Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[ocr errors]

gratitude, péculat, tels sont les crimes dont il ne craint pas de charger la mémoire du vainqueur de Marathon, en rabaissant de beaucoup, d'ailleurs, l'importance de cette victoire. Il y a des recherches d'érudition dans cette étude, mais, en même temps, un parti pris de dénigrement qui ne sert pas mieux la vérité historique que les exagérations laudatives dont on a pu accuser quelques panégyristes de Miltiade. La médecine; histoire et doctrines, par Ch. Daremberg, bibliothécaire de la bibliothèque Mazarine, professeur chargé de cours au collège de France. Paris, imprime rie de Bourdier, librairie de Didier, 1865, in-8° de xxiv-491 pages. - Les intéressantes études réunies dans ce volume viennent pour la plupart du Journal des Débats, dont M. Daremberg est, on le sait, un des rédacteurs littéraires les plus appréciés. La médecine dans les poëtes latins; Galien et ses doctrines philosophiques; Paul d'Egine et les médecins compilateurs dans le Bas-Empire; l'école de Salerne et ses doctrines; Albert le Grand et l'histoire des sciences au moyen âge; Louis XIV, ses médecins, son tempérament, son caractère et ses maladies; les merveilles du corps humain; la circulation du sang et son histoire; histoire de l'anatomie pathologique; de la maladie, du malade et du médecin; de la santé des gens de lettres; hygiène des malades; tels sont les sujets traités successivement par M. Daremberg dans ces chapitres si variés, dont la lecture est aussi attrayante qu'instructive. Les doctrines qui ont inspiré ces travaux divers et qui en forment le lien sont exposées avec beaucoup de netteté dans une introduction étendue, qui n'est pas une des ties les moins remarquables du livre.

[ocr errors]

par

Les gladiateurs, Kome et Judée; roman antique traduit de l'anglais de G. J. Whyte Melville, par Charles Bernard-Derosne, avec préface par Théophile Gautier, deuxième édition. Paris, imprimerie de Poupart-Davyl, librairie de Didier, 1865, deux volumes in-12 de x11-440 et 408 pages. Cet ouvrage, où l'érudition n'ôte rien à l'intérêt d'une fiction ingénieuse, n'a guère d'analogue dans la littérature anglaise moderne que l'Epicurien de Thomas Moore et le Dernier jour de Pompéi de Lytton Bulwer. Le roman de M. Whyte Melville, fort bien traduit par M. BernardDerosne, nous offre une peinture aussi animée que fidèle de la société romaine sous les Césars, et surtout, ce qui est plus neuf, de curieux détails sur les mœurs et la vie étrange des gladiateurs. Ces détails, qu'il faudrait aller chercher dans une foule d'auteurs, sont groupés avec beaucoup d'art et se mêlent naturellement au récit. Le tableau de Rome pendant l'émeute et la conspiration qui renversèrent Vitellius a toute la vérité de l'histoire et le pittoresque du roman, et la partie du livre qui contient le siége de Jérusalem est aussi d'un sérieux intérêt.

par

Orient. Voyages d'un critique à travers la vie et les livres, Philarète Chasles, professeur au collège de France, conservateur à la bibliothèque Mazarine. Paris, imprimerie de Pillet, librairie de Didier, 1865, in-12 de XLV-422 pages.-Dans cette série d'études brillantes, M. Philarète Chasles parcourt l'Orient depuis la Morée et l'Égypte jusqu'au Japon. Pénétrant dans ces contrées à la suite des écrivains les plus récents et les plus autorisés, il prend leurs ouvrages pour point de départ d'un travail original. Sous une forme étudiée, quoique d'allure vive et quelquefois légère, il s'attache à faire connaître les mœurs et l'état politique des peuples orientaux, à signaler les causes philosophiques et morales qui ont préparé l'état de choses qu'il décrit, et celles qui pourraient le modifier à l'avenir. Parmi les chapitres de son livre les plus intéressants, on peut citer : L'expédition d'Alexandre et les rapports de la Grèce avec l'Indoustan contrôlés par les monuments bouddhiques; l'Inde anglaise et l'insurrection des Cipayes, la révolution de 1848 dans l'île de Ceylan; une ambassade française en Chine; les Tae-pings ou les insurgés chinois; le roman au Ja

pon; les chevaliers gallo-grecs; nouveaux rapports de l'Occident avec l'Orient; le drame dans l'extrême Orient.

