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l'indication de quelques présens de livres. L'usage de cette Bibliothèque était à peu près restreint aux meinbres de l'Académie et de la Compagnie des pasteurs.

Cet état de choses dura un siècle et demi. En 1699, le petit Conseil s'occupa avec activité et persévérance de là Bibliothèque; il décida de la transporter dans un emplacement plus abordable, plus vaste et plus commode, et d'en confier l'administration à un corps spécial, qu'il institua sous le nom de Direction de la Bibliothèque publique. Il y fit entrer, outre les ecclésiastiques choisis par la Compagnie académique, des membres laïques qu'il désigna lui-même, et parmi lesquels se trouvèrent des syndics et des conseillers appelés par leur rang à présider l'assemblée.

C'est depuis cette époque que la Bibliothèque a été réellement ouverte au public, et qu'elle a reçu les accroissemens qui lui ont donné en peu d'années quelque importance; c'est aussi le moment où son histoire commence à présenter quelque intérêt, et peut être retracée avec certitude au moyen des registres de la Direction.

La prochaine ouverture de la nouvelle Bibliothèque fut annoncée au public savant le 14 mai 1703, jour des promotions, par Jean-Alphonse Turrettini, qui, dans un discours latin, de seculo XVII erudito, après avoir parlé des développemens donnés à quelques grandes bibliothèques, s'exprime ainsi : Quorum si et nos vestigia pressimus, si Bibliothecæ Genevensi novum quasi ortum dedimus, si eam in loco amoenissimo atque amicissimo Musis collocavimus, si, tum libris editis, tum manuscriptis codicibus, tum iconibus, tum numismatibus, tum exquisita supellectile plus aucta est uno hoc anno quam per centum annos fuerat, si denique ita ordinata, ita legibus constituta est, ut brevi, felicibus auspiciis, publici juris sit fa

cienda, fecit amplissimi senatús, fecit plurimorum ex patribus conscriptis, fecit plurimorum ex pastoribus atque professoribus, fecit aliorum virorum præstantia, tum hospitum tum civium numquam satis prædicanda, numquam satis posterorum memoriæ commendanda munificentia.

La Bibliothèque fut ouverte au public le 14 août suivant, et dès lors elle n'a pas cessé de l'être le mardi de chaque semaine.

Lorsqu'il fut question de la transporter dans un local plus commode, on hésita entre une salle située au-dessus de la halle de la Maison-de-Ville et la grande salle dite du Collége, qui fut préférée: c'était une vaste salle, située au-dessus des trois premières classes, de 38 pas de long sur 19 de large, éclairée par huit fenêtres doubles, et qui servait, entre autres usages, à donner des festins aux étrangers de distinction. Le Conseil y fit faire, aux frais de l'Etat, les dispositions et arrangemens nécessaires; elle fut garnie de tables, de pupitres et des meubles convenables, et l'on y déposa 3,000 volumes, la plupart en grands formats, et qui formaient alors le total de la Bibliothèque.

Vingt-cinq ans plus tard, en 1725, cette salle se trouva presque pleine, non-seulement de livres, mais encore de curiosités d'histoire naturelle, d'instrumens de physique et d'astronomie, etc., et la Direction de la Bibliothèque saisit l'occasion de la vacance d'un appartement voisin pour demander qu'on lui en cédât une ou deux pièces. Après un examen plus approfondi des localités et de l'augmentation progressive de la Bibliothèque, le Conseil accorda l'appartement en entier; et c'est ainsi que la salle où se distribuent actuellement les livres, et les deux petites salles contiguës, celle de lecture et celle des manuscrits

sont devenues la propriété de la Bibliothèque. Cependant cette nouvelle dépendance resta long-temps séparée de la première salle par une allée ou corridor, dont l'entrée était du côté du collége, et au bout duquel se trouvait l'escalier par lequel on montait à l'ancienne Bibliothèque. Ce ne fut qu'en 1759 qu'on supprima ce corridor, et que l'on construisit, à l'angle ouest du bâtiment, l'escalier de pierre par où l'on entre dans la salle de lecture, et qui conduit plus haut dans les combles. Par cette nouvelle réparation, les salles de la Bibliothèque furent mises dans l'état où elles se trouvent aujourd'hui, sauf quelques changemens ultérieurs qui eurent pour objet en 1773, d'enfermer le palier sur lequel donne la porte d'entrée du côté du collége, de placer un poële dans la salle de distribution, et de séparer par une porte vitrée les deux grandes salles; d'établir (1775) des pupitres sous chaque fenêtre; d'élever (1785) jusqu'au sommier et de prolonger de chaque côté les tablettes qui se trouvent dans le milieu de la seconde salle, etc., etc... Plus d'une fois il fut question d'ajouter au bâtiment une aile du côté du levant, ou bien de construire une succursale en face du bâtiment actuel, là où se trouve le jardin du Principal; on a même proposé, en 1789, de transporter la Bibliothèque dans la nouvelle caserne.

