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de Paris, où Barentin, jugé par contumace, fut complètement absous, le 1er mars 1790. Voyant alors qu'il n'y avait plus en France de sécurité pour lui, Barentin se rendit en Piémont, puis en Allemagne et en Angleterre. C'est dans ce dernier pays qu'il passa la plus grande partie de son exil; il ne revint dans sa patrie qu'avec le roi Louis XVIII, en 1814. Ne pouvant alors, à cause de son grand âge, remplir les fonctions de garde-des-sceaux, il fut créé chancelier honoraire et commandeur du Saint-Esprit. M. d'Ambray, son gendre, fut nommé garde-dessceaux et chancelier. Barentin est mort à Paris, le 30 mai 1819. Madame de Barentin, sa sœur, abbesse des Annonciades, était une femme de beaucoup d'esprit. Lorsque Charles de Lameth vint faire des recherches dans son couvent croyant y trouver le garde-des-sceaux, elle persifla adroitement le colonel qui venait faire un pareil siège; ses paroles, qui furent partout répétées, donnèrent lieu à beaucoup de plaisanteries: M. de Bonnay, député, composa même sur ce sujet une jolie

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dis que des brigands armés, profitant du dés

ordre, incendiaient, les barrières, pillaient Saint

Lazare, et enfonçaient les portes de l'hôtel de la Force.-Tels sont les sommaires des douze chefs d'accusation tels que les établit M. de Ba. rentin dans le Mémoire qu'il publia en 1790 (in8° de 68 pages). Sa justification était facile.

Presque tous les faits incriminés ne pouvaient

être imputés qu'à une autorité militaire, ou à un ministre principal et non à un simple garde

des-sceaux. Cependant il crut devoir se justifier sur chaque grief; il le fit avec le calme et la dignité du magistrat; il disait en terminant: « Qui osera élever la voix pour m'accuser de

<< nouveau?... Dénoncé à la nation, c'est à la « nation que je demande justice. Il m'est dù <<< une réparation éclatante, proportionnée à l'é<< tendue de l'outrage; je la réclame : je l'obtien« drai, etc... » Il venait de perdre un fi's unique qui donnait les plus belles espérances; objet, disait-il tristement, de mes tendres affections, et dans lequel j'espérais me survivre. O mon fils! toi qui jurais entre mes mains de servir la patrie... faut-il que par un sentiment de tendresse, je regarde ta mort comme un bienfait pour toi! V-v8.

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pièce de vers qui fut connue de tout le monde (Voy. BONNAY et CH. LAMETH, au Supp.). M-Dj.

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BARENTZEN (GUILLAUME), pilote hollandais, entreprit, en 1594, d'aller à la Chine en passant par le nord de l'Asie. Il parvint au-delà de la Nouvelle-Zemble jusque vers le 77° et le 78 degré de latitude; mais le froid excessif et les glaces le forcèrent de revenir. Il y retourna courageusement en 1596, passa l'hiver à la hauteur de 77 degrés où il éprouva une nuit de près de trois mois. Cependant comme nos voyageurs ne perdirent de vue le soleil que le 4 novembre, et que selon leur calcul cet astre devait disparaître dès le 1er, ignorant la réfraction et ses causes, ils furent tous étrangement surpris. Ils ne le furent pas moins, lorsque, le 24 janvier 1597, ils aperçurent le soleil; les mêmes calculs astronomiques ne leur annonçant cet astre que le 8 ou le 9 février. Ils en causèrent avec beaucoup d'étonnement entre eux, et les savants en raisonnèrent à leur retour. Ce fait n'étonnerait plus à présent; et l'on sait que nous apercevons à l'horizon l'image du soleil avant de jouir réellement de sa présence. Le courage et la patience de Barentzen et de ses gens mérité – rent d'être couronnés par le succès; cependant tourmentés par les ours blancs, accablés par les maladies, ayant à renverser sans cesse des monceaux de glaces impénétrables, ils re vinrent enfin par la mer Blanche. On a pensé que Barentzen avait eu tort de se tenir toujours près des côtes, où nécessairement l'eau des fleuves forme des glaçons, et qu'il aurait dù se jeter dans la haute mer et jusque sous le pôle, où le froid ne doit pas être aussi sensible qu'auprès des terres. Sa relation a été impri

mée en hollandais, et traduite ensuite dans l'Histoire générale des Voyages. M-E.

