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Séance du 22.

M. de Caumont, directeur de la Société française d'archéologie, en transmettant le programme de la 26° session du congrès archéologique qui doit se tenir à Strasbourg le 24 août prochain, offre, au nom de la Société, le fauteuil de la présidence aux membres de l'Académie des inscriptions qui voudraient assister aux séances.

UN MEMBRE fait observer que les académiciens, lorsqu'ils assistent aux assemblées des sociétés savantes, ne prennent part aux discussions et aux

avait revêtu les mêmes caractères, et la religion se présentait sous les mêmes apparences en les multipliant à l'infini par le souffle heureux d'une ingénieuse et féconde poésie; mais les esprits se sont affranchis de ces entraves pour s'élever dans la philosophie et dans les arts à des notions plus pures et plus simples; ils ont été supérieurs à leur religion, si bien, dit en terminant le savant interprète de la Métaphysique d'Aristote, que le côté inférieur des Grecs a été précisément leur religion, tandis que le côté supérieur des Sémites a été leur culte du Dicu unique, et qu'un naturalisme inférieur est resté le partage du culte polythéiste, tandis que la notion métaphysique est passée au monothéisme.

M. BRUNET DE PRESLE ajoute quelques observations à celles qui précèdent, et voudrait que l'on s'entendît bien sur le mot de race, qui n'a pas eu, à ses yeux, dans le débat, toute la netteté qu'on aurait dû lui attribuer par une définition.

M. RENAN. Les arguments de son savant confrère M. RAVAISSON, lui paraissent parfaitement conformes à la raison, très-logiques et très-philosophiques à la fois; il souhaiterait même que les choses se fussent passées conformément à des théories aussi saines et aussi séduisantes; mais malheureusement l'histoire leur donne un perpétuel démenti. Si le monothéisme avait dû s'accorder avec cette supériorité intellectuelle qu'il semblerait supposer, il en résulterait que les musulmans devraient être les premiers mé.. taphysiciens du monde, car ils sont, à cette heure, dépositaires du plus pur monothéisme; il n'en est rien. L'islamisme étouffe au contraire toute philosophie, bien plus, toute intelligence supérieure, par cela même qu'il est trop simple; la philosophie arabe n'existe pas, elle ne s'est produite du moins qu'à côté et en dehors du monothéisme officiel. En réalité, il n'existe pas davantage de philosophie juive; car le savant auteur de la Métaphysique d'Aristote ne saurait prendre les philosophes juifs pour des enfants des douze tribus. Spinosa n'était juif que de naissance; il n'était, de fait, qu'une puissante individualité. M. RENAN se demande donc où, dans l'histoire du plus pur monothéisme, c'est-à-dire dans l'histoire juive et arabe, l'on peut reconnaître cette alliance, chimérique, selon lui, de l'intelligence supérieure de la race, avec la croyance absolue et le culte exclusif du Dieu unique.

M. RAVAISSON. Ces religions ayant pour principe la notion métaphysique elle-même, se passent de philosophie, et parce qu'elles peuvent s'en passer, sc suffisant à elles-mêmes, elles n'ont pas permis de se livrer à ces spéculations.

La clôture de la séance met fin à cette discussion.

délibérations qu'en leur nom personnel, et non à titre de membres de la Compagnie.

M. DELISLE, en l'absence de M. HASE, secrétaire rapporteur de la commission des antiquités nationales, fait connaître le résultat du concours de cette année. Elle a reçu quatre-vingt-cinq ouvrages et propose de distribuer les récompenses dans l'ordre qui a été indiqué dans l'avant-propos de ce volume. (Voy. JUGEMENTS DES CONCOURS à l'avant-propos, p. xvI.)

L'Académie désigne, pour la représenter à la séance solennelle des cinq Académies, M. LENORMANT, qui veut bien lire un extrait de son Mémoire sur les antiquités du Bosphore Cimmérien.

L'ordre du jour appelle la nomination des commissaires qui devront préparer le choix de deux sujets l'un pour le prix annuel ordinaire, l'autre pour le prix Bordin.

