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Feldmarschall Blücher von Wahlstatt. Von Dr Friedrich WIGGER Archivrath. Schwerin 1878, Stiller. vIII-310 p.

M. Wigger a entrepris d'écrire l'Histoire de la famille de Blücher. On comprendra facilement que dans ce sujet il ait accordé le premier rang au coryphée de cette famille et on doit lui savoir gré d'avoir publié séparément la biographie du héros. Son travail comble une lacune dans notre bibliographie historique. La biographie de Varnhagen von Ense intitulée le Maréchal Vorwærts est surannée, celle de Johannes Scherr sur Blücher n'est pas du goût de tout le monde et dépasse les limites d'une biographie. Ce qui a été écrit de mieux dans ces derniers temps sur ce sujet, c'est un article de l'Allgemeine Deutsche Biographie de v. Meerheimb. Mais, satisfaisant aux exigences d'un dictionnaire biographique, il ne comprend que 5 pages, tandis que le travail de M. Wigger forme un volume respectable.

En somme l'auteur a accompli d'une façon satisfaisante la tâche qu'il s'était imposée. Les archives de la famille Blücher, celles du grand étatmajor et les archives secrètes de l'État à Berlin, celles de Munster ont fourni à l'auteur une foule de documents précieux. Des lettres de Blücher, qui se trouvent entre les mains de particuliers, ont été mises à sa disposition. L'auteur connaît parfaitement les ouvrages qui traitent de la matière, il a utilisé avec esprit critique ceux qui contiennent des renseignements de Blücher ou sur Blücher et il a tenu compte des nouvelles recherches faites dans ces dernières années.

Son livre devait avoir un caractère populaire. Aussi M. Wigger s'est-il gardé de le surcharger de notes et de citations; il n'a pas non plus eu la prétention de raconter en détail l'histoire politique ou militaire de l'époque où Blücher vivait; il aurait même été à désirer qu'il abrégeât encore plus les parties qui ont directement trait à l'histoire générale. On peut également se demander s'il était nécessaire de publier in extenso les ordres émanant du cabinet royal, de s'arrêter si longuement à propos des diverses décorations que reçut Blücher. Par-ci par-là on trouve une contradiction, par exemple, lorsque l'auteur dit, à propos de la bataille de la Rothière, que le sol imprégné d'eau avait rendu l'attaque difficile, puis un peu plus loin, que le sol à moitié gelé était une des principales difficultés entravant l'attaque.

L'ouvrage est divisé en neuf chapitres. Dans le premier, consacré à la jeunesse de Blücher, M. Wigger écarte le voile mythique que l'on s'est plu à jeter sur ce héros. Le second chapitre nous montre Blücher comme économe, sous un jour bien peu connu. Puis nous apprenons les vicissitudes de sa vie dans les années 1787 à 1806, nous le suivons dans la campagne de Hollande, celle du Rhin, puis nous le voyons gouverneur de Munster. La guerre de 1807 à 1812, en tant que la personne de Blücher y est en jeu, y est racontée d'une façon très nette. Les années 1807 à 1812, qui mirent à l'épreuve la patience du patriote allemand, y font le sujet d'un chapitre spécial. Puis vient le récit de la campagne

de 1813 à 1814, la description de la bataille de Ligny, de celle de BelleAlliance et des suites de cette catastrophe. Le dernier chapitre traite des dernières années de Blücher.

M. Wigger a bien fait de donner souvent la parole à son héros, car l'originalité du langage de Blücher dépeint fidèlement l'originalité de son caractère. M. Wigger ne se fait pas apologiste exclusif, il ne cache pas les faiblesses de Blücher, ce qui lui donne d'autant plus le droit de décrire les côtés brillants de cet homme remarquable qui, grâce à ses qualités viriles, à sa bravoure et à son énergie, est devenu le héros le plus populaire des guerres de libération.

Alfred STERN.

MARTENS. Recueil des traités et conventions conclus par la Russie avec les puissances étrangères. Tome IV. Partie I. Traités avec l'Autriche, 1815-1849. Pétersbourg, Devrient, 1878. 4 vol. gr. in-8°, 604 p.