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BARET (JEAN), né à Tours en 1511, fut conseiller au présidial de cette ville, puis lieutenant-général du siège royal de Loches, et considéré comme un des meilleurs magistrats de son temps. Il a publié: I. Le Style de Touraine, Tours, 1588, in24. II Coutumes du duché et bailliage de Touraine, édition augmentée de la forme du style des procédures ès cours et juridictions de ce duché, ibid., 1591, in-4°. BARET (Rene), petit-fils du précédent, né également à Tours, et chevalier de l'ordre de Saint-Michel et maître-d'hôtel du roi, a fait paraître un livre intitulé: De la parfaite connaissance des chevaux et de toutes leurs maladies, Paris, 1661, in-8°. BARET DE LA GALANDERIE (Jacques), né à Tours en 1579, fils du procureur du roi à la prévôté, se fit recevoir avocat, puis référendaire à la chancellerie de France. Plus porté à l'étude des lettres qu'à celle de la jurisprudence, il fit paraître un livre curieux intitulé : Le chant du coq françots au Roy, où sont rapportées les prophéties d'un hermite allemand, Paris, 1621, in-12. Dans la première partie de cet ouvrage, Baret engageait Louis XIII à faire la guerre aux Turcs pour les obliger à reconnaître la croix. La seconde partie est un recueil de révélations pour annoncer le triomphe de l'Eglise sur l'hérésie de Calvin.-Chalmel, dans son Histoire de Touraine (tom. IV, p. 18), cite un autre BARET (Jean), qui rédigea, sur les mémoires de Charles de Joppecourt, l'Histoire des derniers troubles de Moldavie, Paris, 1620, in-8°. F-T-L

LVII.

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BAREUTH ou BARBITH (FRÉDÉRIQUE - SOPHIE - WILHELMINE margrave de), princesse fort distinguée par les qualités du cœur et de l'esprit, et surtout célèbre par la tendresse qu'eut pour elle Frédéric II, son frère. Le second des enfants de Frédéric-Guillaume Ier, roi de Prusse, elle naquit à Potsdam, le 3 juillet 1709, et elle eut pour parrains trois monarques, Frédéric Ier, son grandpère, et les rois de Danemarck et de Pologne, qui se trouvaient à cette époque à Potsdam, pour y signer un traité d'alliance contre Charles XII, roi de Suède. En 1715, il y avait à Berlin beaucoup d'officiers suédois faits prisonniers au siège de Stralsund. L'un de ces officiers, nommé Cron, savant dans l'astrologie judiciaire, fut consulté par la reine de Prusse, et il lui prédit que son fils (Frédéric II) serait un des plus grands princes qui eussent jamais régné; quant à la jeune princesse, il annonça que toute sa vie ne serait qu'un tissu de fatalités, et qu'elle serait recherchée par quatre têtes couronnées. Cette prédiction s'est si bien vérifiée, que nous pensons qu'ainsi que beaucoup d'autres du même genre, elle n'a été imaginéo qu'après l'évènement. FrédériqueSophie montra de bonne heure beaucoup d'intelligence et d'esprit; Mme de Sonsfeld lui enseigna l'anglais, l'italien, l'histoire, la géographie, la philosophie et la musique, et elle fit de rapides progrès dans toutes ces sciences. L'ardeur avec laquelle elle se livrait à l'étude était si vive et si soutenue, qu'on fut obligé de la modérer pour que sa saulé n'en souffrît pas. Lorsqu'elle était encore fort jeune, il fut successivement question de la marier avec les héritiers des couronnes d'Angleterre, de Danemarck, de Suède et de Pologne ; mais

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tous ces projets échouèrent successivement pour des causes d'inconvenance politique ou personnelle. Lá princesse passa une jeunesse extrêmement triste et malheureuse; elle eut beaucoup à souffrir de l'humeur de sa mère, femme entêtée, sotte et ridicule, mais surtout de celle de son père? homme emporté, brutal et grossier à l'excès. Ce prince ayant eu, en 1729, une violente attaque de goutte aux deux pieds, sa fille était obligée, ainsi que son frère, de se trouver chaque jour, à neuf heures du matin, dans sa chambre. Le violent monarque l'accablait continuellement d'injures telles que nous n'oserions les répéter. Un jour, qu'au sortir de table il voulait la frapper de sa béquille, elle eut le bonheur d'esquiver le coup dont elle eût été certainement assommée. Ces mauvais traitements finirent par altérer la santé de la princesse ; elle tomba malade, et un continuel délire s'empara d'elle. Cette maladie en amena une autre plus dangereuse encore, la petite-vérole; mais elle eut le bonheur de guérir sans en conserver de traces. Dans cette circonstance, elle reçut de précieuses marques d'intérêt et d'amitié de la part de l'aîné de ses frères; ce qui contribua beaucoup à la consoler et à la rétablir. De nouvelles souffrances, de nouveaux chagrins l'assaillirent, lorsque Frédéric essaya de se dérober par la fuite aux cruels traitements de son père. En apprenant l'arrestation de ce frère objet de ses affections, elle ressentit la plus violente douleur. Malheureusement elle s'était compromise dans cette affaire son père prétendit qu'elle avait eu connaissance du complot, et il la maltraita indignement: Infáme canaille, lui dit-il, oses-tu bien te montrer devant moi?

