femme de l'ambassadeur de France à Lisbonne.

sance d'une partie de ses biens pendant la vie du mari, mais il en revient dès à présent beaucoup aux deux filles du premier mariage (1); on estime que l'aînée aura 40,000 livres de rentes et la cadette 20.

J'ai marqué ci-dessus qu'il y a eu une difficulté à Nancy pour le Te Deum entre M. l'évêque de Toul et M. le primat de Lorraine. On me mande que cette affaire a été accommodée par un mezzo termine : l'un a officié un jour et l'autre l'autre.

Du samedi 7, Dampierre. - Il paroît depuis deux jours une brochure qui contient tous les arrêts et arrêtés du Parlement faits à l'occasion des contestations de ce tribunal avec le grand conseil, et le discours de M. le premier président au Roi en lui présentant les remontrances et les remontrances. Ce qu'il y a de singulier, c'est que dans le même temps que cette brochure imprimée se répand dans le public et que le Parlement, vraisemblablement n'est pas fâché qu'elle y paroisse, on publie un arrêt du Parlement qui supprime cette brochure et ordonne que tous les exemplaires en seront apportés au greffe de la Cour. Les remontrances sont bien écrites et supposent un grand travail et beaucoup de recherches, mais elles sont longues. Elles contiennent 128 pages petit in-12 (2). L'objet est de faire voir les prérogatives du Parlement, le frivole des prétentions du grand conseil et l'abus qu'il fait de ses prérogatives et priviléges. Du lundi 8, Dampierre.

On trouvera ci-après l'ex

(1) Elle avoit épousé en premières noces un petit M. de Melun que j'ai vu colonel du régiment Royal-Piémont. Je l'ai vu fort peu riche; il le devint par la mort de M. le duc de Melun auparavant prince d'Épinoy, tué à Chantilly par un cerf; M. le duc de Melun lui laissa tout son bien, Mme de Langheac qui vient de mourir a eu de son mariage avec feu M. de Melun deux filles; l'une est Mile de Melun qui est actuellement à Versailles avec Mme de Marsan. La cadelte est à Lyon avec une Mme de Melun qui est abbesse. (Note du duc de Luynes.)

(2) Les remontrances sont imprimées chez l'imprimeur du Parlement. (Note du duc de Luynes )

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