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l'importance de l'objet qu'ils avaient à exécuter. Ces bâtons, quoique simples, sont d'une rare élégance. Les détails nombreux dont nous n'offrons qu'une faible partie, sont gracieux, légers et de fort bon goût. Rarement un dessin correspond au panneau qui lui est symétrique, cependant on ne s'en aperçoit pas, et l'esthétique de la variété dans l'unité est parfaitement rendue. Notons encore que nous sommes en plein xv° siècle, époque de la décadence de l'art.

La forme du socle de ces bâtons de procession est celle d'un petit bateau (pl. XI et XII, fig. 21), le dessous est plat, et, dans l'épaisseur, on voit la gaîne qui devait recevoir le bout de la hampe. Les faces sont couvertes de découpures gracieuses et flamboyantes, accompagnant des écussons. Ces écussons n'ont jamais été armoriés, car ils sont dorés comme toutes les parties visibles. Il n'y a que les fonds, le dessus du socle et les parties intérieures qui aient été couchés en rouge. Cette couleur est encore fort vive.

Les colonnettes sont carrées à la base; au-dessus elles s'élancent en forme de colonnettes torses, mais les angles continuent à être saillants. Dans le grand bâton, les quatre colonnettes principales sont tordues aussi, mais les filets, enlevés à l'étampe, ne se correspondent pas.

Des colonnettes placées aux angles saillants du socle s'élancent de petits arcs-boutants, ou plutôt des étais rigides, découpés à jour. Les lignes ponctuées indiquent leur direction (pl. XI et XII, fig. 2). Ils viennent consolider les angles de la partie principale de l'édicule. Enfin, ces colonnettes sont terminées par la profusion d'ornements dont on décorait, au xv siècle, les pinacles et les clochetons.

Les deux faces du petit bâton, à la hauteur du ciel ou du plafond, sont ornées d'un cul-de-lampe (pl. XI, fig. 3). Ce cul-delampe ne nous semble placé ici que comme ornement. Il est trop peu saillant pour supporter une statuette qui, trop petite ellemême, eût passé inaperçue.

Le grand bâton est le plus riche (pl. XII, fig. 1). A partir du plafond du dais s'élève une lanterne carrée dont les angles sont ornés de colonnettes. Chaque face est découpée comme une den

Voir ci-après p. 660.

telle, et aucun des ornements ne se répète. Cette lanterne est encore contre-boutée par quatre contre-forts diagonaux. Elle se termine ensuite par une plate-forme en saillie crénelée de six pièces sur chaque face. Les angles de cette plate-forme sont ornés de pinacles portés en encorbellement, comme des échauguettes, et terminées à leur partie inférieure par un cul-de-lampe affectant la forme de la doucine.

Une croix s'élève ensuite et vient couronner l'ensemble de ces charmants et petits édifices.

Il nous semble inutile de décrire les ornements qui entrent dans ces jolies compositions; les détails et les dessins d'ensemble les feront mieux comprendre que toutes nos descriptions, quelque détaillées qu'elles fussent.

Nous ne dirons qu'un mot de l'état de conservation de ces bâtons. Le petit est très-complet; tous les couronnements des colonnettes existent. Quant au grand bâton, il est dans un assez triste état. De toutes les aiguilles, il ne lui en reste que deux complètes, les autres ont été cassées à plus ou moins de hauteur.

La tôle dans laquelle les découpures ont été faites a deux millimètres environ d'épaisseur. Les colonnettes sont rivées à la partie inférieure du socle et arrêtées à la hauteur du couronnement où se trouve la feuille de tôle qui forme le plafond. Nous n'avons point remarqué d'autres rivures. Les pièces, en général, s'assemblent à tenons et mortaises. Quelques-unes, notamment celles des contre-forts, traversent les mortaises et sont ensuite recourbées de manière à ne point s'échapper; d'autres, enfin, sont simplement retenues au moyen d'un fil de fer.

En résumé, la construction de ces bâtons de procession est très-simple, facile à exécuter, et nous ne supposons pas que le prix de main-d'œuvre puisse être un obstacle à l'établissement de semblables objets. Le prix de revient serait-il élevé, que ces bâtons en fer forgé, estampé et découpé, ne craindraient pas la comparaison et l'emporteraient sur les bâtons de procession en carton pâte ou en toute autre matière peu archéologique. Espérons donc que le goût actuel s'épuisera un jour, et qu'on reviendra franchement au moyen âge, qui a su produire de si belles choses, et dont le sentiment élevé se révèle dans les objets les moins susceptibles de décoration.

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La séance est ouverte à deux heures et demie, sous la présidence de M. Guigniaut.

Le procès-verbal de la séance du 9 juin est lu et adopté.

Un nouveau rapport de M. Amiel, sur ses recherches dans les bibliothèques publiques de Paris, est renvoyé à l'examen de M. P. Paris.

