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des Nitiobroges, dont la dernière syllabe est écrite d'une

main moderne et dans une direction sensiblement infléchie vers le

bas2; celui de Regi. otrāspa. (sic) 3, dont les deux dernières syllabes sont supprimées; celui des Trumpli 4 dont le premier i et la syllabe finale manquent; celui de [Numi]DIAs dont les quatre premières lettres font également défaut, etc. Nous avons conclu de cette double remarque, à savoir: 1° omissions des noms de peuples ou de régions les plus notables, 2o suppressions de certaines lettres, tantôt au commencement, tantôt au milieu, tantôt à la fin des mots, que le dessinateur du réseau des routes au Ive siècle avait dû se voir obligé, pour accomplir sa tâche, d'effacer ou de mutiler les noms de peuples et de régions que rencontrait sa plume en traçant le parcours des voies et en écrivant les stations. On comprend sans peine comment l'emploi d'un procédé aussi peu scientifique a dû produire d'abord ce défaut presque général de coïncidence entre le parcours des routes d'une part, - et la géographie physique, l'emplacement des peuples et celui des pays d'autre part; on voit dès lors d'où viennent, et le retranchement sur la carte d'un certain nombre de noms tenant primitivement une place en rapport avec leur importance même, et la conservation de noms plus obscurs, parce qu'ils occupaient une place moindre.

Il résulte de ces observations générales que, pour certains pays et pour la péninsule italique en particulier, où presque tout l'espace est envahi par la topographie détaillée des routes, très-peu de noms de peuples et de régions inscrits sur la carte primitive ont dû être épargnés. D'autre part il est indubitable pour nous que la seule copie que nous ayons de la Table, copie faite au XIIIe siècle par le moine de Colmar, reproduit assez fidèlement la disposition et la nomenclature de la carte que ce moine avait sous les yeux. Mais quelle était cette carte et quelle en était la date? dans l'état actuel de nos informations, il est impossible de le dire; nous serions tenté de croire cependant que c'était le travail, ou une copie du travail des deux scribes du

1. Segm. I, C, 1.

2. Mot que nous croyons, d'après la forme cursive des lettres et la couleur de l'encre employée, devoir être du xvr° siècle et pouvoir être attribué à Peutinger lui-même, seul détenteur de ce document à cette époque.

3. Segm. III, AB, 1.

4. Segm. III, A, 1.

5. Segm. III, ABC, 2.

temps de Théodose II, travail dont il est fait mention dans ces vers si connus rapportés par Dicuil :

Theodosius princeps venerando jussit ab ore
Confici, ter quinis apperit dum fascibus annum
Supplices hoc famuli, dum scribit pingit et alter
Mensibus exiguis, veterum monumenta secuti,
In melius reparamus opus. »

(435 p. C.)

(Mannert, loc. cit. p. 10 et suiv.)

Si ce n'est la copie Théodosienne elle-même que le moine de Colmar a reproduite, il paraît évident que c'en était une transcription. Il faut remarquer qu'entre cette dernière date de 435 et l'époque où le moine de Colmar a dessiné et écrit l'exemplaire unique que nous possédons, quelques changements ont été apportés à la copie du ve siècle, tout au moins dans les vignettes, vers le temps de Justinien, puisque celle qui figure l'emplacement de Ravenne représente certainement l'église San Vitale, construite, comme on sait, vers le temps de la fondation de l'exarchat par Narsès. Quoi qu'il en soit, l'arrangement et le texte du manuscrit de Vienne doivent reproduire fidèlement ceux de la carte de 435, laquelle était sans doute une copie d'un document dont les parties essentielles avaient dû être établies cent ans auparavant, vers le milieu du ive siècle; les mots « in melius reparamus » peuvent se rapporter en effet à la partie matérielle de la copie et non au fond même du travail, et le document de 350-353 lui-même qui nous donne les trois capitales du monde, résidences de Magnence, de Constance et de Gallus, et nous représente le réseau des routes de l'Empire à cette époque, a dû être exécuté sur des feuilles où était déjà dessinée et écrite une de ces cartes du er siècle, dressées en conformité de l'Orbis pictus, dit d'Agrippa, mais, plus exactement, du portique de Polla, prototype de la cartographie du Monde romain. C'est donc au Ive siècle, de 350 à 353, que durent être opérées les mutilations ou les suppressions des noms plus anciens tels que ceux des pays, des peuples et des provinces, et ce serait à la même époque qu'auraient été conservés ceux qu'on y voit figurer aujourd'hui.

