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poléon, lorsque celui-ci revint de l'île d'Elbe, en 1815, et il fut nommé commandant de la ville d'Orléans le 25 mars, puis commandant de la place d'Huningue, où il eut bientôt à soutenir un siège contre les Suisses et les Autrichiens, réunis sous les ordres de l'archi-duc Jean. Désespérant de réussir par les moyens ordinaires contre des forces très-nombreuses, il bombarda à plusieurs reprises la ville de Bâle, et cansa dans cette cité populeuse des pertes considérables. Les alliés s'étant approchés de la place, et ayant ouvert la tranchée, Huningue essuya à son tour un bombardement qui dura deux jours, et qui força Barbanègre à capituler le 26 août. La faible garnison sortit avec les honneurs de la guerre, et alla se réunir aux débris de la grande armée, sur la rive gauche de la Loire, à l'exception des bataillons de garde nationale, qui en formaient la plus grande partie, et qui furent licenciés. Les circonstances de ce siège qui dura deux mois, ayant donné lieu à beaucoup d'assertions inexactes et contradictoires dans les journaux de Paris, le Spectateur Autrichien, journal officiel, les réfuta avec amertume, et traita durement Barbanègre, pour avoir fait bombarder inutilement une place ouverte et sans défense. Une commission d'enquête ayant été formée, pour examiner sa conduite, dé clara à l'unanimité, le 14 septembre, qu'elle était sans reproches. Cegénéral arriva à Paris quelques jours après, et cessa d'être employé. Il est mort dans cette ville le 9 nov. 1830.Son frère (Jean), colonel de cavalerie, était un des meilleurs officiers de cette arme. Ses premières campagnes furent aussi contre les Espagnols, puis en Italie: il s'y trouva aux batailles de Rivoli, d'Arcole et de Cré

mone, où il fut blessé de six coups de sabre et d'une balle dans la poitrine. Remarqué alors par le général en chef, il fut admis dans ses guides avec le grade de lieutenant; il le suivit en Egypte, et fut nommé à son retour capitaine, et mis à la tête d'une compagnie des grenadiers à cheval de la garde des consuls, qu'il commandait à la bataille de Marengo. Il mérita un sabre d'honneur dans cette mémorable journée, et devint, peu de temps après, chef d'escadron, aide-de-camp du maréchal Bessières et enfin colonel du cinquième régiment de hussards, qu'il commandait à la bataille d'Iéna, où il se distingua encore par sa brillante valeur. Mais ce fut son dernier exploit. Atteint d'un boulet de canon, il expira sur le champ de bataille. Napoléon, qui, plus d'une fois avait admiré sa bravoure, voulait qu'un monument fût élevé à sa mémoire, et il fit transporter ses restes à Paris, où ils sont restés long-temps déposés au Gros-Caillou, et enfin accordés aux demandes réitérées de sa famille.

M-D j. BARBANTANE. Voy. PuGET, au Supp.

BARBARIGO (JEAN-FRAN çors), cardinal, naquit à Venise, en 1658 (1), d'une famille patricienne qui a produit un grand nombre de personnages distingués. Placé par son oncle le cardinal Grégoire Barbarigo (Voy. ce nom, III, 327) au séminaire qu'il venait de fonder à Padoue, il y fit des progrès rapides dans les sciences et les lettres. Sa naissance lui ouvrit la carrière des honneurs; el, après avoir remplidiverses fonctions, il fut, malgré sa grande jeunesse, nommé deux fois ambassa

(1) Et non pas en 1670, comme le P. Mos. chini l'a dit par inadvertance.

deur à la cour de Louis XIV. Ayant ensuite embrassé l'état ecclésiastique, il fut fait primicier de l'église SaintMarc, et en 1697 évêque de Vérone. II passa de son siège en 1714 sur celui de Brescia. Le pape Clément XI le créa cardinal; el en 1723 il fut transféré au siège épiscopal de Padoue, où il mourut le 27 janvier 1750, regretté surtout des pauvres auxquels il distribuait la plus grande partie de ses revenus. Il aimait les lettres, et ne cessa de favoriser ceux qui les cultivaient. Ce fut à son invitation que

fut entreprise l'Histoire ecclé siastique de Vérone. Il fit réim primer à ses frais les OEuvres de saint Zénon, Padoue, 1710, in-4°; et on lui doit la première édition des OEuvres de saint Gaudence, publiée par le P. Gagliardi (Voy. ce nom, XVI, 159) (2); enfin le séminaire de Padoue se ressentit de sa bienfaisance. Désirant transmettre à la postérité le souvenir de ses ancêtres, il fit graver leurs portraits avec des vignettes où sont représentées leurs principales actions et y joignit un abrégé de leur vie en italien, qui fut traduit en latin par le P. J.-Xav. Valcari. L'impression, exécutée avec une magnificence vraiment royale, ne fut terminée qu'en 1731, deux ans après la mort du cardinal. L'ouvrage est intitulé: Nu

mismata virorum illustrium ex

Barbadica gente, Patavii, ex typis seminar., gr. in-fol., 80 pl. (3); suivant le P. Moschini les exemplaires restèrent entre les mains des héritiers du cardinal jusqu'en 1760, et parurent alors avec une addition de 5 pl. accompagnées d'un texte rédigé

