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DANS LE COURANT DU XIX SIÈCLE (1800 À 1907)

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Depuis quelques années la prospérité croissante de l'Égypte qui

s'est manifestée dans toutes les branches de l'activité humaine a eu, pour un de ses effets, le renchérissement de tout ce qui est nécessaire à la vie matérielle des habitants de ce pays.

Cette hausse des prix qui d'abord, jusqu'en 1903, s'était fait sentir graduellement, a pris, tout d'un coup, à partir de cette époque, un grand développement, et c'est précisément depuis ce moment-là qu'on a commencé à entendre des doléances, surtout dans les grands centres comme Le Caire et Alexandrie. Ces plaintes devinrent bientôt générales dans toute l'Égypte, principalement de la part des classes de la population qui vivent avec des salaires fixes. Mémoires de l'Institut égyptien, t. V, fasc. 11.

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Le Gouvernement, qui est le plus grand patron employant le plus grand nombre d'employés salariés, s'en émut et nomma des commissions chargées de se rendre compte du bien-fondé des plaintes qui lui parvenaient et d'étudier la question pour arriver, en fin de compte, à augmenter les émoluments et les salaires de ses fonctionnaires et employés, depuis les plus haut placés jusqu'aux plus bas.

L'agriculture, le commerce et le public en général, influencés par les mêmes causes, durent suivre l'action qui s'était imposée au Gouvernement et furent contraints d'augmenter eux aussi les émoluments, les salaires et les gages qu'ils payaient à leurs employés, à leurs domestiques ou à leurs ouvriers.

Depuis cette époque où les prix des denrées alimentaires ont pris la tendance à la hausse dont nous parlons, c'est-à-dire depuis 1903, chacun s'est ingénié à rechercher les causes qui ont amené cet état de choses.

Beaucoup de personnes se sont imaginé que la cause première de ce renchérissement était due à la mesure prise par le Gouvernement de supprimer l'octroi à partir du 1er janvier 1903.

Si nous rapportons cette opinion, c'est qu'elle était la plus répandue, soit au Caire soit à Alexandrie.

En effet, disaient les partisans de cette théorie, c'est bien depuis ce moment-là que les légumes, les fruits, la viande, le pain se sont vendus, du jour au lendemain, au double et même au triple du prix auquel ils étaient vendus avant la suppression de l'octroi. Lorsqu'il y avait l'octroi, ajoutaient-ils, le prix des denrées se trouvait réglé par le prix même fixé par l'octroi, sur lequel le fisc prélevait 9 o/o. Une fois la marchandise entrée au Caire, le marchand s'en défaisait coûte que coûte au maximum du prix établi par l'octroi et souvent même à moins, pour ne pas courir le risque

de remporter la marchandise à la campagne, et la réintroduire le lendemain, en la faisant de nouveau grever de 9 o/o, outre le risque de voir sa marchandise se gåter, etc.

Depuis les temps bibliques l'Égypte a été désignée comme la terre des miracles; dans nos temps plus matérialistes on l'a appelée la terre des paradoxes, et l'on a eu raison.

En effet, Gabarti nous rapporte dans ses Chroniques le fait suivant, à la date du 1er Chaban 1216 (1801) (traduction, vol. VII, p. 77) :

On délégua aux portes du Caire des Chrétiens coptes avec mission de percevoir autant d'argent qu'ils le pourraient de toutes les personnes entrant dans la ville ou en sortant avec un objet quelconque. Des soldats leur avaient été adjoints pour les aider dans cette tâche. Ils percevaient aussi des droits sur les provenances des villages. Bientôt leur cupidité dépassa toutes les limites. La misère devint générale. Les denrées renchérirent. Toute personne qui apportait quoique ce fût, pour le vendre, en demandait un prix très élevé, prétextant qu'elle avait payé tel ou tel droit d'octroi. L'acquéreur ne pouvait que s'en remettre à sa parole.

Voici la raison de tout cela. Le Divan des dîmes avait désigné quelques employés pour percevoir les taxes dont les marchandises étaient frappées à leur entrée à Boulaq par le Nil; quelques Coptes, parmi les percepteurs, déclarèrent que la grande partie des marchandises sur lesquelles on percevait des taxes étaient apportées par voie de terre et introduites frauduleusement, et que c'est ainsi que les contributions prévues par le Divan ne rentraient jamais. Pour remédier à cet abus, il fallait nommer des agents qui se tiendraient aux portes de la ville afin d'y percevoir également

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