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jourd'hui. Elle est guérie et retourne aujourd'hui à Paris.

Du dimanche des Rameaux, 23 mars, Versailles. On a vu par ce qui est écrit ci-dessus la déférence de M. l'archevêque pour l'avis de ses confrères; je crois même avoir marqué qu'en conséquence il a mandé à plusieurs curés de Paris de venir lui parler. Ce qu'il leur a prescrit s'est dit en conversation, et il n'y a rien eu d'écrit. On n'imagineroit pas qu'un tribunal comme le Parlement se crût en droit de demander compte des conversations; il sembleroit que les principes dans lesquels il est devroient tout au plus le conduire à sé vir rigoureusement contre tout refus de sacrements, lorsque la raison de ces refus est le défaut de billet de confession ou le manque de soumission à la constitution Unigenitus; mais ils ont été plus loin; ils ont voulu pénétrer les plus secrètes 'pensées de M. l'archevêque et faire déclarer, en présence de toutes les chambres assemblées, ce que ce digne pasteur avoit dit à ses curés. Ils ont donc fait assigner tous les curés de Paris pour venir comparoître; plusieurs, par crainte ou par foiblesse, ont déféré à cette assignation et se sont présentés. Les uns ont dit qu'ils n'avoient pas été à Lagny; d'autres qu'ils avoient entendu une conversation, et qu'ils n'étoient pas obligés d'en rendre compte; mais quelques-uns ont dit tout ce qu'ils savoient. On a eu grand soin d'écrire ces dépositions. On en trouvera le détail ci-après.

Hier étoit un jour consacré au repos, à cause de l'anniversaire de la reddition de Paris (1); malgré cela, les chambres furent encore assemblées hier au soir, et l'on auroit interrogé encore des curés, s'ils n'avoient représenté qu'ils ne pouvoient s'absenter de leurs paroisses dans ce tempsci. On commence à croire que le Parlement en sait assez, et qu'il ne fera plus subir d'interrogatoire.

Mme la duchesse de Ruffec mourut avant-hier matin à

(1) Henri IV entra à Paris le 22 mars 1594,

Paris, rue de Bourbon, dans une petite maison de 1,800 livres de loyer qu'elle avoit prise parce que ses affaires étoient en fort mauvais état. Ce n'est pas qu'elle n'eût au moins 30,000 livres de rente, mais elle avoit été mal payée du côté de M. de Saint-Simon. On prétend qu'elle avoit fait beaucoup de remèdes pour sa santé qui lui avoient coûté fort cher. Elle avoit environ quarante-huit ans; elle étoit fille de feu M. le maréchal de Gramont et sœur de feu Mme de Gontaut. Elle avoit épousé, le 27 mars 1719, le prince de Bournonville, mort le 5 janvier 1725, et le 6 mars de cette même année, elle épousa M. le duc de Ruffec, fils aîné de M. de Saint-Simon. Elle avoit eu une figure très-noble et très-belle. On trouvera ci-après un détail de son testament.

Mme la duchesse de Ruffec laisse 20,000 francs à son intendant qu'il y a dix-huit mois qu'elle a. Elle fait sa fille sa légataire universelle, laisse son noeud de diamants à Mlle de Raffetot; elle donne 4,000 livres à Mme Bontemps, 2,000 livres à une fille de Mme Bontemps, et des pensions considérables à ses domestiques. M. l'évêque de Melz est exécuteur testamentaire, elle lui fait un présent. Elle ordonne qu'on ne l'enterre que deux jours après sa mort (1). Aujourd'hui il n'y a point d'évêque officiant. Mme du Châtelet (Rochechouart) a quêté.

Du lundi 24, Dampierre. reçois du Parlement, du 21.

