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194. Précis des Institutions politiques de Rome, depuis les origines jusqu'à la mort de Théodose, par Emile MORLOT, docteur en droit, auditeur au Conseil d'Etat. Paris, Dupret, 1886. In-12 de 504 p. 5 fr.

Ce petit livre rendra évidemment des services aux étudiants et au grand public et donnera aux profanes une idée juste et saine de la constitution romaine. La matière est bien divisée : le groupement des chapitres est fait suivant un ordre logique; le style est remarquablement clair, et la pensée de l'auteur se dégage toujours nettement, ce qui n'est pas un mince mérite quand on a à parler de sujets ardus et de questions controversées comme tout ce qui a trait à l'antiquité politique de Rome. Le livre est complet et va des origines à la fin du ive siècle. On pourrait reprocher à l'auteur de s'arrêter, du moins il le dit dans son titre, à la mort de Théodose, date qui n'est une fin de période que dans les programmes officiels. Toutes les branches de l'administration romaine. sont passées en revue et pour chacune d'elles M. Morlot dit l'essentiel. Ce précis n'a aucune prétention à l'érudition: l'auteur résume très brièvement les principales discussions et indique l'état de la science, sans d'ailleurs se refuser jamais à prendre un parti. Je crains qu'il ne l'ait souvent pris trop vite et trop complètement car précisément, hélas ! l'état de la science des antiquités romaines exige presque à chaque instant la plus grande réserve et un certain scepticisme. M. Morlot est trop absolu et résout trop franchement les questions: même dans un précis, c'est un devoir constant de recommander le doute et de suspendre son juge

ment.

Il y a beaucoup trop de fautes d'impression.

L'auteur prépare un Précis des Institutions civiles de Rome.

135.

Le tumulus de Reuilly, son vase funéraire à cordons saillants de l'age primitif du bronze, par M. BOUCHER DE MOLANDON et le baron ADALBERT DE BEAUCORPS. Orléans, Herluison, 1887. Extrait du tome XXII des Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, 33 p. et une planche en couleurs.

Le tumulus de Reuilly est situé à 14 kilomètres vers l'est d'Orléans et à 5 kilomètres de la Loire; la carte de l'Etat-major le désigne sous le nom de Butte-Moreau (Butte-aux-Hommereaux dans la toponymie locale). Au mois d'août 1885, MM. Boucher de Molandon et de Beaucorps y ont pratiqué deux tranchées cruciales d'un mètre de largeur chacune, se coupant au centre du tumulus. A o", 50 de profondeur, on trouva une écuelle en terre grossière, retournée le fond en dessus et recouvrant des ossements calcinés; puis, à 1,30, un demi-mètre audessus du sol naturel, un récipient de bronze du type des cistes à cordons contenant des ossements calcinés, posé debout au milieu de pier

res dispersées, de restes de bois carbonisé ou pourri. L'intérieur de la ciste, qui est en très mauvais état, porte des traces de deux tissus, l'un de l'espèce appelée sergé croisé, l'autre plus épais et semblable à nos tricots; ces étoffes peuvent avoir servi d'enveloppe aux os calcinés et aux fragments d'objets en fer (une pointe de javelot et deux anneaux), qui étaient superposés aux ossements dans la ciste). Un détail curieux est l'existence d'un couvercle de la ciste, formé, à ce qu'il semble, d'une écorce de bouleau (Arbor Gallica de Pline, XVI, 30, 3) et offrant par places, sur les faces interne et externe, des dessins géométriques obte nus par gaufrage et par estampage. Quelques fragments de cette écorce ont été déposés au Musée de Saint-Germain (no 29722).