Une vengeance de Louis XI, par M. A. Laroche, ancien magistrat. Arras, imprimerie de Courtin; Paris, librairie de Casterman, 1865, in-8° de 125 pages. Cet opuscule est un travail d'érudition sérieuse qui a le mérite d'éclaircir, à l'aide de documents inédits, un épisode singulier et peu connu du règne de Louis XI. Ce prince, croyant avoir à se plaindre des habitants d'Arras, ordonna que leur ville s'appellerait désormais Franchise, «sans que, disent les lettres royales, on puisse, « par escript, de bouche ou autrement, nommer à l'avenir ladite cité Arras, lequel <«<nom nous avons supprimé et aboli à perpétuité. » Bien plus, il expulsa de la ville tous les citoyens et tenta de leur substituer, à titre de colons, de nouveaux habitants tirés de Rouen, d'Angers, de Poitiers, d'Orléans et de Tours. Mais les pauvres colons ou «ménaigiers » qu'on avait envoyés à Franchise ne purent s'y maintenir faute de ressources, et la ville resta à peu près déserte. Un an plus tard, tout rentra dans l'ordre; la colère du roi étant apaisée, il permit « aux anciens habitans d'Ar«ras, qui étoient épars et retraits en divers lieux, de retourner en leurs maisons et de rentrer en possession de leurs biens. » Le nom de Franchise fut oublié, mais Arras ne reprit jamais sa première prospérité et ne cessa d'attribuer la ruine de son commerce aux mesures tyranniques de Louis XI. Tels sont les faits dont M. Laroche développe le récit et dont il précise les dates et les circonstances en s'appuyant sur divers textes contemporains. Son travail nous paraît digne d'être consulté comme une intéressante étude d'histoire locale.

་་

L'Animisme, ou la matière et l'esprit conciliés par l'identité du principe et la diversité des fonctions dans les phénomènes organiques et psychiques, par J. Tissot, doyen de la Faculté des lettres de Dijon, professeur de philosophie. Dijon, imprimerie de Rabutot; Paris, librairie de Victor Masson; 1865, in-8° de xv-504 pages. Qu'est-ce que la vie dans le monde, et quelle en est la cause immédiate?» Telle est le grand problème dont M. Tissot poursuit la solution, et qu'il cherche à simplifier en le ramenant à la question de l'animisme. Après avoir étudié, dans deux savants ouvrages publiés il y a quelques années, la Vie dans l'homme, ses manifestations diverses, son principe et son histoire, il examine aujourd'hui, à un point de vue plus général, si la vie organique peut s'expliquer par la matière ou si elle ne saurait se concevoir qu'à l'aide d'un autre principe, et quel est ce principe. L'ouvrage entier est divisé en cinq livres. Dans le premier livre, intitulé, la matière et ses forces, M. Tissot discute les théories du positivisme, ainsi que celles de W. R. Grove et de John Tyndall sur la transformation des forces et sur la chaleur considérée comme principe de tout mouvement. Le second livre est consacré à la matière organisée et à la vie expliquée par la matière. On y trouvera la réfutation des doctrines de Büchner, de Wirchow, de Scheffler et de Darwin. Avec le livre troisième, nous entrons dans la physiologie proprement dite et dans la discussion du système de « la «vie expliquée par la vie; » le livre quatrième traite de « la vie expliquée par la vie « de la matière ou par l'âme; » enfin, dans le cinquième livre, l'auteur combat les idées de quelques adversaires de l'animisme. Pour résumer ce remarquable travail, qui répond en tous points à ce qu'on pouvait attendre de l'autorité philosophique du savant doyen de la Faculté des lettres de Dijon, il nous suffira de dire que M. Tissot y arrive aux trois conclusions suivantes: 1° on ne peut expliquer la vie organique par la matière, à moins de convertir la matière en esprit, tout en lui laissant son premier nom; 2° l'organisme vivant ne s'explique pas davantage par l'hypothèse incompréhensible d'un principe qui ne serait ni corporel ni spirituel, ni l'un

