Cette école était située, d'ancienneté, dans la ville basse, dans une maison de la rue Saint-Christophe nommée la grant maison Sainct Christophe ou de Viévy, et qu'on désignait aussi sous le nom de la grant maison de l'escole 1. Cette maison appartenait aux religieuses de l'abbaye de SaintAndoche d'Autun, en vertu de la donation qui leur en avait été faite au quatorzième siècle par messire Gui Baraut, de Blancey, recteur de l'église paroissiale du Château d'Autun, et par son frère, Thomas Baraut, curé de Curgy. En 1453, l'abbesse de Saint-Andoche, Marie de Vienne, avait cédé les revenus de cette maison à Jacote, sa mère nourice, pour en jouir sa vie durant 2. Jacote mourut sans doute peu de temps après, car, en 1459, les religieuses vendirent cette maison à Huguenin de Montgachot, notaire, au prix de cent sols tournois de rente 3. Le nouveau possesseur la revendit, par acte du 4 janvier 1463, à Jehan Chamart, clerc, châtelain de Chaseul, dont le fils, Guyot Chamart, écuyer, seigneur de la Chapelle, en céda la moitié, le 7 avril 1526, à Claude Charbonnier, recteur de l'école d'Autun. Voici le texte de ce dernier acte de vente par lequel notre école put se soustraire à l'existence incertaine et un peu errante qu'elle avait eue jusqu'alors : 4

«En nom de Nostre Seigneur, Amen. L'an de l'incarnation d'icelluy courant mil cinq cens vingt six, le septiesme jour du moys d'avril après Pasques, je Guyot Chamard, escuyer, seigneur de la Chappelle, savoir fayz à tous ceulx qui ces présentes lettres verront et ourront que je de ma certainne science, pure, franche et libéralle volunté et pour ce que ainsy me plaist, vend, cedde, quitte, renunce, transporte et délivre perpetuellement, pour moy, mes hoyrs et ayans cause de moy ou temps advenir, à vénérable per

1. Terrier de Saint-Andoche, de 1453, fol. XIX. Arch. de l'Évêché d'Autun. 2. Id. fol. xx.

3. Arch. de la ville d'Autun.

4. Cette acquisition est une preuve de la prospérité de l'établissement.

sonne, maistre Claude Charbonnier, maistre aulx ars, recteur des escolles de la cité d'Ostum, présent, stipulant, acceptant et acquérant perpetuellement pour luy, ses hoyrs et ayans cause de luy ou temps advenir, la moytié par indivis d'une maison, grange, court et jardin, assise et située en ladicte cité d'Ostum, tout ainsy qu'elle se comporte avec ses aisances et appertenances, communément dicte et appellée la maison du grant Sainct Christofle, aultrement Chamard, en laquelle d'anciennetté l'on tient l'escolle audit Ostum, assise en la rue venant de la maison Lazaire Masoncle ès maisons Pierre et Guillemin Lombart, devers le bas à une rue tendent desdictes maisons Pierre et Guillemin Lombart à l'abbaye Sainct Andoiche dudit Ostum, par dessus à la maison et jardin Bartholomyer Bernard, bolangier, et par derrière à ung autre jardin que tient Anthoine La Geune, saulf à icelle maison, grange, court et jardin leurs autres milleurs et plus vrayz confins, fondz, droyz, aisances et appertenances d'icelle moytié de maison, grange, court et jardin avantdicts, ensemble tout le droyt, action, part, portion, proprietté, causes, querelles et raisons qui me compétent et appertiennent, pourroyt ou devroyt compéter et appertenir en ycelle moytié, partant par indivis avec noble homme Jehan Chamard, mon nepveur, avec ce tout le droyt, action, part et portion de la rante et cense que compéte et appertient, peult et doibt compéter et appertenir à moy ledit vendeur sur une portion de la grange et jardin baillée à rente à Claude Maistre, cordonnier, par nous lesdits Guyot et Jehan Chamard, ensemble tous les errérages que ledict Claude Maistre me doibt et peult debvoir pour ladite moytié jusques à ce jourdhuy datte de cestes, desquelles moytié de maison, grange, court et jardin avantdicts, fondz, droyz, aisances et appertenances d'iceulx pour ladite moytié, ensemble des droyz, actions, causes, querelles et raisons avantdicts, je ledict vendeur me desveistz et dessaisi perpétuellement pour moy, mesdicts hoyrs et ayans cause, et ledict acheteur pour luy, sesdicts hoyrs et ayans cause en inveistz et saisi et luy en baille et délivre par cestes la vraye, vuyde, réale, actuelle et corporelle possession et saisine, en le constituant quant à ce mon procureur spécial et irrévocable pour lesdictes moytié de maison, grange, court, jardin, droyz,

