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et ladicte unyon tant solempnellement faicte et jurée et par Sa Majesté rátiffyée: vous pryant partant ne prester l'oreille et donner aulcune foy ou crédence à tels propolz mensongiers, et croire pour tout certain que ne manquerons jamais de nostre fidélité; mais aussy vous requérons bien instantment que, vous souvenant de ce que tant solempnellement avez juré et promis par l'unyon, nous secouriez de voz forces et moyens, et considérer que, quant l'occasion s'est présentée, n'avons mancqué de donner tout le secours et assistence possible aux provinces particulières qui en ont heu mestier, comme aussy seront ceulx que nous presterez en ceste conjoincture que sommes en extrême désolation, habandonnez et exposez à la proye de l'ennemy, sans aulcun confort ny souvenance de noz villes assiégées et depuis perdues, auxquelles l'on pooit par bon moyen donner secours, quy n'eult seullement maintenu lesdictes villes, mais aussy conservé la reste et touttes les aultres provinces en repoz, où au contraire ne cessera de poursuyvir et s'attacquer plus avant à toutte heure et occasion. A quoy vous pryons bien instantment avoir le regard qu'il convient et comme est assez notoire, et quy ne debveroit thomber en oubly et mescognoyssance, puisque les debvoirs ont cédez et tournez au prouffict et avanchement de la cause commune; au surplus tenir la bonne main à ce que l'on passe oultre au traictié et appoinctement enthamé avecque monseigneur le duc d'Anjou, puisque de prime face il a esté trouvé bon et approuvé de tous, comme aussy c'est le plus prompt secours et le plus avantageux qu'on polroit désirer en l'estat où se retrouvent ces désolez pays, et néantmoins négligé et retardé à bien petitte, voires nulle occasion, au regard d'iceulx.

Messieurs, noz très-affectueuses recommandations prémises à voz bonnes grâces, pryons Dieu vous donner en santé ce que myeulx sçauriez désirer. De Mons, ce dernier jour de may 1578. Voz bien bons et affectionnez amys à vous faire service, LES ESTATZ DU PAYS ET CONTÉ DE HAYNNau.

Actes des états de Hainaut, t. VI, fol. 72.

II.

Lettre des états de Hainaut aux états généraux sur les violences commises par les Gantois à Ypres (1).

27 juillet 1578.

Messeigneurs, comme nous avons entendu que ceulx de la ville de Gand, s'estans violentement emparez de la ville d'Yppre, y ont faict beaucop d'excèz estranges et contre la paciffication de Gand, et retenu prisonnier le grant bailly dudict lieu, n'avons peu obmectre de vous escripre que trouvons touttes ces manières de faire fort estranges, requérans bien humblement Vos Seigneuries y vouloir donner ordre, signantment de faire relaxer et mectre au délivre ledict sieur grant bailly d'Yppre, ad ce qu'on cognoisse que ne voulez ou entendez advouer tel faict au préjudice de ladicte paciffication, voire contre le serment de nostre unyon, de laquelle, par ce moyen, semble qu'ilz se veuillent rethirer, ce que seroit bien requis de sçavoir; recommandans ce faict à Vos Seigneuries, comme elles poellent cognoistre combien il importe pour le salut et repos de la patrie. Sur ce, nous recommandans bien humblement à voz bonnes grâces, prions Dieu vous donner, messeigneurs, très-heureuse et longhe vie. De Mons, ce xxviime de jullet 1578.

Actes des états de Hainaut, t. VI, fol. 128.

(1) Cette lettre et les deux suivantes furent écrites en exécution d'une résolution prise dans l'assemblée générale des trois états, le 26 juillet, et qui est ainsi formulée au procès-verbal :

« Conclu d'escripre à Son Altèze, conseil d'Estat et estatz généraulx, et leur représenter bien vivement le mal et grant préjudice que font les Ganthois, directement contrevenans à l'union des estatz par eulx tant solempnèlement jurée, prenans villes, saccageans églises, rompant imaiges et faisans aultres emprinses, les priant de faire act de gouverneur catholicque, coërceant et réprimant telz et voluntaires séditieulx et perturbateurs du repoz publicque, et qu'on ait à déclarer quelz on les doibt réputer et estimer, amys ou ennemys; pareillement, de faire une lettre particulière pour la délivrance du grant bailly d'Yppre, comme a esté faict; meismement au magistrat de ladicte ville de Gand. » (Actes des états de Hainaut, t. VI, fol. 127.)

III.

Lettre des états de Hainaut au magistrat de Gand, pour le requérir de réprimer les débordements et excès qui se commettent en cette ville.

28 juillet 1578.

