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introduction qui précède leur texte. Ils n'ont pas de peine à établir la nécessité de le publier à nouveau. Il ne comprend en tout que 37 pages in-8°, soit le tiers de la brochure; il va de l'année 1348 à 1527. L'intérêt des protocoles de la corporation des peintres est uniquement dans le détail. Le livre enregistre tour à tour des dispositions concernant les devoirs religieux des membres envers leur patron saint Luc, des règlements d'ordre intérieur sur les rapports des maîtres entre eux ou vis-àvis de leurs élèves, les protocoles constatant la peine infligée à tel ou tel confrère qui a violé les statuts de la corporation. Ce qu'il y a de plus important à noter au point de vue de l'histoire générale, c'est la proportion dans laquelle les trois langues sont employées. L'allemand n'apparait qu'au début; il est remplacé par le latin; à dater de la moitié du xve siècle (c'est-à-dire après la réaction nationale du mouvement hussite), le tchèque domine presque sans partage. Quelques listes de noms de membres nous ont été conservées; elles attestent que la corporation comprenait non seulement des peintres, mais des ornementistes de diverses professions, des sculpteurs, des fabricants de boucliers (clypeatores?), des verriers, des parcheminiers (membranatores), des relieurs, etc. En étudiant les noms propres, on constate que les Tchèques formaient environ les deux tiers de la corporation et les Allemands l'autre tiers.

L. LEGER.

H. STERN. Milton und seine Zeit. Theil II. 1649-4674. Duncker u. Humblot. 1879.

Nous avons trop tardé à rendre compte de cette seconde et dernière partie de la vie de Milton, du professeur Stern, et pendant ce temps deux productions remarquables sont venues donner à la littérature dont Milton est l'objet en Angleterre une impulsion extraordinaire. David Masson a enfin terminé sa laborieuse et lourde compilation (Life and Times of Milton) et Mark Pattison a publié un volume court, mais très élégant et très savant, sur le même poète. Ce n'est donc pas particulièrement aux lecteurs anglais que s'adresse le professeur Stern. Dans les six gros vol. de Masson, la patience d'une vie entière a entassé presque au hasard tous les faits, tous les détails qui peuvent se rattacher d'une façon quelconque à l'histoire de l'époque de Milton. Mais le style de Masson rend son livre illisible pour d'autres que pour des érudits, et le grand public trouvera dans les 200 pages si séduisantes de Pattison toutes les informations, biographiques et critiques, qu'il peut désirer. Il existe néanmoins, même en Angleterre, une classe de lecteurs qui ne pourra pas se passer du livre de St.; ce sont ceux qui lisent avec plus d'attention que la masse du public et qui cependant ne tiennent pas moins à la méthode qu'à l'exactitude. Les volumes lourds et confus de Masson produiront sur ceux-là une irritation constante et ils préfé

reront recourir à St., chez qui ils trouveront tout le nécessaire sans le superflu. Il faut convenir en même temps, comme l'auteur en convient lui-même très franchement, que son livre n'aurait probablement pas été ce qu'il est, s'il avait précédé celui de Masson au lieu de le suivre. Pour le public allemand, l'ouvrage de St. est inappréciable. Il lui fait connaître d'une façon brillante et séduisante un grand poète dont les qualités intellectuelles ont à bien des égards un attrait particulier pour la nature germanique. Il est vrai que Goethe détestait Milton; il a exprimé du moins cette opinion singulière que le Paradis perdu était << abominable, avec de beaux dehors, mais pourri intérieurement »; mais Klopstock et toute son école procèdent complètement de Milton comme d'un modèle et il n'est peut-être pas trop fantaisiste de dire que c'est un Allemand, le grand musicien protestant Sébastien Bach, qui, dans tout le royaume de l'art européen, ressemble le plus au poète du Paradis perdu. M. St. écrit avec un grand amour de son sujet, avec aisance et naturel. Il offre un exemple de la liberté et de la facilité croissantes avec lesquelles les Allemands commencent à écrire leur langue, renonçant ainsi à ce style embarrassé, à ces pensées obscures qui étaient la terreur des étrangers voués à l'étude de la littérature germanique.

M. St. ne pouvait faire beaucoup de découvertes entièrement neuves et personnelles. Dans notre compte-rendu de son premier vol., nous avons signalé ce qu'il a été le premier à nous faire connaître, et il est à propos aujourd'hui d'appeler également l'attention sur la seule découverte importante qu'il a été assez heureux pour faire dans la dernière partie de la vie de Milton; il s'agit d'une correspondance du poète entièrement inconnue jusqu'ici. Le nombre des lettres de Milton d'un caractère privé dont on connaît l'existence est très restreint; on apprendra donc avec un vif intérêt que M. St. l'a notablement accru en déterrant une série de six ou sept lettres latines écrites à Hermann Mylius, qui arriva à Londres dans l'été de 1651 en qualité d'ambassadeur du grand-duc d'Oldenbourg. Cette correspondance a été trouvée dans les archives du palais ducal d'Oldenbourg en même temps qu'un journal de Mylius, où l'auteur a enregistré différents faits concernant Milton. Ce journal, une fois déchiffré par M. St., ce qui n'était pas facile, lui a livré des renseignements inappréciables sur la vie publique et privée de Milton, sur sa voix, ses manières, sur divers points d'un intérêt particulier. Mylius rend compte en détail d'une audience à laquelle assistait Milton à Whitehall le 20 octobre 1651, et ce récit nous montre très clairement quels étaient les devoirs officiels du poète sous la république. Le 3 janvier 1652, Mylius note qu'il a fait à Milton une visite de nouvel an, et qu'il l'a trouvé souffrant d'une céphalalgie et d'une suffusion des yeux, ce qui ne l'a pas empêché de discuter avec une grande vivacité les infamies de Saumaise. Quatre jours plus tard, Mylius, déjà dans des termes d'intimité avec Milton, lui écrit une lettre commençant par: Flos et ocelle virorum », le priant de se servir

