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La bibliothèque dont nous publions le catalogue, bien que formée en peu d'années, est une des plus remarquables qui aient été mises en vente dans ces derniers temps. Elle ne renferme pas seulement des volumes précieux acquis çà et là, selon les hasards des ventes elle offre des séries déjà riches et bien composées, qui témoignent de l'ardeur qui a été misę à les compléter.

M. D*** recherchait les beaux manuscrits, et il avait su s'en procurer de plus d'un genre: manuscrits ornés de miniatures, volumes écrits par Le Gangneur et par Jarry, copies figurées exécutées par Fyot et par le bibliophile A. Veinant. Il avait réuni près de cent volumes imprimés sur vélin. Les livres ornés de gravures sur bois et en taille-douce avaient un charme particulier pour lui, et ils abondent dans toutes les divisions de son catalogue. On y trouve aussi réunis beaucoup de livres curieux de théologie mystique, de médecine, de sciences occultes, d'exercices gymnastiques, etc.; mais la partie la plus brillante de la bibliothèque, c'est la littérature. Les Poëtes français y occupent près de trois cents numéros; le Théâtre, et surtout les Romans, Contes et Nouvelles et les Facéties y tiennent une large place. On compte aussi dans l'Histoire nombre de volumes précieux.

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C'est principalement dans les ventes importantes qui ont eu lieu dans ces dernières années, notamment dans celles de MM. Cailhava, de Chaponay, Chedeau, Double, La Bédoyère, Solar, Veinant, que M. D*** a fait ses acquisitions. Il tenait à la beauté des exemplaires, à l'élégance des reliures, et n'admettait dans ses armoires que des volumes recommandables sous tous les rapports.

Nous allons passer rapidement en revue les diverses classes du catalogue, en citant seulement les ouvrages les plus précieux.

Dans la Théologie, on remarquera tout d'abord une belle Bible manuscrite sur vélin, du XIIIe siècle (no 1); et la Vie et Passion de Notre-Seigneur, manuscrit du xv° siècle, sur vélin, ayant appartenu à Mme la duchesse de Berry (20); puis une belle série de gravures bibliques, entre autres les Figures de l'Ancien Testament, de Holbein, 1539 (n° 15), et les figures de l'Apocalypse, par le Petit Angevin (n° 23). Ensuite on trouve une suite importante d'Heures manuscrites (no 30 à 42), ayant appartenu à des personnages tels que sainte Élisabeth d'Aragon, reine de Portugal (no 31); Galeas Marie Sforce, duc de Milan (no 32); Lucrèce Borgia (no 37); Anne de Montmorency, comte de Chateauvilain (no 41) et Dominique Seguier, évêque de Meaux (no 43).

Les livres d'Heures imprimés forment vingt-six articles (no 46-66). On remarquera particulièrement les Heures à l'usage de Rome, de Gilles Hardouin, 1516, exemplaire sur vélin, relié par Le Gascon, et provenant de madame la duchesse de Berry (no 47); les Heures de la Vierge, imprimées pour Germain Hardouin en 1505, bel exemplaire sur vélin de M. d'Auffay (no 51); des Heures ornées de gravures de Geofroy Tory (no 52, 53 et 65 bis); les Heures de la Vierge, imprimées à Lyon en 1558, en caractères de Civilité, volume d'une insigne rareté (no 54); les Heures à l'usage de Paris, d'Antoine Vérard, 1510, exemplaire sur vélin, provenant de la célèbre tragédienne Rachel (n° 58); les Heures à l'usage de Rouen, de

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Simon Vostre, avec une Danse des morts accompagnée de quatrains français (no 65).

Après l'Imitation de Jésus-Christ, traduite en vers français par Corneille, Rouen, 1658, in-4, magnifique exemplaire relié par Du Seuil (no 83), on trouve une nombreuse suite de traités curieux de théologie mystique (n° 86 à 108), tels que le Chappelet des vertus et des vices, volume gothique non rogné (no 104), la Parfection des filles religieuses sur lexemplaire de lymage de Notre-Dame (no 105).

Dans la jurisprudence nous citerons seulement la Somme rurale (no 129) et le Songe du Vergier (no 135).

