des droits d'entrée. Le Divan autorisa cette réforme, ainsi que nous venons de le dire; ce fut là un nouveau moyen de vexation. La misère devint grande, les injustices et les avanies augmentèrent. Tout le monde se plaignit alors amèrement. Ces plaintes parvinrent au vizir (Youssuf pacha) qui ordonna d'abolir ces institutions tyranniques." Gabarti, en véritable chroniqueur de l'opposition quand même, se payait facilement de mots. Son ami le grand vizir (Youssuf pacha) devait partir deux mois après et Mohammed Khosrew pacha, le nouveau gouverneur, paraît avoir non seulement maintenu la nouvelle institution de l'octroi au Caire, mais il l'aurait généralisée dans toute l'Égypte. En effet, dans le résumé des faits à la fin de l'année 1217 (1802) (loc. cit., p. 153), nous trouvons : Les droits d'octroi furent élevés dans les localités situées sur le Nil". Voilà donc l'origine des octrois en Égypte; jusque-là il y avait comme partout, en Occident comme en Orient, des douanes intérieures, de province à province ou de ville à ville, mais l'octroi proprement dit ne fut établi en Égypte qu'en 1801, comme nous l'avons vu (1). Étant donné le caractère du nouveau vice-roi Mohammed Khosrew pacha et son penchant à copier ou à imiter les institutions. européennes, je ne serais pas éloigné de croire que nous devons (1) Il faut se rappeler que cette taxe fut improprement appelée octroi. La ville du Gaire et les autres villes en Égypte n'étant pas constituées en municipalités, cette taxe était perçue au profit du Pacha ou de l'État, en général, du Miri, comme on le dit en Égypte, et non au profit exclusif de la ville, comme son nom en français le laisserait supposer aussi en arabe le mot désignant cette taxe est Dekhoulich, ou importation, taxe d'importation". l'institution de l'octroi, à cette époque, à quelque conseiller français du vice-roi qui aura eu recours à ce moyen pour rétablir l'équilibre dans le budget aux abois du Pacha. Quoi qu'il en soit, nous constatons que l'introduction des octrois, au commencement du XIXe siècle, produisit, sur le public en général, le même effet que celui de leur suppression au commencement du xxe siècle, c'est-à-dire qu'on leur a attribué la cherté des vivres. Naturellement, dans les deux cas, une mesure fiscale a été prise pour la cause originaire de la cherté des vivres. Tandis qu'en 1801 ce fut la guerre civile et ses horreurs, l'anarchie, suivie de la ruine publique, déjà consommée par une invasion étrangère, qui firent disparaître les denrées et amenèrent la hausse des prix, de nos jours, le nombre, la richesse et la prospérité de la population ayant fait doubler et tripler les demandes pour les mêmes marchandises, il en est résulté, comme conséquence, que les producteurs, n'étant pas préparés à fournir, pour satisfaire aux demandes de plus en plus pressantes et nombreuses, d'aussi grandes quantités de marchandises, ont dû hausser leurs prix. C'est donc dans l'éternel principe de l'offre et de la demande qu'il faut chercher et la baisse et la hausse des prix de toutes les marchandises. Qu'il me soit permis d'ajouter que l'octroi a été supprimé sous le règne de Saïd pacha, vers 1857, si je ne me trompe, et qu'il fut de nouveau rétabli vers 1866 1866 par Ismail pacha. Dans ces deux occasions, ni leur suppression ni leur rétablissement n'occasionnèrent aucune perturbation dans les prix des vivres, comme on l'a prétendu en 1801 et en 1903. Plus près de nous, vers 1901 et 1902, le Gouvernement a supprimé les octrois dans toutes les villes des provinces, sans que leur suppression ait donné lieu à une hausse ou à une baisse sensible sur les prix des vivres. II D'autres personnes, et avec plus de raison, ont donné comme cause de cette plus-value, l'augmentation de la population du pays en général et en particulier des villes; sans préjudice, ajoutaientelles, de son aisance et partant de sa capacité d'achat. Quant à l'aisance de la population, personne ne peut la contester; la prospérité générale est un fait acquis (1). (A ne considérer que les signes extérieurs de prospérité, la situation économique de l'Égypte ne fut jamais meilleure. Voici un tableau qui le prouvera amplement : 1906. livres égyptiennes. livres égyptiennes. 9.427.706 15.600.000 10.143.446 13.338.541 1902-1903... 1903-1904 1904-1905 1905-1906. 1906-1907. 1884. d'où il résulte une augmentation pour 1906 de 33 0/0. Si nous comparons ce résultat avec le commerce extérieur des Indes, nous verrons que, toute proportion gardée, le commerce est plus prospère en Égypte que dans ce dernier pays. Voici, d'ailleurs, pour la même période, les chiffres du commerce extérieur des Indes : livres sterling. 166.000.000 199.000.000 212.000.000 224.000.000 229.000.000 Depuis 1879 jusqu'à l'année dernière, un grand nombre d'impôts vexatoires qui surchargeaient à son détriment surtout le bas peuple, ont été rapportés. En les estimant en moyenne à L. E. 3.000.000 par an, je suis sûr d'être encore au-dessous plutôt qu'au-dessus de la vérité. Voici, d'ailleurs, un tableau résumant les principaux dégrèvements consentis par le Gouvernement, la date de leur suppression ainsi que l'estimation de leur rendement annuel au moment de leur suppression. RÉSUMÉ DES PRINCIPAUX DÉGRÈVEMENTS livres égyptiennes. 177.641 250.000 Abolition du droit d'enregistrement dans les Administrations.... Mémoire Réduction de 20 0/0 sur le prix du sel dans les deux provinces les Réduction de l'impôt professionnel de 50 à 20 P. E. . . . . . Réduction de l'impôt sur les dattiers. Suppression partielle de la corvée.. Abolition de l'octroi sur les huiles et les graines oléagineuses. Abolition de l'octroi sur le riz.. Abolition du droit de pesage. Abolition du droit de hamleh... Suppression du droit sur les moutons et les chèvres. Réduction de la taxe télégraphique... Réduction du prix des cartes postales. Réduction d'impôts fonciers dans les moudirichs de Kéneh et fron tière et dans un district de Guizeh..... Mémoire Mémoire 3.000 120.000 7.000 28.000 16.000 4.000 40.000 9.000 1.000 130.000 1892 1893 1894 1895 1898 1899 1900 1901 livres égyptiennes. 100.000 150.000 60.000 6.500 Réduction du prix du sel... Abolition de la corvée.. Abolition du droit de patente... Réduction de fractions dans l'impôt foncier. Dégrèvement sur la propriété bâtie.......... Modification des tarifs judiciaires des tribunaux de la réforme... Dégrèvement de l'impôt foncier dans la province de Guirgueh et Dégrèvement de l'impôt foncier dans trois localités de la moudirieh Dégrèvements d'impôts fonciers... Suppressions d'octroi dans différentes villes. Abaissement des droits sur les sucres cristallisés de 9 1/2 0/0 Augmentation du poids maximum des lettres circulant dans l'in- Abolition de la taxe sur les voitures et bêtes de somme dans la Abolition du droit sur les barques passant le pont de Kasr-el-Nit. Suppression des droits d'écluse.. Suppression des droits de péage des ponts de chemin de fer et autres.. 75.000 3.000 4.000 5.000 200.000 114.000 13.000 1.320 102.789 13.000 Mémoire 15.000 2.000 5.000 17.000 216.000 30.000 100.000 |