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tion d'art, et a particulièrement décrit avec bonheur les types tout patriotiques de Philippe de Valois, mais il a surtout, comme il l'avait promis, étudié l'influence de l'idée religieuse sur la monnaie. Hâtons-nous de reconnaître qu'il a tiré de cette matière d'ingénieux aperçus, mais qu'il nous soit permis de lui dire qu'il en a poussé beaucoup trop loin les conséquences. Suivant lui, les légendes et les types monétaires, au moyen-âge, auraient été, en quelque sorte, le baromètre de l'état religieux. Ainsi le christiana religio et le temple des deniers émis par Louis-le-Débonnaire, lui paraissent témoigner de l'asservissement de ce prince à la religion au nom de laquelle on le persécutait! Mais les temples des dieux et les légendes pieuses se retrouvent à chaque pas dans l'antiquité qu'on imitait encore au neuvième siècle, et d'ailleurs le type du temple s'était déjà montré sous Charlemagne *. Ainsi le gracia di rex de Charles II et le misericordia Dei de Louis-le-Bégue signifieraient, le premier, que le fils de Louis-le-Débonnaire se hâtait de proclamer qu'il était roi de droit divin, protestant ainsi noblement contre les envahissements du clergé; le second, que Louis II chargeait ses monnaies de perpétuer l'action de grâces qu'il devait rendre au Tout-Puissant dont la protection avait permis qu'il s'assit sur un trône contesté. Mais le misericordia Dei rex n'est pas particulier à Louis-le-Bégue, pas plus que le gracia Dei à Charles II. D'autres carlovingiens ont employé l'une ou l'autre de ces formules pieuses ou toutes deux indifféremment comme Eudes. Nous ne pensons donc pas qu'on puisse y trouver une intention particulière et relative à la position de Charles II et de Louis-le-Bégue. Toutes les sentences ou invocations religieuses quelque peu

Citons pour preuve son denier d'Arles et surtout la bulle, dont le public doit la connaissance à M. Duchalais, employé au cabinet des médailles.

concises ont été épuisées par le style métallique de la chrétienté, depuis le mirabilia fecit des rois pirates normands ou danois*, jusqu'au Domine salvum qu'on gravait encore naguère sur la tranche de nos monnaies.

L'auteur dit (page 69): Hugues devait craindre de faire à l'église des concessions qui l'eussent discrédité près des grands vassaux, et avant, page 68, dans ces grands mouvements politiques (les deux premiers changements de dynastie) les emblêmes du christianisme furent plutôt retranchés qu'ajoutés sur les monnaies royales. Or le fait numismatique n'est pas en rapport avec cette proposition, car le denier de Hugues, frappé à Rheims, a pour légende CRATIV EI REX pour gratia Dei rex, et porte au revers une croix; il présente donc identiquement les mêmes caractères religieux que toutes les pièces Carlovingiennes qui avaient cours depuis longtemps.

Encore un mot à ce sujet : L'absence de la croix sur les monnaies de Pépin, ne signifie pas, comme le dit M. Carpentin, page 63, que ce prince voulait traiter de puissance à puissance avec le pape. Presque toutes les monnaies chrétiennes du moyen-âge sont signées d'une croix, mais il y a eu des exceptions à cette règle, et chez les Byzantins, et chez les Mérovingiens, et dans les états d'origine plus moderne; on ne peut donc raisonnablement admettre que l'emploi de ce type ou que sa suppression ait été, tour à tour, un signe de soumission envers le saint-siège ou un acte de rebellion contre le pape.

* Cartier. Note sur une trouvaille de monnaies danoises ou normandes, publiée par un des conservateurs du muséum britannique.

COMMUNICATION

FAITE A L'ACADÉMIE

SUR LES FRESQUES DÉCOUVERTES A SILLEGNY,

PAR M. LE BARON EM. D'Huart.

On vient de découvrir dans l'église de Sillegny, canton de Verny, de fort remarquables fresques de la renaissance, et assez bien conservées pour être facilement restaurées. On voit, dans le chœur, du côté de l'épître, saint Jean l'évangéliste, saint Jacques, saint Hubert et saint Nicaise, dans des niches figurées et entourées d'élégantes arabesques ; à la gauche de saint Hubert et de saint Nicaise sont agenouillés les maîtres échevins Didier le Monelte et Etienne Bara, ayant leurs femmes à leurs côtés. Les deux couples portent le costume du seizième siècle et prient dévotement sur d'énormes chapelets. Didier le Monelte était probablement maître échevin de Pont-à-Mousson. Étienne Bara appartenait à une famille lorraine ennoblie en 1596, elle blasonnait d'azur à la patte d'oie mise en pal, au chef d'or chargé de trois glands de sinople, feuillés de même. Du côté de l'évangile, s'élève l'arbre de Jessé, ou l'arbre généalogique de la sainte mère du Christ. Ses royaux ancêtres sont représentés armés de gigantesques sceptres, coiffés du turban oriental, cou