Dans les Sciences et Arts, nous trouvons d'abord le Bref sommaire des sept vertus, par Guillaume Telin, volume trèsrare (no 139). Les sciences philosophiques offrent plusieurs ouvrages précieux, tels que le Cuer de Philozophie (no 141); le Tableau de Cebès, traduit en vers français par Gilles Corrozet, livre rare orné de jolies gravures sur bois (n° 145); le Doctrinal de Sapience (n° 149); la Mesnagerie d'Aristote et de Xenophon, traduite par La Boëtie et publiée par Montaigne (n° 159); la Nef des princes et des batailles de noblesse, par Robert de Balsac (n° 166).

La série des ouvrages de médecine est nombreuse et piquante (n° 171-202). Nous indiquerons seulement le Trésor des Pauvres selon Me Arnoult de Villenove, Lyon, 1527, bel exemplaire provenant de la bibliothèque de M. Solar (no 178); un rare et curieux traité sur le gayac et son emploi (no 194), et un petit volume imprimé à Lyon, en caractères gothiques et sur vélin (n° 195).

Dans les sciences mathématiques, on remarquera la Théorique des ciels, premier ouvrage sur l'astronomie imprimé en France (n° 205); l'Usage de l'astrolabe, de D. Jacquinot, exemplaire du cardinal de Bourbon (no 207); Vegetius, de re militari, exemplaire de Henri III (no 211); le Livre du Jouvencel, bel exemplaire d'un volume rarissime (n° 213).

Dans les sciences occultes (214-237), on trouve nombre de livrets curieux.

Les livres sur les Beaux-Arts ont été l'objet d'une prédilec

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tion marquée. Parmi les Recueils de gravures, on remarquera particulièrement les Images de la mort, de Holbein, Lyon, 1547 (no 240); les Pourtraits divers, du Petit Bernard (no 244); les Vrais pourtraits de quelques-unes des plus grandes dames de la chrétienté, par Crispin de Pas (n° 248). Les livres sur les costumes et les modes sont nombreux et bien choisis. Il suffira de citer deux précieux recueils de Bertelli (nos 258 et 265), les deux premières éditions de Vecellio, de 1590 et 1598, et la dernière, due aux soins de M. Ambroise-Firmin Didot, exemplaire sur vélin (n° 262 bis-264), et un recueil de 484 planches de Bonnart (n° 269), etc.

Dans la division relative aux Exercices gymnastiques, on remarquera la Noble Science des joueurs d'espée, bel exemplaire d'un livre rarissime, imprimé à Anvers en 1538 (no 294); Il Ballarino, de Fabritio Caroso da Sermoneta, édition de 1600, exemplaire de M. Solar (297), et plusieurs volumes relatifs à la chasse (299-312).

Dans la classe des Belles-Lettres, nous aurions à signaler bien des livres précieux. Pour les poëtes latins anciens et modernes, nous nous contenterons d'indiquer le Virgile et l'Horace de MM. Didot, tirés sur vélin (nos 328 et 336); les Métamorphoses d'Ovide traduites par Banier (nos 337 bis et 338); la Parthenice Mariane de Baptiste Mantuan, traduite en vers français par Jacques de Mortières (350); la Grand Nef des folz du monde, édition de François Juste, 1530 (no 352); la Nef des folles, de Joce Bade, exemplaire de M. Cigongne (353).

La série des Poëtes français est très-remarquable. Nous citerons seulement le Roman de la Rose, beau manuscrit sur vélin avec miniatures (no 361); la première édition du même ouvrage, imprimée à Lyon par Guillaume Le Roy, vers 1485 (no 362); un bel exemplaire de l'édition de Galiot du Pré, 1529, in-8 (364); les Faiz maistre Alain Chartier, édition de Pierre Le Caron, bel exemplaire avec la signature d'Amadis Jamyn, provenant de la bibliothèque de M. Double (367); les OEuvres d'Alain Chartier, édition de Galiot du Pré, 1529, in-8 (369); le Champion des Dames, de Martin-Franc, petit in-8 (371); cinq volumes de la collection Coustelier, imprimés sur

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