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association particulière où le tiers-parti avait reçu une organisation militaire, sans rompre pour cela avec les purs Taborites, Ziška venait de dompter efficacement les seigneurs et les Praguois, et le parti catholique s'était vu forcé de conclure avec les hussites une trêve qui semblait devoir préparer l'abandon complet de Sigismond. Le général aveugle et le prince Korybat, « le roi élu, » conduisirent en Moravie une armée de 20,000 hommes là le premier fut frappé par la mort alors qu'il « n'était pas peut-être encore loin du but. » Le vide rempli par cette mort ne fut jamais rempli. M. Tomek considère la mort prématurée de Ziška comme ayant décidé de l'issue de la guerre des hussites. Elle amena l'échec du plan conçu par lui et tendant à la création en Bohême d'un roi et d'un gouvernement sous la direction desquels la nation aurait pu poursuivre plus énergiquement la lutte contre les adversaires de ses tendances religieuses.

M. Émile Ott, professeur de droit à l'université de Prague, a présenté dans ses Études historiques sur l'introduction de la procédure romaine et canonique en Bohême les résultats de recherches laborieuses et approfondies. A côté des sources imprimées, que l'auteur connaît à fond, il a aussi utilisé des documents manuscrits. On pourrait peut-être lui reprocher d'avoir donné trop de place à l'appareil scientifique, car indépendamment des notes abondantes rejetées au bas du texte, le texte lui-même est trop souvent interrompu par des citations et des notes. Des critiques d'une compétence spéciale 2 ont accordé les plus grands éloges au livre de M. Ott et l'ont compté parmi les meilleurs travaux dans le domaine de l'histoire du droit. Sans parler de l'objet principal de l'ouvrage, tous ceux qui s'occupent de l'histoire de Bohême trouveront beaucoup à y apprendre. Les chap. I-III, par exemple, présentent un exposé de la juridiction ecclésiastique en Bohême et de l'état des études juridiques avant et après la fondation de l'université de Prague. Les chap. suivants, V-XII, sont consacrés à retracer l'introduction, l'invasion de la procédure romano-canonique dans les tribunaux.

Le tome IX des Mémoires de la Société royale des sciences contient un travail important dû à la plume exercée de M. J. Emler et intitulé: La chancellerie des rois de Bohême Premysl Ottokar II et Wenceslas II et ses formulaires 3. Le mémoire s'ouvre

1. Beitraegen zur Receptions-Geschichte des rœmisch-canonischen Prozesses in den bohm. Ländern. Leipzig, 1879. Breitkonf et Haertel, 328 p. 2. Voy. la critique de Schulte dans le Jenaer Literaturblatt.

3. M. Loserth a publié dans l'Archiv de l'Académie de Vienne (vol. LVII, 1879) quelques formules du temps de Wenceslas II. L'Archivalische Zeitschrift de

par un aperçu de l'ancienne chancellerie bohême avant Premysl Ottokar II. Les origines sont obscures; la chancellerie des anciens princes avait surtout pour objet les rapports avec l'étranger, et dans la Bohême même, longtemps encore après le milieu du XIIe s., elle n'expédia qu'un nombre d'actes relativement restreint, ce qui explique l'absence d'actes émanés des princes bohêmes avant 1150. << Parmi le petit nombre de documents antérieurs à 1150 que nous possédons, dit M. Emler, presque tous doivent être considérés comme suspects, au moins dans la forme, ou comme complètement apocryphes. » Le premier chancelier dont l'existence soit bien établie est Alexandre, prévôt de Wyšehrad († 1446). Depuis Premysl Ottokar Ier, le titre de chancelier fut régulièrement attaché à la prévôté de Wysehrad, tandis que les fonctions passaient au protonotaire, jusqu'au jour où, sous le second roi de ce nom, en 1266, le protonotaire Pierre devint prévôt et unit les devoirs de la charge au titre de chancelier. En 1274 un protonotaire, maître Henri, dont l'identité avec Heinricus Italicus (H. de Isernia) est établie par M. Emler, reprit l'expédition des affaires. L'auteur prouve également que le chancelier et protonotaire magister Petrus (1297-1306) est le même personnage que Pierre d'Aspelt, plus tard archevêque de Mayence. Cet instructif mémoire se termine par un aperçu de formulaires de chancellerie.

