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au plus dans le cas d'une maladie sans ressource, et par conséquent encore moins pour prévenir un mal dont on a à la vérité le germe en soi, mais que l'on n'aura cependant jamais étant par quelque autre accident prévenu de la mort avant l'âge où le germe de cette maladie devroit éclore suivant l'ordre de la Providence, et qu'ainsi c'est risquer de faire mourir à cinq ans (pour donner un exemple) celui qui auroit la petite-vérole à cinquante, mais qui mourra à quarante-cinq d'une autre maladie ou par quelques accidents.

M. d'Ormesson mourut avant-hier au soir; il avoit soixante-quinze ans et étoit malade depuis deux ans ; à la suite de cet état il est mort d'apoplexie. Il étoit frère de feu Mme la chancelière Daguesseau. M. d'Ormesson avoit épousé une fille de feu M. de la Bourdonnaye, sœur de celui d'aujourd'hui ; elle est encore vivante.

M. d'Ormesson qui vient de mourir étoit conseiller d'État ordinaire et au Conseil Royal, intendant des finances et chef du conseil de la maison de Saint-Louis de SaintCyr; c'étoit un magistrat éclairé, sage et vertueux. Il avoit eu une fort belle figure quoiqu'elle ne fût pas fort animée. Il laisse plusieurs enfants. M. d'Amboisle est son fils aîné; il a épousé Mlle du Tillet dont la mère est d'Ormesson. M. d'Amboisle a depuis deux ans la survivance de la place de chef du conseil de Saint-Cyr et l'exerçoit avec son père. M. d'Ormesson laisse encore quatre autres enfants; l'un est le président d'Ormesson qui a épousé Mlle Lucas, fille d'un homme de robe très-riche; l'autre est le chevalier d'Ormesson, chevalier de Malte, qui a été longtemps exempt des gardes du corps et qui a quitté ; il y en a un troisième qui est abbé et une fille qui a épousé M. de Barentin, intendant d'Orléans.

Du lundi 22, Dampierre. - On trouvera ci-après la copie d'une lettre que je reçois de Brest, du 12.

On vient de recevoir des nouvelles de M. de Perrier par un bâtiment anglois dont cet officier s'est emparé, le 26 février, par le 47° de

latitude et par le 5o de longitude sur le méridien de l'île de Fer. Ce bâtiment, qui est environ du port de 150 tonneaux, est entré d'hier au soir, 11 mars, dans la rivière de Morlaix, qui est un petit port à dix lieues d'ici. Le pilote qui avoit été chargé d'amariner cette prise, écrit par l'ordinaire de ce matin à M. le comte du Guay, commandant la marine à Brest, pour lui apprendre sa relâche et lui rendre compte qu'il a laissé l'escadre à cent cinquante lieues environ dans l'Ouest-Sud-Ouest d'Ouessant avec bon frais pour continuer sa route.

On continue à armer avec la même diligence les vaisseaux le Héros, le Léopard et l'Illustre. Ces bâtiments, chargés de six mois de vivres, n'auront que leur seconde batterie. Le premier sera prêt pour aller en rade le 14, et les deux autres ne tarderont pas à l'y suivre. La Sirène, la Licorne et la Sauvage, frégates de 30 canons, paroissent désignées pour avoir une mission commune avec ces autres bâtiments. La première de ces frégates est déjà en rade depuis trois jours. La destination de ces vaisseaux ne paroît plus douteuse depuis que les ordres de la Cour pour recevoir les deux bataillons de la Sarre et de RoyalRoussillon sont arrivés dans ce port. On dispose ici les casernes de la marine pour le logement de ces troupes, et quoique les deux bataillons de ces deux régiments aient ordre de venir à Brest, il n'y aura cependant que les seconds bataillons qui s'embarqueront.