vers

va tenir compagnie à ton coquin de frère. A ces mots, il lui applique plusieurs coups de poing sur le visage; la force des coups la fait tomber, elle perd tout sentiment. Le roi, ne pouvant maîtriser sa colère, allait continuer de la battre, en cet état, s'il n'en eût été empêché par plusieurs personnes, témoins de cette scène. Non content de l'odieuse et injuste punition qu'il lui avait infligée, le terrible monarque lui ordonna de rester en prison dans sa chambre, et la malheureuse princesse fut ainsi long-temps resserrée, manquant de tout et abreuvée de larmes. Peu de temps après, le roi voulut la marier avec un prince qui ne lui inspirait que de la répugnance ; c'était le duc de Weissenfeld, homme dépourvu de toute espèce d'agréments: heureusement ce mariage manqua. La grâce du jeune Frédéric vint enfin, le même temps, donner quelques consolations à sa sœur; et tous ses chagrins semblèrent terminés lorsqu'elle épousa un prince qui ne lui était point désagréable. Ce fut le 20 novembre 1731, qu'elle donna sa main au prince héréditaire de Bareuth, jeune homme adonné, comme le margrave son père, à la débauche et à l'ivrognerie, mais d'un caractère assez doux et fort passionné pour l'art militaire. Quelques jours après la célébration de son mariage, elle partit pour Bareuth, espérant y goùter, sinon les jouissances de la grandeur, du moins les douceurs d'une vie tranquille et indépendante : son espoir fut à peu près réalisé. Quatre ans après (le 17 mai 1735), elle devint margrave de Bareuth, par la mort de son beau-père. Son propre père mou rut en 1740, et quoiqu'elle ne put avoir perdu le souvenir de tous les chagrins qu'il lui avait fait endurer,

elle sé montra fort sensible à cet évé nement. On a vu combien elle fut chère à Frédéric, elle l'était devenue plus encore dans les derniers temps de sa vie; c'était elle que le grand monarque prenait pour confidente de ses plus intimes pensées; elle lui donna souvent, sur les affaires politiques, des avis fort prudents, et, dans les moments de ses plus grandes adversités, elle fit en secret d'inutiles efforts auprès de la cour de France pour en obtenir la paix; c'était de concert avec Voltaire qu'elle avait formé ce projet. Ce grand homme, qui l'avait connue à Berlin, qui lui avait vu jouer la comédie avec beaucoup d'intelligence et de finesse, était un de ses admirateurs les plus enthousiastes. On lit dans la collection de ses œuvres plusieurs lettres de cette princesse, et toutes sont empreintes d'un esprit fort extraordinaire, et surtout d'un intérêt bien tendre pour les succès de son frère chéri. On sait tout le chagrin que causa à Frédéric la mort de cette tendre sœur, qui expira le jour même où il perdait la bataille de Hockirchen (14 octobre 1758). Il exprima ses regrets d'une manière fort touchante, dans une lettre par laquelle il pria Voltaire d'élever à sa sœur un monument poétique. Le poète s'empressa de répondre à l'appel de son royal ami, et il composa une pièce de vers qui commence ainsi :

Ombre illustre,ombre chère, âme héroïque et pure.

Il y avait plusieurs mois que la margrave n'était plus, lorsque Frédéric fit à Voltaire une réponse qui prouve combien son cœur était encore déchiré : « J'ai reçu les vers que vous « avez faits. Apparemment, je ne me « suis pas bien expliqué: je désire quelque chose de plus éclatant et

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de public. Il faut que l'Europe « pleure avec moi une vertu trop < peu commune; il ne faut point que

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mon nom partage cet éloge; il faut que tout le monde sache qu'elle <est digne de l'immortalité, et c'est < à vous de l'y placer. Un dit qu'Appelles était le seul digne de peindre & Alexandre je crois votre plume a la seule digne de rendre ce servico « à celle qui sera le sujet éternel de a mes larmes. Je vous envoie des a vers faits dans un camp et que je lui envoyais un mois avant cette cruelle catastrophe qui nous en prive pour jamais. Ces vers ne sont « certainement pas dignes d'elle, « mais c'était du moins l'expression << vraie de mes sentiments; en un mot, a je ne mourrai content, que quand & vous vous serez surpassé dans le « triste devoir que j'exige de vous. « Faites des vœux pour la paix; mais, «