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François Beckovsky († 1725) doit être compté parmi les meilleurs historiens anciens de la Bohême. Il a composé une histoire complète de ce pays, dont la première partie (jusqu'en 4526) parut en 1700. C'est un livre très lu et très répandu qui n'est nullement une œuvre originale, mais seulement un remaniement de la chronique d'Hajek. La suite de l'ouvrage (1526-1657) est d'une valeur incomparablement supérieure. Ce travail, très estimable pour l'époque et qui aujourd'hui même n'a pas perdu sa valeur, était resté ms. dans les archives de l'ordre des chevaliers de la Croix à Prague sous le titre : Nuntia vetustatis, Poselkyně starych pribehuv. C'est seulement de nos jours qu'on a entrepris une édition de l'ouvrage; en 1879 deux volumes ont paru par les soins de M. Ant. Rezek. Le second, qui compte 400 pages, contient l'histoire des années 1608 à 1624.

L'année 1879 a vu aussi commencer la publication d'une importante collection de documents relatifs à l'histoire du droit et notamment du droit politique en Bohême depuis 1526. Je me réserve de

M. Loher contient (1879) un article de M. Th. Lindner sur la chancellerie de Wenceslas IV.

1. Voy. son formulaire dans l'Archiv fur Kunde œsterr. Geschischtsquellen, tome XXIX.

revenir sur cette importante publication dont la direction est confiée aux mains exercées des frères J. et H. Jireček, quand elle sera achevée.

Nous sommes redevables à la Société pour l'histoire des Allemands en Bohême d'une entreprise qui promet beaucoup, je veux parler de la collection des chroniques des villes allemandes en Bohême. Le directeur de la collection, M. L. Schlesinger, l'a inaugurée par une édition modèle de la chronique d'Elbogen. Cette chronique se rapporte aux années 1471-1504, à l'époque de la guerre dite guerre d'Elbogen, pendant laquelle cette ville défendit victorieusement sa liberté contre les comtes de Schlick. L'éditeur a fait suivre la chronique d'une série de documents. Chaque année enfante un certain nombre de publications sur l'histoire de provinces, de villes, de localités particulières. Je ne crois devoir mentionner que celles qui s'élèvent au-dessus de la valeur moyenne des travaux de ce genre. L'année 1879 en a produit deux l'une est l'histoire du plus ancien théâtre de l'activité historique des Allemands en Bohême (Geschichte des æltesten Geschichtsgebietes von Deutschbohmen, 2 vol.), c'est-à-dire du bassin de l'Elbe à la limite septentrionale de la Bohême, par P. Fooke; l'autre, écrite en tchèque, est la monographie de J. Orth sur l'histoire de Neuhaus (Nova Domus, Jindrichuv Hradec) depuis la fin du xvs. jusqu'en 1648.

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J. GOLL.

1. Je ne parle ni des publications de 1879, qui se rapportent à l'histoire de la guerre de Trente Ans et dont le compte-rendu est confié à M. R. Reuss, ni des écrits enfantés par la polémique de nouveau rallumée sur l'authenticité des mss. de Grünberg et de Koeniginhof. Cette polémique ne sort guère du domaine philologique. La première chose à faire pour élucider la question serait de soumettre les mss. à un examen paléographique attentif.

COMPTES-RENDUS CRITIQUES.

Les idées dirigeantes dans l'histoire du genre humain, par Yrjo KOSKINEN. Helsingfors, 1879, imprim. de la Société de littérature finnoise. 11-364 p. in-8°.

