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patriarcal que nous y avons trouvé établi. On peut certainement présenter le domaine de M. Ducellier comme un modèle. à suivre dans les contrées où règne encore le régime pastoral; où le colonage partiaire est bien compris; où le propriétaire, disposant de vastes espaces, n'éprouve pas le besoin de se livrer à la culture intensive.

La Commission décerne à M. Ducellier la médaille d'or donnée par M. le Ministre de l'agriculture, destinée à l'assolement le plus rationnellement établi, en expliquant qu'elle n'a eu en vue ici que le système d'organisation du colonage partiaire.

La réserve du château de Bourg-Archambault, que M. Félix de Crémiers exploite par domestiques, se compose de 190 hectares, dont 60 en bois, 18 en prairies naturelles, 4 en vignes. 108 en terres arables sur ces dernières, 5 hectares sont en luzerne, et 10 hectares de vieux ray-grass sont consacrés, pendant un temps plus ou moins long, au pacage des moutons; de sorte que 93 hectares seulement reçoivent un assolement régulier, qui est ainsi : 1re année, froment; 2o, vesce pour fourrage; 3, froment; 4, plantes sarclées, maïs, moha et pois ronds; 5, froment; 6o, choux et topinambours; 7o, avoine avec trèfle et ray-grass; 8e, trèfle et raygrass fauchés; 9e, trèfle et ray-grass pacagés; 10°, guéret avec culture de pommes de terre, haricots, sarrasin.

Cet assolement compliqué nous semble exiger beaucoup de main-d'œuvre qu'il n'est pas toujours aisé de donner à propos: aussi avons-nous trouvé certaines parties des terres, ensemencées en céréales et en colza, dans un état insuffisant de propreté. Les froments faits en temps utile étaient trèsbeaux; mais ceux qui avaient été ensemencés tardivement laissaient à désirer.

M. de Crémiers a réalisé sur ce domaine des améliorations considérables: 62 hectares de bruyères ont été défrichés, marnés ou chaulés; 90 hectares ont été drainés, soit à l'aide de drains, soit par des empierrements; de nombreux fossés

d'écoulement et de clôture ont été creu-és; une longueur de plus de 2,500 mètres de chemins impraticables a été mise en bon état de viabilité; des constructions nouvelles ont été élevées pour le logement des animaux.

Le cheptel vif qui, en 1857, n'était évalué qu'à 15,000 fr., vaut aujourd'hui plus de 40,000 fr. Il se compose de 9 chevaux, 12 bœufs, 12 vaches, 9 veaux et 3 génisses de deux ans, 8 veaux ou vêles d'un an, 6 de l'année, 200 moutons et 28 cochons, en tout 287 bêtes, représentant 76 têtes moyennes de gros bétail. M. de Crémiers porte plus haut cette moyenne, parce qu'il compte 10 moutons ou 5 porcs pour une tête de gros bétail, sans avoir égard au poids des animaux, qui doit être pris en considération avant tout. Quoi qu'il en soit, il est de tous les concurrents celui qui entretient le plus grand nombre de têtes de bétail eu égard à l'étendue de l'exploitation. Il en avait encore davantage en 1870 la disette de fourrage, de pacage, de litière, l'obligea à réduire son troupeau à 200 têtes, au lieu de 300 qu'il avait alors; mais les vides seront bientôt remplis, et nous ne doutons pas que M. de Crémiers n'atteigne promptement le chiffre normal de 400 kilos poids vif par hectare. Cela nécessitera quelques constructions nouvelles, car les animaux sont déjà un peu gênés en ce moment. A cela près, ils sont bien tenus et abondamment nourris.

Il reste assurément peu de choses à faire pour que la réserve de Bourg-Archambault devienne une exploitation tout à fait modèle. Ce qui reste à désirer, M. de Crémiers le fera certainement. Dès maintenant, faisons des vœux pour que son exemple soit suivi par tous les propriétaires de biens ruraux, que nous voyons trop souvent traîner inutilement par les rues de nos villes

Le pénible fardeau de n'avoir rien à faire.

Cet absentéisme appauvrit les campagnes, en même temps qu'il produit la pléthore dans les cités il est un agent funeste de démoralisation et d'abâtardissement.

C'est faire un noble et patriotique usage de sa fortune et de sa vie, que de les consacrer à la fois à la restauration des vieux monuments, qui sont des pages de notre histoire, et au progrès de l'agriculture, qui restera toujours le plus essentiel, le premier de tous les arts. Henri IV disait au connétable de Castille, en lui faisant goûter de son vin : « J'ai des « vignes, des vaches, des terres qui me sont propres ; et je << sais si bien le ménage de la campagne, que, comme sim«ple particulier, je pourrais encore vivre commodément. » En pratiquant avec intelligence le ménage de la campagne, l'honorable propriétaire de Bourg-Archambault a trouvé le moyen d'y vivre commodément pour lui-même, utilement pour les autres.

Nous allouons à M. de Crémiers la prime de 150 fr., pour l'entretien du plus grand nombre de têtes de bétail, et une médaille d'argent.

