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a permis à M. le maréchal de Noailles de se démettre de ce gouvernement, et l'a donné à M. le duc d'Ayen. S. M. a aussi accordé au comte d'Ayen, mestre de camp du régiment de Noailles-Cavalerie, âgé d'environ quinze ans et fils aîné de M. le duc d'Ayen, la survivance de ce même gouvernement.

J'ai marqué la mort de M. de Chabannes, grand-croix de Saint-Louis, c'est-à-dire ayant la plaque ; cette plaque vaut 3,000 livres de revenus de plus que le cordon. Le Roi vient de la donner à M. le marquis de Créquy, lieutenant général et commandeur de cet ordre; et le cordon qu'avoit M. de Créquy a été donné à M. le comte de Coëtlogon, lieutenant général.

Mme de Sabran (La Jaille) mourut à Paris le 23 décembre dernier, âgée d'environ quarante-cinq ans. Son mari est major de la gendarmerie.

M. de Nicolaï, premier président de la chambre des comptes, vient de perdre son fils aîné ; il est mort à Paris âgé de vingt ans. C'étoit un jeune homme qui donnoit beaucoup d'espérances et promettoit beaucoup. On sait que Mme de Nicolaï est fille de M. du Luc et sœur de M. de Vintimille.

Il y a trois ou quatre jours que le gouvernement de Brest, dont M. de Chazeron avoit donné sa démission lorsqu'il a eu celui de Verdun, a été donné à M. le marquis de Langeron, frère de Mme de Bissy, et qui a épousé M11e de Menou, sœur de Mmes de Lambert et de Jumilhac.

Du mercredi 8. — Je n'ai rien marqué sur les affaires du Parlement depuis la réponse du Roi à M. le premier président; on croyoit que cette réponse seroit enregistrée sur-le-champ, mais elle ne l'a point été, sur le prétexte que les procédures arrivées d'Orléans faisoient un volume considérable, et qu'on n'avoit pas eu le temps de les examiner. On trouvera ci-après l'extrait d'une lettre que je reçus hier d'une personne fort sensée et de beaucoup d'esprit,

Vous savez que l'on n'a pas voulu faire registre de ce que M. le premier président a rapporté de la part du Roi; on veut examiner les procédures.

Dès le lendemain ou surlendemain de la réponse du Roi à M. le premier président, on sut que M. l'evêque d'Orléans avoit reçu une lettre de cachet avec ordre de se rendre à Meung-sur-Loire, à quatre lieues d'Orléans, où est sa maison de campagne. Il y a ici actuellement dans la maison des missionnaires de Notre-Dame, l'archidiacre d'Orléans et un autre ecclésiastique du même chapitre qui ont été décrétés de prise de corps; il y a aussi deux prêtres de la paroisse de Saint-Étienne du Mont. L'archidiacre d'Orléans étoit à l'extrémité avant-hier.

Mme de Talleyrand se trouva mal à la messe de la Reine vendredi. Elle a été saignée et a pris de l'émétique. La petite vérole se déclara hier matin; elle fut transportée l'après-midi dans la maison de M. de la Suze, son frère, qui est dans l'avenue de Saint-Cloud.

Du jeudi 9, Versailles. Voilà les nouvelles qu'on vient de m'envoyer de Paris sur les affaires présentes.

A Paris le 9 janvier 1755.

Ce jourd'hui les chambres assemblées, M. le premier président a dit que l'intention du Roi dans ses derniers ordres n'est d'arrêter les poursuites sur les refus de sacrements que relativement aux personnes des évêques et non aux curés, vicaires et autres prêtres.

En conséquence, il a été arrêté par les chambres de faire registre des deux récits de M. le premier président, l'un du 30 décembre dernier et l'autre de ce jourd'hui et que les chambres se rassembleront mercredi prochain au sujet de l'affaire de Troyes, relativement aux curé et vicaire qui y sont impliqués.

Le Parlement vaquera à cause du froid demain et samedi.

Mme de Fontenille est morte à Paris depuis deux jours; elle étoit très-vieille et logeoit aux Incurables. Elle laisse trois garçons M. le marquis de Rambures, qui a épousé Mile de Vérac; M. l'évêque de Meaux, premier aumônier de Mme Adélaïde, et M. de Fontenille, qui a été marié deux

fois; il avoit épousé en premières noces Me Duché, et en secondes noces il a épousé Mme Ogilvy.

Il y eut hier un mariage à Paris; M. de Sauzey, lieutenant aux gardes, qui a près de Lyon un fort beau château qui fut brûlé l'année dernière, épousa Mule de Vauchelle, que l'on dit être fort jolie. On lui donne 100,000 livres à présent, et on prétend qu'elle aura encore outre cela beaucoup de bien. Sa mère, Mme de Vauchelle, avoit une figure fort agréable; c'est elle à qui on avoit coupé le pied. Elle étoit fille de M. Le Gendre qui a été longtemps fermier général (1).

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Du vendredi 10, Versailles. M. le duc d'Ayen a demandé ce matin l'agrément du Roi pour le mariage de M. le comte d'Ayen, son fils aîné, avec la fille de M. de Fresne, conseiller d'État; c'est une riche héritière.

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Du mardi 14. Mme la princesse d'Elbeuf a présenté aujourd'hui Mme de Kerouart; elle est fille de Mme de Donges et sœur de feu Mme de Champagne, dame de Mme la Dauphine. M. de Kerouart, son mari, est Breton et héritier de feu M. de Coëtanfao. Elle a été présentée par Mme d'Elbeuf, parce que Mme d'Elbeuf (du Plessis-Bellière avoit épousé en premières noces M. de Coëtanfao (2).

