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PRÉFACE.

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JE

E vieillis; chaque jour je vois tomber autour de moi quelques-uns des hommes avec lesquels j'ai vécu. J'ignore si le sort me réserve assez d'années pour achever l'ouvrage que j'ai entrepris: à tout événement, je me décide à en publier une partie; ce sont les huit premières années du gouvernement de Napoléon, comme consul et corame empereur. Cette publication fractionnaire pourra d'ailleurs m'être utile; elle me fera. connaître si je suis dans la bonne route. ⠀

Le travail auquel je me livre est une tâche que je remplis, tâche difficile, mais qui doit m'être sacrée à plus d'un titre. Le nom de celui de qui je l'ai reçue, le lieu, la date du

mandat, lui impriment un caractère imposant et en quelque sorte religieux. L'homme qui a exercé pendant près de vingt années une influence si décisive sur les destinées du monde, m'a engagé à écrire l'histoire de la diplomatie française de 1792 à 1815. Ce n'est point du haut d'un trône, qui a dominé tous les trônes, que cette invitation est descendue vers moi. Napoléon me l'adresse de Sainte-Hélène, de son lit de mort, par son testament. Que dirions-nous d'un homme qui aurait refusé d'obéir aux dernières volontés ' de César ou d'Alexandre?

Les termes du mandat sont vagues. Fautil s'attacher à la lettre des mots ou en chercher le sens?. F'ai préféré ce dernier parti. D'abord ce n'est pas seulement l'histoire de sa propre diplomatie, que Napoléon me de

1 Opprimi me onere officii malo, quam id, quod mihi cum fide semel impositum est, aut propter perfidiam abjiaut propter infirmitatem animi deponere.

cere

CICERON.

mande. Il désire que j'embrasse tout l'espace de temps écoulé depuis le commencement de la guerre allumée par la révolution, jusqu'au moment où la restauration de 1815 l'a ter-minée. Ce n'est point de sa part un calcul de pur égoïsme; c'est une grande époque qu'il livre à mon examen, sous un de ses points de vue principaux. En s'exprimant comme il l'a fait, a-t-il entendu que je dusse entreprendre une espèce d'histoire des traités, pareille à celles que nous connaissons? Je ne le pense pas. Une composition disposée suivant une telle méthode, n'est guère faite que pour une classe peu nombreuse de lecteurs, et ce n'est pas ce que Napoléon a dû vouloir. En recherchant quelle a pu être sa pensée, voici comment je l'ai comprise.

Napoléon savait à merveille qu'il y aurait affluence d'écrivains pour rapporter les faits publics et matériels. Il a désiré davantage; il a eu à cœur que les causes de ces faits fussent retracées par un homme ayant quelque habitude des affaires. Pour répondre à ses vues,

a.

je me suis persuadé que je devais exposer tout ensemble et les faits et leurs causes, c'est-à-dire, écrire, pour le temps qu'il détermine, une histoire générale dans laquelle seraient présentés tous les événements politiques, civils et militaires qui ont rempli ce période, mais en donnant au jeu secret des intérêts et des passions qui ont produit ces événements, en un mot, aux questions de politique extérieure, plus de développement et d'étendue que n'en comportent les histoires ordinaires.

Mon jugement une fois fixé sur le sens de la mission que j'ai à remplir, j'ai médité le plan de mon ouvrage; j'en ai même agrandi le cadre, car il m'a paru convenable de prendre mon point de départ à 1785. Ces trois décades de 1785 à 1815 sont trois siècles. Effrayé de la grandeur et de l'étendue de ce travail, incertain si je pourrai l'exécuter complètement, j'en ai ébauché diverses parties; puis, m'arrêtant à la résolution de traiter d'abord l'époque qui m'est le mieux connue,

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