RECHERCHES SUR LA FAUNE PARASITAIRE DE L'ÉGYPTE. PREMIÈRE PARTIE. PAR LE DR ARTHUR LOOSS, PRIVATDOCENT A LA FACULTÉ DE PHILOSOPHIE DE L'UNIVERSité de leipZIG. Préface. Je présente aujourd'hui au public dans les pages qui vont suivre la première partie des recherches helminthologiques que j'ai entreprises pendant un séjour de quelques mois en Égypte. C'est à la munificence de la «Albrecht-Stiftung » de l'université de Leipzig que je suis redevable d'un assez grand secours pour mon voyage. Qu'il me soit permis d'exprimer ici au conseil de cette fondation ma vive reconnaissance de ce qu'elle a fait pour faciliter mon travail! C'est à Alexandrie que j'ai passé cinq mois et demi de mon congé; les deux autres mois au Caire. De ce séjour de sept mois et demi passé dans la vallée du Nil, je dois, cependant, défalquer un long mois pendant lequel, par suite d'une maladie contractée peu de semaines après mon arrivée, j'ai dû interrompre mes études. MÉMOIRES, T. III. 1 Le but de mon voyage en Égypte était purement scientifique. Je voulais avant tout tâcher d'élucider le plus possible l'histoire naturelle et le cycle évolutif de la Bilharzia haematobia qui chez les habitants de ce pays cause de si graves et si redoutables altérations de la santé. Dans une petite note, publiée dans le Centralblatt f. Bakteriologie und Parasitenkunde,' j'ai rendu compte des résultats que j'ai obtenus dans cette voie. On sait qu'ils ne sont pas encore absolument positifs et j'ai aussi expliqué, dans cette note, les principales raisons qui m'ont empêché de mener à bonne fin mon travail. C'est en premier lieu que les mois d'hiver étaient les moins favorables pour mes recherches; d'autre part, j'ai dû, pour regagner mon poste, abandonner mes expériences et laisser mes travaux inachevés. Mais j'espère qu'il me sera donné de revenir un jour en Égypte à une époque plus propice et de pouvoir reprendre ces études qui tendent à résoudre une question des plus importantes pour les habitants de ce beau pays. Comme il me fallait attendre souvent assez longtemps pour voir se manifester les résultats des diverses expériences que j'ai entreprises sur l'évolution de la Bilharzia, j'ai ainsi eu du temps de libre et je l'ai employé à l'étude de la faune parasitaire des animaux de l'Égypte qui est si peu connue jusqu'ici. J'ai examiné tous les animaux que j'ai pu me procurer. J'ai été visiteur assidu de l'abattoir et je n'ai point négligé l'équarrissage; j'ai chassé et pêché autant que j'ai pu et j'ai vu mes efforts couronnés d'un bon succès. Presque constamment mes captures m'ont fourni d'intéressants résultats, soit en me faisant connaître des espèces nouvelles, soit en me permettant d'étudier d'une façon plus complète les espèces déjà connues, mais imparfaitement décrites. En outre, je ne me suis pas borné à l'étude des formes adultes. J'ai recueilli une quan1. Vol. xvi, 1894, p. 286 et 340. tité de matériaux pour servir au développement des différentes formes de parasites et j'ai réussi à suivre presque complètement le cycle évolutif de quelques espèces. C'est avec le plus grand regret que je me suis vu obligé d'abandonner ces recherches si fructueuses. L'Institut Égyptien ayant bien voulu admettre mon travail dans les mémoires qu'il publie cette année, j'ai été heureux de profiter de cette occasion pour publier en Égypte une étude sur la faune parasitaire de ce pays. Que les membres de cette docte assemblée reçoivent ici mes remerciements pour l'intérêt qu'ils ont témoigné à mon travail. L'Institut Égyptien s'est en effet chargé de faire graver et imprimer mes planches et s'est assuré le concours d'une des meilleures maisons pour faire exécuter ce travail de la meilleure façon possible. Je me suis efforcé, de mon côté, de rendre mon travail accessible à tous les savants égyptiens qui, pour la plupart, ignorent ma langue maternelle et lisent le français. Mais comme il est toujours assez difficile d'écrire en une langue étrangère, mon ami et collègue, le D' W. INNES, a eu la grande amabilité de m'aider dans cette dernière tâche et a bien voulu se charger de la correction des épreuves. Qu'il me soit permis d'exprimer ici toute ma gratitude aux personnes qui m'ont prêté leur appui et m'ont facilité ma besogne en Égypte. C'est en première ligne au D' SCHIESS BEY, médecin en chef de l'hôpital du gouvernement à Alexandrie, qui a mis à ma disposition non seulement le matériel de l'hôpital qu'il a organisé d'une manière si admirable, mais encore son laboratoire pourvu de tout le nécessaire qu'exige la science de nos jours. A l'ami D' BITTER, inspecteur sanitaire de la ville d'Alexandrie, je suis redevable d'un grand nombre de données qui m'ont été nécessaires ou désirables dans le cours de mes études. Le D' KARTULIS II a bien voulu m'accompagner dans mes excursions dans la campagne et a eu l'amabilité de sacrifier son temps pour m'aider ainsi dans mon travail. C'est à la complaisance de M. F. PIOT, vétérinaire municipal de la ville d'Alexandrie, que je dois le matériel intéressant que fournissent en abondance l'abattoir et l'équarrissage de la ville. Au Caire c'est M. le Dr MILTON, médecin en chef de l'hôpital de Kasr-el-Aïn, qui a bien voulu m'autoriser à me servir du matériel de cet hôpital et qui m'a introduit auprès du Dr KEATINGE, sous-directeur de l'Ecole de médecine qui s'est vivement intéressé à mes recherches. Enfin je suis redevable à M. le D' INNES de l'appui le plus amical. Il m'a procuré toutes les milles bagatelles dont le savant zoologiste a besoin pour ses études et il m'a guidé avec complaisance dans les environs du Caire pour me faire connaître la faune du pays et pour récolter avec moi de nouveaux matériaux. Je prie toutes ces personnes de recevoir ici encore une fois l'expression de ma reconnaissance la plus vive et de croire que je n'oublierai jamais les relations agréables qui me font regretter davantage ce beau pays du Nil. Le matériel scientifique que j'ai recueilli durant mon séjour en Égypte est trop considérable pour que je puisse en présenter l'étude complète en ce moment, le manuscrit du travail devant être remis à l'impression. Je me suis donc borné à ne présenter ici que les Trématodes qui composent, au reste, la majeure partie du travail entier. Je publierai, je l'espère, dans le courant de l'année prochaine la seconde partie qui comprendra les Cestodes, les Nématodes et les Acanthocéphales. Leipzig, le 24 décembre 1894. |