Les ordres qui ont été donnés pour l'embarquement des troupes sont que le premier régiment arrivera ici le 22, qu'il y passera la nuit, et que le second bataillon, destiné à passer sur les vaisseaux de transport, s'embarquera le 23 pendant que le premier s'en retournera sur ses derrières pour laisser les logements au second régiment qui doit arriver le 24; celui-ci fera le même mouvement le lendemain de son arrivée, et le 25 les deux bataillons se trouveront sans tumulte et sans confusion entièrement établis à bord. Après cette opération, le départ du convoi ne pourra plus être retardé que par les vents. Les vaisseaux se rendront à leur destination sous la protection de leur seconde batterie. Et si ce moyen de faire passer des troupes dans le Canada n'est pas tout à fait exempt d'inconvénients, c'est au moins celui qui paroît préférable dans l'état présent où est la marine de France et le plus favorable au projet qu'on a de la rétablir.

Les lettres de Saint-Malo, de l'ordinaire de ce matin, rapportent que les Anglois se sont emparés en Amérique de dix bâtiments qui avoient fait voile du Cap pour revenir en France et d'un vaisseau négrier qui revenoit de la côte de Guinée avec une cargaison de 500,000 fr. pour le compte de M. Houdet. La frégate la Pomone, commandée par M. de Saurcin, partie du port de Toulon pour l'Amérique l'année dernière et dont on étoit en peine, mouilla heureusement sous Belle-Isle hier matin; les difficultés de rentrer dans la Méditer

ranée ou les vents qui peuvent l'avoir contrariée dans sa navigation lui ont fait préférer sans doute les ports du Ponent à celui dont elle avoit été expédiée. On présume qu'elle profitera des premiers vents pour gagner Rochefort. On travaille toujours à l'armement de l'escadre de M. de Conflans. Les vaisseaux L'Arc-en-Ciel, le Superbe, le Bienfaisant et le Sphinx sont en rade; ce général se propose toujours d'y aller du 18 au 20; les autres bâtiments seront prêts pour le même temps. On attend ici mercredi prochain, 18 du courant, M. le marquis de Curzay; cet officier vient présider à l'embarquement des troupes.

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Dumardi 23, Dampierre. J'ai parlé au 17 mars (p. 464) de la place d'adjoint de M. de Moras; c'est le premier exemple d'un adjoint à la place de contrôleur général. L'adjoint, faisant toutes les mêmes fonctions que le contrôleur général, a une commission comme lui, car cette place n'est qu'une commission, et il doit être reçu comme lui à la chambre des comptes, sans quoi ses signatures ne feroient point foi à ladite chambre. On n'a pu trouver aucun modèle à suivre pour cette commission; il a fallu composer une formule nouvelle.

J'ai oublié de marquer que Mme d'Oppède fut présentée le dimanche 14 par Mme de Janson (Nicolaï). Mme d'Oppède est fille de M. de Beaussan, intendant d'Orléans, et elle avoit épousé en premières noces son cousin germain, fils de M. de Beaussan, écuyer du Roi et de Mlle de Marescot, aussi cousine germaine de son mari. L'écuyer du Roi étoit frère de l'intendant.

On trouvera ci-après l'extrait d'une lettre de Madrid, du 8 mars 1756.

Les nouvelles de Lisbonne continuent d'être assez favorables, et il paroît que le terrain se raffermit. M. de Baschi m'écrit du courrier dernier qu'il comptoit aller bientôt habiter sous des toits, ayant fait réparer sa maison. Suivant les détails que j'ai appris de gens qui viennent de ce pays, qui s'y sont trouvés pendant les malheurs et qui en ont examiné avec attention les circonstances, il y a péri aux environs de 50,000 âmes, quoiqu'on ait affecté de débiter à la Cour, pour éviter de chagriner le roi de Portugal sur un mal sans remède, qu'il n'étoit question que de 8 à 12,000.

Mme de Bauffremont (Courtenay) fit, le 12, ses révérences; elle n'avoit point paru à la Cour depuis la mort de M. de Bauffremont, son mari.

M. de Durfort, qui étoit aide-major dans les gardes du corps et qui s'est retiré depuis quelques jours, vient d'être nommé mestre de camp à la suite du régiment DauphinCavalerie.