L'aire géographique des cistes à cordons, telle qu'elle a été déterminée par des découvertes déjà nombreuses, laisse Orléans à une assez grande distance vers l'ouest; cette circonstance ajoute à l'intérêt de la fouille pratiquée dans le tumulus de Reuilly. MM. Boucher de Molandon et Adalbert de Beaucorps ont conduit eux-mêmes cette recherche avec un soin minutieux, et l'on ne peut que les remercier d'en avoir publié le procès-verbal. Peut-être leur mémoire eût-il gagné à s'interdire les considérations synthétiques et l'exposition, incomplète d'ailleurs, de faits déjà connus. Voici quelques critiques de détail. P. 5, je ne sais ce que signifie la phrase « l'art étrusque proprement dit, celui que l'on considère comme représenté par les chambres sépulcrales de Poggio Renzo ».-P. 7, lire Cenabum et non Genabum. — P. 9, que signifie l'épithète de préhistoriques attribuée aux Grottes de Buthiers? Les auteurs parlent de poteries identiques aux poteries gauloises qui ont été recueillies dans ces grottes; cela n'a rien de préhistorique. P. 21, les auteurs citent une « lettre particulière » où il est dit que les Gaulois travaillaient très habilement l'écorce du bouleau. On voudrait savoir où a été pris le renseignement, car il faudrait de bons yeux pour le découvrir dans Pline. — P. 23, je retrouve cette vieille erreur ', sans cesse répétée « On sait que la soudure du bronze fut inventée par Glaucus, selon Pline, vers le vir siècle avant notre ère. » Pline ne parle pas de la soudure du bronze, mais de celle du fer, ferruminatio, aidńpov nóλλnois (Hérodote, I, 25). On ne peut donc rien conclure de l'absence de soudure pour la date des objets en bronze trouvés dans l'Europe centrale. P. 26, ce qui est dit des cistes à cordons est insuffisant. L'hypothèse chalcidienne de Helbig et la statistique de Tröltsch sont ignorées des auteurs. La ciste du musée de Bonn, donnée, d'après M. Bertrand, comme provenant de Belgique, a fait partie de la collection Genthe et doit être rhénane ou italienne. Disons, à ce propos, qu'une liste plus complète des seaux à côtes, récemment publiée par M. Mosinsky dans la Ungarische Revue, a été reproduite,

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1. Elle a été commise, entre autres, par M. Brunn, dans sa Geschichte der Künst ler, et par M. E. Curtius dans son Histoire grecque. Cf. Bergk, dans les Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunden im Rheinlande, t. LVII, 1876, p. 180.

très incorrectement d'ailleurs, dans les Matériaux pour servir à l'histoire de l'homme (1887, p. 152-154).

Salomon REINACH.

196.-Waldstein waehrend seines ersten Generalates im Lichte der gleichzeitigen Quellen, 1625-1630, von Anton. GINDELY. Prag, Tempsky, Leipzig, Freytag, 1886, vii, 424, iv, 396 p. in-8. Prix :

Ce n'est pas, à coup sûr, parce qu'elle n'a pas été suffisamment étudiée, que la Wallensteinfrage n'est pas encore mûre aujourd'hui. Il lui est arrivé, au contraire, ce qui s'est reproduit d'ailleurs pour bien d'autres problèmes historiques contemporains; à force de la retourner en tous sens, elle en est devenue plus obscure. La quantité d'écrits, et d'écrits de valeur, consacrés à Wallenstein et à sa trahison véritable ou prétendue, depuis une quinzaine d'années seulement, est prodigieuse. Ranke, Tadra, Hildebrand, Hallwich, Goedeke, Schebek, etc., ont tour à tour soutenu l'affirmative et la négative sur la question, apportant chacun des documents nouveaux à la discussion, si bien qu'en fin de compte une certaine fatigue s'est emparée de ceux qui, par devoir professionnel, assistent attentivement à ce long tournoi. Néanmoins, quand un champion de la valeur de M. Gindely s'avance dans la lice, l'attention se réveille, et l'on est curieux de voir comment il se tirera d'un débat qu'il a caractérisé lui-même, et non sans raison, de « travail de Sisyphe».

