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ville', d'un combat de coqs 2, peut-être à l'occasion (mais la chose est en tout cas fort rare) d'une représentation dramatique donnée dans quelque local d'aventure 3.

Avec tout cela, la grande ressource pour passer le temps, c'est toujours le jeu, et ce sont également les intrigues galantes. Le jeu se pratique universellement et sous les formes les plus variées; il est assez développé pour avoir fait naître une classe d'hommes obligeants qu'on appelle les rooks, « gens qui portent toujours de l'argent pour offrir à ceux qui perdent au jeu, moyennant une rétribution qui n'est rien pour les joueurs, et qui ne va qu'à deux pour cent à payer le lendemain » 3.

1. En 1670 et dans les années suivantes on ne dansait encore que sur l'herbe : << There was neither ball-room, or places of amusement. When a party was made to dance, they repaired to the Bowling-green, open and exposed to the weather. In this situation it continued for a series of years until the Duke of B-t [Beaufort ?] (whose seat is about fourteen miles from Bath [Badminton ?]) took upon him to conduct the company to the Town Hall. Ten couple at that time were thought to be great assembly » (Fleming, Life... of T. Ginnadrake, t. III, pp. 6-7). En 1700, les bals paraissent plus brillants (cf. A Step to the Bath, p. 15).

2. Mémoires de Grammont, XIII. Le plan mentionné ci-dessus (p. 18, note 1) montre une arène réservée à ce genre de spectacles, alors fort à la mode.

3. Les archives de la ville contiennent cette brève mention en 1673: « 1 s. to the players at the Towne Hall » (Penley, The Bath Stage, ch. 1, p. 16), et le plan de Gilmore indique une écurie aménagée en théâtre (simple projet non exécuté, dit M. Penley, à tort, me semble-t-il: cf. Wood, ch. x1, p. 220). Ce sont là tous nos renseignements sur les représentations dramatiques à Bath entre la Restauration et l'année 1705, où fut construit le premier théâtre. Les distractions de Tunbridge sont exactement les mêmes durant cette période, témoin le dialogue suivant tiré d'une comédie : « Loveworth. But what are the chief Diversions here? Reynard. Each to his Inclination Beaus Raffle and Rakes scoure the

Dance

Citts play at Nine Pins, Bowls and Backgammon Walks, bully the Shop Keepers and beat the Fidlers Men of Wit rally over Claret, and Fools get the Royal Oak Lottery, where you may lose Fifty Guinea's in a Moment, have a brown return'd you for Coach-hire, a Glass of Wine, and a hearty Welcome...» (Tunbridge-Walks, or the Yeoman of Kent, I, 1).

4. Voir par exemple ce tableau: « From hence we went to the Groom-Porters, when they were labouring like so many Anchor Smiths at the Oake, Back Gammon, Tick Tack, Irish Basset, and throwing of Mains. There was Palming, Lodging, Loaded Dice, Levant and Gammoning with all the Speed imaginable; but the Cornish Rook was too hard for them all... The Bristol Fair Sparks had but a very bad bargain of it; and little occasion for Returns. Bank-Bills and Exchequer Notes were as Plenty as Fops at the Chocolate Houses, or Paternoster Row » (A Step to the Bath, p. 14).

5. Mémoires de Grammont, XIII. Voir dans ce passage comment Grammont

Quant à la galanterie, la cour l'a apportée de Londres', la liberté des villes d'eaux lui est favorable, et elle règne sans conteste 2. Ces deux attractions peu recommandables, jeu et intrigue, subsisteront pendant la plus grande partie du XVIII® siècle, même après la transformation de Bath et l'organisation méthodique de ses plaisirs par le personnage singulier que nous allons rencontrer maintenant et qui détourne tout à coup vers un centre unique les courants indécis qui se portaient vers trois ou quatre petites villes.

se risqua à jouer aux dés avec ces gens peu scrupuleux et s'en tira avec son bonheur habituel.

1. Le duc de Cominges, ambassadeur de France, disait déjà en 1663 des eaux de Tunbridge: « On peut les nommer les eaux de scandale, puisqu'elles ont pensé ruiner les femmes et les filles de réputation (j'entends celles qui n'avaient pas leurs maris). Il a fallu un mois entier et à quelques-unes davantage pour justifier leur conduite et mettre leur honneur à couvert, et même l'on dit qu'il s'en trouve encore quelques-unes qui ne sont pas hors d'affaire » ¡Cité par M. Jusserand, A French Ambassador, p. 217).

