DOCUMENTS HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES.

XXXII.

Statuts des maistres et ouvriers tanneurs de la ville de Coulommiers (Seine-et-Marne) 1.

(Communication de M. Anatole Dauvergne, correspondant, à Coulommiers.)

Notice sur les tanneries de la ville de Compiègne.

C'est au comte de Champagne et de Brie, Henri Ier, fils de Thibaut le Grand, que la ville de Coulommiers doit ses premières tanneries. En 1172, ce prince, après avoir fait creuser, au sud de la ville et du Grand-Morin, un bras de rivière qui prit le nom de Brasset des Tanneurs, attira à Coulommiers, de Troyes où cette industrie était florissante, des ouvriers tanneurs qui s'y établirent sous sa protection. Ces premiers essais furent prospères. En voyant les bénéfices réalisés par ces étrangers, les habitants de Coulommiers s'empressèrent de se faire initier à leurs procédés de fabrication, et bientôt de nouvelles tanneries s'élevèrent sur tous les bords disponibles de la rivière. Pendant les xiv, AV XVI et XVIIe siècles, cette industrie acquit un tel développement, que l'on peut affirmer sans exagération que la plus grande partie des habitants étaient employés à la fabrication et au commerce de la tannerie. En effet, en parcourant les actes publics et privés de ces quatre siècles, on rencontre partout des noms de tanneurs; ils fourmillent dans les listes des baillis, prévôts, greffiers, procureurs fiscaux, tabellions et marguilliers. Il n'est sans. doute pas une famille un peu ancienne de Coulommiers qui ne doive son origine à un tanneur et sa fortune à cette industrie. Aux

Voir le rapport de M. J. Desnoyers, p. 559.

XVI et XVII° siècles surtout, on voit la plupart des tanneurs, après avoir amassé assez rapidement quelque bien, s'empresser d'acque rir des charges de conseillers secrétaires du roi, de maîtres d'hôtel, etc., des princes, et léguer par ce moyen des titres de noblesse à leurs descendants. Une seule famille de tanneurs est restée fidèle à son origine, et a conservé ses établissements pendant quatre siècles, depuis le milieu du xve jusqu'en 1835, celle des Barbier, à laquelle appartiennent le bibliographe Alexandre Barbier, bibliothécaire de l'Empereur Napoléon I, et M. Louis Barbier, bibliothécaire actuel du Louvre.

L'importance des tanneries de la ville de Coulommiers a décru rapidement pendant le xvIII" siècle, après le règne de Louis XIV. Dans un placet adressé par les notables habitants de la ville, le 19 mai 1766, à l'intendant général des finances d'Ormesson, pour obtenir un dégrèvement des impôts de toute nature, qui surchargeaient la ville alors déchue, épuisée et réduite à 2,200 habitants, y compris les enfants et les religieux des deux sexes, il est dit, entre autres choses:

Qu'autrefois, il y avait dans la ville de Coulommiers un commerce considérable de tanneries, qui est presque entièrement tombé par la surcharge des impositions, lesquelles ont forcé les meilleurs tanneurs à aller s'établir ailleurs, soit à abandonner leur état pour ne pas se ruiner entièrement..

Cependant, l'année suivante, 1767, malgré cet abaissement de ce commerce, la marque des cuirs fabriqués à Coulommiers produisait encore une somme ronde de 20,000 livres de droits à payer au roi.

Le nombre des tanneries a diminué plus sensiblement encore depuis quarante années; on ne trouve plus aujourd'hui, dans la ville de Coulommiers, que trois tanneries de gros cuirs et deax ateliers de corroyeurs et hongroyeurs.

Dans une notice adressée au comité, à l'appui de deux aquarelles reproduisant deux tanneurs peints dans un vitrail de l'église paroissiale de Coulommiers, j'ai signalé les armoiries d'un tanneur de cette ville1.

1

ANATOLE DAUVERGNE.

Voir Bulletin du comité, t. II, p. 445 et 446.

1

Statuts des tanneurs.

du

A tous ceulx qui ces presentes lettres verront, Jehan Galoppe, licencié es loix et decret, bailly de Coulommiers en Brye, salut: Comme par les maistres et ouvriers du mestier de tanneur en la ville et fauxbourgs dudict Coulommiers, et le procureur fiscal audiet bailliage, nous a esté faicte, presentée et baillée par un escript requeste contenante entre autres choses: que d'ancienneté les maistres et ouvriers dudict mestier avoyent eu ordonnances faictes et decretées sur le faict d'iceluy estat, industrie, et pour la conduite dudict mestier au bien de la chose publicque et à l'honneur de justice; lesquelles ordonnances et choses statuées en icelles, ils avoyent longtemps entretenues et depuis délaissées, au moyen de la dépopulation des ouvriers dudict mestier, qui estoyt parvenue en la dicte ville et fauxbourgs à l'occasion des guerres qui longtemps avoyent eu et ont encore lieu en ce royaulme et de present estoyent, les maistres du dict mestier populés et crus (?) en très grant nombre exerçant toute industrie dudict mestier, tellement qu'il en provenoit grand proffit en la dicte ville et habitans d'icelle pour la marchandise qui, au moyen dict mestier, se fesoient chacun jour en icelle ville, et néanmoings estant, exerçant le dict mestier les anciens ouvriers suffisant et les autres non, lesquels ensemblement usoient et se entretenoient du dict mestier sans ordonnances, au moyen de quoy plusieurs faultes et abus s'estoient par cy-devant commises au faict d'icelluy mestier et se fesoient à présent et estoient cy après en voye de faire au détriment de la chose publicque. Pourquoi nous, ce voulant à ce pourveoir de remede de justice, auroient entre eux faict et compilé par escripts, faicts, raisons et articles, faisant mention des choses necessaires à entretenir, garder et observer, pour sans abus exercer le dict mestier; selon lesquels articles qui estoient à la dicte requeste attachés, ils requerroient et ont expressement requis statuts et ordonnances estre faictes et decretées sur le faict et industrie dudict mestier, et en suivant la bonne et louée coustume des villes de Meaulx, Provins, Sézanne, Chasteau-Thierry, Langny et autres villes voisines de la dicteville de Coulommiers, desquels articles la teneur est telle:

Premierement. Que nul ne pourra estre admis ou receu maistre