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Voilà les nouvelles que je

Du 21. Il y a eu quinze curés qui ont fait leur déclaration, par lesquelles il est prouvé 1° Que M. l'archevêque leur a dit d'avoir des conférences secrètes avec les malades, et en cas qu'on ne voulût pas le permettre, de refuser les sacrements; 2o De refuser les sacrements à tous ceux qui ne diroient pas qu'ils se sont confessés à un prêtre

(1) Elle avoit pris Mme Bontemps auprès d'elle, et on prétend qu'elle faisoit avec elle la composition de plusieurs remèdes; on dit même que ces remèdes étoient pour lui rendre sa première beauté, qui étoit fort diminuée. Quoi qu'il en soit, elle appelle Mme Bontemps sa femme de chambre, mais on croit que celle-ci n'en sera pas contente. (Note du duc de Luynes.)

approuvé; 3o De les refuser aux appelants qui ne rétracteroient pas leur appel; 4° Que l'assemblée du Clergé décideroit des billets de confession non pas comme supérieure dans l'ordre hiérarchique, mais par la déférence qu'on doit avoir pour des confrères.

La Cour a arrêté que M. le premier président retournant vers le Roi sera chargé de lui porter copie des faits sur lesquels son Parlement a cru ne pouvoir se dispenser d'entendre les curés de la ville et faubourgs de Paris, et des déclarations de ceux qui ont pu être entendus jusqu'à ce jour; comme aussi lui représenter les conséquences importantes qui en résultent contre l'autorité dudit seigneur Roi, sa souveraineté et l'exécution de la déclaration du 2 septembre dernier.

Les curés qui ont été entendus ce soir sont ceux de Saint-Sauveur, Saint-Jacques de la Boucherie et Saint-Méry. Ceux qui l'ont été ce matin sont ceux de Saint-Séverin, de Saint-Côme, de Saint-Barthélemy, le cardinal Lemoine et des Innocents.

Du mardi 25, Dampierre. Il y eut samedi dernier assemblée de l'Académie françoise pour élire un successeur au président de Montesquieu. Toutes les voix ont été unanimes pour M. de Châteaubrun, auteur de Philoctete et des Troyennes, pièces qui ont fort bien réussi; il n'a pas eu une seule boule noire. Il est attaché à M. le duc d'Orléans. Feu M. le duc d'Orléans, par principe de piété, avoit désiré qu'il ne composât plus de pièces de théâtre; mais Philoctète qu'il vient de donner depuis peu étoit composé depuis plusieurs années.

L'Académie vient de faire imprimer un petit livret contenant la liste de tous les académiciens depuis l'origine, en distinguant ceux à qui chacun a succédé. Les années de réception y sont marquées avec les années de la mort. On trouve ensuite la même liste par ordre alphabétique. On a ajouté une délibération de l'Académie de 1721 au sujet de l'élection ; les statuts et règlements composés de 50 articles faits par le cardinal de Richelieu; d'autres règlements faits par le Roi en 1752; enfin la confirmation du droit de commitimus accordé en 1720. Ce petit ouvrage est assez digne de curiosité.

Mme la duchesse de Ruffec fut enterrée hier au soir, à Saint-Sulpice, auprès de M. le duc de Ruffec.

Paris, rue de Bourbon, dans une petite maison de 1,800 livres de loyer qu'elle avoit prise parce que ses affaires étoient en fort mauvais état. Ce n'est pas qu'elle n'eût au moins 30,000 livres de rente, mais elle avoit été mal payée du côté de M. de Saint-Simon. On prétend qu'elle avoit fait beaucoup de remèdes pour sa santé qui lui avoient conté fort cher. Elle avoit environ quarante-huit ans; elle étoit fille de feu M. le maréchal de Gramont et seur de feu Mas de Gontaut. Elle avoit épousé, le 27 mars 1719, le prince de Bournonville, mort le 3 janvier 1723, et le 6 mars de cette même année, elle épousa M. le duc de Ruffec, fils ainé de M. de Saint-Simon. Elle avoit eu une figure très-noble et très-belle. On trouvera ci-après un détail de son testament.