M. des Issars a obtenu la place de colonel dans les grenadiers de France qu'avoit M. de Chabot. M. des Issars étoit sous-lieutenant dans le régiment du Roi-Infanterie. C'est le fils de celui qui a été ambassadeur à Dresde.

Mme de Vernicourt mourut le 12 à Paris; elle étoit Chaillou en son nom. M. de Vernicourt est maréchal de cam.

M. de Trudaine fit signer avant-hier le contrat de mariage de son fils avec Me de Périgny. Me de Périgny n'a rien actuellement que 6,000 livres de pension que lui donne Mme Chamillart; elle aura, dit-on, 200,000 livres de rente, étant seule héritière de sa mère, qui est fille de M. de Courson, conseiller d'État, et sœur de M. de Morvau qui n'a point d'enfants et de Mme de Gourgues qui en a plusieurs. Mme de Périgny est héritière de Mme de Solon et de Mme la comtesse de Chamillart. M. de Périgny a beaucoup joué et mangé tout son bien; il a son père et sa mère en Bourgogne, qui sont riches; il est maître des requêtes.

M. de Trudaine remercia en même temps pour la place de conseiller au Conseil Royal qui vient de lui être donnée. Cette place étoit vacante par la mort de M. d'Ormesson. La place de conseiller d'État qu'avoit aussi M. d'Ormesson a été donnée à M. de Moras, et la place de chef du conseil de Saint-Cyr est remplie par M. d'Amboisle, fils de M. d'Ormesson, qui en avoit la survivance depuis deux ans et qui l'exerçoit avec son père, comme je l'ai dit. La place d'intendant des finances qu'avoit M. de Moras a été donnée à M. de Beaumont, qui a été intendant à Besançon et qui l'étoit actuellement à Lille. Il est neveu de M. de Séchelles;

on en dit beaucoup de bien; il est fort doux, fort poli et entend bien les affaires. M. de Séchelles avoit gardé jusqu'à présent sa place de conseiller d'État ; elle vient d'être donnée sur sa démission à M. Chauvelin, ci-devant intendant de Picardie (1). L'intendance de Lille est donnée à M. de Caumartin, qui étoit intendant de Metz, et l'intendance de Metz est donnée à M. de Bernage, intendant de Moulins.

Mme Roujault, belle-mère de M. le chancelier, est morte; elle étoit fort âgée et malade depuis longtemps. M. le chancelier, qu'on appeloit alors M. de Blancmesnil, né le 8 mars 1683, avoit épousé en premières noces Me d'Aligre, sœur du président à mortier; elle mourut sans enfants le 8 janvier 1714. M. de Blancmesnil épousa en secondes noces Mile Roujault, fille du seigneur de Villemain, maître des requêtes, qui avoit été intendant de Berry, de Hainaut, de Poitou et de Normandie. Elle mourut le 2 novembre 1734, laissant un fils, qui est M. de Malesherbes, dont la femme est Grimod de la Reynière, trois filles mariées : Mme de Beuzeville, Mme de Senozan et Mme d'Auriac, et une fille religieuse, aux Filles Sainte-Marie. Mme Roujault étoit Maynon en son nom.

M. le maréchal de Tonnerre m'a mandé aujourd'hui la mort de sa sœur, Mme de Courtivron; il l'avoit engagée à venir à Paris; elle demeuroit toujours en Bourgogne. A la mort de Mme la maréchale de Tonnerre, elle s'étoit mise dans le couvent des filles de Miramion en attendant qu'elle pût venir se loger avec son frère, et c'est dans ce couvent qu'elle est morte. M. de Courtivron étoit président à mortier de Dijon. Elle a un fils qui a été capitaine dans le régiment Mestre-de-camp-cavalerie et qui s'est marié par inclination; sa femme est morte sans enfants.

(1) Frère de l'abbé Chauvelin, conseiller au Parlement, et du chevalier Chauvelin ci-devant envoyé du Roi à Gênes et présentement ambassadeur à Turin. (Note du duc de Luynes.)

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