d'un secrétaire qu'il lui envoie. Le 4 mars 1652, Mylius dit adieu à Milton et retourna à Oldenbourg, déplorant qu'un homme si éminent ◄ encore dans la fleur et la vigueur de l'âge », fût menacé d'une cécité perpétuelle.

Un autre point sur lequel M. St. est plus complet qu'aucun de ses prédécesseurs anglais, ce sont les témoignages recueillis par lui sur les mauvaises mœurs d'Alexandre Morus, ce misérable prédicateur calviniste, en qui le fouet de la satire vengeresse de Milton fustigea l'auteur de la « Regii sanguinis clamor ad coelum ». En fait ce virulent pamphlet a été écrit par Pierre du Moulin, et a été simplement imprimé sous la surveillance de Morus, prédicateur ambulant, que sa vie relàchée conduisait de ville en ville dans les Pays-Bas et dont la haine pour Milton est incontestable. Milton attendit deux ans, et, ne pouvant découvrir le véritable auteur de cette brochure, il se persuada facilement que le vénal Morus était le coupable. Avec une passion de vengeance indigne d'un si grand homme, il fit tous ses efforts pour recueillir tous les bruits qui couraient sur ce misérable personnage et il l'en accabla en les revêtant d'un latin oratoire pompeux, dans sa Secunda Oratio (1654). Toute cette polémique avec Morus que M. St. a tirée du « Recueil des articles des synodes wallons des Provinces-Unies » sera lue avec plus de curiosité que de plaisir. Elles laissent l'impression que Morus aurait été le pire des hommes s'il n'avait pas été encore plus impudent que méchant; en tout cas c'était un objet complètement indigne de la sublime indignation de Milton.

Il est à peine nécessaire de répéter l'eloge mérité que nous avons déjà fait de l'ouvrage intéressant et remarquable de M. St. Sa composition est un hommage à la littérature anglaise qui n'a guère été surpassé dans l'histoire internationale depuis que Lewes a écrit son incomparable biographie de Goethe.

E.-W. GOSSE.

I. Urkunden und Actenstücke zur Geschichte des Kurfürsten Friedrich Wilhelm von Brandenburg, VII Band (Politische Verhandlungen. IV Band. Herausgegeben von Dr B. ERDMANNSDOERFFER. Berlin, G. Reimer, 1877, in-8°, 834 p.

II. Briefe und Acten zur Geschichte des dreissigjæhrigen Krieges in den Zeiten des vorwaltenden Einflusses der Wittelsbacher. IV Band (Die Politik Baierns 4591-1607. Erste Hælfte. Bearbeitet von Felix STIEVE. München. M. Rieger (Gustav Himmer), 1878, in-8°, xv-57 p.

Ces deux publications de documents dont nous annonçons les deux derniers volumes ont beaucoup de points communs. La première traite de l'empire allemand après la guerre de Trente ans, la seconde avant cette guerre. Avant la guerre c'étaient les deux lignes de la maison des

Wittelsbach, l'une catholique, l'autre protestante, qui décidaient en dernier ressort des affaires de l'empire; après la guerre cette maison cède la place à celle de Brandebourg, qui devait finir par triompher de la maison d'Autriche et par acquérir l'hégémonie en Allemagne. Les correspondances des Wittelsbach et celle des Brandebourg, comme on pourrait appeler brièvement ces deux séries de documents, fournissent des matériaux importants, non seulement pour l'histoire de l'Allemagne, mais encore pour celle de tous les États européens. Les auteurs ont été obligés de consulter les archives de l'étranger, principalement celles de Vienne, Bruxelles, La Haye et Paris. Dans les deux cas, un seul savant aurait été incapable à lui seul de faire face à un pareil labeur. Quatre collaborateurs se sont partagé la matière qui forme les sept volumes de la correspondance des Wittelsbach, ce sont : MM. Kluckhohn, von Druffel, Ritter, Stieve, et trois autres: MM. Peter, von Hanften, Erdmannsdorffer, celle des Brandebourg, dont sept volumes également ont déjà paru.

