Revue républicaine: journal des doctrines et des intéréts démocratiques

puter sur les conséquences, Mais il est encore entre les deux partis une autre grave opposition. Ils ne sont pas d'accord sur la méthode,

Les partisans du système mécanique absolu prétendent que toute idée vient à posteriori, ou, en termes plus clairs, que toute découverte est duo au hasard. Ce mot est écrit dans la préface de tous leurs livres, bien que le dictionnaire de l'académie ne le définisse pas autrement que par cette phrase: Cause ignorée d'un effet connu. Les adversaires, au contraire, soutiennent que l'on ne trouve rien, à moins que l'on ne le cherche; ils di sent, en un mot, qu'il faut procéder par des hypothèses que l'on soumet ensuite à la vérification. Ils ont raison, en ce sens que par hasard on n'a jamais rien découvert dans les sciences. Il est positif, en effet, que les partisans de cette méthode, si l'on peut appeler de ce nom un inconnu n'ont jamais fait autre chose que répéter les découvertes des autres. Il est même aujourd'hui plus d'un membre de l'institut qui n'a jamais eu que ce dernier mérite. Mais ces messieurs ont, on le comprend, un beau rôle devant le public, lorsqu'ils luttent contre les partisans de la méthode par hypothèse. Ceux-ci, trop souvent, présentent de simples aperçus qu'il est assez difficile de défendre.

C'est ce qui est arrivé à M. Geoffroy St-Hilaire dans une discussion dont tous les journaux quotidiens ont parlé, sur une de ces questions de philosophie anatomique où les faits les moindres en apparence ont une grande importance, parce qu'ils sont une preuve de plus. Ce n'est pas ici le lieu de parler de détails qui ne peuvent intéresser que les hommes de la spécialité. Il était surtout utile, dans l'esprit de ce recueil, de faire connaître la gravité et la nature des dissidences cachées dans ce débat. Il suffit, en outre, d'ajouter que le président de l'Académie des sciences avait, à priori, si ce n'est touché, au moins pressenti la vérité. Il ne reste plus de doutes après le mémoire et les planches anatomiques qu'il vient de publier. La science aura acquis, grâce à cette discussion, un fait positif de plus.

Au reste, les mêmes divisions existent dans la science mathématique. Il y a quelques jours, M. Poinçot est venu lever l'étendard contre ceux qui prétendent superposer l'analyse mathématique au raisonnement. Il est, en effet, évident et démontré pour beaucoup de personnes que l'usage de l'analyse est dégénéré en abus, en abus tel, que l'enseignement de la mathématique, tant vanté autrefois pour former la raison, a pour résultat aujourd'hui de l'étouffer sous le poids des formules, et de rendre l'esprit incapable de rien créer.