L'Académie décide que le sujet du prix annuel ordinaire de l'Académie pour 1861 sera pris dans l'Histoire du moyen âge ou des temps modernes, et le sujet du prix Bordin dans l'histoire et la littérature orientales, et que deux commissions distinctes seront nommées à cet effet.

Pour choisir le sujet du prix annuel ordinaire, sont nommés au scrutin secret: MM. LE CLERC, LITTRÉ, DE WAILLY, Delisle.

Pour choisir le sujet du prix Bordin, sont nommés au scrutin secret : MM. REINAUD, MOHL, Ad. REGNIER, RENAN.

M. BRUNET DE PRESLE lit, en communication, un travail intitulé :

Notice sur une inscription bilingue égyptienne et grecque.

ANALYSE.

M. BRUNET DE PRESLE communique à l'Académie cette inscription bilingue, grecque et égyptienne, en écriture démotique. L'original de ce monument a été rapporté d'Égypte pour le musée de Berlin par M. Lepsius, qui l'a reproduit dans une livraison de ses Monuments d'Égypte (Denkmaeler aus Aegypten und Ethiopien, etc.), pl. 74. Cette livraison, qui contiendra toutes les inscriptions grecques recueillies par M. Lepsius, les unes inédites, d'autres plus exactement copiées, n'a pas été mise encore dans le commerce, mais M. Lepsius en a envoyé une épreuve à M. BRUNET DE PRESLE. Grâce à

cette obligeante communication, le savant membre signale d'avance à l'attention de l'Académie et aux études des égyptologues un fait qui lui a paru neuf et curieux. La planche qu'il a reçue ne contient que la deuxième moitié de l'inscription trouvée au Caire par M. Lepsius. Elle renferme plusieurs textes égyptiens en écriture démotique et trois inscriptions grecques métriques. Une de ces dernières présente le nom de l'auteur écrit en acrostiche par les initiales des neuf vers qui la composent. Ces lettres sont répétées en marge à gauche de l'inscription. Ce genre de jeu d'esprit n'est pas rare dans les monuments de l'Égypte, et M. LETRONNE en a publié d'analogues. Mais ce qui est plus inattendu, c'est qu'en regard de cette inscription grecque, le texte démotique qui en est la traduction (autant qu'on peut s'en assurer, la moitié des lignes ayant disparu par une fracture de la pierre), ce texte démotique, disons-nous, donne le même nom écrit aussi en acrostiche comme dans l'épigramme grecque, excepté que l'égyptien n'a que huit lignes, à cause de la suppression d'une voyelle dans le nom de Moschion, l'auteur de cette double dédicace. La perte d'une partie du texte égyptien est très-regrettable; mais une autre pièce grecque de quatorze vers a sa traduction égyptienne en regard, ligne pour vers. On n'ose pas dire vers pour vers, puisque l'on n'a encore aucune notion de la prosodie égyptienne. Mais si l'on peut espérer de s'en faire une idée, ce sera peut-être cette inscription qui mettra sur la voie. La troisième inscription grecque n'est formée que de deux distiques.

M. BRUNET DE PRESLE a émis la conjecture qu'elle était peut-être de l'empereur Hadrien, qui tournait le vers grec avec facilité. L'anthologie a conservé quelques-unes de ses épigrammes.

On sait que ce grand touriste a visité l'Egypte en 130 de J.-C., et que plusieurs monuments portent encore des traces écrites de son passage.

M. BRUNET, n'ayant eu sous les yeux que la reproduction d'une partie de l'inscriptiou du Caire, n'insiste pas sur cette conjecture, qui peut être modifiée par l'étude de l'ensemble de la stèle. Le style des inscriptions grecques paraît bien convenir à cette époque. Personne n'est plus à même que M. Lepsius de résoudre les divers

problèmes soulevés par le monument qu'il a découvert, et dont on peut espérer la publication prochaine; une inscription bilingue peut faire faire encore aujourd'hui quelques pas à la science ouverte au commencement de ce siècle par l'inscription bilingue de Rosette.