2. Dans A Step to the Bath, p. 14, un ami raconte au narrateur quelque trait scandaleux, parfaitement plat d'ailleurs et dénué de tout intérêt, sur chaque personne qu'il rencontre. Hommes et femmes sont uniformément représentés comme perdus de mœurs et trouvant à Bath, pour cette raison même, un milieu fort à leur gré. Il y a naturellement beaucoup à rabattre d'un jugement si malveillant, mais la réputation des villes d'eaux était sûrement fâcheuse. Cf. ci-dessous, chap. IV.

LE ROI DE BATH.

CHAPITRE II

L'ORGANISATION DE LA VIE ÉLÉGANTE (1705-1721)

En 1702, une visite de la reine Anne et du prince époux, George de Danemark, fut l'occasion à Bath de fêtes inusitées et causa une affluence jusque-là sans exemple. La municipalité avait à cœur de réparer quelques procédés incivils dont, sur ordre royal, elle avait dû user, dix ans auparavant, envers Anne, alors princesse '. Aussi, dès son avènement, la sollicita-t-elle d'honorer de nouveau Bath de sa présence et lui prépara-t-elle une réception somptueuse 2. Cent jeunes gens de la ville, costumés uniformément et armés, deux cents femmes et jeunes filles vêtues en amazones allèrent chercher la souveraine à la frontière du comté et la ramenèrent jusqu'aux portes de la ville par une route construite spécialement à cet effet. Ces réjouissances et d'autres pareilles attirèrent dans la petite cité plus de visiteurs qu'elle n'en avait encore jamais reçu. Les pompes qui amenaient les eaux thermales ne purent suffire aux buveurs, et la place manquant partout, il fallut payer une guinée par nuit pour avoir un lit; beaucoup de gens de qualité durent même se contenter d'un logis dans les villages voisins. Grâce à un

1. La reine Marie, femme de Guillaume III, se trouvant en froid avec la princesse, avait pris ombrage d'honneurs rendus à celle-ci par la municipalité de Bath, et elle avait fait enjoindre aux bourgeois qui la composaient de s'en abstenir dorénavant. Ceux-ci obéirent à regret et en présentant force excuses à la princesse (Warner, History of Bath, IV, 2, p. 207-209).

2. Pour le récit détaillé de cette visite d'Anne, voy. Warner, ibid.

nouveau séjour de la reine et de son époux, l'année suivante revit pareil concours', et les habitants, tout joyeux de cette Vogue renouvelée et accrue de leur ville, se mirent enfin en devoir d'embellir celle-ci 2, de la rendre plus accessible et plus agréable aux étrangers. Un certain capitaine Webster prit soin des divertissements et organisa à l'hôtel de ville des bals pour lesquels on payait une demi-guinée par personne 3. Suivant une coutume mentionnée plus haut, il avait été élu roi de Bath; c'était, semble-t-il, un joueur de profession". Rien n'indique du reste qu'il ait eu grande influence; il mourut peu après, et eut pour successeur un personnage singulier, dont Goldsmith n'a pas dédaigné d'écrire la vie, et qui doit

1. « Queen Anne, and her Royal Consort, the Prince of Denmark, coming to Bath in the Year 1702 and 1703, brought such a Concourse of People to the City, for the Use and the Benefit of the hot Waters, that the drinking Pumps could not supply them; all the neighbouring Villages were filled with People of Rank and Fortune that flocked to Bath for Health, for Pleasure, or for any other Purpose; and Lodgings were then so scarce, that Many were obliged to Pay a Guinea a Night for theis Beds » (Wood, t. II, ch. xx1, p. 221). C'est le bon effet des eaux sur la santé du prince qui amena le second voyage, mais il mourut peu après cette deuxième saison; la reine dès lors refusa obstinément de revenir jamais à Bath, même sur l'avis pressant de ses médecins (Some Memoirs of John Radcliffe, M. D., p. 65-68).

2. « ...The citizens applied for an act of parliament to oblige one another to pave the streets of the town, to enlighten them in the night-time, and to raise money by tolls to amend the highways... Thatched coverings were exchanged for such as consisted of stone and tile, low and obscure windows were made into sashes, and handsome rooms were built for people to drink the waters and assemble in. These improvements encouraged strangers to come here... » Manuscrit de Wood, cité par Warner, History of Bath, livre V, 1, p. 220). 3. Goldsmith, Life of Nash, p. 520 (Globe Edition).