M. Autellet exploite par domestiques au Léché, commune de Saulgé, une réserve de 213 hectares en culture, dont 40 en froment, 3 en seigle, 36 en avoine, 44 en ray-grass et trèfle à faucher, 28 en ray-grass pour pacage, 35 en topinambours, pommes de terre, choux, citrouilles, carottes, betteraves, maïs et autres coupages, 19 en prés, naturels, 6 en luzerne, 2 en vigne. La propriété comprend en outre deux étangs, l'un de 34 hectares, l'autre de 5; 260 hectares de bois, deux fermes au lieu dit les Forêts, une à Montplaisir ces trois derniers domaines sont à colonage partiaire.

L'assolement est de cinq ans: 1re année, racines et coupages; 2e froment; 3° avoine avec trèfle et ray-grass; 4o trèfle et ray-grass fauchés; Se pacage. Ainsi sont consacrés à la nourriture du bétail, outre les prairies permanentes, les 3/5 des terres, sans parler des pailles et d'une partie des menus grains fournis par les deux autres cinquièmes.

Il a été desséché deux étangs, l'un de 13, l'autre de 4 hectares. 35 hectares ont été drainés. Il existe sur le domaine un four à chaux, et M. Autellet possède à Saulgé une mar

nière : c'est dire assez que les amendements calcaires sont à portée et qu'on ne les marchande pas au sol.

Au moment de notre visite, toutes les cultures étaient dans un état parfait. Nous avons rencontré, ailleurs, des froments plus longs en paille; nous n'en avons pas vu dont l'épi fût aussi nourri. Les plantes sarclées, jeunes encore, étaient dans un état satisfaisant de propreté.

Nous arrivions au Léché avec une certaine prévention, ayant entendu dire que tout s'y faisait à grands frais et avec luxe. Nous y avons trouvé un corps de ferme vaste, parfaitement établi, solide, commode, dans les meilleures conditions hygiéniques pour les hommes et pour les animaux; mais sans aucune prétention architecturale, sans aucun excès dans les proportions; rien que le nécessaire. Disons même, pas tout le nécessaire, car il y existe des hangars économiquement construits, qui ne sont que provisoires, et l'on attend la construction d'une étable pour augmenter le troupeau de mou

tons.

Les fosses à fumier ne sont point encore établies, mais vont l'être. Un réservoir à purin a été construit derrière les étables, où se rendent toutes les déjections liquides, qui seront utilisées à l'aide du tombereau à ce destiné. Un vaste abreuvoir est alimenté par les drains; le trop plein sert à l'arrosement d'une prairie située en aval.

Outre le mobilier agricole usuel et indispensable, nous avons trouvé là tous les instruments nécessaires à une grande exploitation houés à cheval, extirpateur, rouleau articulé, faneuse, râteau à cheval, laveur, coupe-racine, travail, bascule, et la machine à battre à vapeur de Girard, battant en travers et rendant le blé tout nettoyé.

Les étables renferment 5 chevaux, 35 boeufs, 24 vaches, 24 veaux de divers âges, 300 moutons, 81 cochons, soit 469 têtes, représentant 119 têtes moyennes de gros bétail. Avaient été livrés à la boucherie, dans le cours de l'année, 25 bœufs, 134 moutons, 50 cochons.

L'espèce bovine entretenue un Léché n'est pas homogêne ;

on y voit des limousins, des charolais et diverses variétés des races nantaise et parthenaise. Nous avons rencontré presque partout cette confusion de races dans votre arrondissement, et cela s'explique quand on achète des sujets pour les engraisser; mais si, comme on commence à le faire, on se décide à faire naître sur place les animaux destinés à n'en sortir que pour aller à l'abattoir, on devra choisir la race de boucherie la mieux appropriée au sol, et s'y tenir. M. Autellet a déjà commencé l'élimination des variétés moins avantageuses, et il essaye en ce moment l'engraissement d'une bande de boeufs de trois à quatre ans, n'ayant jamais travaillé excellente pratique, dont il tirera un produit net beaucoup plus élevé, en temps normal. — Tous les animaux que nous avons vu là sont bons et en bon état; il en est beaucoup qui sont très-remarquables.

Les moutons sont de la race de la Charmoise. On sait que cette race est le résultat d'un croisement dishley-solognot, disley-crevant elle n'est donc pas fixe, et elle a besoin d'être relevée de temps en temps par le sang anglais. C'est ce qu'on fait au Léché : nous y avons vu deux béliers pur sang d'une grande beauté. Cinquante brebis de choix ont été récemment importées de la Charmoise même. Le troupeau de M. Autellet est donc le plus nombreux et le plus uniformément beau de tous ceux que nous avons rencontrés dans le cours de notre tournée. Sa réputation est faite car tous les agneaux mâles de l'année avaient déjà été vendus pour la reproduction, et pour en avoir il faut se faire inscrire longtemps d'avance. Les bergeries sont saines, bien aérées : les animaux y sont divisés par catégories. Nous y avons remarqué un nouveau système de rateaux, imaginé par M. Bertin, le régisseur; ils circonscrivent les compartiments; de sorte qu'au moyen d'un corridor intérieur, on peut examiner les bêtes, et les alimenter sans passer au milieu d'elles, et sans que rien puisse tomber sur les toisons.

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Comme point de comparaison, nous avons voulu visiter les fermes des Forêts, soumises au colonage partiaire. Nous

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