Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

de nos honorables confrères* qui, en 1819, conçurent la pensée généreuse de faire revivre ce centre scientifique.

Dès son origine notre société, digne héritière des traditions de celle qui l'avait devancée, donna à ses travaux un vaste développement; un grand nombre de mémoires furent publiés, des expositions de l'industrie, de l'agriculture et de l'horticulture ont eu lieu tous les cinq ans ; les producteurs qui se sont le plus distingués ont été dignement récompensés, des collections d'histoire naturelle et d'archéologie ont été créées et l'administration, appréciant de plus en plus les services qu'elle pouvait attendre de vous, s'empressa de vous aider de son concours et de consulter vos lumières.

Animés du zèle le plus fervent pour toute espèce de progrès, vous avez pensé qu'il convenait de fonder un enseignement spécial pour nos jeunes industriels, et vous avez créé des cours dont l'enseignement, professé par plusieurs d'entre vous, s'éleva jusqu'au point d'initier de jeunes ouvriers à ce que les sciences ont de plus relevé. Enfin ne vous arrêtant point dans la voie du progrès, vous avez, cette année, créé un comice agricole dans chaque arrondissement du département, en vous réservant un patronage que ces comices se sont empressés d'accepter, sachant combien la pratique et la théorie peuvent se prêter un mutuel appui.

La direction générale que vous avez donnée à vos travaux, révélait cette pensée que la richesse d'un pays repose sur son industrie et principalement sur son agriculture; que, si quelques localités doivent leur prospérité à leur position

* Cette société a été fondée par MM. Barthélemy, docteur en médecine; Champouillon, professeur de littérature; Carré, docteur en médecine; Chambille, propriétaire; Joseph Gentil, fabriquant de papier; Gerson Lévy, ancien professeur de langues orientales; Herpin, docteur en médecine; Macherez, professeur de langues; Munier, professeur de grammaire; Sarrazin, propriétaire; Thiel, professeur au collège royal de Metz.

topographique, la nature du sol est cependant la source la plus certaine et la plus invariable de prospérité. En effet, les peuples primitifs étaient riches par leurs troupeaux, puis s'adonnant à l'agriculture, dès que les arts eurent fait quelques progrès, ils en firent la principale source de leur

revenu.

Si nous consultons les anciens auteurs qui ont écrit sur les Gaules, nous voyons combien l'agriculture y était avancée, combien les instruments étaient perfectionnés. Toutes les provinces de ce riche pays rivalisaient pour leurs produits en tout genre; Pline, en parlant des Gaules, dit qu'elles ont de vastes plaines de céréales; le tableau qui nous est fait de l'Aquitaine et de la Novempopulanie est le plus riche et le plus varié ; à la lecture d'une lettre de Sidoine Apollinaire (lettre 21, livre 4) sur l'Auvergne, on croit voir ce riche pays à notre époque. Ses belles plaines en céréales sont bien peintes par ces expressions: Illud cequor agrorum in quo, sine periculo, quæstuosæ fluctuant in segetibus undœ. Ausone, dans son poème sur la Moselle, nous montre combien était grande la prospérité agricole de nos contrées.

Que d'immenses richesses notre pays ne nous présentet-il pas ? Ne pouvons-nous revendiquer pour lui ce que l'on disait dans l'antiquité de la Novempopulanie, de l'Aquitaine et de l'Auvergne? Nos vignobles, nos prairies, nos jardins, nos vergers, nos grandes cultures, nos abondantes moissons, nos vastes forêts, les rivières qui l'arrosent, ne sontils pas une source immense de richesses qui donne l'abondance en tout genre et qui influe d'une manière si heureuse sur le caractère des habitants.

Si à cela nous ajoutons nos mines de fer, nos excellents matériaux de construction, nos argiles si convenables pour la fabrication des tuiles, des briques et de la poterie, nous n'aurons plus sujet de nous étonner de ce qu'à l'époque où les Gaules jouissaient d'une paix profonde sous la protection

des légions romaines, notre pays avait tant de voies de communication, tant de villes florissantes et des campagnes si peuplées.

Dans ces temps où les arts étaient si développés, combien de grands monuments furent élevés. Rappelons-nous Metz avec son palais impérial, ses temples, son immense aqueduc, son amphithéâtre, ses fortifications, ses portes triomphales; jetons un coup-d'œil sur ces débris de marbre si variés épars sur le sol, sur ces bronzes en tout genre, sur ces poteries ornées de riches reliefs et de formes élégantes, et sur ce grand nombre de pierres gravées dont quelques-unes nous offrent un travail si fin et si pur.