Depuis la restauration, ces projets d'agrandissement et de translation ont été souvent débattus. Une somme a été mise en réserve pour couvrir une partie des frais de construction; et, si notre prospérité continue à se soutenir, on peut espérer de voir, dans peu d'années, se réaliser des plans bien conçus pour un établissement plus vaste, plus abordable, et mieux en harmonie avec les progrès des sciences, des arts, des lettres, et surtout de la publicité.

pour

Au commencement du siècle dernier, l'administration de la Bibliothèque, qui jusqu'alors était restée entre les mains de la Compagnie académique, fut, comme nous l'avons dit ci-dessus, confiée à un corps spécial. Ce corps, composé de neuf membres, avait mandat de pourvoir à la conservation et à l'accroissement de ce précieux dépôt; de faire, sous l'approbation du Conseil d'Etat, les règlemens qui en determinaient l'usage et l'administration; de voter les dépenses résultant de l'achat des livres, des médailles, des portraits, des instrumens de physique, des curiosités d'histoire naturelle, des meubles et des réparations, en tant que ces dépenses étaient prises sur les fonds de la Bibliothèque; d'approuver les comptes du Recteur, entre les mains de qui était la caisse, et de proposer, soit au Conseil soit à la Compagnie, la nomination des personnes dont la présence pouvait être utile à ses assemblées. Les réunions de la Direction devaient avoir lieu, conformément au règlement, une fois par mois; mais elles étaient peu régulières, et à moins de quelque motif grave ou de quelque redoublement d'activité, on ne se réunissait guère plus de deux fois par an; quelquefois même les réunions n'eurent pour objet que l'examen des comptes du Recteur qui sortait de charge. On s'assemblait tantôt à la Bibliothèque, tantôt à l'Hôtel-deVille.

En 1741, la Direction proposa au Conseil d'augmenter le nombre de ses membres, soit à cause des développe-: mens qu'avait pris la Bibliothèque, soit afin d'intéresser un plus grand nombre de personnes à l'établissement, de faciliter les rapports avec les pays étrangers, et de rassembler plus de lumières pour le choix et la connaissance des livres. Cette proposition fut accueillie avec faveur; la Compagnie, consultée sur l'opportunité de cette mesure, y

donna aussi son approbation, et le nombre des membres de la Direction fut porté à dix-neuf, dont trois syndics scholarques, trois bibliothécaires, sept professeurs, un pasteur, le procureur-général, un docteur médecin, un négociant, un homme de lettres et un artiste.

De temps en temps le Conseil, sur la proposition de la Direction, donnait à des Genevois établis dans les pays étrangers, et qui avaient fait preuve d'intérêt pour la Bibliothèque, le titre de membre honoraire de la Direction, et l'on s'assurait ainsi des correspondans généreux, zélés et attentifs.

La constitution de 1797 confia l'administration de la Bibliothèque au Sénat académique, qui devait la faire régir par trois directeurs de son corps, élus par lui, et par deux bibliothécaires, qu'il pouvait choisir parmi les citoyens les plus propres à cet office.

La réunion de Genève à la France amena de nouveaux changemens dans la composition de la Direction: comme la Bibliothèque avait été reconnue propriété des Genevois, elle dut relever directement de la Société Economique, en ce qui concernait ses fonds, ses deniers et ses titres; et le corps qui l'administrait reçut dans son sein trois membres de cette société. On fit alors l'essai d'un comité de cinq personnes, qui devait s'occuper des détails ordinaires, et dont les séances devaient être plus régulières et plus fréquentes; mais, à en juger par les registres, il ne s'assembla que quatre fois, et ses opérations rentrèrent dans le domaine de la Direction tout entière. Ce dernier corps resta chargé jusqu'en 1816, sous la présidence du Recteur, de l'administration de la Biblio thèque.

- On lui rendit alors son ancienne organisation, qu'elle a conservée jusqu'à l'année présente : elle eut à sa tête,

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