M. le secrétaire dépose un nouveau mémoire, reçu avant la fin de décembre 1879, pour étre admis au concours sur la question: De la Détresse de l'agriculture. Ce mémoire est remis à M. Alph. Dumas, pour être ensuite examiné par les autres membres de la commission compétente. L'Académie a reçu un bon pour faire retirer un exemplaire des Mémoires de l'Académie de Metz, année 1877-78. M. René DELOCHE donne lecture d'un rapport sur un volume des Mémoires de l'Institution smithsonienne, siégeant à Washington, et appelle particulièrement l'attention sur l'histoire et les développements de l'Institution, et sur l'installation de l'Exposition internationale de Philadelphie, en 1877 : « L'Institution smithsonienne n'est pas une Académie Smithson, son fondateur, avait voulu organiser un système général pour augmenter et répandre les connaissances de toute nature au moyen de recherches, de publications et d'échanges. Mais le Congrès des Etats-Unis, sans tenir compte de la résistance des premiers administrateurs, imposa un programme précis auquel il fallut bien se soumettre. Une grande partie des fonds fut donc employée à créer une bibliothèque, un musée et une galerie des Arts. Maís, ainsi que le fait observer fort judicieusement le professeur Henry, secrétaire de l'Institution, l'influence scientifique de la Bibliothèque, du musée et de la galerie ne dépasse pas les limites de Washington; et ces fondations, du reste très-respectables, ne constituent pas des moyens de vulgarisation, comme les avait rêvés le fondateur Smithson. En outre, on a immobilisé une partie considérable du capital; pour n'en donner qu'un exemple, rappelons que l'édifice bâti par l'Institution a couté 500,000 dollars (2,670,000 francs). On a créé encore la Bibliothèque, qui contient plus de 70 000 volumes; on a décuplé le musée du Gouvernement; on y a ajouté une nouvelle section, celle de l'ethnographie indo-américaine; enfin on a formé la galerie des Arts. Aux dépenses nécessitées par ces fondations se sont ajoutées celles de l'appropriation des abords de l'édifice. Mais peu à peu la situation s'est régularisée. La bibliothèque, formée principalement par voie d'échanges, a été déposée dans le bâtiment du Congrès; le gouvernement s'est chargé de l'entretien du Musée et de ses abords. C'est ainsi que les fonds légués par Smithson ont été rendus peu à peu à leur destination première, et qu'à la fin de sa trentième année d'existence, l'Institution constate qu'elle rentre dans le plan primitif de sa fondation. » Ne croyez pas cependant, Messieurs, que ces trente années aient été stériles: 31 volumes in-4° de mémoires, 11 volumes in-8° de collections diverses, 30 rapports annuels témoignent de la fécondité de l'Institution. Le rapport que j'analyse évalue quelque part, en pieds cubes et en quintaux, les publications reçues par l'Institution dans ces dernières années; mais il oublie, et je le regrette, puisque c'est ainsi qu'on opère en Amérique, de nous donner en volume et en poids la valeur des publications qu'elle a faites elle-même. » En même temps, le capital s'accroissait d'une façon sensible. Le legs primitif de Smithson avait été de 515,619 dollars. Un solde de 26,210 dollars, des économies et des bénéfices réalisés par de meilleurs placements et estimés 108,620 dollars, une donation de 1,000 dollars et quelques valeurs diverses élèvent ce capital, à la date du 11 janvier 1877, à la somme assez respectable de 714,029 dollars 18 cents (3,800,000 fr.). » Le professeur Henry a bien soin de nous expliquer que, chaque année, on réalise une économie de 500 dollars, et je soupçonne qu'il n'a pas perdu l'espoir de l'accroître encore; car il insinue que l'Etat devrait se charger définitivement du Musée national, qui coûte bien cher et ne répond pas aux intentions du fondateur. Que ne ferait-on pas, si on pouvait consacrer à des publications utiles les 190,000 francs de revenu dont l'Institution dispose! Que de