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Enfin, à l'extrémité droite de la carte se trouve la courbe de chaque vent pendant l'année 1871-1872.

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Telles sont, avec quelques observations sur la venue et le départ des hirondelles, le passage d'oiseaux voyageurs, les données qui ont servi d'éléments à ce travail que je suis heureux de vous soumettre tous les ans.

Les matériaux qui m'ont servi de base sont immenses. Au minimum j'ai une centaine d'observations par jour: par conséquent pour l'année, environ 30 à 40 mille. Je garde l'original dans mes archives, et j'adresse le double à la bibliothèque de notre ville.

Est-ce un travail stérile? Est-il de la nature de ceux qui, demandant beaucoup de labeur, arrivent à des résultats négatifs ? Si j'en croyais nos pronostiqueurs, qui trouvent toujours beaucoup de crédit parmi les lecteurs peu familiarisés avec notre léger bagage scientifique, nous serions en pleine possession des secrets qui sont enveloppés dans les langes de ce tout jeune enfant qu'on appelle la météorologie. Cette confiance je ne puis l'avoir; et quand je vois prédire, par exemple, que le tant du mois il y aura une dépression barométrique en France, je vous avoue que le sourire parcourt mes lèvres. N'est-il pas évident que l'atmosphère est sans cesse en mouvement, que là il y a dépression parce que ailleurs il y a pression? que l'un ne saurait exister sans l'autre? que l'un et l'autre peuvent être juxtaposés? Comment après cela vient-on nous dire qu'il y aura à telle époque une dépression barométrique? Cette prédiction sera toujours vraie pour quelques points, et toujours fausse pour quelques autres. La science météorologique, quand elle multipliera ses lois, ne pourra prédire quoi que ce soit que sur un espace restreint, parce que tout ce qui se passera dans ce milieu sera la résultante de mille phénomènes complétement indépendants de ceux qui se passent dans un milieu voisin et souvent aussi très-opposés. Je ne puis vous dire s'il fera beau demain, disait Arago, parce que s'il fait beau à Paris, il peut pleuvoir à Versailles.

Jusqu'ici notre marche est lente, il est vrai; mais elle

est que plus sûre. Vous savez que les postes météorologiques se multiplient. En Amérique et en Angleterre, cette science est populaire. Les tempêtes de l'Océan, grâce au télégraphe électrique, sont annoncées à l'avance aux ports de la Méditerranée. Un grand pas, dans cette voie, vient d'être fait par les Américains. Ils prétendent que les grandes vagues atmosphériques qui viennent battre nos côtes et se prolonger sur notre continent prennent naissance chez eux au pied des montagnes rocheuses. Les perturbations considérables des derniers mois de l'année semblent leur donner raison. J'ai pu constater ce phénomène dans plusieurs cartes américaines qui m'ont été remises par notre honorable président. Voilà donc un phénomène qu'on peut suivre, pour ainsi dire, pas à pas sur la moitié du globe terrestre. De là à le prédire alors qu'il est à naître, il y a un abîme; et quand il se produit, c'est avec une marche relativement lente, puisque l'électricité le devance. Comment donc, encore une fois, l'annoncer comme devant frapper au même instant toute une contrée, ainsi que le prédisent nos Mathieu du jour ?

Je vous demande pardon de consigner ici quelques chiffres. Je sais l'aridité qu'ils portent avec eux; mais sans eux je ne saurais rien préciser.

La moyenne annuelle 1871-1872 a été de 10 degrés 90 centièmes de degré. La moyenne générale est de 11° 33; c'est un affaissement, une diminution de calorique. Je constate ce phénomène depuis plusieurs années. A quoi cela tient-il? Allons-nous vers l'époque glaciaire? Sera-ce le linceul de l'humanité? Cessons de nous alarmer; le perfectionnement des instruments, le mode d'observation, peuvent amener cette différence. Affermissons cette croyance plus miséricordieuse, plus rassurante, et raillons avec Fontenelle les trembleurs de notre temps:

Ce n'est par pourtant que je doute
Qu'un beau jour, qui sera bien noir,
Le pauvre soleil ne s'encroûte,
En nous disant: Messieurs, bonsoir !

Cherchez dans la céleste voûte
Quelque autre qui vous fasse voir;
Pour moi, j'en ai fait mon devoir,
Et moi-même ne vois plus goutte.

Encore un coup, Messieurs, bonsoir !
Mais sur notre triste manoir
Combien de maux fera pleuvoir
Cette céleste banqueroute?

Tout sera pêle-mêle, et toute
Société sera dissoute..
Bientôt de l'éternel manoir

Chacun enfilera la route

Sans tester et sans laisser d'hoir.