4. Chapitre 1, p. 7.

5. Goldsmith, Life of Nash, p. 520.

6. Du moins si Goldsmith a raison d'identifier ce Webster avec celui dont il est parlé dans les Lives of Gamesters de Lucas. Le livre de Lucas ne donne là-dessus aucun éclaircissement. Fleming, musicien de Bath, qui semble fort au courant des traditions locales, dit simplement: «At that time, a Captain Webster resided here who had a thirst for gaming, and introduced it to a great degree: he was a man of spirit and address. After the Duke relinquished his undertaking [cf. supra, p. 22, note 1], the captain took upon him to conduct the amusements » (Life... of T. Ginnadrake, t. III, p. 17).

7. The Life of Richard Nash, of Bath, Esq., biographie publiée anonymement en octobre 1762. Une seconde édition, dédiée à la municipalité de Bath, et legerement corrigée et augmentée, parut en décembre de la même année. Un reçu de Goldsmith nous fait voir que le libraire Newbery lui paya pour cet ouvrage la somme de quatorze guinées (Forster, Life of Goldsmith, p. 243).

arrêter bien davantage notre attention, Richard Nash, surnommé Beau Nash '.

C'est par Goldsmith surtout qu'il nous est connu, et c'est grâce à lui que sa mémoire, par fortune plus que par mérite, est assurée de survivre. La biographie composée par l'illustre écrivain un an après la mort de Nash semble d'abord, par son étendue et son détail, hors de proportion avec le héros, mais l'aisance et la variété du récit, le piquant des anecdotes, la précision des traits, la gràce du style, y font oublier la pauvreté relative de la matière; elle forme une lecture des plus agréables, et, par les observations morales où excelle l'auteur, ne laisse pas d'apporter quelque instruction 2. Goldsmith s'y donne comme ayant été en relations personnelles avec Nash 3, et déclare, ce

1. Ce terme de beau était encore pris en bonne part; il avait été appliqué récemment à des personnages connus, sir George Hewitt, l'original du sir Fopling Flutter d'Etherege, Wilson, qui fut tué en duel par le futur financier Law, Fielding, l'époux de la duchesse de Cleveland dans la vieillesse de celle-ci, Edgeworth dont il est parlé dans le Tatler (no 246). Encore en 1786, l'acteur Bernard mentionne un certain sir John Oldmixon, qui, « from the refinement of his dress and manners, bore the peculiar appellation of the Bath Beau’and upon all points of good breeding was looked up to as an oracle. This distinction in the metropolis of fashion, he was not slightly proud of; it acknowledged him as the legitimate successor of the dynasty of Nash » (Retrospections of the stage, t. II, chap. 1, p. 31). Cf. un passage de 'Mme d'Arblay, au sujet d'un certain << beau » Travell (Diary, 1780, t. I, p. 176 de l'édition Ward).

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2. Goldsmith et Nash, s'il est permis de rapprocher deux hommes de valeur aussi inégale, n'étaient pas après tout sans présenter dans leurs dispositions et leur caractère quelques traits communs, qui sont la sensibilité de cœur, la générosité, point toujours réfléchie, parfois jointe à la négligence d'obligations plus strictes, l'insouciance et la prodigalité au milieu d'une vie d'expédients, la constante belle humeur, et aussi certaines vanités puériles, comme celle de la toilette; voir sur ces points les remarques fines et justes de M. Forster (Life of Goldsmith, livre III, chap. v, p. 243-246). Peut-être cette ressemblance partielle a-t-elle contribué à intéresser le biographe à son héros.

3. « I shall beg leave to give some other instances of Mr. Nash's good-nature on these occasions, as I have had the accounts of himself » (Life of Nash, p. 532 de la Globe Edition des œuvres de Goldsmith; pour la commodité des références, c'est à cette édition très répandue que je renverrai, sauf indication contraire, dans tout ce chapitre; je dois remarquer cependant qu'elle ne reproduit pas toujours avec intégrité et exactitude le texte de la deuxième édition originale). Il dit aussi l'avoir vu à Bath: « One night, when I was in Wiltshire's room, Nash came up to a lady and her daughter, etc. » (ibid., p. 532), et à Londres : « I have known him, in London, wait a whole day at a window in the Smyrna Coffeehouse, in order to receive a bow from the Prince, or the Duchess of Marlborough, as they passed by where he was standing, etc. » (ibid., p. 544). Des deux dernières assertions, l'une est extrêmement douteuse, puisque Nash mourut en 1761 et qu'il ne reste aucune trace d'un voyage de Goldsmith à Bath antérieur à

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