M. de Séchelles vient d'être déclaré ministre. Le Roi l'a fait en même temps entrer au conseil; on sait qu'il

(1) Ce M. Le Gendre a encore outre cela un fils et une fille qui a épousé M. de Goville, capitaine aux gardes. Le fils est M. le président de Mainières. M. Le Gendre avoit quatre sœurs et un frère; les quatre sœurs étoient Mme Rosac, Mme Doublet, Mme Bosc et Mme la présidente Duret de Vieuxcourt. Le frère étoit un M. d'Aremy, qui à force de chercher la pierre philosophale a fait banqueroute; ce M. d'Aremy avoit fait bâtir, auprès des Capucines, une fort jolie maison, où a logé Mme la marquise d'Ancenis. M. Le Gendre avoit épousé Mlle Desvieux, dont la sœur Mme Ranchin est mère de Mine de La Chesnelaye. (Note du duc de Luynes.)

(2) M. de Kerouart a pris le nom de Coëtanfao, et sa femme a été présentée sous ce nom. (Note du duc de Luynes.)

n'y a pas d'autre forme. Le Roi fait avertir et entrer au conseil celui à qui il accorde cette grâce (1).

J'aurois du marquer plus tôt que les États de Provence ont donné 700,000 livres de don gratuit.

Du 14.

Il y a eu assemblée des chambres sur la dénonciation d'un refus de sacrement par M. le curé de Sainte-Marguerite, faubourg Saint-Antoine, à Milady Perth, sa paroissienne.

On prétend qu'elle a refusé de déclarer avoir été confessée par un prêtre approuvé. Messieurs du Parlement ont ordonné une information dans laquelle la malade sera entendue et, si besoin est, répétée dans sa déposition. Les chambres se rassembleront à cinq heures. M. le curé de Sainte-Marguerite est mandé pour s'y trouver et rendre compte de sa conduite.

Du 14 au soir.

Le curé de Sainte-Marguerite décrété de prise de corps; injonction au vicaire et autres prêtres de la paroisse et successivement de procurer à la malade les secours spirituels.

Du mercredi 15. - Sur l'information faite au sujet du refus de sacrements à milady Perth par les curé et porteDieu de la paroisse Sainte-Marguerite, faubourg SaintAntoine, les chambres assemblées ont décrété de prise de corps le porte-Dieu de ladite paroisse pour sa persévérance dans son refus, et avoir dit qu'il a des ordres de l'archevêque de Paris d'exiger la soumission à la Constitution et les billets de confession préalablement à l'administration des sacrements aux malades; qu'il ne connoît que lesdits ordres; et que son respect pour l'archevêque est tel, qu'il se feroit couper le col pour lui; qu'à l'égard de la dernière déclaration du Roi, elle mérite explication.

(1) Le Roi a envoyé avertir M. de Séchelles, qui a cru que c'étoit pour recevoir quelque ordre de Sa Majesté. M. de Séchelles a voulu se retirer dans le temps que le conseil d'État alloit commencer. Le Roi lui a dit de rester et de s'asseoir; il a dit en même temps à M. de Puisieux, M. de Saint-Florentin et Rouillé de se reculer, parce que M. de Séchelles est plus ancien conseiller d'État qu'eux, et c'est toujours cette ancienneté qui règle la séance en pareil cas. (Addition du duc de Luynes.)

Les chambres ont donné arrêt portant que les récollements (1) vaudroient confrontation sur la contumace contre Brunet et Meuriset, vicaires de Saint-Étienne du Mont, décrétés de prise de corps précédemment.

Du jeudi 16. J'ai oublié de parler de la mort de M. Royer, mort le 11 à Paris presque subitement; il étoit maître de musique de la chambre et des Enfants de France. Il avoit la direction de l'Opéra ; c'étoit un homme très-savant et qui avoit infiniment le goût du chant.

Il y a environ quinze jours qu'un Anglois nommé milord Montfort se tua d'un coup de pistolet à Londres. Il étoit jeune, riche et n'avoit aucun sujet de chagrin, mais il s'ennuyoit de vivre. C'est une maladie assez commune en Angleterre et surtout dans cette saison. Il envoya querir un notaire, fit son testament, fit passer le notaire dans son cabinet, et pendant ce temps il se tira un coup de pistolet dans la tête. Cette maladie s'appelle le spleen.

Dimanche 12, il arriva ici un accident sur la pièce des Suisses; cinq jeunes enfants de la ville s'avisèrent de vouloir danser sur la glace; il avoit commencé à dégeler, la glace cassa sous eux, ils tombèrent tous cinq dans l'eau. Deux furent noyés sur-le-champ; on retira les trois autres mais ils sont morts depuis.

J'ai marqué ci-dessus la retraite de M. l'abbé de Laville, du bureau des affaires étrangères; il ne songeoit nullement à y rentrer. Il n'a point de bien, mais il a deux abbayes dont une de 12,000 livres de rentes dont il ne jouit point actuellement à cause qu'il y a 40 ou 50,000 livres de réparations à y faire. Il menoit une vie douce et tran

(1) Procédure que l'on fait dans un procès criminel, lorsque l'on relit à un témoin la déposition qu'il avoit faite auparavant, pour voir s'il y veut persister, y ajouter ou diminuer. Le récollement se fait avant la confrontation. Un témoin ne peut plus varier après qu'on a fait le récollement, autrement il est puni comme faux témoin,

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