Si les invasions des barbares apportérent quelque perturbation dans les Gaules, bientôt sous l'empire des Francs, l'agriculture et les arts, conservant leurs anciennes traditions, recouvrèrent leur état antérieur, et Metz, devenue la résidence des rois d'Austrasie, ne le céda peut-être en rien à la capitale des Médiomatriciens. Les communications furent rétablies, l'agriculture reprit son ancienne activité, et Charlemagne, par ses sages capitulaires pour l'administration de ses domaines qu'il visitait successivement, nous montre combien, à cette époque, l'agriculture était en honneur, et combien ce grand homme la considérait comme la base la plus solide de son vaste empire.

C'est donc au sol que nous devons le plus nous attacher, c'est par le développement de toutes les industries qui s'y rattachent que nous devons aujourd'hui faire des conquêtes beaucoup plus durables que celles qui résultent des chances de la guerre. C'est par de nombreuses voies de communication que nous devons faire circuler plus rapidement les capitaux, et faire pénétrer jusque dans les hameaux les plus isolés les éléments de la civilisation. Mus par ces pensées, nous devons donc rechercher quels sont les éléments de richesses qu'il faut tâcher de développer, et il est bien évident que les

progrès que toutes les sciences ont faits doivent contribuer à donner un développement beaucoup plus considérable à l'agriculture et à l'industrie manufacturière.

Autrefois la plupart des sciences étaient cultivées avec peu de succès et l'on pourrait dire que quelques-unes d'entr'elles n'existaient point. Si l'on s'occupait des corps, c'était pour leur attribuer de prétendues propriétés et non pour les connaître dans leurs éléments constitutifs; aussi voyait-on émettre les idées les plus singulières en chimie, en physique, en minéralogie; les formes des minéraux, bien qu'étant remarquées quelquefois, étaient loin de servir de règles pour les déterminer; la géologie était presqu'entiérement ignorée; on considérait un oursin pétrifié comme un œuf de serpent; des ossements fossiles d'éléphants comme des ossements de géants; les coquilles fossiles étaient méconnues; on ne soupçonnait pas que des volcans eussent existé dans l'Auvergne et dans tant d'autres localités; on croyait que les haches en pierre, restes des premiers temps humains, étaient des produits de la foudre, et l'on allait jusqu'à s'étonner de ce que quelques-unes de ces pierres fussent percées comme pour recevoir un manche. Enfin les théories les plus bizarres accompagnaient ces notions si fausses, telle est celle de De Maillet qui, sous le nom de Teliamed, considérait les animaux terrestres comme les descendants directs d'animaux marins.

Cet état si peu avancé des connaissances humaines existait encore à des époques peu reculées; on sait que la volcanicité d'une partie des terrains de l'Auvergne, n'a été reconnue qu'à une époque qui ne remonte pas au-delà de cent ans ; qu'à la fin du seizième siècle', les alchimistes se livraient encore à leurs recherches qui préparèrent la voie à la chimie ; on sait que c'est un simple potier de terre qui, le premier, osa proclamer que les coquilles fossiles ont appartenu à des mers anciennes.

Mais, Messieurs, que de merveilles se sont opérées depuis ces temps, depuis qu'une saine et libre critique fut apportée dans l'examen de tous les corps et dans la recherche de toutes les lois de la nature; quelle admirable précision la chimie n'apporte-t-elle pas dans ses analyses; quels immenses résultats la minéralogie n'a t-elle pas obtenus des travaux des Romé-de-Lille, des Hauy, qui déduisirent des lois si remarquables de la cristallisation des corps; que de grandes conséquences ont été tirées de l'étude des coquilles fossiles marines et d'eau douce, et l'illustre Cuvier, à l'aide de quelques ossements fossiles, n'a-t-il pas reconstitué un grand nombre d'animaux perdus?

De tels résultats, Messieurs, étaient bien de nature à étonner; mais l'esprit humain, ne s'arrêtant point dans sa marche rapide et progressive, conçut les théories les plus hardies. Debuch et de Humbold admirent que quelques parties du sol s'étaient soulevées, et M. Elie de Beaumont, reconnaissant plusieurs périodes de soulèvement, les classa d'une manière rigoureuse; on prétendit que le sol scandinave se soulevait, et les géologues les plus célèbres, rendus sur les lieux, reconnurent la vérité de cette assertion; la théorie de la chaleur centrale, d'abord révoquée en doute, est aujourd'hui admise, elle explique les soulèvements, la formation des terrains d'épanchement, les éruptions volcaniques, la composition et la chaleur des eaux thermales; on prétendit que les glaces avaient occupé des espaces plus grands que de nos jours, et dans des localités où l'on n'avait aucun soupçon de traces de glaciers, leur ancienne présence paraît être allestée par des stries sur des rochers et par des moraines; l'examen des roches amena à reconnaître que quelques-unes avaient subi des modifications depuis leur dépôt, et cette question, que l'on admet en principe, est actuellement le but des recherches les plus intéressantes; enfin par la connaissance exacte de la superposition et de la disposition

« VorigeDoorgaan »