L'avouerons-nous? Ce n'est pas sans un certain sentiment de regret que nous avons vu le savant professeur de Prague se mêler à cette controverse. Quelque précieux que puisse être le concours d'un homme aussi qualifié que lui, pour débrouiller ce problème spécial, ce travail le détourne de sa grande Histoire de la guerre de Trente-Ans dont nous attendons le cinquième volume depuis 1880; et, quel que soit le mérite du présent travail, nous nous intéressons forcément davantage au tableau des grandes complications européennes, retracé par un savant tel que M. G., qu'à un épisode de la vie du fameux général de Ferdinand II. Plus de 800 pages pour exposer cinq ans de la vie de Wallenstein, c'est peut-être aussi un peu trop d'abondance, quand on songe que la question capitale, pour le moment, dans cette biographie, la question de la culpabilité morale et matérielle de Wallenstein, n'y est pas même encore abordée, au moins d'une façon systématique, car l'auteur ne cache pas son opinion et se dit convaincu, dès la préface, de la trahison du généralissime impérial. Les cinq années de son premier commandement furent, au dire de M. G. « comme une préparation au métier de traître » (I, p. 7). On peut discuter sans doute la justesse de cette thèse; mais il est de fait qu'en accompagnant Wallenstein à tra

vers les différents stages de sa carrière, depuis la rébellion de Bohême jusqu'au congrès de Ratisbonne, en étudiant tous les documents fournis en si grande abondance par l'auteur, on ne peut s'empêcher de constater deux choses : l'une, que l'ambition de Wallenstein a été insatiable dès le commencement de son rôle; l'autre, qu'il a très mal servi les intérêts de Ferdinand II, soit dans sa campagne contre Chrétien IV de Danemark et Mansfeld, soit dans celle des années 16271629. Ce que M. G. fait ressortir encore avec non moins d'évidence, c'est son avidité pécuniaire, et les moyens peu délicats, les tromperies même c'est le mot propre qu'il employait pour augmenter ses domaines ou pour accaparer de l'argent comptant 1.

Il ne faut pas oublier, d'autre part, que la guerre engloutissait alors des sommes énormes. Quand on voit (vol. I, chap. 7, et vol. II, chap. 2) le détail des frais d'entretien et de solde pour l'armée de Wallenstein, on comprend qu'il lui fallait voler et piller sans cesse pour entretenir une armée de près de 100,000 hommes, sur pied de guerre, alors que l'empereur payait rarement, très rarement, les régiments recrutés en son nom 2. C'est bien aussi ce qui nous explique l'inaction de Ferdinand à l'égard de son général; il n'ignorait pas absolument tous les trafics honteux que Wallenstein se permettait en Bohême. Assurément il aurait pu le déposer; mais alors que serait-il advenu de l'armée? S'il la licenciait, ces mercenaires courraient s'engager, fût-ce à moitié prix, chez ses ennemis, plutôt que de rentrer dans leurs foyers. S'il les gardait, tout en renvoyant leur chef, un nouveau général viendrait, moins entreprenant peut-être, mais tout aussi peu scrupuleux, qui continuerait le système de Wallenstein, et ruinerait comme lui les provinces 3. Alors à quoi bon le renvoyer?

Ce qui ressort également des documents fournis par M. G., c'est que, de très bonne heure, l'entourage de l'empereur, les envoyés du pape et du roi d'Espagne, crurent Wallenstein capable de tout, fût-ce d'aspirer à la couronne impériale, et que, par conséquent, ils travaillèrent ardemment à sa chute 4. Mais l'auteur lui-même déclare que Wallenstein,

1. La captation de l'héritage de l'idiot Smiricky est vraiment topique à cet égard, Voy. vol. I, appendice.

2. En moyenne, chaque soldat de Wallenstein lui revenait à 3,000 thalers par an, ce qui, d'après le pouvoir de l'argent au xvire siècle, ferait environ 24,000 francs de monnaie actuelle! Le total des contributions de guerre fournies par l'Allemagne de 1625 à 1630, oscille, d'après M. G., entre 200 et 250 millions de thalers, et cela à un moment où l'industrie et le commerce étaient à peu près anéantis et l'agriculture paralysée sur de vastes étendues. L'auteur a bien raison d'appeler l'armée de Wallenstein « eine organisierte Raeuberbande » (II, p. 256).