M. LENORMANT commence la seconde lecture de son Mémoire sur les représentations qui avaient lieu dans les mystères d'Éleusis (1). Ont été déposés au secrétariat, pour être offerts en dons:

Revue de l'art chrétien, dirigée par M. l'abbé J. Corblet; juillet 1859, in-8. Société académique des sciences, arts, belles-lettres et agriculture de Saint-Quentin (Aisne). Troisième série, t. I, travaux de 1855 à 1857, un vol. in-8.

Annales de philosophie chrétienne, juin 1859, in-8.

Un numéro du journal de Tarascon, le Conciliateur, du 11 juin 1859, contenant un article de M. de Valori Sur un sceau de Charles II, dit le Boiteux, comte de Provence.

M. l'abbé J. Corblet adresse, pour le concours des antiquités de la France, une brochure intitulée: A-t-on réservé le précieux sang dans les siècles primitifs et au moyen âge? In-8.

M. HASE présente, de la part de M. le général Noroff, une brochure en allemand intitulée : L'Atlantide d'après les auteurs orientaux et grecs.

M. Noroff a écrit en russe un ouvrage intéressant sous ce titre : Voyage aux sept églises, c'est-à-dire aux sept cités dont il est question dans l'Apocalypse Colosse, Smyrne, Ephèse, etc. C'est une étude savante d'archéologie chrétienne dans laquelle l'auteur recherche tous les restes des premiers temps du christianisme dans ces contrées. Son attention s'est portée, non-seulement sur les monuments des hommes, mais aussi sur la nature des lieux, et il a observé beaucoup de changements dans le littoral produits particulièrement par les alluvions du Méandre et des autres fleuves de cette côte. La brochure offerte par M. HASE est un extrait de ce grand ouvrage.

Séance du 29.

M. le Ministre d'État, en réponse à la lettre que l'Académie lui avait adressée pour le prier de prendre sous sa protection le monument de Plou

1. Voy. le t. II des Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, de M. Ernest Desjardins, année 1858, p. 128-152. Aug. Durand.

harnel, près de Carnac, et les autres du même genre, meuacés de destruction par les ouvriers des routes et les propriétaires riverains, répond qu'il n'avait pas attendu la demande de l'Académie pour s'intéresser à la conservation de ces monuments, mais qu'il a toujours rencontré des obstacles qu'il n'a pu vaincre.

M. de Caumont, correspondant, écrit pour se porter candidat à la place d'académicien libre devenue vacante par le décès de M. Aug. LE PRévost.

M. EGGER, rapporteur de la commission qui a jugé le concours sur la vie el les ouvrages de Varron (prix Bordin), fait connaître ses conclusions. (Voy. l'avant-propos de ce volume: Jugements des concours, p. xv.)

<«< La commission décerne un prix de 2,000 fr. au Mémoire inscrit sous le n° 3, et qui remplit le mieux toutes les conditions du programme.

» Elle accorde un prix de 1,000 fr. au Mémoire n° 4, qui paraît une très-bonne préparation à une nouvelle édition des fragments de Varron. »

M. Gaston BOISSIER, professeur de rhétorique au lycée Charlemagne, est l'auteur du Mémoire n° 3.

M. CHAPPUIS, professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Besançon, est l'auteur du Mémoire no 4.

M. DELISLE, rapporteur, lit au nom de la commission chargée de préparer le choix d'une question pour le prix ordinaire annuel de l'Académie qui sera décerné en 1861, les trois sujets suivants :

1° Faire connaître l'administration d'Alfonse, comte de Poitiers et de Toulouse, d'après les documents originaux qui existent principalement aux archives de l'Empire, et rechercher en quoi elle se rapproche ou diffère de celle de saint Louis;

2o Déterminer la circonscription des bailliages royaux pendant la première moitié du XIVe siècle, en combinant les indications fournies par les registres de parlement et de chancellerie, les comptes, les rôles militaires et les autres documents originaux;

3o Faire connaître les institutions administratives du règne de Charles V, roi de France.

L'Académie choisit, par la voie du scrutin secret, le n° 1. La question mise au concours est donc celle qui est relative à l'administration d'Alfonse de Poitiers.

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