(2) Cette éd. des OEuvres de St Gaudence parut à Padoue, Comino, in-4°, en 1720, et non pas en 1710, comme on l'a dit à l'art. GAGLIARDI. (3) Ces planches ont été gravées par Oudenarde (V. ce nom, XXXII, 255).

par Angiol.-Ant. Fabri, professeur à l'académie de Padoue. Quelque temps après parut sous ce titre, Ad numismata gentis Barbadicæ additamentum, un nouveau supplément de 4 pl. avec une explication par le P. Noël Lastesio ou della Laste (V. ce nom, XXIII, 417). Il est dédié à Mme Contarina Barbarigo, dernier rejeton de cette illustre famille. Cette dame mourut en 1804, à Santa-Maria Zobenigo, ayant institué son héritier Marc-Ant. Michiel, patricien de Venise. La Vie du cardinal Barbarigo fait partie des Vitæ illustrium virorum seminarii Patavini, par J.B. Ferrari, Padoue, 1816, in-8°. On peut encore consulter Moschini: Storia della letterat. venezian del secol. xvIII, II, 95. _W-s.

BARBAULD (ANNA-LETITIA) fille du docteur Aikin, ecclésiastique et maître d'école dans le petit village de Kilworth-Harcourt en Leicestersbire, naquit en 1743. Douée d'une intelligence précoce, et d'un goût trèsvif pour l'étude et pour la poésie, elle décida son père, malgré le préjugé subsistant contre les femmes savantes, à lui enseigner le latin et un peu de grec. M. Aikin ayant été appelé à enseigner dans l'école de Warrington, Anna, qui avait alors atteint sa quinzième année, se trouva placée dans un cercle plus étendu, et eut occasion d'augmenter son instruction dans la société de plusieurs hommes de mérite, notamment les docteurs Enfield et Priestley. Là, ses sentiments et sa verve poétique prirent un plus grand essor; et lorsque son frère, qui venait de terminer ses études médicales, vint s'établir dans la petite ville habitée par la famille (AIKIN, LVI, 115), il la pressa de faire un choix parmi les effusions de sa muse, et de les retoucher;

et il les livra à l'impression. Ce
mince volume fut si bien reçu du pu-
blic, , que quatre éditions se suivi-
rent presque immédiatement en 1773.
Le succès engagea l'éditeur à réunir
les morceaux en prose sortis de la
plume de sa sœur et de la sienne;
et ce recueil (Miscellaneous pie-
ces), publié la même année, ne fut
pas
moins heureux que le précédent.
En 1774 Anna épousa M. Rochemont
Barbauld, issu de protestants fran-
çais réfugiés en Angleterre sous le
règne de Louis XIV, et qui, devenu peu
de temps après son mariage pasteur
d'une congrégation dissidente à Palgra-
ve en Suffolk, ouvrit dans le voisinage
une maison d'éducation particulière.
Quelques dames qui avaient de l'in-
fluence dans la société, entre autres
mistriss Montague(V.ce nom, XXIX,
425), auteur de l'Essai sur Shaks-
peare, ayant désiré établir une sorte de
collège pour les femmes, avaient jeté
les
yeux sur Anna pour la direction de
cet établissement; mais elle s'en dé-
fendit, et exposa les raisons de son
refus dans un écrit qui a été conser-
vé. Nous y lisons cette comparaison
ingénieuse. « Les femmes doivent
acquérir le savoir loin du bruit et de
l'éclat. Les larcins les
que personnes
de notre sexe font à la science sont
assujettis à une règle analogue à
celle des anciens Spartiates: on les
tolère seulement lorsqu'ils sont ca-
chés avec soin; mais on les punit, s'ils
paraissent, par une sorte de flétris-
sure. » La réputation dont Mme Bar-
bauld jouissait déjà attira en peu
d'années dans la nouvelle pension un
grand nombre d'enfants parmi les-
quels plusieurs ont fait honneur à
cette école. L'un d'eux, WTM Taylor,
auteur des Synonymes anglais, a
signalé le talent de l'institutrice pour
former à la composition anglaise.