Ce n'est rien moins qu'un essai de philosophie de l'histoire qui nous vient de Finlande, et encore n'est-il pas écrit en suédois, mais dans une langue formée depuis quarante ans seulement au style historique. L'auteur est, à la vérité, de tous les écrivains finnois, celui qui a le plus cultivé le genre dont il nous offre aujourd'hui la quintessence: en fait d'histoire générale, il nous a donné celle de la Finlande et une traduction des Récits de l'histoire du genre humain par A. W. Grube; en fait de monographies, la Guerre des gourdins, écrite d'après les sources, des histoires de localités et des mémoires archéologiques, biographiques et ethnographiques. De plus, il est professeur d'histoire du Nord à l'université de Helsingfors, après y avoir enseigné l'histoire générale de 1863 à 1875. Personne, dans son pays, n'était mieux préparé à traiter un sujet si complexe, et nous pouvons ajouter si difficile ; car on peut très bien connaître l'histoire sans être en état de la systématiser. M. Koskinen a prouvé qu'il n'avait pas seulement étudié les faits, mais les avait médités et saisi leurs rapports mutuels, et il a su trouver un fil conducteur pour nous guider à travers les innombrables événements qui se sont accomplis en Europe et dans les contrées les plus voisines, depuis la formation des premières sociétés jusqu'à nos jours. Son but est de montrer que l'humanité marche sans cesse vers le progrès, non pas directement, mais en louvoyant, parce qu'elle cherche toujours sa voie et ne la trouve qu'après de longs tâtonnements. Il constate un fait singulier mais vrai, c'est que la guerre, en mettant les hommes aux prises et en leur apprenant à se connaître, a plus contribué que la paix à détruire l'apathie de l'individu et le particularisme de l'association isolée. C'est, par exemple, à la suite de luttes acharnées que les tribus ont été réunies en nations et celles-ci en empires ou en grandes confédérations, et que l'idée de la fraternité humaine, d'abord limitée à la famille, s'est successivement élargie à mesure que l'état s'agrandissait. Aussi l'auteur s'attache-t-il surtout à mettre en lumière l'œuvre des conquérants et à suivre les nations dirigeantes, laissant les autres de côté. Dans sa marche rapide, il ne s'égare pas au

1. Iohtavat aatteet ihmiskunnan historiassa esittänyt Yrjo KOSKINEN.

milieu de dates insignifiantes et d'une foule de petits détails; il ne s'amuse pas à conter, mais il se borne à faire allusion aux faits importants. Il a dû naturellement en négliger beaucoup qui n'étaient pas utiles au développement de son idée. C'est ainsi qu'il a passé sous silence les civilisations de l'Inde, de l'extrême Orient et de l'Amérique, et cela avec raison, puisqu'elles n'ont eu que peu ou point d'influence sur celle de l'Europe; mais il aurait dû donner une plus large place à la civilisation musulmane qui, si elle n'a pas été totalement originale, a eu du moins le mérite de mettre l'Occident en relations avec le monde grec plusieurs siècles avant la Renaissance. Reste à savoir si l'auteur n'aurait pas nui à l'unité de son travail en donnant plus d'étendue au brillant épisode de la civilisation arabe. Sa revue, pour être incomplète, ne présente pas moins les tableaux les plus variés, et, bien que sa théorie soit en partie fondée sur les observations de ses devanciers, elle renferme aussi beaucoup d'idées neuves. Il serait donc à souhaiter que cet ouvrage fût traduit en une langue répandue pour être à la portée d'un plus grand nombre de lecteurs. Le style a la concision que comporte le sujet; si la phase n'a pas l'énergie de celle de l'Esprit des lois, elle a du moins la limpidité de celle de l'Essai sur les mœurs, phénomène bien rare en dehors des limites de notre littérature. Le fond a heureusement influé sur la forme le ton bref et décidé convient en effet fort bien à un penseur qui n'en est plus à chercher la vérité, mais qui enseigne avec autorité ce qu'il regarde comme tel.

Eug. BEAUVOIS.

Praehistorische Studien aus Sicilien von Freiherr von ANDRIAN. Berlin, 1877, 92 p. in-8°, avec 8 planches lithogr. Suppl. du vol. X de la Zeitschrift für Ethnologie.

Ces études préhistoriques présentent un certain intérêt pour l'histoire et méritent à ce titre d'être annoncées aux lecteurs de la Revue historique. Quelques savants siciliens et étrangers se sont déjà appliqués précédemment à rechercher en Sicile les traces que peut y avoir laissées l'époque préhistorique. A leur exemple, M. von Andrian, géologue autrichien, a exploré pendant l'hiver et le printemps de l'année 1876-77 différentes parties de cette ile, y a fait des fouilles au prix de sacrifices d'argent considérables. Dans le volume dont nous allons dire un mot, il nous présente les résultats de ses propres observations, ainsi que de celles de ses devanciers. Il a été secondé par des savants de renom dans la détermination des ossements qu'il a trouvés. Vers la fin de son travail (p. 84-89), il récapitule en quelques mots les résultats qu'ont donnés les recherches faites jusqu'à nos jours sur l'époque préhistorique en Sicile. Voici à peu près les faits les plus importants.

En Sicile, comme ailleurs, nous avons à distinguer une période palaeolithique et une période néolithique. La première est représentée

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