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quand même la victoire la ramè<<nerait, cette paix et la victoire, et « tout ce qu'il y a dans l'univers, « n'adouciraient point la douleur qui

me consume. » Voltaire composa alors son Ode sur la mort de la margrave de Bareith. Cette princesse a écrit en langue française des Mémoires qu'elle avait légués au conseiller privé de Supperville son premier médecin; ils n'ont été publiés qu'après la mort de celui-ci, et ils ont obtenu, en France, un grand succès, lequel est attesté par quatre éditions successives dont la dernière parut à Paris en 1813, 2 vol. in-8°. Ils le doivent principalement aux intéressants détails qu'ils renferment, tant sur la famille royale de Prusse, que sur les affaires politiques du temps et sur les nombreux personnages qui y figurent. Ces Mémoires sont écrits dans un style fort incorrect, souvent même trivial; mais il faut se

caractère, une sensibilité délicate et un vifamour de la vérité. Ces Mė

1742; on pense qu'ils avaient été poussés plus loin, et qu'ils traitaient du règne du grand Frédéric. Les éditeurs annoncèrent, en les publiant, qu'ils en rechercheraient la suite avec activité: il paraît que leurs recherches ont été vaines, car cette suite est encore attendue ; on ne peut guère douter maintenant qu'elle ne soit perdue. C'est véritablement pour l'histoire une perte fàcheuse et que ne peut réparer la publication faite à Hambourg, en 1829, par le docteur Cramer, des Pièces pour servir à l'histoire de Frédéric - Guillaume I et de Frédéric II, in-8° bien que ce volume offre des détails assez piquants sur l'intérieur de la famille royale de Prusse. M-Dj.

souvenir qu'ils sont ouvrage d'une étrangère. Cependant, malgré ce défaut, le style a un mérite pré-moires s'arrêtent à la fin de l'année cieux, c'est d'être vif, naturel et pittoresque. L'auteur peint avec beaucoup de vérité et d'énergie les scènes orageuses qui se passaient dans le palais de son père, et où ce prince se livrait aux plus révoltantes brutalités. Lorsqu'on lit ces récits, et l'on voit tous les excès auxque quels se portait journellement le roi contre sa femme et ses enfants, on se croit transporté parmi les gens de la plus basse classe, et il est difficile de ne pas être indigné contre un tel prince. Il est vrai que la reine se montre elle-même si solte et si entêtée, que l'on s'intéresse médiocrement à cette princesse. D'ailleurs, ce n'est pas tombent les sur elle que coups: le roi les réserve tous pour ses enfants. Tantôt c'est le princeroyal qu'il veut étrangler avec un cordon de rideau; tantôt c'est la margrave, qui tombe évanouie sous les coups de bâton que lui applique le roi son père; quelquefois il se contente de leur jeter des assiettes à la tête, et il est bien rare que de pareilles scènes ne troublent pas les repas de cette auguste famille; pour peu que S. M. soit ivre, ce qui lui arrive assez souvent, il n'y a plus de salut à espérer; alors il faut que tout le monde se cache dans les armoires ou sous les lits. Quand la princesse, dans ses Mémoires, ne raconte pas de pareilles turpitudes, on y voit successivement passer une foule de personnages dont elle marque parfaitement la physionomie. La plupart de ses observations, justes et piquantes, annoncent une connaissance parfaite du cœur humain. Elles prouvent aussi qu'à beaucoup d'esprit naturel, la margrave joignait un noble

vers

BARILLI (LOUIS), chanteur de l'Opéra-buffa, naquit à Modène 1767, ou dans le royaume de Naples vers 1764. Après avoir joué avec succès, sur différents théâtres d'Italie, il était dans toute la forse de son talent, lorsqu'il fut engagé par l'Opéra italien de Paris, en 1805. Il y débuta dans la salle de Louvois, le 19 août, par le rôle du comte Cosmopoli, dans la Locandiera, de Farinelli; il obtint le plus brillant succès, ainsi que dans ses autres débuts, et fut dès-lors regardé comme l'acteur le plus précieux de la troupe italienne, dont lui et sa femme devinrent les principaux soutiens. Sa manière était franche et naturelle, son jeu piquant et vrai, sa gaîté sans apprêt, sans grimaces et sans trivialité. Quelques soi-disant connaisseurs prétendaient qu'il n'était pas grand musicien; mais ils étaient forcés de convenir que son chant avait beaucoup d'expression, et que sa voix,

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