3. Voy. au chapitre xi du premier volume, le tableau des souffrances de la Marche de Brandebourg. En 1630, la Pomeranie avait à entretenir, depuis trois ans, trente mille hommes de troupes impériales (II, p. 252).

4. Voy.. p. ex., la dépêche du nonce Palcotto au cardinal Barberini, expédiée le 10 juin 1628 (II, p. 26), ou bien celle du marquis d'Aytona à Philippe IV, du 27 mai de la même année (II, p. 38)..

quoi qu'il ait pu penser à ce sujet, n'a jamais dit ou laissé dire en son nom qu'il visait un but pareil (II, p. 27). Sous l'influence de semblables conseillers, l'attitude de Ferdinand ne pouvait guère être franche vis-àvis de son général; il est certain, par exemple, qu'il mit fort peu d'empressement à le nommer duc de Mecklembourg et grand-amiral de la Baltique. Plus fausse encore fut l'attitude des princes catholiques de l'Empire à son égard, surtout celle de Maximilien de Bavière, qui n'avait point, à ce moment, à se plaindre de Wallenstein, car celui-ci n'avait encore mis aucun de ses corps d'armée en quartier d'hiver sur le territoire bavarois. Les négociations secrètes du congrès des électeurs catholiques, tenu à Bingen, en juillet 1628, nous fournissent des preuves curieuses de cette disposition des esprits. Celle-ci ne pouvait rester naturellement inconnue à Wallenstein, qui avait ses affidés et ses espions partout, et de là des colères et des antipathies qui allèrent croissant, si bien que les princes catholiques, pour se débarrasser du géné. ralissime impérial, résolurent de faire la paix avec le Danemark, même si Ferdinand n'y consentait pas 1. Les princes et les diplomates protestants entrevoyaient bien ce jeu souterrain, ces sourdes rivalités, mais sans se rendre nettement compte des motifs qui poussaient les uns contre les autres 2. Ce qui aggrava encore le conflit, ce fut l'attitude que Wallenstein prit contre l'Edit de Restitution. Il avait dans son armée. plusieurs généraux et beaucoup de colonels protestants; il avait besoin de leurs fidèles services, s'il voulait se maintenir contre la Ligue catholique qui avait juré sa perte. Il ne pouvait donc leur demander d'aider à exécuter l'édit, en chassant les protestants du nord de l'Allemagne de tous les évêchés et domaines ecclésiastiques, sécularisés depuis 1555. Par contre, son attitude négative indignait d'autant plus les chefs de la Ligue et l'empereur lui-même; elle exaspérait surtout les Jésuites, toutpuissants à la cour de Vienne, et c'est bien à eux, au P. Lamormain surtout, le confesseur de Ferdinand, qu'il faut faire remonter, d'après M. G., la chute retentissante du généralissime, décidée au congrès de Ratisbonne (II, p. 292).

Ni les vainqueurs du moment, ni le vaincu lui-même ne pouvaient deviner alors par quel bizarre et prompt revirement de fortune le gentilhomme bohême, rentré profondément ulcéré dans ses terres, serait appelé, douze mois plus tard, à ressaisir le commandement dans des conditions infiniment plus onéreuses pour son maître. Wallenstein voulut prendre alors ses précautions contre une disgrâce nouvelle. Il posa des conditions tellement exorbitantes à l'empereur qu'une suite ininterrompue de victoires aurait pu seule réconcilier le monarque avec des demandes pareilles. Mais Wallenstein s'était mis ainsi lui-même la 1. Lettre du conseiller bavarois Joecher au nonce Bagni, à Paris, du 9 février 1629 (II, p. 147).

2. Voy. la curieuse conversation du chancelier saxon, de Schoenberg, avec le comte de Schwarzenberg, ministre de l'électeur de Brandebourg, vol. II, p. 120.

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