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en Syrie. Cette dynastie contemporaine des Pasteurs ( la XVII ) ne figure pas dans les abréviateurs de Manéthon; mais elle nous a été restituée par la table d'Abydos, qui donne les prénoms de ses six rois le nom du dernier Misphragmouthosis est le seul qui nous soit connu.

A laquelle de ces deux dynasties parallèles appartint le roi égyptien que la Genèse nous fait voir contemporain d'Abraham ? Il n'est pas probable que ce fut un des rois Pasteurs; l'écrivain sacré lui donne le titre de Pharaon qui ne dut appartenir qu'aux légitimes souverains; et les sentimens de justice et de crainte de Dieu qu'il nous montre dans sa conduite, quand il eut reconnu la qualité de Sara, ne répond pas à l'idée que nous nous faisons de ces féroces et impies tyrans. Il serait plus naturel de penser que ce Pharaon était un des princes de la XVII dynastie. Mais il est impossible de connaître, non seulement son nom, puisque la table d'Abydos, ainsi que nous l'avons observé, ne nous offre que des prénoms; mais encore son numéro d'ordre, parce que nous ignorons la durée respective des règnes de ses princes, quoique nous sachions certainement que leur durée totale fut, comme celle des Pasteurs, de deux cent soixante ans.

Il existe une autre hypothèse pour l'époque de ces événemens. Elle est fondée sur l'autorité d'Eu

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sebe qui, dans sa Chronique, affirme positivement qu'Abraham fut contemporain de la AVI" dynastie (1). Si l'on admet ce synchronisme, auquel jusquici on avait donné trop peu d'attention, la pénurie des monumens pharaoniques de cette époque interdirait toute recherche sur le nom du Pharaon, ravisseur de Sara. Nous avons dù nous abstenir d'émettre une opinion sur cette question importante.

IV. Environ deux siècles plus tard, nous voyons paraitre dans la Genèse un autre Pharaon. Joseph, depuis long-tems l'objet de la jalousie de ses frères, est vendu par eux à des marchands de Madian, qui l'emmènent en Égypte, et il devient l'esclave de Putiphar, chef des eunuques du Pharaon et général de ses troupes (Gen. XXXVII, 28, 36). Le fils de Jacob interprète les songes de ce prince, et lui annonce les sept années de fertilité qui devaient enrichir l'Égypte,et les sept années de famine qu'on verrait leur succéder. Charmé de la sagesse qui brillait en lui, le monarque lui confie l'administration de tout son royaume, où la prévoyance du jeune Hébreu fait régner l'abondance; il devient le sauveur de l'Égypte et des provinces voisines (XII). Bientôt la famine oblige Jacob à envoyer ses fils en Égypte, pour se procurer des

(1) Euseb., ed. Scaliger., Chron. græc., p. 89; ed. Ve 240. net,, armen., t. II, p. 63 ; — ed. Milan, p.

vivres (XLII, XLIII). Enfin Joseph se fait connaître à ses frères, avec ces circonstances touchantes dont l'Écriture nous a conservé les détails (XLIV, XLV); il appelle auprès de lui son père et sa famille (XLVI); et le Pharaon les accueille avec bienveillance et les établit dans la contrée fertile de Gessen (XLVII).

Nous retrouvons ici de nouvelles difficultés chronologiques du genre de celles que nous a présentées la détermination du dernier Pharaon. Sans prétendre décider une question ardue, commençons par suivre l'hypothèse qu'a établie Ussérius.

L'Écriture n'indique en aucune manière une succession de souverains à l'époque que nous venons de retracer; et cet événement, au reste, eût été toutà-fait indifférent par rapport au but d'une histoire exclusivement nationale et religieuse. Mais les dates assignées communément dans la chronologie sacrée aux divers faits que cette époque renferme, ne permettent pas de les considérer comme s'étant passés sous un seul règne : nous sommes obligés de reconnaître deux Pharaons dans cet espace de vingt et quelques années.

Si nous admettons que Joseph fut vendu par ses frères vers l'an 1827 avant notre ère, comme l'ont fait beaucoup d'interprètes d'après Ussérius, le Pharaon qui gouvernait l'Égypte, lorsque le fils de Jacob y arriva, et dont Putiphar, le maître de Jo

seph, commandait les troupes, serait le cinquième roi de la XVIII dynastie, auquel les légendes égyptiennes donnent le nom de Thoutmosis ( III ), que les anciens chronologistes appellent Miphra, ou Miphrès, et dont MM. Champollion ont reconnu l'identité avec le Maris des historiens grecs (1), prince qui donna son nom au fameux lac qu'il avait creusé, et l'un des plus grands et des meilleurs rois qu'ait eus l'Égypte. En effet ce Pharaon régna près de treize ans, c'est-à-dire de l'an 1736 jusqu'à l'an 1723 avant notre ère. On retrouve ses cartouches royaux sur un grand nombre de constructions en Égypte et en Nubie, sur le grand obélisque de 'saint Jean de Latran, autrefois transporté à Rome, sur une statue du Musée de Turin (2), et sur une infinité de scarabées, d'amulettes et autres monumens de petites dimensions, et de tout genre, dans les cabinets particuliers ou les musées publics. Le plus remarquable, sans contredit, est un fragment de papyrus hiératique reconnu par M. Champollion le jeune dans le Musée Royal de Turin, et qui porte la date de sa cinquième année (3).

Mais le Pharaon qui joue dans l'histoire de Joseph le rôle le plus important, celui qui le tira de

31.

(1) 1re Lettre sur le Musée de Turin, pp. 82-83.
(2) Lettre IT sur le Musée de Turin,
(3) Bulletin des sciences historiques, t. II, p. 302.

p.

sa prison, qui en reçut l'explication de ses songes mystérieux, qui le fit son ministre et l'investit de toute son autorité, qui enfin établit en Égypte Jacob et ses enfans, serait le fils et le successeur du même Thoutmosis-Maris, qui est appelé par les chroniques Miphra-Thoutmosis, et par les légendes Amenophis (deuxième du nom). Il fut le sixième roi de la XVIII dynastie, et son règne de plus de vingt-cinq ans dura depuis l'an 1723 avant notre ère, jusqu'à l'an 1697. Or les faits que nous plaçons sous son règne, ne pourraient, d'après les dates les plus généralement admises de la chronologie sacrée, avoir été antérieurs à l'an 1714, ni postérieurs à 1705 avant notre ère. Les noms hiéroglyphiques de ce Pharaon se lisent sur plusieurs édifices de l'Égypte et de la Nubie, notamment sur une partie du temple d'Amada, audelà de la première cataracte. Le musée de Turin possède une belle statue colossale de ce prince en granit rose, et sur la ceinture on lit un cartouche royal renfermant son prénom (1); le musée Charles X renferme aussi plusieurs petits monumens qui portent

son nom.

Comme la précédente, ces déterminations chronologiques reposent uniquement sur le système d'Ussérius, dont se rapprochent assez la plupart des autres chronologistes et des interprètes. Mais

(1) Ire lettre sur le Musée de Turin, p. 36.

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