verts d'amples manteaux, vêtus de la cotte d'armes romaine et du bas-de-chausse moyen-âge. Ils sont distribués sans ordre et avec beaucoup d'originalité. L'un est à cheval sur l'une des branches de l'arche; un autre les coure comme ferait un écureuil, celui-ci est assis sur une autre branche, celui-là est nonchalamment appuyé contre le corps de l'arbre. Cette composition est pleine de sève, de vie et d'animation. Dans la nef au-dessus de l'autel de la Vierge, on a découvert une gracieuse Notre-Dame de Lorette allaitant l'enfant Jésus. La tête et la pose de la madone sont délicieuses; au-dessous d'elle on voit une descente de croix. On a acquis la certitude que toute la nef élait peinte à fresque, le badigeon enlevé près de l'autel de la Vierge a fait apparaître cinq nouveaux saints, l'un d'eux en costume de chevalier du quinzième siècle, est appuyé sur un bouclier blasonné de gueules à la bande d'or (armes de la maison de Noailles). Sillegny appartenait aux dames de Sainte-Marie, de Metz, eurent-elles une Noailles pour abbesse au seizième siècle? Malheureusement le cartulaire de cette abbaye n'existe plus. Aux pieds de ces saints on voit une procession agenouillée, dans laquelle figurent toutes les classes du pays en grand costume, depuis le cardinal (probablement de Lorraine), jusqu'au manant.

L'arbre de Jessé est un des sujets pour lesquels les peintres et les imagiers du moyen-âge ont témoigné le plus de prédilection. Il rendait en effet sensible aux yeux du vulgaire l'accomplissement de la prophétie qui avait annoncé que le Christ sortirait de la race de David, et montrait d'une manière symbolique la suite des aïeux de Marie depuis Isaic ou Jessé, le vieillard de Bethleem, dont David était le huitième fils. Le vénérable père du saint roi est toujours placé à la racine de l'arbre, comme la Vierge et son précieux enfant dans la fleur qui s'épanouit à la cime. La mère du Sauveur apparaît entourée de feux célestes, et semble s'é

chapper de la corolle emblématique. Jessé, sous les traits d'un patriarche, est ordinairement représenté dormant, soit pour montrer comment il vit en songe la postérité glorieuse qui sortirait de lui, soit pour établir une analogie avec Adam, de la côte duquel Dieu tira durant son sommeil, Eve, la mère du genre humain.

L'arbre dont le tronc sort du sein de Jessé, doit être indubitablement une vigne. C'était en effet cet arbre qu'on choisissait de préférence pour image de l'arbre généalogique du Sauveur. C'est cette forme de vigne qui contribuait à faire placer l'arbre de Jessé sur le tympan du portail des églises, comme cela s'observe à la cathédrale de Rouen, entre autres, par imitation de la vigne d'or qui se voyait au temple de Jérusalem, au-dessus de la porte du vestibule. La vigne avait, pour les premiers chrétiens une signification symbolique; elle était pour eux l'emblème de Marie et de l'église. Isaie avait chanté la vigne qui prospère dans un terrain gras et fertile, et ses chants parurent plus tard une prophétie qui contribua à accréditer ce symbole. Le Sauveur lui-même ne s'était-il pas comparé à la vigne: Ego sum vitis vera, dit-il, dans l'évangile de saint Jean.

Si l'on rapproche le symbole de l'arbre de Jessé des figures de langage qui ont été les plus familières aux écrivains sacrés, on verra qu'il en est peu qui soient mieux justifiées par les nombreuses métaphores que la langue théologique a empruntées au style oriental; Marie nous est toujours offerte comme une fleur qui s'épanouit, comme une racine qui pousse un magnifique rameau. Ne lui applique-t-on pas ces paroles d'Isaïe: Et ascendet sicut virgultum coram eo, èt sicut de terrâ sitienli. Les nombreux sermons qui ont été composés à la louange de la Vierge fourmillent d'expressions sembables. La Vierge est à la fois la fleur et le fruit, le rameau verdoyant qui réjouit la vue, le fruit de la vigne qui fait vivre. La poésie du moyen-âge a sou

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