mètres cubes et de quintaux de mémoires on distribuerait au loin! Surtout si on obtenait chaque année, comme en 1876, la faveur de faire imprimer aux frais de l'Etat les rapports annuels; dût le Congrès, dans sa prudence, imposer toujours ces trois conditions: il ne sera tiré que 10,500 exemplaires; le volume n'aura pas plus de 500 pages; il ne contiendra pas d'autres illustrations que celles qui seront fournies par l'Institution. » Je ne puis pas, Messieurs, sans abuser de votre attention, m'étendre plus longtemps sur ces indications intimes que me donne le rapport placé à la tète du volume; mais je n'ai pas cru cependant pouvoir les omettre, car elles nous découvrent un coin intéressant des mœurs américaines. Je vous signale, sans m'y arrêter, l'appendice qui suit le rapport et dans lequel vous trouverez des détails sur la part prise par l'Institution à l'Exposition de Philadelphie; des renseignements statistiques sur le Musée national, un rapport du Comité exécutif, et enfin les procès-verbaux des séances du bureau des régents. Ces documents offrent peu d'intérêt pour des étrangers. Aussi, bien que j'eusse pu y relever encore quelques traits de mœurs bien caractéristiques, je me hâte d'arriver aux mémoires admis à l'honneur de la publicité. » Tous ces mémoires ne sont pas originaux, et beaucoup ne sont que des traductions. Tels sont: l'Eloge de Gay-Lussac, par Arago; la Notice biographique sur Don Pedro II du Brésil, par M. Ampriso Fialho; les Révolutions de la croûte terrestre, par le professeur Georges Pilar, de l'Université de Bruxelles; les Antiquités préhistoriques de la Hongrie, discours prononcé par M. Römer au Congrès anthropologique de Buda-Pesth, en 1876; enfin le Mémoire sur le minéral appelé Yu par les Chinois, dû à la plume de M. Blondel, de Paris. » Je ne vais pas, Messieurs, commettre la maladresse d'analyser, d'après la traduction anglaise, des travaux que vous connaissez depuis longtemps ou que vous avez pu lire dans les revues et journaux scientifiques de notre pays. Constatons simplement que les emprunts à l'étranger occupent 166 pages du volume, et que le maximum, prudemment fixé par la sage économie du Congrès, ne laisse pas tout à fait 200 pages à la disposition des auteurs américains. » Sur ces 200 pages, ou pour parler plus exactement, sur ces 168 pages de mémoires indigènes, la plus grande partie se rattache à l'ethnologie et aux recherches sur les objets et constructions préhistoriques. En Amérique, cette mine est féconde; car l'histoire ne remonte pas au-delà de 400 ans, et des préhistoriques de cet âge sont assez jeunes pour être admirablement conservés. Les récits qui nous restent du voyage de Colomb, et notamment les mémoires d'Herrera, nous apprennent que les Indiens de cette époque garnissaient leurs flèches de pierres et qu'ils employaient souvent, pour le besoin de leur industrie, des os, des dents et des coquilles. Herrera raconte même qu'ils creusaient leurs canots avec des outils en silex. Nous ne serons pas surpris de trouver tous ces préhistoriques dans les collections américaines. » Vous jetterez, je l'espère, messieurs, un regard sur les planches du volume; vous y verrez la représentation d'objets fort curieux, dessinés d'après les débris recueillis à Porto-Rico et conservés dans la collection Latimer. Ce sont d'abord des poteries dont les anses sont munies de sculptures bizarres; des silex polis, les uns isolés, les autres enchâssés encore dans un manche en bois ; des pierres polies de formes diverses; des sièges en bois avec des ornements très-variés, des pierres que l'auteur du catalogue, employant une expression plus exacte que correcte, appelle mammiformes; des masques, des colliers, etc... Le travail que j'analyse est très-détaillé et très intéressant; mais ce qui m'a le plus frappé, c'est le caractère de scrupuleuse exactitude qu'y revêtent les descriptions. Le nombre des objets, leurs dimensions, leurs ornements y |