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core aux usages qu'ils avaient vu pratiquer dans la terre d'Égypte.

Nous devons ici nous borner à ces faits qui ne sont pas les seuls de ce genre; il exista bien d'autres usages communs entre des peuples si souvent et si long-tems en rapport. Cette conformité serait fort intéressante à étudier, et formerait une page importante dans le grand livre des mœurs des peuples; mais les documens ont manqué, et ces analogies curieuses sont demeurées inaperçues pour la plupart des savans. Marsham, dans son Chronicus Canon, s'était occupé de cette matière; mais il avait adopté un système trop général, qui excita une vive indignation. Il semble considérer tous les rites judaïques comme une imitation de ceux des Égyptiens. Cette opinion, resserrée dans des bornes plus étroites, pourrait approcher beaucoup de la vérité.

IV. Il était donc incontestable, et, depuis longtems, on l'avait senti, que les Hébreux et les Égyptiens devaient être étudiés parallèlement et dans leurs rapports; que les mœurs et l'histoire de l'Égypte, mieux étudiées et mieux connues, pouvaient répandre un grand jour sur l'histoire et les mœurs du peuple de Dieu; en un mot, que les antiquités pharaoniques, s'il était possible de soulever le voile, deviendraient le meilleur commentaire historique d'une partie des livres saints, et spécialement du Pentateuque, Nous en étions encore bien loin:

pour nous faire connaître l'Égypte, son histoire et ses coutumes, pour faciliter l'étude comparative des deux peuples, il fallait que les rives du Nil fussent explorées avec la plus constante persévérance; que ses monumens, dessinés avec soin, fussent confrontés et commentés avec intelligence, et surtout, ce qu'on n'osait plus espérer, qu'ils cessassent enfin d'être inintelligibles pour nous. Tout cela est arrivé la terre des Pharaons a été visitée par de nombreux et savans voyageurs, et, pour la première fois, on a vu une armée protéger les recherches paisibles de la science. L'Égypte a été décrite dans un ouvrage où tous les arts ont déployé une magnificence vraiment royale. Enfin, la providence, qui avait ménagé à notre siècle la découverte des hieroglyphes, a fait parler les monumens égyptiens, silencieux pendant tant de siècles. Cet heureux concours de circonstances ne doit-il pas nous faire espérer les plus heureux résultats pour la critique sacrée ? A mesure que la science dont M. Champollion est le créateur prendra successivement les développemens qu'elle promet, nous devons voir confirmer et éclaircir de plus en plus les récits des livres saints, dans lesquels l'Égypte joue un si grand rôle; et déjà, quoique les études hiéroglyphiques ne soient encore qu'à leur enfance, elles ont fourni de précieux documens pour l'intelligence et la défense des Écritures. C'est ce qu'avait bien compris

le pape Léon XII, qui, en encourageant de tout son pouvoir les doctes travaux de M. Champollion le jeune, ne se bornait pas à considérer sa découverte comme un événement des plus marquans dans les fastes des connaissances humaines, mais y voyait surtout une source précieuse de données positives sur l'histoire du peuple de Dieu dans ses rapports avec l'Egypte (1). On verra dans les chapitres suivans les résultats philologiques, historiques et géographiques qui dérivent des hiéroglyphes appliqués aux livres saints, et les moyens qu'ils présentent pour résoudre d'une manière décisive quelques difficultés assez graves.

(1) Une lettre de M. le duc de Laval-Montmorency, notre ambassadeur à Rome, adressée au ministère, exprimait cette opinion du souverain pontife d'une manière très-flatteuse pour M. Champollion et pour la France. Le chef de l'Église désirait que le roi connût le jugement porté par S. S. sur les travaux de ce savant.

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CHAPITRE II.

APERÇUS PHILOLOGIQUES.

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Rapports entre les écritures égyptiennes et celle des Hébreux.-Analogies entre le style des livres saints et celui de quelques légendes hiéroglyphiques.- Noms égyptiens conservés dans la Bible.

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LES savans avaient soupçonné depuis long-tems quelques rapports entre l'hébreu et l'ancienne langue égyptienne. On pouvait penser, en effet, que le langage, partie si importante des mœurs des peuples, n'avait pu rester à l'abri de l'influence mutuelle produite par les fréquentes communications des Israélites avec l'Égypte. Les monumens égyptiens, déchiffrés par M. Champollion, sont venus à l'appui de cette conjecture, et nous ont révélé plusieurs exemples de cette sorte d'analogie. Nous nous contenterons d'exposer ici ceux qui nous ont paru mieux constatés et plus saillans.

Dans le tableau des alphabets phonétique, hiératique et démotique, qu'il a placé à la suite de son Précis, M. Champollion le jeune fait correspondre

chacun des signes qu'il présente avec les lettres équivalentes de l'alphabet copte, et l'objet de son ouvrage l'exigeait ainsi, puisque les hiéroglyphes phonétiques doivent former des mots conservés, en grande partie, dans la langue des Coptes. Pour rendre ce tableau synoptique plus complet et plus utile, il a voulu y faire entrer encore, et dans le même ordre, les signes alphabétiques des langues hébraïque, grecque et latine. Cette idée heureuse mettra les lecteurs à même d'observer des rapports frappans dans les formes entre les écritures de l'Égypte et celles de l'alphabet hébraïque. Nous devons signaler surtout les lettres et v, comme offrant, avec les signes correspondans dans les trois alphabets égyptiens, des rapports qu'il est impossible de méconnaître, pour peu qu'on soit exercé dans ce genre d'études. Si le fait, généralement admis, que les Juifs transportés en Assyrie changèrent leurs caractères primitifs contre ceux de l'alphabet chaldéen, semblait ôter à notre observation une partie de son à-propos, nous pourrions ajouter que les mêmes rapports existent, quoique peut-être moins sensibles et moins nombreux, entre les signes graphiques des Égyptiens et les anciens caractères employés par les Hébreux, que les Samaritains ont conservés. Nous n'entrerons pas dans les détails qui pourraient paraître mi

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