Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

TICELLI, à des changements ultérieurs, conséquences de nouvelles adaptations.

Or, en examinant d'une façon minutieuse ces déductions, on ne pourrait guère partager le même avis. En première ligne, il ne me semble pas bien exact de mettre en parallèle le jeune Apoblème renfermé dans le corps d'un crustacé et la Cercaire nageant librement dans l'eau et pourvue encore de sa queue. Nous voyons que celle-ci, après avoir quitté le mollusque où elle a pris naissance, se rend à la recherche de son hôte intermédiaire, dans lequel elle pénètre et perd sa queue qui dès lors n'a plus de raison d'être. De même que la Cercaire, le jeune Apoblème doit mener une existence libre avant d'arriver dans l'intérieur du crustacé! Cela me semble hors de doute; voilà, en outre, deux stades du développement de nos animaux, qui sont réellement homologues : la Cercaire nageuse et l'Apoblème nageur! Mais il s'agit maintenant de savoir, si ce jeune Apoblème s'est servi, durant cette période, de son appendice caudal pour la locomotion, ou s'il n'a pas eu, pour nager, une queue identique à celle de la Cercaire, Il est vrai que nous n'avons, jusqu'à présent, aucune donnée sur l'état libre des Apoblèmes, mais il me semble bien rationnel de supposer que, pendant cette période de leur existence, ils doivent être pourvus d'une véritable queue d'un organe de locomotion mobile et puissant à l'aide duquel ils vont à la recherche de leur hôte intermédiaire. D'autre part, la même analogie et la même probabilité tendent à faire admettre que la queue, après avoir terminé son office transitoire, est déchirée et tombe au-dehors de l'hôte intermédiaire et hors du kyste, comme chez les Cercaires des Distomes.' Je ne saurais, en effet, citer aucun fait qui puisse

1. Je veux faire observer, à cette occasion, qu'il n'est à ma connaissance aucun exemple où la queue de la Cercaire est résorbée' ainsi que l'indique MONTICELLI. D'après ce que je sais, celle-ci tombe toujours et reste hors du kyste; ce n'est, par

faire supposer que la queue doive persister dans les Apoblèmes adultes à cause de quelque raison importante. Nous n'avons, en outre, aucun indice certain de cette transformation de la queue de cercaire de l'Apoblème en appendice caudal. Chez les plus jeunes individus observés jusqu'à présent, l'appendice est encore très petit; il est, de plus, si lourd et si peu mobile qu'il est en effet difficile d'admettre qu'il ait pu servir auparavant d'organe de locomotion, comme cela se présente pour la queue si mobile et si puissante des cercaires des Distomes. C'est surtout en raison de ce dernier fait qu'il me semble beaucoup plus exact de supposer que la queue larvaire que doivent posséder vraisemblablement les jeunes Apoblèmes dans la période de leur vie libre et qui doit ressembler à tous égards à celle des cercaires, doit disparaître au moment de l'arrivée dans l'hôte intermédiaire, comme cela a lieu chez les Distomes! Par conséquent, la queue des cercaires ne peut être l'analogue de l'appendice caudal des Apoblèmes qui, du reste, fait très probablement encore complètement défaut chez les cercaires de ceux-ci, de même que cela a lieu pour quelques espèces adultes (telle p. e. Apoblema mollissimum; Distomum varicum O. F. MÜLLER, Dist. Mülleri LEVINSEN qui sont néanmoins des véritables Apoblèmes par rapport à leur organisation interne).

L'appendice caudal ne pourrait donc être homologue à la queue des cercaires, mais seulement le corps entier des jeunes Apoblèmes y compris l'appendice caudal (pourvu que celui-ci existe déjà dans les stades nageurs) serait homologue au corps de la cercaire dépourvu de la queue. En vérité ma conviction est qu'une homologie ne peut être établie que de cette manière : L'appendice caudal du jeune Apoblème n'est autre chose que la portion

suite, que le corps seul qui s'enkyste et représente le premier rudiment de l'animal adulte.

terminale du corps, invaginée, pour une cause quelconque, plus ou moins profondément dans la partie antérieure. Une semblable interprétation est en harmonie avec l'organisation interne du jeune Apoblème.

En état d'extension, l'appendice caudal est en continuation parfaite avec la portion antérieure du corps. La peau, ainsi que l'enveloppe musculaire ne présentent aucun repli, ce qui n'arrive jamais dans les cercaires où la queue est, à l'âge adulte, tellement caduque qu'elle finit par se détacher par ses propres mouvements. D'autre part, les branches intestinales et, plus tard, les anses de l'utérus, s'étendent assez considérablement dans cet appendice, fait qui n'a jamais lieu dans la queue des cercaires quelque grosse que celle-ci puisse être. C'est surtout en tenant compte de ce caractère que je me trouve porté à considérer l'appendice caudal comme une partie intégrante du corps même et qui n'a rien à faire avec la queue de la cercaire qui représente tout simplement un organe provisoire de locomotion de l'état larvaire.