et l'autre tout à la fois; 3° le spiritualisme n'est soutenable qu'à la condition de se faire « animiste,» sous peine de conduire : au matérialisme, s'il suppose à la matière une activité organisatrice; au mysticisme, s'il refuse de reconnaître, dans l'organisation et la vie, l'effet d'une cause seconde; à l'arbitraire et au non-sens, s'il se range au parti du vitalisme; au scepticisme ou à l'indifférence, s'il refuse d'opter pour une opinion quelconque comme plus vraisemblable que les autres.

BELGIQUE.

OEuvres de Georges Chastellain, publiées par M. le baron Kervyn de Lettenhove, membre de l'Académie royale de Belgique, t. VI et VII. Œuvres diverses. Bruxelles, imprimerie de Weissenbruch, librairie de Heussner, 1864-1865, deux volumes in-8° de x11-461 et xx-486 pages. Nous avons successivement annoncé (mars 1863, p. 203; juillet 1864, p. 460) les précédents volumes de cette importante publication. Après avoir donné un texte aussi pur et aussi complet que possible de la chronique de Georges Chastellain, M. le baron Kervyn de Lettenhove poursuit avec autant d'activité que d'érudition sa tâche laborieuse, en faisant paraître les OEuvres diverses de Chastellain, comprenant les mémoires politiques et les poésies historiques, qui complètent les jugements portés par l'auteur dans sa chronique. Ces œuvres diverses étaient presque toutes inédites; les manuscrits en sont dispersés dans les grandes bibliothèques de l'Europe, et le défaut d'indication rendait parfois très-difficile l'attribution de tel ou tel de ces ouvrages à l'historien des ducs de Bourgogne. Les recherches persévérantes du savant éditeur et le sens critique dont il a déjà donné tant de preuves ont triomphé de ces difficultés. M. de Lettenhove a établi avec le plus grand soin tous ces textes sur les divers manuscrits, en a donné les variantes les plus importantes, et les a accompagnés de notes historiques, comme il avait fait pour la chronique de Chastellain. Les œuvres diverses de l'historien poëte n'ont pas toutes une égale valeur littéraire; mais quelques-unes révèlent un talent plein de vigueur et d'énergie, et justifient la haute estime accordée à l'auteur par ses contemporains. On trouvera, d'ailleurs, une judicieuse appréciation de ces ouvrages dans les introductions placées par l'éditeur en tête des deux derniers volumes publiés. Le tome VI comprend les œuvres suivantes : Le concile de Bâle: Le pas de la mort; L'oultré d'amour; Dicté trouvé l'an 1446: Rondel au duc d'Orléans; Le throne azuré; Épistre à Jehan Castel; Épistre au duc de Bourgogne; La complainte d'Hector; Le miroir des nobles; Paroles de trois rois; Le dit de vérité; Exposition sur vérité mal prise; La mort du roi Charles VII. On trouve dans le tome VII: L'entrée du roi Louis (Louis XI) en nouveau règne; Dépréciation pour messire Pierre de Brézé; Épitaphe de monsieur Pierre de Brézé; Le temple de Boccace; Les douze dames de rhétorique; Récollection des merveilles; Le lion rampant; Les hauts faits du duc de Bourgogne; La mort du duc Philippe; Rhythmes sur le trépas du bon duc Philippe; Advertissement au duc Charles; Souhaits au duc Charles; Le livre de paix; La paix de Péronne; Louange au duc Charles; Le prince.

SUISSE.