MM. Erdmannsdorffer, Stieve et d'autres parmi les savants que nous avons nommés ont su tirer parti de leurs recherches pour composer des ouvrages d'exposition historique. Ils se sont ainsi rendus plus facilement maîtres de leur sujet, se sont allégé la tâche et ont en même temps permis au lecteur de s'orienter plus facilement au milieu de cette masse de documents. M. Stieve, sans parler d'autres petites brochures, a publié, en 1875, le premier volume d'un ouvrage intitulé: Der Ursprung des dressigjährigen Krieges, 1607-1619, et M. Erdmannsdorffer, en 1869, une biographie du comte Georges-Frédéric de Waldeck, de ce diplomate prussien qui, de 1651 à 1658, donna à l'électeur Frédéric-Guillaume les principales inspirations politiques qui le déterminèrent à agir. Le volume de M. Erdmannsdorffer que nous annonçons traite de l'époque où le comte de Waldeck était le ministre dirigeant, pendant la période de la grande guerre du Nord, de 1655 à 1660, c'est-à-dire jusqu'à l'alliance de l'électeur avec les ennemis des Suédois. C'est à l'instigation du comte de Waldeck et contrairement à l'avis des autres conseillers que l'électeur se décida à ne plus reconnaitre les droits de suzeraineté du roi de Pologne sur le duché de Prusse; il se déclara tout d'abord neutre, puis, par le traité de Ratisbonne de janvier 1656, il se soumit au roi de Suède qu'il reconnaît comme suzerain. Dans des conditions plus favorables, le comte de Waldeck renouvelle, le 25 juin 1656, à Marienbourg, le traité d'alliance avec la Suède. Les négociations de ces deux traités remplissent plus du tiers du volume (chap. II et III). Les chapitres I et VI sont consacrés aux rapports du Brandebourg, des Pays-Bas et de l'Angleterre pendant toute la guerre du Nord. Dans les pourparlers avec les États des PaysBas, le conseiller de Clèves, Dr Daniel Weiman, joue un rôle important; ses rapports écrits de La Haye occupent la plus grande partie du premier chapitre. Envers l'Angleterre, la politique prussienne à l'époque de la guerre du Nord montra la même hésitation qu'envers la Suède : l'électeur prit d'abord parti pour la maison bannie des Stuarts, puis il

s'allia avec Olivier Cromwell. Les chapitres IV et V s'occupent des relations du Brandebourg avec l'empereur et l'empire de 1654-1657. Tant que l'influence du comte de Waldeck se fait sentir, la politique de l'électeur dans les affaires de l'empire est nettement anti-autrichienne et anti-catholique. De concert avec d'autres États réformés, le Brandebourg s'oppose à la juridiction du conseil aulique et à la réunion de députés de Francfort-sur-le-Mein. Dans le volume suivant, M. Erdmannsdorffer exposera la politique prussienne jusqu'à l'année 1660, c'est-àdire jusqu'à la paix d'Oliva, qui mit fin à la guerre du Nord et confirma la souveraineté de l'électeur sur le duché de Prusse.

La méthode suivie dans ce volume est toujours la même que dans les précédents. Dans une petite introduction qui précède chaque chapitre, l'auteur expose le contenu des documents et actes qui suivent; ces documents sont donnés tantôt in extenso, tantôt en abrégé; en tête de chaque numéro se trouve un résumé du contenu, au bas de la page quelques courtes notes. Introduction, résumés, notes, sont imprimés en caractères différents. Un index des noms propres facilite toute recherche.

Les dernières publications de la correspondance des Wittelsbach étaient à peu près faites de la même façon '. M. Stieve a inauguré une nouvelle méthode. Lui aussi, comme M. Erdmannsdorffer, il distribue ses matériaux par matière et non par ordre chronologique; il ne se contente pas ensuite de donner une brève introduction suivie de pièces, mais il fait un exposé suivi du sujet qu'il accompagne de longues remarques, de reproductions littérales de lettres et actes, de notices bibliographiques. Les pièces particulièrement intéressantes ou les lettres et actes ne se rattachant qu'indirectement au sujet sont seuls renvoyés à l'appendice. Cette méthode de publication n'est recommandable que lorsque l'auteur se sent entièrement maître de son sujet et entièrement impartial. L'ouvrage de M. Stieve présente ces deux qualités et est digne de la réputation que lui avait acquise son précédent ouvrage. On peut dire que, grâce à ses recherches minutieuses et consciencieuses, il a mis en lumière et rendu attrayante une période de l'histoire de l'Allemagne des plus obscures et des moins intéressantes, celle des dix dernières années du xvIe siècle. L'ouvrage est accompagné d'un index des matières et des noms propres ainsi que d'une table des matières très complets. Dans ce volume, M. Stieve expose la politique bavaroise à partir de l'époque où le jeune duc Maximilien, devenu plus tard électeur, prend part aux affaires politiques (1591) jusqu'au moment où son père, Guillaume V, tant par scrupule religieux que par commodité personnelle,

1. Les trois premiers volumes ont été exécutés par M. Moritz Ritter qui a publié les documents sur l'histoire des origines et des premiers développements de l'Union évangélique de 1598 à 1610. Une série parallèle doit réunir les documents relatifs à la politique des princes catholiques. M. Cornelius en fut d'abord chargé, puis M. Stieve.

REV. HISTOR. XIII. 2o FASC.

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