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TROISIÈME PARTIE.

L'ARCHEOLOGIE EN FRANCE,

EN 1879.

L'Archéologie au Salon français de 1879.

Les dessins relatifs à l'art ancien n'ont guère figuré au Palais de l'Industrie en plus grand nombre que pendant les années précédentes; mais ils offraient généralement plus de variété et plus d'intérêt.

1. M. Charles Chipiez a résolument abordé l'étude des monuments assyriens, dans quatre belles planches représentant quatre types divers de temples ninivites, tous de forme pyramidale. Le premier est restitué d'après les restes de la tour de Khorsabad, les textes d'Hérodote et de Diodore de Sicile. Le plan est carré, l'élévation comporte huit étages, autour desquels sont disposées des rampes assez douces. Au sommet, trois piédestaux de bronze supportent autant de statues d'or, dont l'une est assise. Le second type, dont M. Chipiez a puisé l'idée dans un bas-relief du British Museum, a cinq étages carrés, émergeant d'un soubassement convexe, sorte de coupole tronquée. Les escaliers sont intérieurs, le simulacre de la divinité n'est pas visible. Le troisième type, inspiré des ruines d'AbouSharein, de Mugheir, de Warka, se compose de quatre étages rectangulaires dont l'un n'est en réalité qu'un sou

bassement. Les rampes sont extérieures, de même qu'au quatrième type à huit étages, tracé au moyen des documents fournis par les plus récentes explorations. Ici le sanctuaire ou dernier étage est couronné d'une coupole. Tous ces monuments, bâtis soit en briques soit en pisé, portaient extérieurement, selon M. Chipiez, de rares sculptures et une décoration polychrome. Quelques détails, conformes du reste aux bas-reliefs, et la coupole du quatrième type, font penser à l'architecture orientale des temps postérieurs. Les Égyptiens, les Assyriens, les Khmers, les Hindous, nous ont laissé des monuments religieux en forme de pyramides; mais tandis que chez les premiers elles sont spécialement des tombeaux, chez les troisièmes et chez les derniers de gigantesques superfétations destinées à frapper la foule par leur masse imposante, chez les Babyloniens et les Ninivites elles contiennent la divinité. Il est à observer en outre que ces deux peuples ne confinent pas, comme la plupart des païens de l'antiquité, leurs idoles dans un réduit ou au fond d'une cella tenant à la terre; ils les rapprochent au contraire du ciel et les exposent sur le faîte de leurs édifices les plus élevés. N'est-il pas intéressant de comparer cet usage à la coutume des Juifs et des Phéniciens, qui montaient sur les hauteurs pour vaquer à l'adoration, les premiers toutefois sans y construire des sanctuaires?

2. Les restitutions de monuments égyptiens, rares précédemment, ont absolument fait défaut cette année, et l'on a dû se contenter de deux aquarelles de feu Prissed'Avennes, représentant des ruines de temples.

3. L'antiquité classique était bien autrement riche. M. Marcel Lambert en a rappelé le type le plus célèbre dans plusieurs magnifiques dessins qui donnent l'état de l'Acropole athénienne au ir siècle avant J.-C., avec ses murs

reconstruits par Thémistocle et par Conon, avec les statues dont l'avait embellie la munificence d'Attale, roi de Pergame. Un grand plan donnait aussi l'état actuel, et quelques figures de détail étaient consacrées à l'admirable frise du Parthénon. Ce n'est pas dans un modeste annuaire que nous tenterons de consigner des aperçus nouveaux sur cet ensemble d'édifices auquel ont été consacrés tant de notices, tant de dissertations, tant de dessins.

4. On nous saura gré également de nous acquitter par une simple mention envers M. Loviot, qui a reproduit le célèbre monument appelé par les érudits, de son vrai nom, le monument choragique de Lysicrate, mais plus connu du vulgaire parisien sous le nom de « lanterne de Démosthène » et même de « lanterne de Diogène ». Il existait, en effet, dans le parc de Saint-Cloud, avant 1870, une copie plus ou moins fidèle de cet édicule; ne serait-il pas à propos de la rétablir, en la rapprochant davantage de son modèle?

5. M. Benouville a pris les sujets de ses beaux dessins parmi les souvenirs de Pompéi (intérieurs de maisons, peintures).

6. A M. L.-C. Bruyerre, l'érudit restaurateur des monuments auvergnats (voir nos comptes rendus des Salons de 1876, 1877 et 1878), on a dû les figures de divers objets antiques déposés dans les musés du Vatican et de Naples, avec celle d'une mosaïque de Luca della Robbia.