MONTICELLI, par contre, se base surtout sur l'existence, dans l'appendice caudal, d'une portion de la vésicule excrétrice pour démontrer l'identité anatomique de celui-ci avec la queue des cercaires. Or, ce n'est que dans un nombre assez restreint de cercaires qu'on a observé, jusqu'à ce jour, une formation semblable, tandis que la plupart ne possède qu'une queue dépourvue de canaux excréteurs. Pour ces seules raisons déjà l'opinion de MONTICELLI ne me paraît pas très heureuse et je crois même être en mesure de démontrer qu'elle est en contradiction avec certains faits que l'on peut facilement observer. Chez toutes les cercaires à queue parcourue, entièrement ou en partie, par le système excréteur, les orifices de ce dernier sont, d'après ce que l'on sait jusqu'à présent, sans exception doubles, conformément à l'origine double du système vasculaire que j'ai signalée pour la première

MÉMOIRES, T. III.

18

fois chez l'Amphistomum subclavatum R.' Ensuite ces orifices doubles ne se trouvent jamais sur la ligne médiane et sur la pointe de la queue, mais partout et toujours en avant de celle-ci et aux bords latéraux de la queue, parfois non loin de son commencement (p. e. les cercaires du genre Echinostomum). Enfin ils ne sont pas caractérisés par un renforcement de la musculature, comme chez les vers adultes, mais toujours simples. Ce n'est que par la perte de la queue et, avec celle-ci, de la portion terminale du tronc excréteur que le pore unique des vers adultes prend son origine. Dès ce moment, le reste du tronc excréteur, situé dans le corps même, commence à former ses parois propres et la musculature qui devient surtout forte auteur du pore terminal où elle représente un sphincter spécial.

Voilà donc toute une série de différences qui me paraissent devoir séparer bien nettement les orifices du système excréteur des cercaires de celui des vers adultes. On doit encore ajouter une différence des canaux mêmes: Chez les vers adultes, ils offrent, partout, ainsi que je viens de l'exposer, des parois à cellules épithéliales recouvertes extérieurement de fibres musculaires; chez les cercaires, la portion du tronc excréteur parcourant la queue ne présente rien de semblable. C'est ainsi que le système excréteur qui apparaît dans la queue d'un petit nombre de cercaires, est tout à fait différent de celui que l'on trouve dans l'appendice caudal du jeune Apoblème, car celui-ci présente tous les caractères du système excréteur des vers adultes.

L'ensemble des faits résumés ici me confirme dans mon opinion que l'appendice caudal des Apoblèmes n'a effectivement aucun rapport avec la queue des cercaires nageuses; cet appendice n'est en réalité que la portion terminale du corps même qui a reçu la faculté

1. Ueber Amphistomum subclavatum R. etc. Festschrift zum 70. Geburtstage RUDOLF LEUCKART'S. Leipzig 1882, p. 162, Taf. xx, figg. 11-14.

de s'invaginer dans le corps antérieur. Cette supposition est, en outre, bien confirmée par l'observation des animaux adultes qui changent aisément en allongeant et en retractant leurs appendices caudaux.

Enfin, en interprétant de cette façon la nature et la valeur morphologique de l'appendice des Apoblèmes, nous n'avons pas besoin de recourir à l'hypothèse d'adaptations nouvelles de la queue des cercaires pour la voir prendre la forme de l'appendice caudal; adaptations, du reste, pour lesquelles nous ne saurions nullement indiquer une cause ou un motif quelconque. De nos jours, cependant, il ne suffit pas d'émettre une hypothèse, il faut encore la soutenir en en démontrant les raisons.

Je ne puis non plus accepter une hypothèse semblable, plus récemment émise par MONTICELLI sur l'appendice caudal de son Urogonimus cercatus.1 Chez ce ver très voisin du Distomum macrostomum RUD. (= Urogonimus macrostomus MONTIC.) mais qui représente toutefois une espèce distincte, il a observé un petit appendice caudal qu'il considère également comme une queue larvaire persistante. Son opinion est basée sur ce que l'appendice en question «ressemble fortement à une queue par la forme, l'insertion, l'aspect et la structure». Avant d'arriver à une telle conclusion il faudrait, à mon avis, discuter d'abord en général la possibilité, que les larves de l'espèce soient pourvues d'une queue! A priori, la réponse définitive à cette question ne semble pas être trop aisée vu l'absence d'observations spéciales. Mais pour une espèce du soi-disant genre Urogonimus les conditions sont beaucoup plus favorables, parce que nous connaissons assez exactement le développement et la forme larvaire du Distomum macrostomum, forme

2

1. MONTICELLI, Studii sui Trematodi endoparassiti. Primo contributo etc. SPENGEL'S Zoolog. Jahrbücher, Abth. f. Anat. u. Ontog. d. Thiere. ш. Suppl. Heft 1894, p. 164.

2. v. ZELLER, Ueber Leucochloridium paradoxum etc. Zeitschr. f. wiss. Zoolog. xxiv. 1874, p. 564 et HECKERT, Leucochloridium paradoxum etc., LEUCKART und CHUN's Bibliotheca zoologica. H. 4, 1889.

« VorigeDoorgaan »