La Revue a rendu compte des trois premiers volumes de la publication entreprise par M. Martens. J'ai loué, comme je crois qu'elle méritait de l'être, la manière dont ce travail historique était conçu et avait été exécuté. Je me bornerai donc à signaler les principaux documents inédits que contient le nouveau volume et à indiquer les faits les plus saillants présentés dans les notices que M. Martens place avant le texte des grands traités. La première partie du volume contient des détails intéressants sur les relations de l'Autriche et de la Russie de 1815 à 1822, pendant l'ère des congrès et sous le régime de la sainte-alliance. Pour être sainte, cette alliance n'était pas toujours cordiale, confiante et intime. Je noterai en particulier (p. 265-281) la notice sur le congrès de Troppau et le prétendu droit d'intervention que s'arrogèrent les alliés, et (p. 304-314, 343-351, 365-375, 399-404) des renseignements très curieux à étudier pour l'histoire de la question d'Orient de 1822 à 1829. Les textes et les notices méritent plus d'attention encore après 1830, car à partir de cette date l'histoire authentique de l'Europe, et surtout celle des cours du Nord, est bien incomplètement connue. La convention du 9 mars 1833, relative à l'action commune dans la question belge, est inédite. Elle est précédée d'un résumé de la politique de l'Autriche et de la Russie après la révolution de 1830 (p. 419-432). Cette révolution rapprocha les deux cours dont les relations s'étaient fort tendues à la suite de la guerre d'Orient et du traité d'Andrinople. « Le gouvernement de Louis-Philippe, dit M. Martens (p. 422), en proclamant le principe de la non-intervention dans les affaires intérieures des peuples étrangers, niait par là le droit que l'Autriche et la Russie s'attribuaient de prévenir les révolutions des États... Ce sont, disait Metternich (dépêche à Londres du 21 octobre 1830), les brigands qui récusent la gendarmerie et des incendiaires qui protestent contre les pompiers. Nous n'admettons pas une prétention aussi subversive de tout ordre

social... » C'était en vertu des principes que ces défenseurs de la légitimité s'élevaient contre l'établissement de 1830. Le prétendu gouvernement de l'ordre social, c'était, en réalité, le gouvernement de l'Europe par les trois cours du Nord et la suprématie de leurs prétentions et de leurs intérêts sur les droits, les prétentions et les intérêts des autres nations et des autres États. Le principe de la légitimité n'intervenait qu'à titre de figure de rhétorique, et on était tout prêt à le laisser de côté le jour où l'on aurait besoin d'en invoquer un autre. Metternich qui était, dans sa chancellerie, le plus disert des docteurs en droit de la sainte-alliance, se montrait, dans sa conduite, le plus sceptique des hommes d'État. Il avait fait reconnaître par l'Autriche le gouvernement de juillet; ce gouvernement le gênait en Belgique et en Italie. « Dès lors, écrivait Metternich, son existence est un fait auquel on peut opposer un autre fait, et si la jeunesse du duc de Bordeaux l'empêche de donner de l'ombrage à Louis-Philippe, il n'en est pas de même du duc de Reichstadt, et on est ici décidé de se servir de ce moyen extrême si le gouvernement français veut s'opposer à ce que l'Autriche réprime les troubles de l'Italie » (p. 424. Rapport de l'ambassadeur de Russie à Vienne, 12 février 1831). Voilà le vrai Metternich, l'homme tel qu'il était et tel que nous l'ont montré les notes et les lettres de Gentz. On s'y est beaucoup mépris en France. Les notices de M. Martens détromperont ceux qui se font encore quelques illusions sur le génie et le caractère de ce demi-dieu des chancelleries classiques. On a fait ressortir avec autant de modération que de netteté l'hostilité systématique de sa politique à l'égard de la France pendant la Restauration (cf. VielCastel, passim). On voit ici que, sous des formes différentes et sous le masque des cajoleries dont l'impression rétrospective est encore, et beaucoup trop vivement, marquée dans l'Histoire du Consulat et de l'Empire (voir notamment le récit des négociations de 1813), Metternich, comme le dit justement M. Martens, « a beaucoup plus intrigué contre le nouveau gouvernement français qu'on ne le croit généralement. » Le tsar Nicolas, qui n'était pas suspect de complaisance pour le gouvernement et la politique de la France, apportait dans ses vues plus de suite et de conséquence que Metternich, et il lui fit très judicieusement sentir qu'en agissant comme elle menaçait de le faire « l'Autriche se mettrait à la tête des ennemis de l'ordre social» (Dépêche à Vienne, 2 mars 1831). Ces discussions subtiles et assez byzantines cachaient les préparatifs les plus menaçants, et M. Martens, qui est très sobre d'ailleurs en ce volume sur l'affaire même de la Belgique, nous montre très bien l'alliance de 1813 se reformant, en 1831, sous la double impulsion de Metternich et de Nicolas. Ces détails sont propres à faire mieux apprécier la politique si sage, si ferme et si patriotique que tint le gouvernement français dans ces premières années de crise.

Les conférences qui eurent lieu en 1833 à Münchengrætz, entre l'empereur François et l'empereur Nicolas, n'étaient que très incomplètement connues. M. Martens, dans une notice développée (p. 435-445),

nous montre comment la question d'Orient y fut agitée. Elles aboutirent à la convention du 18 septembre (inédite) par laquelle les deux souverains s'engageaient à « maintenir l'existence de l'empire ottoman sous la dynastie actuelle» (art. I). Il est intéressant de suivre les raisonnements ingénieux par lesquels M. M. essaie de relier cet épisode conservateur à la politique traditionnelle de la Russie en Orient. La convention du 25 juillet 1840, relative à la navigation du Danube, est également précédée d'éclaircissements nouveaux sur les affaires d'Orient. Je citerai encore, mais à un autre point de vue, les nos 141 et 142 de l'ouvrage, relatifs à l'annexion de Cracovie et aux affaires de Pologne en 1846. Il est fort possible que les historiens autrichiens aient des réserves à faire et des rectifications à apporter aux appréciations de M. Martens. L'histoire générale ne pourra qu'y gagner. La traduction française qui est placée en regard du texte russe est en général assez satisfaisante. Toutefois M. Martens fera bien, dans l'intérêt même de la vieille réputation de la diplomatie russe, de la faire revoir par un homme competent avec un peu plus d'attention qu'on n'en a apporté jusqu'ici à ce travail. Il y a des mots mal employés et des tournures irrégulières qui font tache.