Rapports.

M. Guigniaut rend compte de l'Essai sur la langue et la littérature du Béarn, par M. Bascle de Lagrèze, ouvrage sur lequel il s'était chargé de faire un rapport. L'auteur a divisé son travail en deux parties: dans la première, il s'attache à établir l'affinité du dialecte béarnais avec les langues anciennes et, en particulier, avec le grec; mais il n'apporte que des preuves insuffisantes à l'appui de cette opinion. On doit regretter aussi qu'il se soit contenté de reproduire un si petit nombre de monuments anciens de la langue du Béarn.

La deuxième partie de la notice de M. de Lagrèze est consacrée à la poésie béarnaise sous Henri IV et depuis la réunion du Béarn à la France; l'auteur y passe successivement en revue les principaux poëtes du pays. Ici encore, comme dans la première partie les développements n'ont pas toute l'étendue qu'ils devraient comporter. En résumé, le travail du correspondant n'est qu'une esBulletin. III.

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quisse rapide et légère, intéressante cependant, mais qui fait désirer que le sujet soit traité d'une manière plus approfondie. Des remercîments seront adressés à M. de Lagrèze.

M. Rathery analyse un rapport de M. Adolphe Dumas qui avait été renvoyé à son examen. Bien que l'auteur du rapport annonce avoir été chargé de recueillir des poésies populaires dans le midi de la France, sa mission ne paraît pas avoir été rigoureusement définie, car les chants populaires proprement dits n'occupent qu'une place très-restreinte dans son travail. M. Adolphe Dumas paraît d'ailleurs avoir eu en vue une publication particulière de poésies populaires du Midi. Toutefois, M. Rathery propose d'extraire de son rapport les morceaux suivants, qui pourraient être appelés à figurer dans le recueil que prépare le comité. Ces chants sont en provençal. En voici la traduction :

Petite galiote,

Tu t'en vas au Brésil, etc.

Il y a trois vaisseaux dans Marseille
Qui vont partir pour Malaga, etc.,

variante d'une chanson que le comité a déjà reçue.
Il y a une fille à notre quartier,
Qui toute la nuit pleure, etc.

M. Guessard fait un rapport sur diverses communications relatives au recueil de poésies populaires.

Un ancien envoi de chants basques recueillis par M. l'abbé Fourcade, inspecteur primaire de l'arrondissement de Bayonne, transmis par M. le recteur de l'académie des Basses-Pyrénées, ne fournit aucune pièce à mettre en réserve.

Deux chansons béarnaises sont provisoirement réservées dans l'envoi de M. Trebucq, inspecteur de l'enseignement primaire de l'arrondissement d'Argelès. Ces chansons sont tirées d'un recueil de poésies imprimées à Pau, en 1837; l'une est intitulée Le Départ et l'autre Le Retour du pasteur.

Conformément aux conclusions de M. Guessard, la section met également en réserve dans le supplément que M. Fertiault a fait à son premier envoi de chants populaires :

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Le Pommier, chant de noces recueilli dans le département de Saône-et-Loire;

1 Bulletin du comité, t. II, p. 400.

La Chanson des épingles, autre chanson de noces;

La ronde :

Hélas! c'était la fille,

La fille d'un président, etc.

La Maîtresse gagnée, variante de la chanson de transformations qui a été envoyée au comité de diverses localités;

Le Moine blanc et Le Cadet blanc, deux variantes de la ronde du Moine, réservée précédemment;

La petite Cumuson, variante de la fille qui se laisse choir dans une fontaine en cueillant du cresson;

Qui veut ouir, qui veut savoir

Comme on sème l'avoine, etc.,

variante d'un branle compris dans le premier envoi de M. Fertiault;

Enfin la ronde :

L'autre jour m'allant promener

Je rencontrai mon beau berger, etc.

Ces quatre derniers morceaux sont accompagnés de la musique notée.

Dépôt aux archives des autres chants.

M. Charles Fortoul communique un nombre considérable de chants populaires, qui ont été adressés à M. le ministre par M. Damase Arbaud. Ces chants, recueillis dans les bibliothèques du midi de la France, ne forment que la première partie de l'envoi que se propose de faire le correspondant. Ils sont répartis en sept sections, répondant à des divisions des instructions de M. Ampère.

La section I. Poésies religieuses, comprend 19 morceaux;
IV. Poésies historiques, 6;

V. Poésies romanesques, 9;

VII. Chants quise rapportent aux professions actives, 2;
XI. Chansons satiriques, 30;

XII. Chansons de circonstance, à propos d'une mode,
d'une invention, etc., 2;

XIII. Chansons badines, 10.

En tout 78 morceaux qui, pour la plupart, sont accompagnés de la musique notée.

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