-

Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Geneve;
tome quinzième. Genève, imprimerie de Rambaz et Schuchart; Paris, librairie d'Al-
louard; 1865, in-8° de vi-359 pages, avec sept planches. Ces mémoires conti-
nuent d'offrir un véritable intérêt pour les études historiques. Parmi les nombreuses
notices ou dissertations contenues dans le tome XV, nous avons particulièrement re-
marqué : Essai sur l'origine et la signification des armoiries des cantons suisses,
par M. Adolphe Gautier; Traité conclu en 1477 par Jean-Louis de Savoie avec les
villes de Berne et de Fribourg, par M. Amédée Roge!; Notice sur quelques ins-
criptions découvertes récemment dans les environs de Genève, par M. Auguste
Turrettini; Les princesses de Portugal à Genève, par M. Th. Heyet; Débris de l'in-
dustrie humaine trouvés dans la caverne de Bossey, par M. Thioly; Lettres de
Pierre de la Baume, évêque de Genève; Mémoire de M. de Bellegarde, envoyé du
duc de Savoie Charles III à l'empereur Charles-Quint; Notice sur un feuillet de
papyrus récemment découvert à la Bibliothèque impériale de Paris, et relatif à la
basilique que Maxime, évêque de Genève, substitua, vers l'an 516, à un temple.
païen, par M. Léopold Delisle, de l'Institut de France. Dans la seconde partie du
volume se trouve un supplément au recueil des chartes concernant l'ancien diocèse
de Genève et antérieures à l'année 1312, et, dans un appendice, trois documents
de 1156 à 1234, relatifs à l'abbaye de Sixt.

TABLE.

De la Numismatique hindoue. (Article de M. Barthélemy Saint-Hilaire.).

Pages.

401

Saint-Martin, le Philosophe inconnu, etc. par M. Matter. La correspondance

inédite de L. C. de Saint-Martin, etc. par MM. L. Schauer et Alph. Chu-
quet. (5 article de M. Franck.)..

414

Comicorum latinorum reliquiæ. (4° article de M. Patin.).

433

Traité des facultés de l'âme. (Article de M. Francisque Bouillier.)..

448

Nouvelles littéraires.

Livres nouveaux.....

458

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

AOÛT 1865.

LE MAHABHARATA,

Traduction générale, par M. Hippolyte Fauche; les quatre premiers volumes, grand in-8°, Paris, 1863-1865. — Fragments du Mahábharata, par M. Th. Pavie, in-8°, Paris, 1844. —— Onze épisodes du Mahábhárata, par M. Ph. Éd. Foucaux, in-8°, Paris,

1862.

PREMIER ARTICLE.

Le Mahabharata est la plus longue épopée du monde : il n'a pas moins de deux cent mille vers. Dans l'édition qui en a été donnée à Calcutta, voilà trente ans passés, il remplit quatre énormes volumes grand in-quarto d'une impression compacte'. Deux cent mille vers, dont les plus courts ont seize syllabes! Se figure-t-on bien ce que peut être un poëme de deux cent mille vers? C'est quelque chose comme quinze fois autant que l'Iliade, vingt fois autant que l'Odyssée, vingt-trois fois autant que l'Enéide 2. Il n'est pas un seul des poëmes épiques de

1

Le Mahabharata, texte sanscrit, Calcutta, 1834-1839, publié par des pandits sous la direction du Comité d'instruction publique. Le nombre des distiques ou çlokas est de cent sept mille trois cent quatre-vingt-neuf, c'est-à-dire deux cent quatorze mille sept cent soixante et dix-huit vers; mais, comme les vers sont de diverses mesures, ils peuvent être coupés différemment; et c'est là sans doute d'où vient la différence dans le chiffre des çlokas. Le Mahâbhârata ne s'en donne à lui-même que cent mille. 2 L'Iliade, dans ses vingt-quatre chants, a quinze mille six cent cinquante-neuf vers; l'Odyssée, dans un nombre égal de chants, n'en a que douze

« VorigeDoorgaan »