Barbauld et sa femme n'ayant point
d'enfants adoptèrent, avant sa deuxiè-
me année, un des fils du médecin Aikin,
et c'est pour ce petit Charles qu'elle
composa ces leçons destinées à la
première enfance (Early lessons),
qui ont fait époque dans l'art de l'é-
ducation première. La fatigue et
l'intérêt de sa santé obligèrent M. Bar-
bauld, au bout de onze années d'exer-
cice, à quitter la carrière de l'ensei-
gnement. Accompagné de sa femme,
il alla faire quelque séjour en France
(1785 et 1786), puis revint se
fixer dans le joli village de Hamps-
tead, comme pasteur d'une congré-
gation peu nombreuse. Anna comp-
tait se horner désormais à soigner
l'éducation de deux jeunes personnes;
mais son frère, moins indifférent
qu'elle à la gloire littéraire, vint ré-
veiller, au nom de la liberté, la muse
qui sommeillait. Elle écrivit en 1790
pour exprimer l'indignation que lui
inspirait le rejet du bill pour le rappel
des actes de corporation et de test.
Le rejet d'un autre bill l'aboli-
pour
tion du commerce des noirs lui in-
spira en 1791 une épître à Wilber-
force. Quelques autres écrits sur des
sujets politiques et religieux, plu-
sieurs des morceaux composant les
Soirées au logis, des essais criti-
ques, imprimés en tête de belles édi-
tions des Plaisirs de l'imagination
d'Akenside et des Odes de Collins,
furent les fruits de ses veilles jusqu'en
1797. Elle vint s'établir a Stoke-
Newington en 1802, afin de se rap-
procher de son frère. En 1804 elle
publia un choix du Spectateur, du
Babillard, du Tuteur, et du Franc-
tenancier, précédé d'un essai con-
tenant la vie des auteurs et des juge-
ments sur leurs écrits. Cet essai est
considéré comme ce qu'elle a produit
de meilleur en ce genre. Le carac-

tère de son esprit et de ses pensées avait de l'analogie avec celui d'Addison; on aperçoit en la lisant qu'elle s'était nourrie de bonne heure de la lecture de ces feuilles qui semblaient devoir être et ne furent pas éphémères. Mme Barbauld consentit vers le même temps à faire un choix dans une masse de lettres de Samuel Richardson que ses héritiers venaient de vendre; elle en élagua les deux tiers, et malgré ces suppressions ce qu'elle destina à voir le jour (Londres, 1804, 6 vol. in-8°) fut peu goûté du public; mais il n'y 'eut qu'une voix pour reconnaître le mérite du mémoire biographique et des observations critiques dont l'éditeur enrichit ce recueil épistolaire. L'un des rédacteurs de la Re

vue d'Edinbourg trouve les observations de Me Barbauld sur la conduite et les caractères des romans de Richardson pleines à la fois de justesse et de finesse; il est vrai qu'il reconnaît dans cet écrit le ton emphatique commun, dit-il, à tous les ouvrages de cette dame; mais le style ampoulé qu'il lui reproche ne nous a pas égament frappés dans celles de ces productions qui nous sont connues. Walter Scott, en écrivant la vie de Richardson dans les Vies des Romanciers, n'a pas cru pouvoir en puiser les matériaux à une meilleure source qu'à cet ouvrage, « écrit, disait-il, << avec autant de talent que de can« deur. » Mme Barbauld avait depuis quelque temps devant elle le triste spectacle d'un époux dont les facultés intellectuelles s'altéraient graduellement; elle en fut entièrement séparée par sa mort arrivée en 1808. Elle chercha encore des consolations dans la culture des lettres. Une édition des Romanciers anglais parut en 1810(50 vol. in-12), avec une intro

duction, et des notices biographiques et critiques rédigées par elle. Ce fut vraisemblablement sous l'inspiration de son frère qu'elle se hasarda l'année suivante sur un terrain souvent dangereux, en écrivant un poème, intitulé Mil huit cent onze, le plus étendu de ceux qu'elle a composés. L'horizon politique était sombre alors pour l'Angleterre. Cet ouvrage, qui présente de grandes beautés, et dans lequel l'auteur prédisait à son pays des malheurs qu'il n'a point éprouvés, attira sur elle les traits d'une critique outrageuse; et elle en fut si profondément blessée, qu'elle ne voulut plus rentrer dans la carrière littéraire, et vécut dès-lors dans le cercle de ses amis intimes resserré de jour en jour. Elle mourut le 9 mars 1825, dans la quatre-vingt-deuxième année de son âge. Anna-Lætitia Barbauld était d'un naturel bienveillant, indulgent, exempt d'envie. En contact avec les femmes auteurs les plus distinguées de son temps, elle n'avait pour elles qu'admiration, estime, affection; sentiments qui se moutraient dans sa conversation, et que la blication de sa correspondance n'a pas démentis, comme il arrive quelquefois. Le recueil de ses poésies, depuis long-temps épuisé, et qu'elle se préparait à reproduire quand une critique malveillante la fit renoncer à toute prétention littéraire, été réimprimé avec ses écrits en prose, sous la direction d'une de ses nièces, Lucy Aikin, et précédé d'une notice biographique, 1825, 2 vol. in-8°. On trouve dans ces deux volumes des morceaux tantôt sérieux, comme l'Essai sur l'inconséquence de nos prétentions, tantôt badins et enjoués, comme l'Inventaire du mobilier du cabinet de Priestley; parmi les meilleurs sont des essais sur