Messieurs, il nous desplaict amèrement d'entendre les débordemens et excèz encquoy se desbandent à toutte oultrance aulcuns de vostre peuple, au grand scandal et préjudice de nostre saincte foy et religion catholicque romaine et de touttes personnes ecclésiasticques et catholicques, contemnement et mespris de la paciffication faicte et arrestée voires en la meisme ville de Gand, et le serment et obligation que tous y avons, suyvant meismement l'unyon depuis jurée et ratiffyée: causant par cela à tous ces Pays-Bas ung vitupère, ignominie et reproche irréparable par-devant touttes les nations de la terre, voire les plus barbares, quy, à ceste occasion et non sans fondement, nous réputeront, tous indifférantment soubz le nom de Flandres, gens sans foy, loy ne discipline, dignes de tout supplice, voires d'extermination. Et ne sçavons comprendre quelz sont leurs desseings, où est la recommandation de leur honneur, et où sont les yeulx de leurs entendemens, quy ne voyent que touttes tèles actions ne poellent estre que trèsfaceuses, désagréables, voires détestables à touttes gens de bien et de sain jugement, et ne craindent et réformident les inconvéniens, désastres, calamitez, désolations, afflictions et ruynes qu'en poelt succéder et provenir en diverses sortes et qualitez. Ce nous est merveilleusement grande amertume et qui nous serre fort le coer et les entrailles, quant considérons, d'une part, la foulle et les oultraiges qu'on exécute contre les gens de bien, contre les saincts sacremens, contre les églises et ymaiges, villes, chasteaulx et villaiges, magistratz et officiers légitimes de loy et justice, et d'aultre part, quant prévoyons que l'ire de Dieu en est provocqué pour nous fulminer et fouldroyer aux abismes; qu'encourons tous généralement, et aussy bien les bons que les maulvaix, infamie, reproche et déshonneur perpétuel, et que sommes apparans, à ceste

meisme occasion, de tomber en une division, gherre intestine, ravaige, pilleries, et finablement en une totale ruyne, désolation et confusion. Nous vous supplyons et requérons en toute cordialité qu'il vous plaise avoir le regard à tant de misères que nous en dépendent; que la deffence et offence de l'ennemy en est beaucop retardée, et la collecte des deniers pour l'entretènement des gens de gherre empeschée : occasion aux voysins de frayer pour leur garde particulière, quy à paine poellent satisfaire à leur quotte pour le commun service, et de proveoir à leur sceurté, et en ces considérations et aultres vous efforcer et réprimer telz voluntaires et perturbateurs du repoz publicque, réparer les tors et excèz, du moins les coërcer et retenir qu'ilz ne y continuent davantage, faisant cesser les presches et exercice de la religion nouvelle, et au surplus restablir les affaires sur le pied de ladicte paciffication, en attendant pacientment, comme nous, la résolution des estatz généraulx futurs. Requérans au surplus nous mander sur ce vostre bon advis et comme on se debvera comporter à l'endroict de telz infracteurs du salut et repos publicque, sy ne poelz à cela donner ordre: vous poans asseurer que y sercz secondez de tous noz moyens et puissances, comme ainsy soit que tous avons jurez et prommis d'assister et secourir l'un l'aultre estans affligez ou infestez contre les termes de ladicte paciffication : ce que debvons estroictement maintenir, et constraindre ceulx quy ainsy voluntairement se rethirent de l'unyon de se renger à la raison, à celle fin que, demorans unys, puissions obtenir la victoire de l'ennemy, qui aultrement. nous polra accabler et ruyner tous les ungs après les aultres, qui est et sera le fruict bien mérité de tèles insolences, oultraiges et excèz. A quoy vous prions derechief avoir les considérations et regardz que mérite l'importance et conséquence de ce faict. Sur cest espoir, après nous avoir recommandez très-affectueusement à voz bonnes grâces, prions Dieu vous donner, messieurs, très-heureuse et longhe vie. De Mons, ce XXVIIe jour de juillet 1578.

Voz enthièrement bons et parfaicts amys,

LES ESTATZ DU PAYS ET CONTÉ DE HAYNNAC.

Actes des états de Hainaut, t. VI, fol. 128 vo.

IV.

Lettre des états de Hainaut à l'archiduc Mathias, pour le supplier de réprimer les excès des Gantois.

29 juillet 1578.

Monseigneur, comme ceulx de la ville de Gand se desbandent et desbordent en toutte furie contre les villes et personnes catholicques, mestraictant les ecclésiasticques, saccageant les églises et ymaiges, introduisant pernicieuses sectes d'hérésie et le scandaleux exercice d'icelles, s'emparant hostilement aujourd'huy d'une ville ou chasteau, demain d'un aultre, empoignant et retenant prisonniers les plus notables personaiges, destituant les magistratz légittimes et y commectant d'aultres de leur farine illégitimement et sans aulcune licence, ordonnance ny auctorité de supérieur, estant le bruict qu'ilz ont clos aulcunes rivières pour forcer quelques aultres villes à leur volunté le tout contre la foy publicque et leur propre serment, en contempnement et mespris de la paciffication faicte en la meisme ville de Gand et de l'unyon depuis tant solempnellement jurée et ratiffyée et par eulx-meismes approuvée, ne sçavons qu'en debvons dire ny espérer, veu qu'estans empeschiez et employant touttes noz forces à expulser l'ennemy commun, nous trouvans assailly à doz d'une plus furieuse et dangereuse gherre, ne povons délaisser, pour nostre debvoir et acquict, de le représenter à Vostre Altèze, la supplyant très-humblement vouloir considérer que touttes ces choses tendent à une division, ruyne totale et confusion absolute, n'est que tost y soit appliqué le remède convenable. A quoy Vostre Altèze, en l'acquict du serment et obligation qu'elle y a, doibt diligentement entendre, comme le premier et principal poinct de toutte sa charge, et à ces fins adviser et exécuter tous moyens de les renger à la raison, et les réduire et maintenir en leur debvoir, au maintènement de nostre saincte foy et religion catholicque romaine, sur le pied d'icelle paciffication et unyon et le serment que chascun en a faict, et en cest endroict faire act de prince et gouverneur catholicque et digne de sa personne. Dont ytérativement la supplyons, pour

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