Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

faveur sur l'entreprise hasardeuse dans laquelle M. Champollion a si heureusement réussi. On ne serait pas mieux fondé à lui opposer, comme on l'a fait, sans connaissance de cause, un système dont la sensation momentanée ne saurait être attribuée qu'à la partialité nationale de quelques savans de l'Allemagne. On ne peut, en effet, avec les notions les plus légères de ce qu'ont produit MM. Champollion et Seyffart, mettre en parallèle des théories arbitraires, sans principes suivis, et qui ne s'appliquent à rien, avec un système basé sur les faits les mieux reconnus, conséquent dans tout son ensemble, d'accord avec les seules notions que nous ait léguées l'antiquité savante, et qui s'applique à tout. En un mot, pour nous servir de l'heureuse expression de M. Coquerel: « Entre M. Champollion et ses prédé» cesseurs, il y a cette seule différence, immense il >> est vrai, qu'avant lui on essayait de deviner les » hiéroglyphes, et qu'il enseigne à les lire (1). »

Toutefois il s'en faut grandement que l'importante découverte de notre compatriote ait acquis encore tout son développement. La plupart des signes qui peignent les sons doivent, il est vrai, être connus, quoique M. Champollion ne les ait pas

(1) Lettre à M. Ch. Coquerel sur le système hieroglyphique de M. Champollion, considéré dans ses rapports avec l'Écriture Sainte. Amsterdam, 1825. in-8°.

tous publiés, et quand il nous aura donné son dictionnaire hieroglyphique, on pourra, à l'aide de là langue copte, lire des portions considérables des textes égyptiens. Mais, comme nous l'avons observé, les signes phonétiques sont souvent mêlés avec les hiéroglyphes idéographiques des deux genres, et la connaissance de ceux-ci est bien loin d'être aussi avancée que celle des signes de sons. Les hiéroglyphes figuratifs seront sans doute les plus faciles à reconnaître, puisqu'ils furent destinés à rappeler l'idée des objets mêmes dont ils retraçaient l'image; et une étude approfondie des usages de l'antique Égypte, de ses productions, et des ustensiles qu'elle employait, objets qui ont servi bien souvent de signes figuratifs, pourra compléter la série des caractères connus appartenant à cette classe. Il n'en est pas de même des signes symboliques dont les rapports avec les idées qu'ils expriment sont moins directs, moins sensibles, et souvent même moins réels. Heureusement cette classe de signes est la moins nombreuse des trois dont se composait le système graphique monumental. La confrontation des manuscrits de même nature, comme les rituels, des stèles et des figures funéraires, qui offrent presque toujours la répétition des mêmes formules, donnera lieu à retrouver quelquefois la traduction phonétique de groupes symboliques observés ailleurs et jusque-là inintelligibles. Cette étude comparative

contribuera singulièrement aux progrès de cette branche, la moins avancée des écritures égyptiennes, et, si l'on est assez heureux pour découvrir encore quelques inscriptions bilingues, on peut espérer d'arriver enfin à des données presque complètes sur les élémens constitutifs des méthodes graphiques d'un peuple si curieux à étudier, et de voir toutes les connaissances humaines, mais surtout l'histoire, s'enrichir des documens précieux que recèlent encore les monumens de l'antique Égypte. Entre les mains d'un savant aussi infatigable que M. Champollion, cette découverte importante doit atteindre bientôt toute l'extension dont elle est susceptible; telle qu'elle est actuellement, elle donne lieu déjà à de nombreuses applications, comme on le verra dans le chapitre suivant.

[merged small][ocr errors][merged small]

COUP D'OEIL SUR LES RÉSULTATS DE LA DÉCOUVERTE DES HIEROGLYPHES.

Résultats historiques et chronologiques. Résultats par rapport à la mythologie égyptienne. - Résultats relatifs à l'histoire de l'art en Égypte.

000000000000

A peine M. Champollion le jeune eut-il publié les premières notions de sa découverte dans sa Lettre à M. Dacier, qu'il reçut de toutes parts les plus honorables encouragemens. Les souverains, les sociétés savantes, les archéologues de tous les pays se firent gloire de concourir par toutes les communications possibles aux progrès de ses importans travaux. Le roi Louis XVIII accorda une haute protection à notre savant compatriote, et son auguste successeur, dans l'intérêt des études égyptiennes, fonda bientôt après, par l'acquisition de la collection Salt, notre riche Musée Charles X; le souverain pontife, que l'église pleure en ce moment, et qui ne portait pas en vain le nom, si cher aux lettres, de Léon, accueillit avec distinction l'illustre Français, lorsqu'il alla explorer les nombreuses dépouilles des

Pharaons que possède la ville éternelle, et le roi de Sardaigne mit à sa disposition l'étonnante collection Drovetti, qui forme aujourd'hui le Musée Royal Égyptien de Turin, collection que la France regrettera à jamais, et qui a fourni à M. Champollion la matière d'un de ses ouvrages les plus importans (1). Les portefeuilles des voyageurs et des artistes lui furent ouverts comme les cabinets des antiquaires; des plâtres moulés sur les monumens originaux et de nombreux dessins lui furent adressés de toutes parts, et de toutes parts aussi il fut consulté comme l'arbitre souverain en tout ce qui concerne les écritures et les monumens de l'ancienne Égypte. De telles relations l'ont mis à même de pénétrer à fond cette intéressante matière, et de multiplier des observations qui, rapprochées et coordonnées, ont amené d'importans résultats, par rapport aux diverses branches des connaissances historiques. Nous devons, dans ce chapitre, donner au lecteur un aperçu des plus saillans.

I. Les premiers résultats de la lecture des légendes égyptiennes durent être historiques ou chronologiques, puisque la nature des premières recherches exigeait l'essai du système phonétique sur des groupes

(1) Lettres à M. le duc de Blacas d'Aulps, etc., relatives au Musée Royal Égyptien de Turin. Paris, F. Didot, 1824 et 1826, gr.

in-8°.

« VorigeDoorgaan »