pu

a

l'Éducation et sur les Préjugés. Dans un Essai sur les romans elle s'est proposé d'imiter le style de Samuel Johnson, et elle l'a fait avec tant de succès, que ce littérateur célèbre a avoué que c'était la meilleure imitation qu'on en eût faite, en ce qu'elle réfléchissait la couleur de ses pensées non moins que le tour de ses expressions. Tout ce qu'elle a écrit annonce beaucoup de sagacité, d'instruction, un grand sens; le style en est énergique, clair, élégant. Nous avons omis, dans le cours de cette notice, de mentionner des Hymnes en prose pour les enfants, des Mor ceaux religieux (Devotional pieces), compilés d'après les psaumes de David, avec des réflexions sur l'esprit de religion, sur les religions établies et sur les sectes (1775); The Female Speaker, recueil de vers et de prose, 1811, 1 vol. in-12. On a publié en 1827: à Legacy, etc., Legs aux jeunes dames, par mistriss Barbauld, in-12. Plusieurs de ces productions ont été traduites en français. I. Dieu dans la nature, hymne en prose à l'usage des enfants, 1800, in-12 de 47 pages. II. Vie de Richardson, avec l'examen de ses ouvrages, traduite par J.-J. Leuliette, Paris, 1808, in-8°. III. Simples contes à l'usage des enfants, traduits par Mme de Givrey, Mme de Givrey, in-12, avec fig., Paris, 1829. IV. Les Soirées au logis. V. Historiettes et conversations du premier áge, 1834, in-18.

L.

Le jeune Barbe obtint une bourse au collège de Louis-le-Grand, où il fit ses études d'une manière brillante; et se rendit ensuite à Dublin, près de son aïeul paternel, homme d'un rare mérite, dont les conseils et les leçons l'aidèrent à se perfectionner dans la connaissance des langues anciennes. Il revenait en France par les PaysBas en 1746, lorsqu'il tomba devant Louvain dans les mains des Français qui assiégeaient cette ville, et qui le prirent pour un espion. Il se tira de cet embarras par sa présence d'esprit et l'à propos de ses réponses. Arrivé à Paris, il fut admis dans la congrégation des PP. de la doctrine chrétienne, et chargé d'enseigner la rhétorique successivement à Avalon et à Vitry-le-Français (1). Après la suppression des jésuites, il fut nommé principal du collège de Langres; mais ses supérieurs l'envoyèrent bientôt à Chaumont avec le double titre de préfet des études et de professeur de belles-lettres. Il avait pour confrères le conventionnel Jacob Dupont et Manuel devenu si célèbre comme procureur de la commune de Paris (Mémoires de Lombard de Langres, 1, ch. 1er). La réputation dont jouissait le P. Barbe ne pouvait manquer d'attirer à Chaumont un grand nombre d'élèves. Ses talents, relevés encore par sa douceur, par sa piété, par son infatigable patience, le faisaient chérir de tous les jeunes gens; et de tous ceux qui avaient eu occasion de suivre ses leçons, il n'en était pas un qui ne conservât la plus profonde vé

BARBE (le P. PHILIPPE), doctrinaire, naquit en 1723, à Londres, de parents français réfugiés en Angleterre par suite de la révocation de l'édit de Nantes. Son père, pasteur réimprimé à Paris, 1763, 2 vol. in-12. Cet ou

de l'église anglicane, étant rentré dans la communion romaine, revint en France avec sa famille vers 1735.

(1) Il passa plusieurs années dans cette dernière ville et y publia le Manuel des rhétoriciens, ou Rhétorique moderne, 1759 et 1762, in-12,

vrage, que Barbier lui attribue avec doute, est bien réellement de lui: il était au nombre des livres classiques dans tous les collèges des doctrinaires, comme la grammaire de Domergue qui A-T

avait aussi été doctrinaire.

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