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[ 1800. }

de la grande-duchesse, fille de ce monarque, épouse de l'archiduc palatin de Hongrie. La tentative de rapprochement aura été regardée comme une injure de plus. La Gazette de Pétersbourg, sous la date du 15 octobre, apprendra au cabinet autrichien que l'empereur Paul ne veut ni de l'ambassadeur ni de l'ambassade.

Le refroidissement de ce prince avec l'Angleterre avait été beaucoup moins prompt. Au moment de la retraite de l'armée russe, lorsque Suwarof était en Bohême, le cabinet britannique jouait encore le rôle de médiateur entre les cours impériales. L'ambassadeur, lord Minto, s'était rendu de Vienne à Prague pour tâcher d'arrêter la marche des Russes et flatter l'orgueil de Suwarof, en lui offrant le commandement d'une grande armée en Allemagne; mais le général russe ne s'était pas montré personnellement plus abordable que son maître. Peu de temps après, l'humeur de Paul, qui déja s'était manifestée à l'occasion de l'expédition de Hollande, éclata tout-à-fait par le rappel du corps de ses troupes envoyé dans les îles de Jersey et de Guernesey, et destiné à une descente sur les côtes de France.

La même impression, qui avait éloigné Paul Ier des cabinets de Londres et de Vienne, l'avait rapproché de la cour de Berlin contre laquelle

il avait naguère montré tant d'emportement, et le disposait aussi à un retour vers le gouvernement français, qui ne lui inspirait plus la même antipathie depuis qu'il voyait à sa tête le général Bonaparte. En peu de temps, à Pétersbourg, la métamorphose fut complète. Comment s'étaitelle opérée ? Les causes générales sont connues. Les détails particuliers ne sont pas sans intérêt.

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Par une singularité digne de remarque, l'Angleterre, avant que Paul se détachât entièrement de son alliance, avait été le bénévole instrument de la réconciliation de la Prusse avec ce prince, service dont la Prusse lui montrera sa gratitude, en s'unissant contre elle aux entreprises de la Russie. Dès les derniers mois de 1799, Paul Ier, sans rétablir encore ses relations diplomatiques avec la cour de Berlin, y avait envoyé comme voyageur un de ses agents, le baron de Krudener, chargé d'une lettre particulière pour le roi. Les relations officielles ne devaient être rétablies qu'autant que la Prusse aurait reconnu Paul comme grand-maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Le baron de Krudener ne reçut, en effet, des lettres de créance qu'après ce préalable rempli; mais, dans l'intervalle, ses rapports avec le ministère du roi avaient été, au fond, ceux d'un ministre accrédité. Le cabinet de Berlin, fier du hasard qui semblait

le destiner à devenir le noeud d'union de Paris et de Pétersbourg, mettait en jeu tous les ressorts d'une politique équivoque, pour accroître son importance dans ces deux grandes capitales. A Paris, il se vantait d'avoir amené Paul « à tomber entre ses mains,» tandis qu'à Pétersbourg il faisait valoir son crédit auprès du premier consul. Flatté de pouvoir, avec la Russie, exercer le rôle de médiateur entre les parties belligérantes, et peut-être plus jaloux de montrer ses prétentions à ce rôle que de le remplir en effet, il revenait avec la France à ses anciens droits sur les provinces transrhénanes, et s'essayait à tracer les limites auxquelles devraient s'arrêter les prétentions du premier consul. Ces communications étaient reçues en France de la manière la plus amicale, mais, au moment où elles allaient devenir plus précises, le premier consul répondit que, le canon venant d'être tiré de nouveau, il fallait ajourner toutes ces questions jusqu'à ce que les événements de la guerre eussent fait naître plus de facilités pour la paix. Dès l'ouverture de la campagne, les voeux de la Prusse et de la Russie étaient prononcés pour le succès des armes françaises. Suivant M. Mathieu Dumas, l'Autriche avait invité les cabinets de Berlin et de Pétersbourg « à prendre les armes << pour défendre l'indépendance de l'Allemagne

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<< et l'intérêt commun. Ces insinuations', dit-il, <«< ne furent point sans effet. On évaluait à cent cinquante mille hommes les deux armées rus«<ses, rassemblées sur les frontières de la Li<«<thuanie et de la Volhynie, sous les ordres du << comte Pahlen et du général Kutusof. » Le fait de la réunion de ces deux armées est exact. Seulement l'objet en était tout contraire à celui que M. Dumas suppose. C'était dans un but d'observation contre l'Autriche, et non en faveur de l'Autriche, que ces rassemblements avaient lieu. La principale crainte de Paul était que le premier consul n'accordât à l'Autriche des conditions trop favorables. Ce prince tenait surtout à ce que la puissance autrichienne reçût une étroite limitation en Italie, dans cette Italie dont elle avait dû la conquête momentanée à l'épée de Suwarof, épée qui était sortie du fourreau, non pour asservir les nations italiennes à un maître étranger, mais pour les rendre à leurs anciens maîtres.

Un fait étrange de cette époque est l'incroyable concordance des actes de Paul et de ceux du premier consul dans un même sens, dans un même but, quoique l'état de guerre continuât à exister entre la Russie et la France. '

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sous le titre 1801, appartenant à 1800, p. 22.

[ 1800.]

Jamais deux alliés ne se prêtèrent plus d'assistance que le faisaient les cabinets de Paris et de Pétersbourg encore ennemis. Tandis que le premier consul servait la haine de Paul Ier contre la cour de Vienne, en humiliant l'orgueil de cette cour à Marengo, Paul servait les vues du premier consul contre l'Angleterre, en proposant à la Suède, au Danemarck et à la Prusse, la formation d'une neutralité maritime, fondée sur les principes que, de leur côté, les ÉtatsUnis et la France se préparaient à soutenir. Cet accord si extraordinaire, cette curieuse conformité de tendance, dans les actes de Paul Ier et dans ceux du premier consul, ont induit plusieurs écrivains en erreur. L'énergie avec laquelle l'autocrate russe se prononçait pour le rétablissement des principes maritimes de 1780, était un si précieux renfort pour les vues et les intérêts de la France, qu'on a supposé que c'était le premier consul qui avait déterminé l'empereur Paul à embrasser si vivement cette noble cause. Nous ne ferons point honneur au premier consul d'un mérite qu'il n'a pas eu. Il dut cet important secours à la fortune, ou, si

I

<< Enfin Bonaparte, dit M. Mathieu Dumas, détermina

« Paul Ier à se présenter, en 1800, comme le provocateur et le

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chef de la neutralité armée. » Tome v1, p. 121. Il

et anachronisme.

y a là erreur

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