Parmi ces noms, nous ne nous attacherons ici qu'à ceux qui se rapportent visiblement aux divisions de la péninsule italique, et, bien que le nombre de ceux qu'a épargnés le dressement en surcharge du système de la viabilité et de la topographie du ive siècle soit très-restreint, ils nous permettront peut-être de retrouver

l'époque et de déterminer la nature des divisions qu'ils semblent rappeler.

Les textes classiques nous ont conservé plusieurs listes concernant les divisions de l'Italie. C'est avec ces listes que nous devons comparer les noms de la Table. Ecartons d'abord Strabon, Pomponius Méla et Ptolémée, qui ne peuvent nous être d'aucune utilité pour le but que nous poursuivons, ces écrivains s'étant contentés de grouper les cités par districts purement géographiques en se conformant aux appellations vulgaires, tirées des noms des anciennes nationalités italiennes, sans attacher aucune idée précise à ces répartitions conventionnelles de territoire.

Laissant donc de côté ces trois géographes, nous avons : 1° la liste de Pline qui nous donne les onze régions d'Auguste1; 2o le Liber Coloniarum dont M. Mommsen a déterminé la double date (sous Domitien ou sous Trajan pour la première rédaction; le ive siècle, pour la rédaction définitive) et qui nous présente des divisions portant, les unes des noms de régions comme la Campania et le Samnium, les autres des noms de provinces, comme la Lucania, le Bruttium, l'Apulia, la Calabria, et la Tuscia 2; 3° la liste de Vérone que le même savant a expliquée le premier, dont il a fixé l'époque à l'année 297 et qui, malgré une lacune regrettable, nous offre le plus ancien tableau connu des provinces dépendantes de la dioecesis Italiciana 3; 4° la liste de Polémius Silvius, publiée également par M. Mommsen, et dont il a reporté avec beaucoup de vraisemblance la rédaction à l'an 385 ou 3864, liste qui comprend 16 provinces italiennes, dont trois sont formées, il est vrai, par les grandes îles (Corse, Sardaigne, Sicile) et une est en dehors de l'Italie (Raetia IIa); 5o l'énumération tirée de la seconde classe des manuscrits que M. Mommsen a étudiés pour les comparer avec la liste de Polémius Silvius et qu'il a publiée en regard de cette liste en faisant remarquer que cette dernière était puisée à ce document; cette énumération comprend 17 provinces,

1. H. N., III, vi(V)-XXV(XXI).

2. Grammatici veteres, éd. de Berlin, texte, t. I, p. 209-262. Commentaire de M. Mommsen, t. II, p. 143-226.

3. Verzeichniss der roemischen Provinzen Aufgesetzt um 297. (Aus den Abhandhlungen der Koenigl. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1862), p. 489-518; trad. en français par Em. Picot, Rev. archéol., nouvelle série, t. XIV, p. 369-395, décembre 1866, et tirage à part, p. 25-51.

4. Trad. en français par Em. Picot, Rev. arch., nouvelle série, t. XIII, p. 377-399, juin 1866, et tirage à part, p. 1-23.

5. Loc. cit. et trad. franç., ib.

dont 4 étrangères à l'ancienne Italie, et elle en renferme une de plus en Italie, la Valeria; 6o le Catalogus provinciarum, inséré avec des variantes et des additions dans le De Gestis Langobardorum de Paul Diacre, mais qui est emprunté par cet écrivain à des sources beaucoup plus anciennes et remontant très-probablement au Ive siècle; il comprend 18 provinces, dont quatre sont en dehors de l'Italie et une autre lui est attribuée à tort et doit être rattachée à la Gaule (les Alpes Apenninae, pour Poeninae); 7° enfin la liste de la Notitia dignitatum qui date de 400 à 405 et qui comprend 17 provinces (dont 4 sont étrangères à la Péninsule). Ces provinces forment la dioecesis Italiae, sous l'administration centrale du praefectus praetorio Italiae. Ce diocèse comprend 8 provinces consulaires, 2 correctorales et 7 présidiales.

De ces divers documents chronologiquement classés entre Auguste et Honorius, il n'en est qu'un auquel semblent se rapporter les divisions italiennes inscrites sur la Table de Peutinger, c'est celle de Pline.

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Malgré les lacunes que présente la Table, on remarque d'abord une certaine analogie entre ces deux listes: en effet aucune des indications.

1. II, 14-23.

2. Boecking., t. II, p. 1 pass.

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