actions, causes, querelles et raisons avantdicts tenir, porter et posséder, joyr et user et autrement en faire et disposer comme de sa propre chose et héritaige, en mandent audict Claude Maistre et autres détenteurs et occupateurs des assignaulx de la moytié d'icelle rente et cense qu'ilz aye à payer audict acheteur ou à ses hoyrs ladicte moytié d'icelle rente et errerages d'icelle qu'ilz en sont et pourront par cy après estre dehuz, à la charge toutesfoys que ledict maistre Claude Charbonnier sera tenuz, sy bon luy semble poursuyvre le décret encommancé sur ledict Claude Maistre par devant les juges qu'il appertient, en ce réservé et non compris une petite portion de jardin tenant par derrière au jardin La Gueune, limitée ce jourduy entre nous lesdictes parties, en présence du notaire et de scientiffique personne maistre Guy Alixand, licencié ès droyz, Pierre de Presle, maistre aulx ars, et je ledict vendeur suys et seray tenus, ay promis et prometz pour moy et les myens lesdicts héritaiges, droyz et actions avantdicts et selon qu'elles sont déclarées perpetuellement conduyre, garentir, deffendre et en paix faire tenir audict acheteur et ès syens envers et contre tous, chargés chacun an de deux frans demi de rente envers les dames religieuses, abbesse et couvent de Sainct Andoiche d'Ostum, au terme Sainct Martin d'iver, et de deux blans de cense pourtant loux, retenue et remuage, sans esmende, à la Nostre Dame de mars, pour ladicte moytié deschargée de toutes autres charges, servitutes, ypotèques et prestations quelconques, à mes propres frayz et missions. Et ceste présente vendition, cession et transport, je ledict vendeur, ay faict et fayz audict acheteur pour le pris et somme de deux cent livres vaillant deux cent frans, monnoye courrant, à moy ledict vendeur pour ce par ledict acheteur payéz, baillez et délivréz manuellement, réaulment et de faict, en présence du notaire et des tesmoings soubscriptz, en quarante escus souleil d'or et de poys, pièce contée pour quarante solz tournois, et le reste en testons et dozains, monnoye royalle, tous calculé et nombré, revenant à ladicte somme de deux cent livres, de laquelle somme je suis et me tient pour bien contens, payez et satisfayz et en quitte ledict acheteur et les siens, etc. Faictes et passées audit Ostum, par devant honorable homme Hugues Rolet,

clerc notaire royal et coadjuteur du tabellion dudit Ostum pour le roy, nostre sire, présens honorable homme et saige maistre Guy Alixand, licencié ès droictz, doyen héréditaire de Thoulonsur-Arroux, Moingeot Ravyer et Jehan Monnin alias Petit, tesmoings a ce appelléz et requis, les ans et jours dessusdicts. ROLET. 1

Le recteur de l'école était, en 1468, scientifique Jehan Estiennot, maistre ès arts 2. Jehan Estiennot céda sa charge à Jean Barbier 3, après lequel on trouve le nom de Claude. Charbonnier qui acquit la maison Saint-Christophe, comme on l'a vu plus haut.

Au nombre de ses attributions, le recteur des écoles avait celle de renouveler chaque année le calendrier du Chapitre; humble office qui lui donnait le droit de percevoir annuellement, au cellier capitulaire, une prébende de pain et de vin:

Magister scolarum percipit in celario unam prebendam panis et vini pro renovatione tabule anni renovati, si fecerit, et hoc de beneplacito dominorum, et similiter scriptor qui scripserit dictam tabulam. 4 "

On n'étendra pas davantage ces recherches sur l'école d'Autun, qui, sous l'influence de la Renaissance, ne tarda pas à devenir un florissant collége.

Ce n'était pas seulement à Autun qu'il existait alors une école on en trouvait encore dans plusieurs autres localités du diocèse. En 1272, l'école de Flavigny était dirigée par maître Martin de Losanne 5. Dès l'année 1386, le petit bourg de

1. Orig. Arch. de la ville d'Autun. C'est la maison de la rue Saint-Christophe qui porte aujourd'hui le numéro 9.

2. Jean Estiennot avait épousé Huguette Guijon.

3. Protocoles mss du notaire d'Aiguemorte. Arch. de la ville d'Autun. 4. État des fondations de l'Église cathédrale, en 1530, fol. 107. Arch. de la

ville d'Autun.

5. Cart. ms. de l'Évêché d'Autun, fol. x.

Mont-Saint-Jean avait aussi une école, gouvernée par maître Pierre de Ray, qui, cette année-là même, s'associa, en qualité de sous-maître, Jean Sylvestre, de Nourru. Par le traité qui fut passé entre eux, nous voyons que Pierre de Ray s'engageait à procurer à son coadjuteur le logement, la nourriture et un salaire de dix-huit francs d'or par an, soit environ 300 fr. d'aujourd'hui.

En 1408, maître Chardin de Lux régissait l'école de Beaune, conjointement avec un sous-maître nommé Girart Labireaul, de Champlitte. Si, dans l'exemple précédent, le sous-maître était un auxiliaire salarié, il intervient, au contraire dans le cas présent, comme un associé destiné à partager toutes les vicissitudes, bonnes et mauvaises, de l'entreprise: ainsi, au lieu de recevoir un traitement fixe, il commence par verser, entre les mains du maître, une somme de douze francs, représentant sa part dans la propriété de l'établissement, et, en échange, il doit être logé et nourri, partager avec le maître tous les revenus de l'école et recevoir seul les rétributions en fèves, en poissons. et en vin de la Saint-Martin, ainsi qu'une somme de dix sols, payée par les écoliers logés dans la maison. Par l'acte auquel ces détails sont empruntés, on voit que « li dit Girart sera tenus de bien, loïalment et dehuement monstrer et appranre les dis escolliers, ledit terme durant, de tout son povoir et l'eneur et prouffit dudit maistre. » 2

En 1524, cette même école de Beaune était placée sous la direction de Claude Mussard, personnage très dévoué à la jeunesse, ainsi que nous l'apprend l'annotation suivante que nous avons relevée sur un exemplaire des Préceptes de Paul Eginète 3, qui appartenait à ce recteur et qui se trouve aujourd'hui à la bibliothèque du grand Séminaire d'Autun : « Pro

1. V. Documents pour servir à l'histoire des institutions et de la vie privée en Bourgogne, par J. Simonnet, p. 344.

2. Id. p. 348.

3. Pauli Eginete precepta salubria, petit in-4°.