7. L'antiquité chrétienne était représentée par un cadre de Mme Belville, figurant une mosaïque de Sainte-Praxède, à Rome, du temps de Pascal Ier (commencement du Ixe siècle). La Vierge, qui en fait le sujet, tient l'Enfant Jésus pressé contre son sein, tandis que l'Enfant, de la main gauche, développe un rouleau sur lequel sont écrits ces trois mots EGO SVM LVX.

1879.

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8. Avec M. Formigė, on entrait dans la vieille Gaule. Le pont Julien, sur le Calavon, près d'Apt (en voir une gravure dans notre Annuaire de 1879), et le temple de la Maison-Basse de Vernègues (Bouches-du-Rhône) avaient heureusement inspiré la plume et le compas de cet habile artiste.

9. La crypte de Saint-Aignan d'Orléans, précieux monument des Ixe et xe siècles, méritait d'occuper M. R. Dusserre, qui, nous l'espérons, ne médite aucune restauration de ce vénérable spécimen de l'architecture sous l'empereur Charlemagne et le roi Robert. La crypte de Saint-Aignan est surtout remarquable par ses chapelles rayonnantes, qu'un passage du chroniqueur Helgaud dit expressément avoir été construites sur le modèle du chœur de la cathédrale de Clermont, et qui, par l'authenticité de leur date et de leur filiation, marquent l'origine des rondspoints. (V., dans le t. XXVI du Bulletin monumental, l'importante Dissertation de M. Alfred Ramé sur quelques édifices d'Orléans présumés carlovingiens.)

10. L'église de Méobec (Indre), à laquelle M. Darcy rend sa croisée, mais non sa nef, écroulée en 1834, est de peu postérieure au bon roi Robert. Il ne reste de cette église abbatiale que les trois absides du chœur et l'absidiole qui flanquait chaque bras du transsept.

11. De l'église abbatiale de Moirax, près d'Agen, figurée par M. Laffolye, il n'y a plus rien à dire depuis les descriptions si exactes de MM. Tholin (Bulletin monumental, t. XXXVI, et Études sur l'architecture de l'Agenais, p. 3 à 17) et Célestin Port (De Paris à Agen, collection Joanne), qui placent entre 1049 et 1063 la construction de cet édifice, où l'on constate la présence de l'ogive, mais point du tout l'influence artistique des moines de Cluny, suzerains de ce monastère. M. Tholin réclame la restauration du chœur,

dont les voûtes se lézardent; nous espérons que son désir sera entendu sans être de trop loin dépassé, car les restaurations radicales, depuis que l'expérience en est faite, nous effrayent instinctivement.

12. C'est ainsi que nous aurons à regretter la restauration de l'église de Vouvent, le joyau monumental de la Vendée, si M. Auguste Loué exécute les changements indiqués dans ses cadres. Sous prétexte de quelques retouches du xve siècle, qui n'empêchent nullement de reconnaître les dispositions et les détails du xir siècle, on va modifier des bases, des chapiteaux, des corniches, changer les niveaux, ajouter même de vrais piédestaux aux jambages de la splendide porte romane du croisillon nord. A la nef viendrait s'ajouter une façade nouvelle qui ne serait pas à sa place, car il faudrait l'avancer d'une travée au moins si l'on voulait rendre à l'église sa longueur normale; de plus cette façade serait trop simple et les contreforts y accuseraient trop vigoureusement les trois nefs pour qu'on sût y reconnaître le type poitevin. Le clocher octogonal serait assez bon, la flèche passable seulement.

13. L'église de Vailly (Aisne), sur laquelle M. Paul Bœswillwald, le fils de l'éminent architecte de Notre-Dame de Laon, exerce son talent déjà fort apprécié, mérite l'honneur qu'on lui a fait, mais nullement les retouches et les suppressions qu'on' voudrait lui infliger. Trop petite dans son enveloppe romane, elle fut agrandie aux XIIIe et Xive siècles et dotée en même temps de chapelles, fondations pieuses qu'il serait bon de respecter, quand même leur élégance et la pureté de leur style ne suffiraient pas à leur obtenir grâce. Le clocher, de la fin du xu siècle, remarquable par les pilastres cannelés qui servent de contreforts à son dernier étage, ne l'est pas moins par la balustrade à fleurs de lis entée à la fin du xve siècle sur sa

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