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été leur attitude au moment suprême, ils sont tombés bien véritablement comme des victimes expiatoires du protestantisme germanique, - victimes volontaires ou forcées, peu importe! et le vieux Tilly fût-il mille fois innocent de ces noces sanglantes avec la Vierge de Magdebourg, le poète anonyme n'en avait pas moins raison quand il disait dans une de ces feuilles volantes dont fut inondée l'Allemagne :

« O Magdebourg, tes enfants

» Par beaucoup de cœurs pieusement sont pleurés,

» Eux qui ont combattu jusqu'à la mort

» Et qui ont souffert pour la parole de Dieu! »

Rod. REUSS.

MÉLANGES

UN MÉMOIRE INÉDIT DE RICHELIEU.

Dans l'été de 1625, il n'y avait pas d'ambassadeur anglais à la cour de France. Un certain Lorkin résidait dans le pays avec la simple qualité d'agent; mais c'était un homme perspicace et intelligent; ses dépêches sont pleines d'informations qu'on chercherait en vain ailleurs 1.

Le 2 juillet, il parle de l'arrivée de Gondomar et du parti nombreux et influent, qui, à la cour, était prêt à l'aider dans ses efforts pour mettre sur un meilleur pied les relations entre la France et l'Espagne. D'un autre côté, des députés étaient venus de la part des Huguenots rebelles; et la grosse question du moment était de savoir si le roi ferait la paix avec ses propres sujets et entrerait en lutte avec l'Espagne, ou s'il organiserait une vigoureuse résistance à l'intérieur, sans aller inquiéter l'Espagne en Italie.

D'après le témoignage rapporté par M. Avenel dans son inestimable collection, on ne peut douter que Richelieu n'ait tout d'abord, et pour le moment du moins, jugé le second plan préférable. Il fallait que le roi put compter sur l'entière soumission de ses sujets, pour s'engager sans imprudence dans une guerre étrangère; et il est évident que si les députés huguenots étaient sincèrement disposés à la soumission, le danger que redoutait Richelieu cessait d'exister; il aurait pu reprendre alors la politique agressive qui lui plaisait beaucoup mieux.

Nous apprenons par Lorkin que les députés étaient disposés à la soumission. Ils veulent bien, dit-il, cesser de prétendre à la restitution de Montpellier, à des indemnités (pour lesquelles ils ne demandaient rien moins que 800,000 livres), au rétablissement d'une soixantaine de temples et plus, ravagés dans la dernière guerre, à diverses places qu'on leur avait prises, et pour lesquelles ils ont des lettres authentiques à montrer. Ils ne demandent que la destruction du fort de La Rochelle, et l'accomplissement des conditions particulières qu'on

1. Tous les documents cités se trouvent dans les séries du Record Office de Londres, à leur place chronologique. Ils font partie des liasses relatives aux affaires de France. (State papers, France.)

leur avait accordées jusque-là, c'est à savoir un dédommagement pour Rohan et Soubise, et leur rentrée en grâce. »

Le 5, les députés furent admis à une audience, le roi leur répondit brièvement mais favorablement, disant qu'il consulterait le cardinal et deux autres de ses conseillers dont ils entendraient parler bientôt. Devant un député, Richelieu s'exprima lui-même en particulier avec des paroles très-amicales, disant que les premiers jours se passeroient en des préparatifs et en des petites disputes; mais quand on viendroit à résouldre de l'affaire, alors je m'y trouveray, et vous feray veoir par effect que je suys vostre bon amy. » Il dit de même à Lorkin : « la paix se fera, assurez vous de cela. »

Était-ce là de belles paroles comme les diplomates en trouvent si aisément? Je pense que non. Parmi les State papers, il s'en trouve un qui contient, je crois, l'avis que Richelieu donna au roi dans cette occasion. Il est simplement intitulé : « Discours sur les affaires présentes faict à Fontainebleau. » Il n'y a pas de preuves matérielles pour l'attribuer à Richelieu; mais s'il était dû réellement à une autre plume que celle du grand cardinal, la France pourrait se féliciter non-seulement de posséder un second homme d'État aussi grand que Richelieu, mais aussi d'en avoir possédé un assez modeste pour cacher sa lumière sous le boisseau pendant tout le reste de sa vie. Ce discours a déjà été publié, mais traduit, dans l'Academy de l'an dernier (vol. V, p. 563-565); le texte original est encore inédit1.

« Le Roy estant obligé par toutes considérations d'estat de demeurer armé tant pour prévenir le périlleux agrandissement de la dominacion d'Espagne irritée contre la France, que pour dissiper les mauvais desseins des esprits inquiettez qui voudroient brouiller son royaume, on peult dire qu'il est plus à propos d'employer ses armes utilement à sa gloire que de les entretenir sur pied à la désolacion de ses états, ruine de ses sujets et confusion de ses affaires.

>>

» C'est pourquoy, sans perdre de temps par les résolutions des divers advis, il semble qu'il est nécessaire que Sa Majesté se résolve promptement sur trois choses importantes; assavoir, ou de faire la guerre contre les Huguenots et factieux de son royaume, ou de la continuer dans l'Italie, ou de porter tout à fait ses armes dans l'Allemagne tant pour la protection de ses alliez que pour empescher que ces païs ne tombent absolument soubz l'entière domination de la Maison d'Austriche, l'importance de chacun des pointz susdits estant de telle conséquence qu'il mérite bien d'estre considéré à part, pour faire voir le mal ou le bien qui en peult réussir.