Albert SOREL.

Denkwürdigkeiten von Ulrichen. Ein Beitrag zur Freiheitsgeschichte der Schweiz. Aktenmæssig dargestellt von Paul AмHERD. Bern. K. J. Wyss. 1879. 254 p. in-8°.

Ulrichen est un petit village situé dans la partie supérieure de la vallée du Rhône. C'est là que les Valaisans, par deux victoires, l'une sur les Zæhringen en 1211, l'autre sur Berne en 1419, montrèrent qu'ils étaient dignes de conserver leur indépendance.

M. Am-Herd a eu l'heureuse idée de réunir en un petit volume tous les renseignements qu'il a pu recueillir sur cette localité. Cet ouvrage est d'un genre nouveau, mais il ne fait preuve ni d'une critique très sévère, ni d'une tendance scientifique très accentuée. De plus, le plan, tel qu'il est conçu, exclut l'unité de composition; aussi trouve-t-on, au milieu de détails qui n'ont qu'une importance purement locale, de nombreux morceaux utiles à l'histoire de la vie sociale et des mœurs (Culturgeschichte) et quelques paragraphes importants pour l'histoire du droit. Nous citerons parmi ces derniers les paragraphes relatifs aux corporations villageoises (§ 13), aux règlements de village (§ 31), à l'administration et à la culture des alpages (§ 32).

En résumé, M. Am-Herd a rempli le but qu'il s'était proposé; un ouvrage de ce genre est d'une utilité incontestable pour l'histoire du Valais et il serait à désirer que cet exemple fût suivi et que les archives de ce pays fussent explorées avec la patience que l'auteur a apportée à ce travail. E. F.

RECUEILS PÉRIODIQUES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.

1.

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Yonge. France (mau

Revue critique. No 14. Vanderkindere. Le siècle des Artevelde (bonne étude critique sur les progrès de l'esprit politique en Brabant et en Hainaut au xive s.). — Bouquet. Mémoires de Pierre Thomas, sieur du Fossé (intéressant pour l'histoire du jansénisme; pour l'histoire générale ils fournissent d'utiles renseignements sur les mœurs, le commerce, l'industrie et les beaux-arts en France à la fin du XVIIe s.). = No 15. Jundt. Les amis de Dieu au xive s. (apporte des lumières nouvelles à l'histoire des sociétés secrètes du mysticisme au xive s.; des lacunes, des hypothèses peu justifiées). Fischbach. La fuite de Louis XVI (n'apprend rien de bien nouveau). vais). No 16. Nældeke. Geschichte des Artachshîr i Pâpakân (histoire légendaire d'Ardeshir le fondateur de la dynastie des Sassanides en 226 ap. J.-C.). Stieve. Die Politik Bayerns 1591-1607, 1er volume (important, cf. plus haut, page 415). A. Leroy-Beaulieu. Un empereur, un roi, un pape, une restauration (intéressantes études d'histoire contemporaine). No 17. Rothe. Vorlesungen über Kirchengeschichte, 2 vol. (intéressant). Clément Simon. La vicomté de Limoges; géographie et statistique féodale (l'auteur n'étudie guère que le xve s.; il ne connaît pas les travaux antérieurs; il a cependant fait une utile description d'un des fiefs les plus importants du centre de la France). — Zeller. Le connétable de Luynes (étudie seulement les affaires de Montauban et de la Valteline; publie des pièces intéressantes provenant des archives d'Italie, mais néglige les autres sources d'information. Trop favorable à Luynes). = N° 18. Du Bled. Histoire de la monarchie de Juillet (étude intéressante d'un partisan assez bien informé, du moins pour la France, du gouvernement de Juillet). = No 19. Klein. Die Verwaltungsbeamten der Provinzen des rom. Reichs bis auf Diocletian, 1re part. (bon). - Correspondance de lord Palmerston, traduite par Aug. Craven (utile). No 20. Rahlenbeck. La mission du conseiller Boisot à Metz, en 1543 (pour écraser le protestantisme; les protestants furent en effet persécutés; aussi en 1552 Metz se donnait à la France). Gmelin. Beitræge zur Geschichte der Schlacht bei Wimpfen, 1622 (bibliographie des événements qui précédèrent, accompagnèrent ou suivirent la bataille). N 22. Loserth. Beitrage zur Geschichte d. Hussit. Bewegung (publie avec beaucoup de soin un recueil de lettres de l'archev. Jean de Jenzenstein et une monographie consacrée à Vojtech Ranconis de Ericinio). N° 23. Chéruel. Histoire de France pendant la minorité de Louis XIV, t. III (excellent; de menues erreurs).

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