S'il y avait tendance à un refroidissement, la terre serait soumise, comme tous les corps, aux lois de la dilatation et de la compression; il en résulterait forcément la diminution de son rayon, et si le rayon diminuait, la vitesse de rotation s'accélererait, et comme conséquence forcée, le jour sidéral serait moins long. Or, « l'axe parcouru en un jour sidéral par notre << satellite est exactement le même, soit que vous le calculiez par les observations grecques, par les observations des Arabes et par les observations des modernes ». Ces calculs, pour être exacts, ont nécessairement besoin de tenir compte des perturbations. La terre, en ce moment, dans son parcours autour du soleil, éprouve, il est vrai, une diminution dans l'excentricité de l'ellipse, et par suite un agrandissement du petit axe. On pourrait induire de cet état de choses, que le soleil nous envoie, tous les ans, une moins grande quantité de calorique. Mais c'est là une hypothèse sans fondement, car elle se produit si lentement, qu'il faudrait plus de dix mille ans, selon Herschell, pour qu'elle impressionnât nos thermomètres. D'ailleurs, le grand axe conserve toujours le même longueur de parcours, et suivant une loi de Képler, celte invariabilité du grand axe entraîne l'invariabilité du temps de la révolution de la planète autour du soleil.

4. Arago, Notices scientifiques, 5e vol., page 498.

On peut donc voir que la chaleur solaire envoyée à la terre est soumise à des lois conservatrices. Ce n'est pas à dire qu'elle ne puisse pas subir des modifications radicales dans la distribution. Ainsi, à l'époque où nous vivons, le soleil, au mois de janvier, est, par rapport à nous, à sa plus petite distance de la terre, soit le périhélie, et à sa plus grande distance, aphélie, dans les premiers jours de juillet. Cet état de choses n'est pas stable; les rôles seront un jour complétement renversés. Alors, le soleil sera le plus proche de nos latitudes en juillet, et le plus éloigné en janvier : c'est ce qui se présente actuellement dans l'hémisphère austral. Là. on constate des hivers sibériens et des étés torrides. Le périhélie se déplace de 62 secondes par an, de 1 degré en 58 ans, et d'une révolution entière en 20984 ans. L'an 4000 avant Jésus-Christ, il a coïncidé avec l'équinoxe de printemps; l'an 6500 de l'ère chrétienne, il coïncidera avec l'équinoxe d'automne, et l'an 11700 avec le solstice d'été ; à cette époque, l'hémisphère boréal sera dans les mêmes conditions que l'hémisphère austral en 1873. La vitesse de rotation s'accélérant en rapport direct de la proximité des astres, les saisons sont, quant aux jours, en rapport inverse avec le rayonnement calorifique du soleil.

Il existe enfin un troisième état qui pourrait modifier. la température de l'hémisphère boréal. En ce moment la terre s'incline de quelques degrés du côté du pôle nord, ce qui peut donner à Paris, par exemple, là température de Rouen; mais un jour viendra où le pôle sud prendra cette même inclinaison. Ce balancement ignoré de Newton lui avait fait croire que l'auteur de l'univers serait obligé de remanier son œuvre; il était réservé au marquis de la Place de donner un satisfecit à Dieu et vidit quod esset bonum !

Ces données me paraissent d'un intérêt puissant ; je n'ai pas pu résister à la jouissance de les faire connaître à ceux qui les ignorent. Elles répondent en même temps à cet argument si souvent répété la terre se refroidit. Le problème serait complétement résolu, si nous connaissions un dernier

terine, la reconstitution du foyer solaire. Jusqu'ici nous ignorons comment cet astre entretient sa chaleur. L'hypothèse d'une pluie cosmique incessante sur le soleil, image en grand de celle que nous voyons tomber en août et en novem. bre surla terre, sous le nom d'aérolithes, d'astéroïdes, bolides, trahit une grande faiblesse de connaissances sur ce point: aussi ne la mentionnons-nous que pour mémoire.

Après ces considérations générales, permettez-moi, Messieurs, de jeter un regard rapide sur les différents mois de l'année météorologique 1871-1872.

Le mois de décembre est remarquable par la faible quantité de pluie tombée à Poitiers ainsi que par le petit nombre de jours pluvieux. C'est ainsi que nous avons recueilli 29 mm d'eau et observé 7 jours de pluie, la moyenne générale étant 53mm et de dix jours 93. Aussi l'intervalle entre les jours de pluie a-t-il été de près de cinq jours, et les jours consécutifs de deux jours. L'année prochaine, nous espérons vous fonner en regard la quantité d'eau évaporée, et jeter sur l'ensemble du département, à ce point de vue, quelques renseignements qui me seront fournis par un réseau d'observateurs auxquels j'ai pu, grâce à la subvention départementale, confier des udomètres, et auxquels j'espère donner très-prochainement des évaporateurs de Piche.

De la plus ou moins grande quantité d'eau tombée en ce mois, dépend généralement la masse des eaux des rivières ; les pluies de décembre sont celles qui profitent le plus aux cours d'eau. Aussi n'avons-nous pas eu à constater des inondations dans ce mois.

En général, le mois de décembre offre deux périodes. Dans la première, les vents de nord-est règnent avec une élévation considérable de la colonne barométrique. Dans la seconde, les vents du sud-ouest prédominent, avec dépression de la colonne barométrique. D'où les bourrasques, les tempêtes. Le mois de décembre 1871 a confirmé cette observation. Il en est résulté une congélation presque continuelle du 1er au 14. Le thermomètre est descendu le 9 jusqu'à près de 15° centi

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