1. Le document n'est pas daté et les papiers parmi lesquels il se trouve n'ont pas été définitivement classés. Actuellement il est placé au commencement de juillet 1625.

MÉLANGES

UN MÉMOIRE INÉDIT DE RICHELIEU.

Dans l'été de 1625, il n'y avait pas d'ambassadeur anglais à la cour de France. Un certain Lorkin résidait dans le pays avec la simple qualité d'agent; mais c'était un homme perspicace et intelligent; ses dépêches sont pleines d'informations qu'on chercherait en vain ailleurs'.

Le 2 juillet, il parle de l'arrivée de Gondomar et du parti nombreux et influent, qui, à la cour, était prêt à l'aider dans ses efforts pour mettre sur un meilleur pied les relations entre la France et l'Espagne. D'un autre côté, des députés étaient venus de la part des Huguenots rebelles; et la grosse question du moment était de savoir si le roi ferait la paix avec ses propres sujets et entrerait en lutte avec l'Espagne, ou s'il organiserait une vigoureuse résistance à l'intérieur, sans aller inquiéter l'Espagne en Italie.

D'après le témoignage rapporté par M. Avenel dans son inestimable collection, on ne peut douter que Richelieu n'ait tout d'abord, et pour le moment du moins, jugé le second plan préférable. Il fallait que le roi pût compter sur l'entière soumission de ses sujets, pour s'engager sans imprudence dans une guerre étrangère; et il est évident que si les députés huguenots étaient sincèrement disposés à la soumission, le danger que redoutait Richelieu cessait d'exister; il aurait pu reprendre alors la politique agressive qui lui plaisait beaucoup mieux.

Nous apprenons par Lorkin que les députés étaient disposés à la soumission. «Ils veulent bien, dit-il, cesser de prétendre à la restitution de Montpellier, à des indemnités (pour lesquelles ils ne demandaient rien moins que 800,000 livres), au rétablissement d'une soixantaine de temples et plus, ravagés dans la dernière guerre, à diverses places qu'on leur avait prises, et pour lesquelles ils ont des lettres authentiques à montrer. Ils ne demandent que la destruction du fort de La Rochelle, et l'accomplissement des conditions particulières qu'on

1. Tous les documents cités se trouvent dans les séries du Record Office de Londres, à leur place chronologique. Ils font partie des liasses relatives aux affaires de France. (State papers, France.)

leur avait accordées jusque-là, c'est à savoir un dédommagement pour Rohan et Soubise, et leur rentrée en grâce. »

Le 5, les députés furent admis à une audience, le roi leur répondit brièvement mais favorablement, disant qu'il consulterait le cardinal et deux autres de ses conseillers dont ils entendraient parler bientôt. Devant un député, Richelieu s'exprima lui-même en particulier avec des paroles très-amicales, disant « que les premiers jours se passeroient en des préparatifs et en des petites disputes; mais quand on viendroit à résouldre de l'affaire, alors je m'y trouveray, et vous feray veoir par effect que je suys vostre bon amy. » Il dit de même à Lorkin : « la paix se fera, assurez vous de cela. »

Était-ce là de belles paroles comme les diplomates en trouvent si aisément? Je pense que non. Parmi les State papers, il s'en trouve un qui contient, je crois, l'avis que Richelieu donna au roi dans cette occasion. Il est simplement intitulé « Discours sur les affaires présentes faict à Fontainebleau. » Il n'y a pas de preuves matérielles pour l'attribuer à Richelieu; mais s'il était dû réellement à une autre plume que celle du grand cardinal, la France pourrait se féliciter non-seulement de posséder un second homme d'État aussi grand que Richelieu, mais aussi d'en avoir possédé un assez modeste pour cacher sa lumière sous le boisseau pendant tout le reste de sa vie. Ce discours a déjà été publié, mais traduit, dans l'Academy de l'an dernier (vol. V, p. 563-565); le texte original est encore inédit 1.

<< Le Roy estant obligé par toutes considérations d'estat de demeurer armé tant pour prévenir le périlleux agrandissement de la dominacion d'Espagne irritée contre la France, que pour dissiper les mauvais desseins des esprits inquiettez qui voudroient brouiller son royaume, on peult dire qu'il est plus à propos d'employer ses armes utilement à sa gloire que de les entretenir sur pied à la désolacion de ses états, ruine de ses sujets et confusion de ses affaires.

>> C'est pourquoy, sans perdre de temps par les résolutions des divers advis, il semble qu'il est nécessaire que Sa Majesté se résolve promptement sur trois choses importantes; assavoir, ou de faire la guerre contre les Huguenots et factieux de son royaume, ou de la continuer dans l'Italie, ou de porter tout à fait ses armes dans l'Allemagne tant pour la protection de ses alliez que pour empescher que ces païs ne tombent absolument soubz l'entière domination de la Maison d'Austriche, l'importance de chacun des pointz susdits estant de telle conséquence qu'il mérite bien d'estre considéré à part, pour faire voir le mal ou le bien qui en peult réussir.

1. Le document n'est pas daté et les papiers parmi lesquels il se trouve n'ont pas été définitivement classés. Actuellement il est placé au commencement de juillet 1625.

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