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roman, ou l'ogive du treizième siècle ne coûterait guère plus que ces plafonds plats suspendus à d'énormes charpentes. >

Il est à désirer, dans l'intérêt de l'art chrétien, que ces paroles, qui revêtent dans la bouche de M. Gautiez, toute l'autorité de la science et toute la gravité du conseil, ne soient perdues pour personne; puissent-elles pénétrer jusque dans ces villages où la maison de Dieu n'est, trop souvent encore, qu'un outrage permanent au bon goût et au bon sens, et d'autant plus dangereux qu'il est entouré de plus de respect.

HISTOIRE, LITTÉRATURE, BEAUX-ARTS.

Nos travaux, dans cette branche importante des attributions de l'Académie, sont restés, Messieurs, au niveau de ceux des diverses sections que nous venons de parcourir.

M. Lapène, qui, malgré son éloignement de Metz, a voulu conserver avec l'Académie les laborieuses relations que lui imposait naguère sa présence au milieu de nous, a complété ses études sur l'Afrique par un dernier travail. Il vous a adressé un Tableau historique, moral et politique sur les Kabyles, dont vous avez voté l'impression dans vos mémoires. L'intérêt qui s'attache au sujet traité par l'auteur, la forme heureuse, le style rapide qu'il a su y adapter justifient pleinement cette distinction.

Vos mémoires s'enrichiront aussi de l'excellente analyse que vous a présentée M. Gerson Lévy de l'ouvrage de M. Beaupré, intitulé Commencements et progrès de l'imprimerie en Lorraine jusqu'à la fin du dix-septième siècle. Notre honorable collègue a traité ce sujet en homme compétent; et son rapport, je ne puis mieux dire, vous a semblé digne, en tous points, du livre estimable qui l'avait inspiré.

Sous le titre modeste d'Études sur quelques mots de la langue française, M. du Coëtlosquet vous a offert un travail

nécessairement encore incomplet mais déjà remarquable, sur l'histoire, l'étymologie et la synonymie de certains mots de notre langue. Beaucoup de lecture, de recherches, d'observations, de rapprochements ingénieux ou piquants, recommandent aux linguistes les Études de M. du Coëtlosquet, qui prendront d'ailleurs un rang distingué dans vos mémoires de cette année.

Enfin M. Malherbe, à qui, pour le dire en passant, notre cabinet d'histoire naturelle doit de si notables améliorations, vous a incidemment tracé, en quelques pages, un historique complet du droit de chasse; M. du Coëtlosquet vous a fait connaître, par des citations choisies avec discernement, un nouvel écrit publié par notre savant correspondant, M. Clouet, de Verdun, sous le titre de l'Église et de sa discipline en France pendant la période mérovingienne.-M. le docteur Carré, remontant dans ses recherches jusqu'à cette même période, vous a lu de curieux détails de mœurs relativement au port de la barbe et de la chevelure; et votre secrétaire vous a présenté, sur la création et les travaux de la Société pour l'instruction élémentaire, un historique dont vous avez bien voulu ordonner l'impression dans vos mémoires.

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Quant à la poésie proprement dite, elle a semblé reconnaître, cette année surtout, que des muses plus sérieuses lui sont préférées sur les bords de la Moselle. Nous avons il est vrai accueilli parmi nous, sur une appréciation aussi juste que bien sentie de M. du Coëtlosquet, un jeune poète, M. Désiré Carrière, dont le nom littéraire s'est déjà entouré d'un certain éclat; mais nos poètes, les nôtres, se sont tus. Se seraient-ils rappelé que dès le début de l'année notre honorable collègue, M. Faivre, a dit, en nous formulant ses idées sur la poésie académique, que, « dans le riche domaine des lettres, les sociétés savantes sont inhabiles à produire et à faire produire? » Cet arrêt, trop sévère

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peut-être, aurait-il effarouché leurs muses? S'il en est ainsi que ne s'armaient-ils de cette sentence contre le juge luimême ? Que ne venaient-ils demander hautement à ce bienveillant proscripteur, s'il n'a pas dû, à ses délassements poétiques, qui étaient aussi des études, quelque peu du talent avec lequel il sait aujourd'hui traduire sa pensée dans la phrase harmonieuse et assouplie, dans la prose à la fois sobre et colorée dont une Révolution au seizième siècle nous offre tant d'heureux exemples? Ah ne croyons pas 'que l'étude de la forme du langage s'écarte de notre devise, en un mot, qu'elle soit inutile. Ne couronnons plus les poètes de fleurs, d'accord; mais du moins ne les châssons pas de notre république qui ne ressemble, heureusement, à aucune de celles de l'antiquité! Que notre Académie des lettres accueille aussi les lettres, toutes les lettres, avec empressement: elles poliront, elles charmeront des travaux sévères. La moisson semble plus belle aux regards satisfaits de l'homme, si quelques rares fleurs des champs viennent mêler, çà et là, l'éclat de leurs couleurs à la teinte si uniformément riche des épis!