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Mme la duchesse de Ruffee laisse 20,000 francs à son intendant qu'il y a dix-huit mois qu'elle a. Elle fait sa fille sa legataire universelle, laisse son noeud de diamants à Mile de Raffetot; elle donne 4,000 livres à We Bontemps, 2,000 livres à une fille de Me Bontemps, et des pensions considérables à ses domestiques. M. l'évêque de Metz est exécuteur testamentaire, elle lui fait un présent. Elle ordonne qu'on ne l'enterre que deux jours après sa mort 1). Aujourd'hui il n'y a point d'évèque officiant. Me du Chatelet Rochechouart, a quété.

Du lundi 24, Dampierre. - Voilà les nouvelles que je reçois du Parlement, du 21.

Du 21. Il y a eu quinze cures qui ont fait leur déclaration, par lesquelles il est prouve : 1o Que M. l'archevêque leur a dit d'avoir des conférences secretes avec les malades, et en cas qu'on ne voulut pas le permettre, de refuser les sacrements; De refuser les sacrements à tous ceux qui ne diroient pas qu'ils se sont confesses à un prêtre

1 Elle avoit pris Mme Bontemps auprès d'elle, et on prétend qu'elle faisoit avec elle la composition de plusieurs remèdes; on dit même que ces remèdes étoient pour lui rendre sa première beauté, qui étoit fort diminuée. Quoi qu'ii en soit, elle appelle Wine Bontemps sa femme de chambre, mais on croit que celle-ci n'en sera pas contente. (Note du duc de Luynes.

approuvé; 3o De les refuser aux appelants qui ne rétracteroient pas leur appel; 4° Que l'assemblée du Clergé décideroit des billets de confession non pas comme supérieure dans l'ordre hiérarchique, mais par la déférence qu'on doit avoir pour des confrères.

La Cour a arrêté que M. le premier président retournant vers le Roi sera chargé de lui porter copie des faits sur lesquels son Parlement a cru ne pouvoir se dispenser d'entendre les curés de la ville et faubourgs de Paris, et des déclarations de ceux qui ont pu être entendus jusqu'à ce jour ; comme aussi lui représenter les conséquences importantes qui en résultent contre l'autorité dudit seigneur Roi, sa souveraineté et l'exécution de la déclaration du 2 septembre dernier.

Les curés qui ont été entendus ce soir sont ceux de Saint-Sauveur, Saint-Jacques de la Boucherie et Saint-Méry. Ceux qui l'ont été ce matin sont ceux de Saint-Séverin, de Saint-Côme, de Saint-Barthélemy, le cardinal Lemoine et des Innocents.

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Du mardi 25, Dampierre. Il y eut samedi dernier assemblée de l'Académie françoise pour élire un successeur au président de Montesquieu. Toutes les voix ont été unanimes pour M. de Châteaubrun, auteur de Philoctete et des Troyennes, pièces qui ont fort bien réussi; il n'a pas eu une seule boule noire. Il est attaché à M. le duc d'Orléans. Feu M. le duc d'Orléans, par principe de piété, avoit désiré qu'il ne composât plus de pièces de théâtre; mais Philoctèle qu'il vient de donner depuis peu étoit composé depuis plusieurs années.

L'Académie vient de faire imprimer un petit livret contenant la liste de tous les académiciens depuis l'origine, en distinguant ceux à qui chacun a succédé. Les années de réception y sont marquées avec les années de la mort. On trouve ensuite la même liste par ordre alphabétique. On a ajouté une délibération de l'Académie de 1721 au sujet de l'élection ; les statuts et règlements composés de 50 articles faits par le cardinal de Richelieu; d'autres règlements faits par le Roi en 1752; enfin la confirmation du droit de commitimus accordé en 1720. Ce petit ouvrage est assez digne de curiosité.

Mme la duchesse de Ruffec fut enterrée hier au soir, à Saint-Sulpice, auprès de M. le duc de Ruffec.

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