C'est au terme de nos travaux, seulement, que M. Macherez nous a lu quelques-unes de ses fables dans lesquelles une pensée philosophique se cache toujours sous un style simple et facile, ou sous le tissu d'un drame ingénieux. M. de Puymaigre, écrivain aimable et qui peut prétendre à de si légitimes succès, a murmuré, sans doute, sous les ombrages de sa solitude d'Inglange, quelques chants qui ne sont pas venus jusqu'à nous; enfin Joseph Koenig, dont nous avions accueilli les jeunes essais avec tant d'espoir, Koënig dont la capricieuse indolence s'inspirant à la fois de Chénier et de Brizeux,

Sur des pensers nouveaux faisait des vers antiques,

a cessé de chanter en cessant de vivre. Notre jeune collė

gue, longtemps relégué sur un des rochers de l'Afrique, où il payait à la fois sa dette à la France et à la poésie, est venu tristement s'éteindre à Montpellier, loin de tous ceux qui lui étaient chers, et loin de nous, Messieurs, qui lui avions en quelque sorte ouvert la voie qu'il aimait, et dans laquelle il pouvait un jour marcher avec distinction!

Koënig était le plus jeune de nous tous, et sa mort prématurée est la seule que nous ayons à déplorer.

Notre digne président honoraire, M. Bergère, et M. Bégin, qui ont quitté Metz, ont passé de la classe des membres titulaires dans celle des associés libres, ainsi que MM. Bournier et Lejoindre ;

MM. Bedfort et Mansuy, qui ont aussi quitté Metz, sont devenus membres correspondants, d'agrégés-artistes qu'ils étaient.

En compensation de ces pertes ou de ces éloignements regrettables, vous avez admis cette année, en qualité de membres titulaires, MM. Cazalas, docteur en médecine, Preux, procureur-général, Robert, sous-intendant militaire, et Woirhaye, avocat;

Comme membres correspondants, ont été admis: MM. Baral, professeur de chimie; Désiré Carrière, homme de lettres; de Nothomb, Fistié, Poulmaire et Bach, agronomes ou cultivateurs; Dumont, Digot et de Villepin, avocats-; Carpentin, numismate, Paul Huot, sous-bibliothécaire à Versailles, et Beaupré, vice-président du tribunal civil de Nancy;

Enfin, comme agrégé-artiste, M. Gay, dessinateur, et comme agrégé, M. Conty, sous-inspecteur de l'instruction primaire.

Telles sont les mutations que votre personnel a subies. Pour compléter ce compte-rendu en toutes ses parties, j'ai à vous faire connaître aussi les publications de nos collègues faites par la voie de l'impression, en dehors des

travaux académiques et dont les auteurs ont voulu se borner à un simple dépôt aux archives. Elles comprennent six ouvrages dont voici les titres ;

Quelques réflexions sur la manière de traiter les matières religieuses, par M. du Coëtlosquet;

Vie de Sainte-Monique, par le même ;

Histoire naturelle des écoles primaires, par M. Lasaulce;

Mémoire sur la chaleur spécifique de la glace; par M. Desains;

Notice sur quelques espèces de pics du Brésil, par M. Alfred Malherbe ;

Histoire du parlement de Metz, par M. Emmanuel Michel.

Ici s'arrête ma tâche. Mais je ne terminerai point ce travail, Messieurs, sans dire avec quelle bienveillance l'Académie a vu seconder ses efforts par la municipalité de Metz, le conseil-général, la préfecture, la députation de la Moselle et les divers ministères avec lesquels elle s'est trouvée en relation. De toutes parts nous sont venus des preuves de sympathie, des appuis, des encouragements que, par son dévouement à la science et au bien public, l'Académie saura justifier. Un de nos collègues, un des plus éminents adeptes des beaux-arts, s'est vu plus particulièrement distinguer par l'administration du pays. Le peintre verrier de St-Vincentde-Paule, M. Maréchal dont la gloire est un peu nôtre, et dont nous avons des premiers signalé les brillants succès, en a reçu le prix le plus digne. Ses œuvres seules avaient parlé pour lui, sa gloire rejaillit en partie sur nous: que cette solidarité honorable, ne nous écarte point du concert unanime d'approbation qui accueille, cette fois, une distinction si bien méritée et si noblement attendue!

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